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Anastasia Jr - Page 5

  • les livres

    je te laisse à tes livres, mais fais rappelle-toi, un livre ça fait le malin, ça te nargue avec des phrases intelligentes, mais au final c'est toi qui décides quand est-ce qu'il doit parler et quand est-ce qu'il doit fermer sa gueule., me dit H.qui me parle de réel, de terre, d'archi et de travail.

    NON définitivement, j'ai vendu mon âme et cette phrase ne s'est jamais trouvée aussi fausse. Je ne peux pas rester en vita activa. Toute penaude je rentre à la vita contemplativa. Vendu mon âme à l'université et au statut d'éternel thésarde fauchée: il ne peut en être autrement. C'est l'unique pacte qui ne dédit pas ma nature.

    Quand à l'âne catalan (symbôle d'humilité et de travail me dit-il), c'est admirable de pouvoir être dans la réalité comme ça (comme une âne) mais moi je ne peux pas, et Saint augustin (qu'il prend comme exemple de l'humilité) était un grand esthète édoniste mégalo et corrompu avant de devenir un grand chrétien angoissé tout aussi égocentré. Ne se fait pas âne qui veut!

    Pis les livres, non! Ils ne se taisent pas, les p'tits ostie, quand on les ferme! Ils font tout voir à travers ce qu'on voit normalement. Ils me chuchottent dans mon bureau, jusque dans mon étude sur les financement publics. Enfer et damnation. En tout cas l'air de Barcelone a l'air crissement saint, enfin, saint, pas transcendant évidemment, plutôt les pieds sur terre. Ici y a pas de terre juste du blanc et du bleu alors c'est dur d'être sur terre, on n'y est pas, c'est pas la terre ici.

    Tout ceci trouve cependant son explication dans une virée à NYC tout ce qu'il y a de plus incarnée avec ma belle américaine, décoiffant (qq dreads sont apparus). Extraordinaire et merveilleuse elle est, cette fille, je l'aime. Voilà!

  • Quebec-oli

    Week-end à Québec infiniment détendu flottant et magique, mais pas magique mystique, magique réel, promenée par l’ami Oli depuis son appart perché dans cette rue étrange au bout du quartier (on dirait le bout tout court pourtant c’est bohème parait-il), coloré avec vue sur la basse ville et ses lumières la nuit, et toutes les collines enneigées au fond le jour, chaleureux et plein de livres à l'ombre desquels j'ai dormi sur le divan de velours tout mou face au soleil couchant. J'ai si peu dormi tellement je voulais savoir ce qu'il y avait dans tous les livres ! Ou tellement j'étais jalouse de lire dans la couverture de chacun d'eux "Olivier, lu au printemps 2002" ou autre, bref il avait tout lu. Je me suis endormie à 4h, presque angoissée tellement il me tardait.
    J'ai encore pris l'autobus américain qui va loin et part la nuit, douillet, moi j'y suis toujours comme en transe poétique et tout défile dehors et en dedans de moi super vite mais très détaillé comme au ralenti, je ne m'explique rien mais je vois les choses du dedans, et le bus, donc, s'éloigne de ma belle ville d'adoption et de ses gratte-ciels qui ne grattent pas haut et qui me font éprouver de la tendresse encore plus, je suis posée immobile toute molle très lourde sur mon siège, hypnotisée par le dehors, la perspective, les lumières, les ponts, le fait de rouler (le temps file), de partir et de réaliser que j'habite ici, alors en même temps toute tournée vers le dedans (où le temps…), ce que ça fait d'habiter ici, ce qu'il se passe, c'est quoi ma vie merveilleuse (merveilleuse pourquoi ?? d’où ?? Je travaille et…pourtant !), tout se déploie se déplie et c'est génial, tout devient accessible en même temps alors que je n'ai jamais le temps, la vie de faire autre chose que la vivre mais j'ai toujours le pressentiment que je l'aimerais ma vie si j’avais du temps de rétrospection, et ce pressentiment me suffit et c’est ça, c’est le pressentiment que c’est ça le bonheur. Besoin de rien de plus qu’un sentiment qui traverse le fond. Et là tout LE sens et celui de toutes les petites choses tourne autour de moi en dedans et pourtant il s’agit de moi et pas des choses, je vois pleins de couleurs intenses, c'est comme un grand tapis la vie, et il s’agit toujours de moi mais je m’y oublie pourtant les yeux écarquillés. Je suis un peu étourdie, le temps…boaf…

    Nous on a une montagne au milieu de la ville au moins (je repense aux gratte-ciel de 40 étages pourtant très fiers), et plusieurs îles autour, c'est joli de prendre tous les ponts dans la nuit, et vers le nord je ne l'avais encore jamais fait, toute une perspective nouvelle par la grande vitre. Je me dis : le même stupide sentiment de liberté que quand je vais à Langon en train, ridiculement pas loin mais pourtant c'est comme un voyage. Québec, c'est le bled, mais pourtant y partir de nuit sans l’avoir prévu ni savoir trop ce qu'on va y faire, c'est comme le Pérou. En plus dans l'enclave bizarroïde qu'est devenu un week-end pour qui travaille à plein temps et vient de sortir du bureau, c'est une vrai faille temporelle.

    Oli m'accueille comme une reine c'est à dire comme chez moi, parce qu'il n'y a pas d’enjeu ni de pression à notre rencontre, il est aussi détendu que moi, on parle non-stop très calmement et doucement au rythme de la marche pendant 2 jours. On petit déjeune tard dans le salon ensoleillé (les bibliothèques ne font de l'ombre que la nuit) et on cuisine des lasagnes (surtout lui, moi je bois le vin). Le dimanche je me laisse conduire à l'érablière manger saucisses et crêpes au sirop, "all you can eat" they say, et ensuite on marche toute la journée sans horaire dans le bois, le long du fleuve, sur la glace, il faisait doux, on était libre d'aller où on voulait avec l'auto. Je vous écris aussi pour dire que je vais hyper bien, et redire que je jure fidélité à l'université, la pensée, la poésie et l'amour (l'ordre est évidemment modulable).

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  • ovni

    Pancakes? ou les meringues de mon frêre...

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  • rumba

    Je la vois assise à l'une des tables rondes, un peu mélangées après la fin de la pièce montée. Il y a des chaises vides et des petits groupes, des jeunes debout autour des vieux assis. Les cols sont relâchés, les voix confiantes, les portes qui donnent dans le parc grand ouvertes. Il y a des petits groupes, du brouhaha, de la circulation. Je suis probablement sur la piste de danse, occupée à optimiser mon bonheur comme d’habitude. Elle entre dans la salle, ou elle est dans la salle et je la vois. Elle est en blanc, avec une robe bustier. Elle parle avec des gens (assise) en me regardant du coin de l’oeil, ou alors elle me fixe debout à travers la foule. Je ne sais, ça dépend de la réalité de sa présence (si elle est là naturellement c’est qu’elle est là, si elle est venue pour l’évènement ontologique c’est que je l’invente).

    Je la vois et sais que c’est la fin : elle est le symbole, elle est le moment, le signe. Je me fige, c'est la fin de mon sursis, et même si c'était prévisible, à l’échelle d’une vie on ne sait quand ça va arriver, ça a l’air l’infini. Je sais alors (mais je le savais au fond) qu’avec tous c’est la dernière fois, moi incapable trop incapable depuis toujours de faire un choix, incapable de tout faire cesser à cause de la vie merveilleuse et tragique (argument de poids), il fallait pourtant que tout cesse, ne serais-ce que par pudeur. Alors l’orchestre joue une rumba. Alors avec chacun d’eux je danse une danse tragique, je danse la dernière en oubliant en un instant la précédente et le précédent. A l’image de tout, du reste. Est-elle entrée ou était-elle déjà là ?

    Ca ne fait plus de différence, le vécu est vécu. Je parcours la salle du regard, et je vois que tous ils étaient là pour voir ma chute, mon choix, mon désaveu, ma négation de la nature, mon parjure.

    Alors je regarderai par la fenêtre et tout me semblera coloré, intense merveilleux. Je penserai à mon père, je penserai à mon destin, à mon histoire, à ma victoire, j’aurai foi dans la race humaine et dans l’amour. J’aurai un sentiment d’absurdité qui rachète tout. J’aurai l’impression d’avoir tout vécu. J’aurai l’impression que ça ne va jamais terminer.

  • l'oreille cassée

    Je vois ce que ça fait, l'hiver. On ne se rend pas compte, la couleur disparait petit à petit et surtout ne revient pas. Ou plutôt elle fait croire qu'elle est là, car c'est tellement un fade away qu'on ne s'en rend pas compte... Seulement parfois: "c'est hallucinant comme cette ville est grise, tout est couvert d'une fine poussière blanche, granite, calcaire, neige, givre... Tout est pâli. Pâle sale." Et demain, je ressors dans l'air frais, et je suis à nouveau toute contente, mais contente par illusion, parce que mon échelle de couleurs a changé faibli pâli elle-même et j'en vois, des couleurs.

    V. me dit qu'après la soirée VIP gala jet set squatée et consommée par nous ronds comme de queues de pelles, il s'est réveillé le lendemain dans un appart inconnu, allongé dans un lit pas défait. Ce ne doit pas être avec moi qu'il a pris la dernière bière. Mais moi, je me souviens déjà si peu de mon dernier verre. Du bol de la toilette à la rigueur (pas vraiment non plus). J'avais même laissé la porte d'entrée battre à tous vents.

    Mamie et maman m'appellent au bureau..."réception bonjour" ...dzzz...ça sent l'international..."c'est mamie" "pardon?" "c'est mamie", hyper drôle. Le directeur général est dans ma poche, il m'appelle tout le temps pour me dire que je n'aurai pas de vancances... ils ont donc une conscience! Dommage qu'ils ne la soulagent pas. Je veux pouvoir aller faire de l'escalade en Virginie. Je ne sais pas pourquoi tout d'un coup je parle de faits, personne n'a cette adresse. C'est que je ne peux plus penser. Mon mal d'amour ne guérit pas, guérit pas, guérit pas... et musique à l'oreille s'est cassée. Je ne peux plus prendre l'autobus pour un nuage...mon mal d'amour ne guérit pas. Qu'est ce que je vais faire.

    Je sens mon poids sur le coeur, immense. Mais je le sens moins que la semaine dernière. Tout ça est devenu très réel et s'est transformé en simple désir constant de saisir le téléphone.

    Crim'! Je sens mon poids sur le coeur, immense!

  • évènement et personnage

    Il faut donc à la fois que la personne apparaisse avec l'évènement, ce qui fait un évènement dans son épaisseur, un évènement vécu. Les évènements s'enchaînent. La vie vit. Ceux qui l'agissent apparaissent.

    Mais: comment peuvent ils avoir une conscience de second rang? C'est à dire, une conscience tout court?

    Il y a des subjectivités, sinon l'adjectif "vécu" n'a aucun sens. Mais on ne se place pas de leur point de vue (qui n'est pas l'important) mais du point de vue de la vie.

  • Bon anniversaire

    Johnny dit :
    Bonjour la poule
    Johnny dit :
    je te fais un bisou en vitesse
    Johnny dit :
    je doit y aller
    Johnny dit :
    comment ça va aujourd'hui?
    Anastasie dit :
    pareil
    Johnny dit :
    es-tu allée à la capoeira finalement?
    Anastasie dit :
    d'ici un semaine ça passera un peu
    Anastasie dit :
    oui mais j'en suis partie
    Johnny dit :
    et comment va ton sommeil?
    Anastasie dit :
    ils étaient tous trop heureux et j'avais une mauvaise énergie
    Anastasie dit :
    J’aurais mal joué et pourri la roda
    Anastasie dit :
    mal le sommeil, je ne m'endors pas
    Anastasie dit :
    mais ça va passer
    Johnny dit :
    et les cauchemars?
    Anastasie dit :
    C’est drôle que tu dises ça
    Johnny dit :
    pourquoi drôle?
    Anastasie dit :
    J'ai rêvé que papa était parti faire une retraite dans la forêt, il allait mal, il était seul, décharné décadent malheureux et condamné, il n'essayait pas de se sauver mais d’aller se cacher pour mourir, un peu, ou trouver quelque chose, un sens, avant de mourir, ou peut-être, avec sa naïveté de la fin, qu’il voulait aller commencer une nouvelle vie là où on l’accepterait, là où il n’y a personne, comme il le disait pour l’Afrique. Je le vois, sa silhouette mais maigre et vouté et les yeux creux, avec se cheveux noirs frisés. Personne ne l’aimait ni ne l’avait vu depuis longtemps. Je le vois mais je n’y suis pas quand il y est, dans mon rêve, c’est rétrospectif, c’est bien avant que je n’y arrive que lui il arrive là bas. J’apprends qu’il y est parti il y a x temps. Je ne sais rien de plus. Je partirai, plus tard, le chercher.
    Anastasie dit :
    Donc j’arrive dans une espèce de maison mêlée d’arbres avec des escaliers, chez une communauté de hippies il semble mais un peu délabrée, y a peut-être plus personne qui vit là, il y a un escalator sous une verrière avec la jungle à travers, je suis dessus, je monte, et là il y a V., il descend, ou pas, je ne sais, il m’attendait, il est chez lui mais il a quelque chose de spécial dans son attitude, il m’attendait, il est en même temps un peu négligé, nonchalant. La situation est exceptionnelle et inattendue pour moi, pas pour lui, il m’attendait, un peu désinvolte et dépassé à l'intérieur mais ne me le montrant surtout pas, ou vraiment blazé.
    Anastasie dit :
    C’était comme un peu tendu entre nous, mal à l'aise, je ne l’ai pas vu depuis longtemps mais je ne suis pas là pour lui, alors ça me met mal à l’aise. Lui il s’y attend, à mon malaise, il surplombe un peu la situation, comprend pourquoi je suis mal à l’aise à son égard, je me sens comme parfois quand j’ai l’impression qu’il me juge. Mais je sais qu’il sait pourquoi je suis là. On ne parle presque pas pendant un moment.
    Anastasie dit :
    Puis je lui demande si papa est mort
    Anastasie dit :
    Ce qui explicite le summum du triste de la situation parce que dans cet endroit sa mort ne peut avoir eu lieu que dans une solitude extrême. Parce qu’il n’a rien à voir avec ses gens. D’ailleurs V. n’est pas touché, il est des gens qui ont vu passer papa comme un étranger, en lui étant indifférents, comme si c’était un zarbi à qui il ne pouvait arriver que ça…
    Anastasie dit :
    alors il me dit non
    Anastasie dit :
    puis oui
    Anastasie dit :
    puis non
    Anastasie dit :
    il est mal à l'aise, il minaude, il me manipule ou s’amuse un peu, ou peut-être ne le sait-il pas, il se venge un peu, je ne sais pas.
    Anastasie dit :
    Alors là j'erre un peu, dans l’endroit moussu et ruinu, je le cherche un peu, j’oscille entre fatalisme et timide espoir, j’ai honte d’être là un peu, d’être là trop tard, je ne sais plus s’il est même vraiment venu ici, je suis en cachette un peu, je ne veux pas que les hippies me voient, mais il n’y a personne, puis j’ai honte de ne pas savoir si V. disait ça pour plaisanter ou non, je ne sais sur quel pied danser.
    Anastasie dit :
    et il me dit alors avec l’air plus sérieux(et plus gêné) de ce qui est plus vrai qu'il est mort ce soir à 20h.
    Anastasie dit :
    C'est-à-dire avant que j'arrive.
    Anastasie dit :
    je l'imagine tout décharné
    Johnny dit :
    c'est l'anniversaire, ces jours ci, non?
    Anastasie dit :
    oh!! j'y avais pas pensé!!!
    Anastasie dit :
    et puis là donc, je suis envahie d'une tristesse infinie, comme si elle était autorisée maintenant, ce que je n’osais pas parce que je n’étais sûre de rien, mais là tout était donc vrai, quelle malheur et c’est trop tard, et c’est fini, ou en tout cas j’ai la place que je dois avoir, dans ma vie, je suis là après lui et j’ai le droit et j’ai raison et j’ai raison d’être triste, je suis tellement triste c’est comme un abat d’eau.
    Anastasie dit :
    pour lui d'abord
    Anastasie dit :
    puis pour moi, parce que (et là un souvenir tout frais m’apparaît aussitôt comme si je l’avais bien sûr eu depuis le début du rêve) maman est morte y a si peu de temps ! C’est donc vrai, j’ai tout perdu…
    Anastasie dit :
    Dans ce souvenir, qui est la veille (et est donc visuel puisque c’est un rêve), je la vois très bien dans son cercueil
    Anastasie dit :
    avec un tête très réaliste semblable à celle de manou mais c’est bien tout à fait maman, la vraie, mais morte, pas endormie ni tarabiscotée/transformée en une autre comme les morts de rêves ou de cinema, non, la vraie maman mais morte
    Johnny dit :
    oooohhhhh
    Anastasie dit :
    avec tous les attributs de la mort que j'ai vus pour de vrai, la maigreur, la peau détendue, la bouche…tu sais
    Anastasie dit :
    je fais ça très bien sur maman, lui mettre ces attributs sur la face, ça m’impressionne même dans le rêve
    Anastasie dit :
    et là je suis TELLEMENT TRISTE
    Anastasie dit :
    pour moi, pour mon sort tristissime
    Anastasie dit :
    ils sont mort les deux en si peu de temps
    Anastasie dit :
    et je suis orpheline (je pense le mot plusieurs fois!)
    Anastasie dit :
    et tout ce bonheur a disparu d'une shot
    Anastasie dit :
    sans préavis, tellement indu et inattendu
    Anastasie dit :
    dans un cataclysme
    Anastasie dit :
    et je suis toute seule dans la jungle avec V. qui me regarde
    Anastasie dit :
    dans cette maison labyrinthique de hippie et je suis tellement triste, d’une tristesse simple et légitime parce que c’est un cataclysme.
    Anastasie dit :
    Dans tout ça papa est un peu comme Kurtz dans Au Coeur des Ténèbres de Conrad (et moi un peu Marlow je suppose)
    Anastasie dit :
    tu vois, hein
    Anastasie dit :
    parti fou dans sa retraite, parti se retirer avec sa folie, la mettre à l’épreuve, la vivre pleinement, ou la cacher
    Anastasie dit :
    et finalement mort tout seul dans un échec et agonisant, sans réponses, ou si, je sais pas, non sans réponse, on ne peut que le plaindre tellement, cet échec, cette fin
    Johnny dit :
    petite chose
    Anastasie dit :
    et je pleure pleure pleure
    Anastasie dit :
    Il y a l'angoisse aussi comme dans le livre, y a l'air d'y avoir un mystère autour de cette fin, un truc démoniaque, j’ai peur un peu
    Anastasie dit :
    je ne crois pas totalement V.
    Anastasie dit :
    je ne sais rien et personne ne veut me dire quoi que ce soit
    Anastasie dit :
    sur le séjour de papa et sa mort
    Anastasie dit :
    je suis pas sure qu'il soit mort
    Anastasie dit :
    on ne me propose pas de le voir
    Anastasie dit :
    il n'est juste pas ici.
    Anastasie dit :
    et ce souvenir de maman morte!! Avec tout un tragique autour que mon souvenir effleure, un AUTRE tragique, pas gommé par celui là, juste côte à côtes mais je n’ai pas besoin de m’en souvenir.
    Anastasie dit :
    voilà pour le cauchemar.
    Johnny dit :
    ooohhhhhh
    Johnny dit :
    pirilline
    Johnny dit :
    je suis desolé
    Anastasie dit :
    Au fait, c’est demain, l'anniversaire
    Johnny dit :
    je dois y aller maintenant
    Anastasie dit :
    oui
    Anastasie dit :
    au revoir!
    Johnny dit :
    bisous

  • point

    Je ne peux plus écrire sur ce weblog à cause de la merveille merveilleuse hyper traumatisante New York. Je ne suis pas morte. Etat de choc.





    JE JURE SOLENNELLEMENT FIDELITE A L'UNIVERSITE, LA POESIE, LA PENSEE ET A L'AMOUR.

  • réponse

    Elle a dit:

    ecoute, je crois pas que ton reve a rien a
    voir avec new york. c'etait sans doute plutot lie a tous ces filmes zarbis que
    tu regardes de maniere fanatique!!


    J'avoue j'ai écouté 2 fois 2001 ou l'Odysée de l'espace il y a deux jours, et j'écoute des bouts de Eyes Wide Shut avant de dormir.... y a pas relationnellement plus insécurisant que ce film. Mais de l'Odyssée je ne retrouve rien... l'ouragan, je veux dire par rapport à l'espace, la perspective du plat du vide et du ciel? Non!

    En partant à New York, c'est comme si j'allais affronter un cauchemar pour voir s'il est vrai ou non (ou mauvais rêve), je veux et je ne veux pas, comme dans Mulholland Drive dans l'arrière court du Winkies. C'est une drôle d'expérience intense. Je pars vérifier si c'est un cauchemar ou non, je pars en guerre contre.

    Maman!

    Fuck.

  • paranoïa toujours

    Encore D. et moi prises au piège au fond d'un endroit situé comme le fond de Miramar à Biarritz mais beaucoup plus grand, y avait comme accès à un gymnase immense et bas de plafond sous l'hotel du palais (à cause du danger réel par mer forte), où on était allées (je sais plus pourquoi). J'avais comme d'hab' lot de problèmes relationnels en général, je devais voir Hamza (qui était Zaher) parce qu'il m'en voulait, il y a d'autre gens aussi que je devais voir, Régis peut-être, il y avait des urgences relationnelles, des endroits où j'avais rdv, où je devais aller pour ne pas perdre mes amis, tout en doutant de si déjà j'y serais toujours la bienvenue. Une fête avec des lampions sur des quais? Il y avait Jean aussi, qui voyait de loin mon histoire avec D. et me jugeait. Les gens ne savaient pas à quoi j'étais occupée (préoccupée, dedans), alors ils me jugeaient très sévèrement pour mon manque d'attention et de présence, mon égoisme, mon mutisme, mon ronchonisme. Parce que j'étais tellement préoccupée que je ne parlais pas, n'y allais pas, était comme stupide. C'était désolant mais je n'avais pas le choix, histoire de priorité dans la vie. Ca sentait l'orage, mais pas encore l'ouragan. C'était comme une soirée de feu d'artifice un peu, tout le monde dehors mais comme si les gens avaient été poussés dehors. C'est ça qui faisait l'urgence. Mais moi mon urgence elle était pas là, j'étais un peu anesthésiée aux choses extérieures et incapable d'analyse et maudissant le fait que tout tombe tout en même temps. Evidemment je courrais après D., mais moins au début qu'à la fin, enfin si, au début, mais implicitement, je ne sais plus si elle était avec moi ou pas. Bref on va dans cet endroit (on s'y réfugie?), y avait aussi maman et chloé, mais moi je discute et tergiverse avec D. des heures, en fait, intimité ,un peu, peut-être est-ce ma chambre du Bouscat, je veux la convaincre, je suis un peu désepérée. Mais là encore je fais du forcing, elle ces temps-ci elle est ailleurs, elle a d'autres personnes, elle est occupée, je lui fait l'effet d'un truc qui lui bourdonne désagréablement autour. Mais je réussis un peu à la tourmenter, à la refaire tomber amoureuse de moi un peu. Et puis on sort, et là on voit que tout le monde meurt, que la mer frappe tellement fort comme un jet de pierre, y a plus que du plat d'eau qui brasse des cailloux et fauche les jambes et les arbres, je me dis oh! que tout ce après quoi je courrais la veille au soir, les gens, a disparu. Ou alors sont safe et identiques de l'autre côté (avec les lampions, tout ça) et que c'est ici la fin du monde, que c'est nous qui sommes coincés. On a perdu, avec D. (ou seulement moi) la notion du temps et de l'exterieur, on est piégées et on ne sait pas si c'est juste nous ou tout le monde (s'il faut s'inquiéter pour les autres ou pas). Je suis TERRIFIéE tétanisée mais là encore tellement préoccupée par mon affaire sentimentale que je ne vois rien, je ne fais rien, suis incapable de réagir efficacement, j'ai juste atrocement peur mais de l'interieur aussi, de la fin de l'existence de D. pour moi (ou moi pour elle), je suis partagée entre un fatalisme plein d'effroi "on va mourrir" et un vague espoir que non, mais je ne fais rien. La mer est impressionante de puissance, ce n'est pas le volume d'eau c'est la force des lame qui percutent et dévastent tout comme des jets de plomb. Là où une lame passe elle se retire et plus rien. Il n'y a plus que cette mer devant nous, quelques personnes fuient affolées (seulement là où l'eau n'est pas arrivée, personne ne survit à la lame, à l'horizon le désert...il ne reste que quelques minutes ou des heures, ou la mer n'atteindra pas plus haut ou dans dix secondes la ville sera rasée, on ne sait, je ne sais, j'ai perdu la notion du temps et manqué les évènements je n'ai aucune idée de l'origine ni de la portée, je me réveille dans un cauchemar), d'autres se réfugient dans le gymnase. Que s'est-il passé pendant notre discussion? On se débat un peu, D. a des dessins dans les mains, ses choses qui lui appartiennent et lui rappellent d'autres gens. Elle n'a pas l'air de trouver la situation dramatique, elle est juste saoulée. Elle veut partir, elle n'est pas aux prises avec la même hébétude que moi. Ca la touche moins, sa tête fonctionne normalement. Elle me dit plusieurs phrases embrouillées que je ne comprends pas, finalement je lui dis unpeu au hasard parce qu'il y a des chances que ce soit ça "en fait tu me demandes de te laisser ne pas m'aimer" et elle me dit c'est exatement ça. Ca revient à s'il te plait! fous moi la paix! Elle me supplie un peu ,vu les circonstances elle n'en peut plus. Pendant tout ce temps je m'inquiétais pour maman et chloé mais finalement elles vont bien. Evidemment maman arrive et m'engueule parce que, tout occupée à mes problèmes psychologicorelationels, je fais n'importe quoi en matière ed sécurité et de solution, c'est à dire rien. C'est curieux, en meme temps comme d'habitude elle minimise un peu tout, elle prend les choses en main un peu, elle trouve ça normal, elle veut partir, c'est tout. Elle me trouve bizarre, sent ce qu'il se passe et me juge très sévèrement aussi. Comme quand il s'agit de D., elle désapprouve tellement que je sens un petit "c'est bien fait pour toi". Je l'énerve. Moi j'ai TRES peur en général, c'est la fin du monde pour moi sous tous ses aspects, dedans et dehors, je suis tétanisée à l'idée de ne plus revoir D., et la perdre de vue dans ce chaos signifierait ça. Je ne la lache pas d'une semelle. Mais en même temps c'est faire l'inverse de ce qu'elle m'a demandé, je me sens pitoyable. Mais c'est comme vital, je ne peux pas la perdre de vue; ou je me disloque et je me retrouve aux mains de ces gens et ce monde aux valeurs étrangères où l'amour est ignoré et moqué et je meurs comme un poisson dans l'air. Ils incarnent la négation même de mon monde, il sèment le doute car ils arrivent à vivre: qui aura raison au dernier instant?
    Plus tard dans lerêve, il y a Jean qui arrive en mongolfière (ce n'est pas lui) et qui réchappe du crash à côté de moi et maman, la mongolfière n'a plus que la nacelle et tombe dans un fatras de fils sur la place où on voit la Garonne à Langon.

    Ce matin je suis un peu hébétée, un peu. J'ai retrouvé mes colocs toujours attablés à leur table de poker à 7h. Le décalage est immense.

    Une formule magique contre ces p... de rêves? De désensorcellement?

  • L'Odyssée

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  • le vendeur d'eau de M.

    " Ca c'est drôle en te lisant je m'aperçois que j'ai lu ce tableau d'une manière tout à fait contraire au bon sens. J'ai tellement été happé par la monumentalité du personnage du premier plan que je n'ai pas imaginé une seconde qu'il pût s'agir du vendeur d'eau. C'était donc le fiston du tavernier qui apportait l'eau au vieux brigand ou chevalier errant, débarquant avec sa troupe, un des compagnons buvant de l'eau derrière. La commisération de l'enfant regardant le manteau déchiré ne m'est point apparue. Tout se dessine dans le jeu entre la transparence du verre, la fraicheur de la grande jarre et la cruche bizarrement cabossée, la fraîcheur du jeune garçon et la figure burinée en terre cuite du vieil homme. Et ce qui apparaît mystérieux c'est la rencontre de ces deux âges : de toute évidence il se passe qqchse, le garçon semble éprouver qqchse qu'il ne peut pas tout à fait déterminer. Il ya qqchse de péguy que j'ai lu récemment et qui s'applique bien:

    " Vous, péguy, vous n'avez connu que le vieillard. Vous n'avez point connu le vieux. (...) Vous avez connu la chevelure d'argent, la tête olympienne ; Zeus lui-même ; et la face exactement rasée. Vous avez connu la face de la médaille. Mais vous n'avez pas connu le vieux. (...) Tout ce que les paysans de votre pays, péguy, mettent dans ce mot, un vieux, tout ce qu'il y entendent, tout ce qu'ils y mettent de noueux, de raciné, de ayant résisté, de ayant poussé, de ayant vieilli, de ayant tenu le coup, de ayant passé par n'importe quoi, victorieusement, et pour ainsi dire de ne devant jamais finir, c'est tout cela qu'il faut mettre dans le mot et dire du vieil Hugo : C'était un vieux."

    Le vieux qui a l'air de sortir d'un désert cherche peut être à se désaltérer, et on (et il) ne peut pas ne pas penser à l'innocence et à la fraîcheur correspondante du petit garçon. Il me semblait que le petit se trouve subitement devant le temps, le vieillissement, et c'est ce qui le trouble, mais le fascine en même temps. Quant au vieux, la façon dont il surplombe la scène lui donne l'air de la porter en lui, de l'avoir davantage intériorisée, plus que le gamin qui incline la tête, comme effrayé de ce qu'il entrevoit...
    Ce que tu me dis du tableau me serre le ventre parce qu'effectivement vue comme ça (et comme elle a été voulue par l'artiste je suppose) la scène est très gênante et même pathétique. Mais ce qui est curieux c'est que cette interprétation même si elle me paraît maintenant évidemment la bonne ne détruit pas du tout le premier regard que j'ai eu sur elle. C'est étrange qu'il n'y ait pas d'obstacle pour moi -malgré l'intention évidente de l'artiste- à cet autre regard, alors que la commisération et la fascination, la gêne et la majesté, ce n'est pourtant pas la même chose"

  • Le vendeur d'eau.

    medium_levendeurdeau.jpg


    Ils ne se regardent pas dans les yeux, aucun. Ils n'ont rien à voir, aucun. Tout passe par le verre.

    Qu'est-ce qui passe par le verre?

    D'où vient l'eau qui est sur la jarre? Elle ne peut pas s'être coulée dessus elle même à cet endroit, ni s'en être versé dessus. Si, si elle est trop pleine. Donc, on a une jarre trop pleine pour aller avec le verre très plein.


    Le verre est de luxe, comme le petit garçon, propre.
    Les poignets de la chemise du vendeur sont noircis, son visage tout usé (mais pourquoi ses jarres sont-elles si belles et ventrues? Même la cabossée, on dirait qu'elle l'est de loin, mais de prêt elle est belle ou modelée, pas cabossée).
    Le petit garçon regarde la manche du manteau déchirée, il se mord la lèvre. Le vendeur est gêné il détourne le regard.
    Ou il est aveugle, c'est pour ça qu'il a renversé l'eau, c'est pour ça qu'il regarde droit devant lui.

    Comment tiennent-ils donc ce verre si droit?

    Mais le verre n'a plus d'importance, en fait, rien ne passe par le verre! Il a l'air d'être en position centrale mais ce n'est pas lui. Personne ne le regarde.Tout se croise sur la manche déchirée. Devant elle le verre devient une injure il est trop brillant, propre et plein. En fait il ne l'est pas encore, injure, pour l'instant personne n'y fait attention, tout est dans la manche. Mais dans une minute, quand le petit garçon va remercier et payer, il va avoir honte de son verre. En même temps, il est un enfant, il ne retient pas son regard. Les enfants regardent directement les détails qui les intriguent, ne regardent pas les gens. Il ne se rend pas compte. Mais comment donc l'homme mature regarde-t-il dans le vide? Comment le buriné n'affronte-t-il pas le regard de l'enfant??!?

    Tout passe par le verre: le fait que personne ne le regarde n'est que trop étrange. Ils le tiennent, nettement, fermement, comme une lutte. Aucun ne le lâche. Il s'agit du don. Le vendeur d'eau, le pauvre, le vieux, le sage, DONNE de l'eau, de l'or, donne ce verre trop beau alors qu'il n'a rien, mais ça, ça déborde de sa cruche ventrue. Le pauvre a une cruche ventrue qui déborde. Mais...pourquoi ne sourit-il pas, en ce cas?? peut-être qu'il est juste tanné d'avoir un manteau déchiré.

    MAIS QUE FOUT L'AUTRE DANS LE FOND??

    C'est drôle, il boit, mais dans une choppe à bière. Mais en verre. Il regarde un peu au dessus à gauche.
    Il rappelle que ce dont il s'agit dans tout ça, c'est de boire de l'eau.
    Mais non, c'est justement tout l'inverse, ce qu'il se passe!!
    Il est celui qui a raison, il y a le vendeur d'eau, on achète de l'eau que l'on boit. C'est très simple. Il est dans l'ombre, il représente l'indéfini, la normalité, "je bois de l'eau". Mais pourquoi donc a-t-il l'air triste? C'est que le normal, le pauvre, il ne se rend compte de rien de la fraction de seconde qui couvre l'échange des regards; il boit de l'eau. Il n'a rien compris à la situation. A faire le truc vital, normal, à faire ce dont il s'agit, ce dont il devrait s'agir, il est tout seul. Car il ne s'agit jamais de ça. Il se passe tout un monde dans l'évènement-prétexte, un monde qui n'a rien à voir avec, pauvre lui qui y est extérieur, un "je bois de l'eau".
    Les deux autres, ceux qui sont dans le monde et qui ouvrent la situation, ils sont très caractérisés.
    Bref.

    Johnny vient de me dire: les visage font un mouvement circulaire, qui va de l'enfance à la vieillesse, le temps de vider sa choppe et le tour est passé. Tout se rejoint!
    Johnny vient de me dire: on dirait un forçat, un maudit, un condamné à servir (et même renverser) de l'eau de jarres ventrues sans pouvoir jamais boire, alors qu'il a un manteau de saint-françois au désert assoifé, il n'a plus d'yeux, le maudit.
    Pour celà M. a raison: on dirait qu'il surplombe la scène, du surplomb de celui qui sait qu'il est soumis à la nécessité, celui du forçat, du damné, fort tout de même, celui que les épreuves ont patiné et non usé. Il l'a déjà vécu, cette scène, ce regard humain 1000 fois. Il y est aveugle comme Zeus est aveugle aux accidents.

  • F.

    Ses yeux sont comme des chandelles qu'on voit couler dans les bobèches des chandeliers de fer. (TQJ)

    "Y a rien qui vaille trois dollars quand on peut pas l'emporter avec soi" déclara Virgile. (S)

  • pleins

    Bizarre: il y a des pleins et des vides immotivés. Des pleins de souffle, des vides de vide, des élans soudains et retombées, SANS RAISONS. Je m'en rend compte après coup. C'est idiot, je suis un humain, je me lève tous les matins avec la même inocence (les désabus de la veille ne me sont d'aucun secours). Je suis un humain.

    Je disais encore à D. de les provoquer, les pleins (ou étais-ce de les entretenir?).
    Mais She said my ass hurts when I sit down
    She said my feet hurt when I'm standing around
    I think my body is as restless as my mind
    I don't think I could roll with it this time.

    La clef de tout est le temps qu'il fait, dis-je. C'est pour celà qu'elle "act like I'm helpless", c'est que pour ça, elle est helpless.

  • 2597010

    NY se rapproche j'en tremble mais j'ai aussi très peur de ne pas pouvoir compter sur moi-même, de me dégonfler ou de devenir comme un glaçon.

    Très drôle séquence où j'étais au téléphone avec D. depuis des heures au milieu du cendrier et bouteille, lorsque frappe à la porte l'inconnu aux belles mains qui ne vont pas avec sa mignone face aux cheveux doux. Elle m'a dit "pull yourself together" en français.

    Finalement il était tellement mignon et tellement jeune, D., G., M. et V. pourraient se moquer de moi.

  • larmes et grâce

    Plusieurs minuscules choses: mon date avec la reine Maude n'en était pas un. Ce n'est pas elle qui me sauvera de D.

    M. me parle du don des larmes, je ne vais pas y repenser en détail je m'en souviens. Evidemment je finis par tout ramener à de l'immanence pure, et à dire: ça ne prouve qu'une chose, les larmes, la vie. Ou l'amour, c'est pareil. Il a raison cependant: c'est essentiel, absolument essentiel. Pleurer comme propriété ontologique = la capacité très humaine de se sentir affecté et investi dans les choses, concerné et empathisant, tant avec soi qu'avec le monde et les autres. La vie, l'incarnation quoi. Qui ne pleure pas est exterieur à la vie ( je bacle ça comme un cochon ça devrait être beau à la mesure de la chose). Ce qui est curieux, donc: un don de grâce. C'est donc l'humanité (au sens ontologique) des gens qui leur est donnée. Les autres, ceux qui ne sont pas touchés par la grâce, ne l'ont pas, l'humanité. Ils ne sont même pas disponibles (dixit M. joliment et exactement) pour être sauvés (seul les humains le sont), pas disponibles pour quoi que ce soit.
    [le problème est: qui ne l'a pas eu? Qui n'est pas humain? Est-ce que les larmes interieures, ça compte? Est-ce que mes spasmes dans mes muscles des cuisses, ils comptent? Est-ce qu'il n'y a QUE LES LARMES? joli titre de roman. Pourquoi que les larmes? Et la névrose? AHAHAH]
    [Ceux qui ne sont pas humains sont ceux qui font des bonzaï-kittens...]
    Bref si c'est un don, personne n'est blamable pour son manque d'humanité. Il n'y a donc plus de problème philosophique ni moral. Il n'y en a d'ailleurs jamais eu.



    Z. m'a à nouveau fait réaliser que l'amour est rare, que c'est normal, qu'on peut être exigent.

  • hold you up

    Tung tung tungtulungung tutung tung tung tungtulung tung tulung tung tung...
    (folk picking sexy...hhhh....)
    .............................
    (Souffle dans l’oreille)
    whatever you want
    ..........................
    Whatever you want
    hhhhhhhhhhhhhhhh
    Whatever you want
    ..........................
    I’ll give it to you
    ........................
    ya whatever you want
    I’ll give it to you slowly
    I’ll give it to you slowly ‘till you’re just begging me to hold you


    Your mouth waters
    stretched out on my bed
    your fingers are trembling
    and your heart is heavy and red
    and your head is bent back
    and your back is arched
    my hand is under there
    holding you up

    (tout est dans le ton...)
    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you baby ‘till you feel the daylight
    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you ‘till you feel the daylight


    In the kitchen (ouh yeah)
    in the shower
    and in the back seat of my car
    I’ll hold you up
    in your office
    preferably during business hours
    ‘cause you know how I like it when there’s a lots of people around
    and I know how you like it
    yeah I know how you like it
    I know how you like it when I.....
    .........tungtungtungtung....
    ... tease you for hours.....

    Your mouth waters
    stretched out on my bed
    your fingers are trembling
    and your heart is heavy and red
    and your head is bent back
    and your back is arched
    and my hand is under there
    holding you up

    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you baby ‘till you feel the daylight
    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you ‘till you feel the daylight
    oh and this has just begun
    Yeah this has just begun
    .......tungtulung tung tung tung.....

    because we haven’t even gotten started yet
    Cuz I haven’t even,I haven’t.....
    I haven’t even......
    ...... tied you up......
    hhhhhhhhhhhhhhh
    I haven’t even....
    I haven’t even.....
    I haven’t even.... turned you over

    That’s forbidden....

    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you baby ‘till you feel the daylight
    I’ll hold you up
    and drive you all night
    I’ll hold you up
    and drive you baby ‘’till you feel the daylight
    that’s right
    yeah
    this is where I want to live
    right here between your hips
    where all the love you hold and hide
    it’s where it lives
    right here between your hips
    this is where I want to live
    it’s where all the love you give exists

    Your mouth waters
    stretched out on my bed
    your fingers are trembling
    and your heart is heavy and red
    your head is bent back
    your back is arched
    my hand is under there
    holding you up

    Etc à l’infini...

  • les monstres aussi?

    Se souvenir de l'enfant, monstrueux loucheux béat monstrueux dans sa candeur et sa bonne humeur alors qu'il incarne le martyr de sa mère qui ne peut que le haïr tout en le choyant sa vie monstrueuse, elle est un jeu pour lui et on ne peut pas l'en blamer (le blamer pour sa nature d'enfant), son bonheur (impossible) est un outrage à la nature, son existence même inspire l'horreur des hybrides monstrueux de la grèce antique --son avenir est celui du fils-père de l'Icendie de Wajdi Mouawad--;l'enfant-adulte qui l'a engendré ne peut plus que se taire et mourir, Il N'Y A PLUS D'AMOUR POSSIBLE. Benni des dieux (il ne saute pas sur les mines) comme souvent c'est le cas dans la mythologie, fallait-il qu'il soit sauvé? A-t-il un message?
    Non, le monstre, il ne parle même pas. Il n'y a rien. L'aveugle! Le bigleux! Le faux Tirésias/Oeudipe creuvé! Et il a le culot de babiller comme un enfant.
    Au fond du lac! Au fond du lac!

  • Johnny is gonna kill anastasie

    Johnny dit :
    je suis là
    Anastasie dit :
    oui
    Johnny dit :
    quoi de neuf?
    Anastasie dit :
    rien, je vais gagner 2000$ pour 3 mois. Ce qui n'est rien! mais mieux que rien…
    Johnny dit :
    oui
    Johnny dit :
    eh, dis, ton RV "galant"?
    Johnny dit :
    avec la reine Maud...
    Anastasie dit :
    C’est à 9h
    Johnny dit :
    dans une heure alors?
    Anastasie dit :
    Donnes-moi un synonyme pour "présage"
    Anastasie dit :
    les grecs, ils disent quoi a part oracle?
    Johnny dit :
    je suis allé au cinéma, moi cet aprem’
    Johnny dit :
    un augure
    Johnny dit :
    un bon ou mauvais auspice
    Anastasie dit :
    Oui…
    Anastasie dit :
    un augure!!
    Johnny dit :
    en rentrant j'ai vu de la lumière au Parci-parlà, il y avait un débat des amis du monde diplomatique sur la crise des banlieues et l'immigration
    Johnny dit :
    du pain béni...
    [………………………………………………………………………………………………………………………………]
    Johnny dit :
    mais parles moi de toi, un peu!!!
    Johnny dit :
    des news de D.?
    Anastasie dit :
    ??? pourquoi tu dis ça!!!!
    Johnny dit :
    ou de ton mariage avec M.Binder...
    Anastasie dit :
    Non.
    Johnny dit :
    je ne sais pas, je tape au hasard
    Johnny dit :
    pardon, je viens de lire ton rêve, je ne l'avais pas lu avant...
    Anastasie dit :
    tu vois, j'en ai, de ses nouvelles !
    Anastasie dit :
    tu ne le trouves pas zarbi ce rêve?
    Johnny dit :
    je ne peux pas dire, c'est sûr qu'on doit se réveiller bien sonné après ça
    Anastasie dit :
    dans la partie que je ne raconte pas, je l’aimais trop, on se retrouvait dans un lieu étrange comme d’hab., toujours pour une occasion (un évènement) quelconque, et je lui courrais après partout dans l’urgence de rattraper le truc, un peu hors contexte (j’en avais au fond le sentiment, mais sans le ressentir distinctement), je courrais après mon idylle, qui arrivait effectivement, moi je pensais qu’elle arrivait parce que c’était le déroulement heureux et normal du truc, mais plus j’y pense et plus je me demandais quand même dans le rêve si au fond, si ce n’était pas sous ma pression
    Anastasie dit :
    et j'étais sûre qu'elle m'aimait, c'était absolument passionnellement réciproque (dans le rêve je le ressentais comme ça au présent, mais maintenant que j’ai rêvé la fin du rêve qui montre que je me trompais, je me demande si je le croyais vraiment, ou si je flairais l’aveuglement, mais non, parce qu’il y a eu des moments de bonheur intenses dans ce rêve)
    Anastasie dit :
    mais...à la fin il fallait bien que j'en convienne...je me trompais...(c’est une discussion que j’ai eu avec Vincent : est-ce qu’on peut se tromper sur le fait que l’autre nous aime, si on sent l’amour dans l’air ? Lui il dit oui par expérience, et moi je dis non. Je dis non même devant son expérience parce que moi quand je disais que je n’étais pas amoureuse de lui, je l’aimais tellement et c’était bien mon amour qu’il sentait dans l’air. Mais je n’étais pas apte à ressentir du désir amoureux… Mais il ne se trompait pas. Lui il dit : on peut sentir de l’amour dans l’air, croire que c’est celui de l’autre personne mais en fait c’est le notre qui déborde et nous aveugle. Moi je ne crois pas. En tout cas, on peut dire avec certitude quand quelqu’un ne nous aime pas, même s’il vous dit qu’il nous aime. Où est-ce que c’est notre non-amour qui déborde ? hmmm…
    Anastasie dit :
    En tout cas dans le rêve, c'est mon amour à moi qui baignait l'atmosphère, pas le sien (merci Vincent pour avoir infiltré le doute sur l’amour dans les rêves d’amour)! Horreur.
    Johnny dit :
    je ne fais jamais des rêves comme ça moi
    Anastasie dit :
    Mais POURQUOI DIABLE EN FAIS-JE?
    Anastasie dit :
    Je ne la vois pas, je ne lui parle pas, je n'ai rien qui me rapporte à elle depuis des lustres!
    Anastasie dit :
    et j'y pense tout le temps!
    Johnny dit :
    1) l'univers onirique marche par symboles
    Anastasie dit :
    j'ai un problème d'amour avec cette fille, un problème réel d'amour réel !
    Anastasie dit :
    éhéh, drôle de chassé croisé, tu m’écris « symbolique » au moment où j’écris « réel »
    Anastasie dit :
    tu pense que ce n'était pas elle dans le rêve?
    Johnny dit :
    2) c'est justement parce que tu la bannis de ta vie qu'elle revient pendant tes nuits
    Anastasie dit :
    je ne la bannis pas! Mon dieu, si je pouvais la voir! J’en tremble en allant au boulot! Mais...ce n’est pas près d’arriver...
    Anastasie dit :
    et puis... elle ne doit plus m'aimer et elle a raison. Il ne peut en être qu’ainsi.
    Johnny dit :
    il n'y a rien d'étonnant à que tout ce truc phantasmatique fasse des rèves chélous...
    Johnny dit :
    je ne sais pas, moi, si elle t'aime ou pas...
    Anastasie dit :
    mais bordel, QUEL TRUC PHANTASMATIQUE??
    Anastasie dit :
    Ce n'est fantasmatique que parce que j'en rêve! En il n’y a pas de raisons pour que j’en rêve comme ça !
    Anastasie dit :
    Y A RIEN LA!
    Anastasie dit :
    comment ça se fait? je ne comprends pas
    Anastasie dit :
    et tu dis par symbole... c'est quoi, qui se passe, alors, dans le rêve?
    Johnny dit :
    Je n’ai pas la clé...
    Anastasie dit :
    dis, tu crois que ça va partir? un jour? ça prend une place folle dans ma vie psychique, c'est fou cette fille!
    Johnny dit :
    je crois qu'une ou plusieurs explications avec la miss ne serait pas une mauvaise chose...
    Anastasie dit :
    mais le problème c'est qu'il n'y a rien de réel à expliquer
    Anastasie dit :
    il n'y a plus que peu de matière réelle
    Anastasie dit :
    enfin non, c'est totalement faux
    Anastasie dit :
    il y a mille milliards de tonnes de feelings réels
    Anastasie dit :
    et de parole réelles
    Johnny dit :
    je sais bien, c'est ça le truc fantasmatique
    Anastasie dit :
    et de bisous réels
    Anastasie dit :
    merde!
    Anastasie dit :
    tu sais, je me demande si ce n'est pas moi qui vais me dégonfler pour NewYork
    Anastasie dit :
    je vais mourir avant d'y arriver c'est sûr!
    Anastasie dit :
    et si elle m'aime pas, j'en mourrai!
    Johnny dit :
    c'est un peu dans ce sens que je parlais de bannissement
    Anastasie dit :
    tout en le lui souhaitant (de ne pas m’aimer) sinon elle sera malheureuse
    Anastasie dit :
    mais moi j'en mourrai!
    Johnny dit :
    de mise sous couvercle, un peu
    Anastasie dit :
    Oui mais pourtant, c'est moi qui l'ai laissée! C’est moi qui suis pas prête du tout à l'aimer (Myriam m’a dit : « alors…tu es prête à l’aimer ? » quand elle m’a vue trembler d’excitation après qu’on ait parlé de NY) !
    Anastasie dit :
    c'est moi qui dis NON! (et ça, ça ne change pas, il y a quelque chose d'impossible)
    Johnny dit :
    le ban
    Johnny dit :
    écoute, tu n'as pas besoin d'y aller matériellement pour procéder à une tentative d'explication
    Anastasie dit :
    ah...mais tu sais , si je ne la voit pas, ça reste tout aussi irréel
    Anastasie dit :
    et puis on s'est déjà tout expliqué
    Anastasie dit :
    c'est ça le problème, y a rien qui me démange et que je dois lui dire
    Anastasie dit :
    à part que je l'aime, bien sûr
    Johnny dit :
    pas si sûr, d'où tiens-tu cette certitude?
    Anastasie dit :
    ce qui est l'unique chose que je peux pas lui dire
    Anastasie dit :
    écoute,
    Anastasie dit :
    tu te souviens, quand j'étais amoureuse de clo, je l'aimais trop quand je ne la voyais pas et j'avais besoin de la voir pour me dire "ah ce n'est que ça, Clotilde, tout est dans ma tête" et ça passait
    Johnny dit :
    mais D. ne boxe pas dans la même catégorie
    Anastasie dit :
    jusqu'a ce que le fantasme prenne a nouveau le pas sur la vraie Clo. Mais là, ECOUUUTE
    Johnny dit :
    ce n'est pas une vieille copine d'enfance
    Anastasie dit :
    quand j'ai D. au téléphone, c'est l'inverse total, plus elle me parle et plus je me dis que je l'aime
    Anastasie dit :
    3h d'affilé
    Anastasie dit :
    ça ne fait que grandir comme certitude
    Anastasie dit :
    Plus le fantasme part, plus je l'aime vraiment elle
    Anastasie dit :
    absolument et de manière certaine
    Johnny dit :
    c'est le propre du truc fantasmatique qui se nourrit de son propre fantasme
    Anastasie dit :
    non! c'est l'inverse!le fantasme est dilué par la personne réelle toujours, moi ça me fait ça
    Anastasie dit :
    Et justement, ça m’a pas fait ça (l’amour ne s’est pas évaporé au contact de la réalité) avec toi à l'époque, ni avec D. Pas avec l'amour, quoi.
    Anastasie dit :
    Et elle…je la connais, elle est pas un fantasme, elle est mon ex ! C’est très concret tout de même !
    Johnny dit :
    Tu n'es pas assez vieille, pour extraire des lois générales si je peux me permettre…

  • le chat et l'amoureuse

    Dis donc j'ai encore fait un rêve, mais il était atroce celui-là (j'ai même pas entendu mon réveil, là j'ai une heure de retard pour aller travailler). Ce rêve est un mauvais présage c'est sûr (au sens des présages de l’antiquité, le ciel, les oiseaux…) ! Tu avais les cheveux courts, dedans, ce qui est bizarre (tu as toujours les cheveux longs dans mes rêves) mais précisément ce qui rend le truc prémonitoire parce que c'est la vérité, que tu as les cheveux courts, et alors que je ne t'ai pas vue je le rêve quand même, c'est que c'était la vrai toi et pas la toi de mon idée ni de mes rêves. L'autre chose qui donne à ce rêve une emprise sur la réalité c'est qu'il en a eu une de fait, (ou l’inverse); dans le rêve quand finalement tu pars à tout jamais (tu 'enfuis même tellement tu en as marre) je reste dans l'auberge de jeunesse toute seule (parce qu’il n’y a pas longtemps j'étais à Londres à l'auberge dans un dortoir), je monte dans le dortoir où y a des lits superposés, et y a un gars chiant avec un look de con qui me suit, qui me parle, qui me fais chier, je me dis qu'il va me saouler (ça m’est insupportable mais en même temps c’est le summum alors j’imagine que c’est ce que je mérite…) alors que j'en ai vraiment pas envie (que j’en suis…incapable !) et que je suis prise hyper puissamment dans mes sentiments et très occupée à l'intérieur de ma tête, mais il insiste, il a une casquette et bizarrement il se couche tout habillé dans son lit (en dessous du mien) tout en me parlant malgré mon peu de répondant, ce qui me fait chier parce que moi je pensais me coucher pour lire ou réfléchir à l'heure où y a personne dans le dorm,tu sais, et on dirait qu'il l'a deviné alors il fait ce qui me fait le plus chier, il s'installe, sans hâte, comme s'il savait qu'il allait m'avoir de toute façon (ça c'est le roman de Faulkner que je lis, où la pauvre fille est coincée au milieu de gars pas pressés parce qu'ils savent qu'elle ne peut pas s'enfuir), tout en me parlant alors que je ne lui réponds presque pas et que je suis presque agressive (tout en sachant que ça ne sert à rien, que c'est fatal il va m'emmerder jusqu'au bout, j'ai un peu peur d'ailleurs), alors là je vais dans la salle de bain (toujours philosophant et n’en croyant pas mes yeux de ce qui m’arrive avec toi, mais le prenant avec fatalisme serein –et horrifié-) et... je vois plein de sang dans la baignoire...enfin pas plein, juste un peu, barbouillé... je ne m'approche pas, je me dis je ne sais pas comment que c'est normal, je vais au lavabo sans m'avancer davantage vers la baignoire (c'est la salle de bain toute blanche de mes parents de la maison) j'ouvre le robinet et là j'entend des petits couinements à mes pieds...comme des miaulements... et il y a la trousse de toilette (le vanity) de je ne sais pas qui (cylindrique usée en coton gris toute molle) qui s'agite faiblement (moi je ne pense toujours qu'à toi, je suis atterrée et pas du tout concernée par ce qui m'entoure) alors j'ouvre tout en pressentant quand même un truc horrible, et je regarde à peine: il y a un petit tas blanchâtre squelettique qui couine de douleur, comme un lapin avant de le faire cuire mais sans sang, juste translucide et maigre, ridicule... les salauds ! Ils (je fais tout de suite le rapprochement avec le gros con d'à côté) ont écorché vif le chat adorable et l'ont enfermé, sans peau, là dedans (ça ne m’étonne même pas, c’est le paroxysme de la cruauté, tout est absurde)!!! Ce chat (notre chat de l'appart, adorable, chou comme un chaton et un peu simplet, l'innocence personnifiée) pleure, il a trop mal, il est moribond dans le sac, je m'approche de la baignoire avec horreur, c'est sa peau retournée qu'il y a dedans. Alors j'ai un peu peur (mais j'avais déjà peur) du gars (et de son groupe de gars) qui est dans la chambre. La suite n'est pas importante (je cherche comment achever l'adorable chat sans lui faire mal mais le plus vite possible parce qu'il pleure tellement au fond de son sac et il a tellement mal au contact de l'air et il veut tellement mourir), ce qui l'est (ce qui en fait un présage) c'est qu'il y a 15 min. en me levant, le chat était dans le couloir en train de jouer avec une souris morte qu'il avait tuée pendant la nuit, j'ai rêvé de mort, de chat, et y avait la mort et le chat à côté... Ca pue le mauvais augure, le reste du rêve va se produire! Le reste du rêve, je ne peux pas trop te le raconter (éh oui, tout ceci est inutile), mais on se retrouvait, et c'était un échec cuisant, tu me disais en me secouant comme pour me réveiller ou me convaincre, et te défouler un peu "il n'y a plus de souffle! C’est fini!" genre réveilles-toi, fous-moi la paix, laisse moi partir! Arrêêêêête ! Et moi je ne voulais pas le croire évidemment, tu sais comme je suis, c'était juste impossible qu'il n'y ait plus rien (ce n'était pas un rêve où je voulais qu'on soit "ensemble", c'était plutôt notre relation en général, tu sais moi qui n’arrive pas à me débarrasser de sentiments paranormaux), bref. Je ne devrais pas te raconter ça, mais c'est juste que tous mes rêves avec toi dedans que je fais d'habitude ils sont irréels et cools, celui là il était pas cool et il y avait des trucs réels. En même temps non, à part tes cheveux courts et ce que tu me disais (qui est une possibilité assez réaliste) l'environnement était irréel, au bord de la mer, on était en vacances avec maman et Chloé (évidemment les deux étaient également glaciales avec moi) dans un truc assez bizarroïde et labyrinthique (encore) avec de la terre rouge et des rochers. Je me suis réveillée horrifiée, de ton aura mêlée à ma paranoïa, deux choses qui ne vont JAMAIS ensemble dans mes rêves normalement ! Il ne faut pas que ça reste.

  • You're nothing but walking grace

    You're nothing but walking grace

  • silos

    comment va Chloé au Maroc?

    Il s'agit principalement de rester éveillée. C'est apparu une fois, entre les deux mers près de chez-moi (à l'Abbaye de la Sauve-Majeure pour être exacte --nom bizarrement révélateur et obscur), qu'il faut user de volonté pour ne pas s'endormir dans la passivité d'un "je vais traverser (passif) anyways cette periode difficile". Comme on traverse un nuage en avion, dans une sorte d'indifférence inerte/inertie. Bref ceci expliquant celà étant expliqué par la réminiscence platonicienne, il faut s'efforcer de retrouver ses sensations de quand on était vivant pour être à nouveau vivant. Sinon ça peut trainer.

    Hier soir j'ai donc fait une promenade dans la glace déserte du bord du fleuve autour des sillos désaffectés. C'était fou, je m'étais ménagé de la musique droit dans ma tête enfouie sous trois bonnets sourds et, la vision rétrécie par l'ouverture du masque de froid capuche et col, j'ai été voir les sillos de 200 pieds de haut, des pieds desquels ils semblent fichtrement hauts. Ils sont tellement creux et percés qu'on y fait de la musique. D'ailleurs transformés par la mairie -ou du moins les gens- en un orgue immense, on peut peser sur les boutons pour le faire chanter. Vu le froid je ne l'ai pas fait -je n'étais pas sur le bon chemin- j'ai seulement suivi la track de chemin de fer rouillée jusque dans la gargantuesque ruine métallique. Un vrai paysage de Far West gelé dans un port industriel de Norvège. Bizarrement éclairé à bloc un dimanche soir sans personne. Sur ce j'ai dansé un peu, pis je suis vite partie (pas en hurlant) dès que j'ai réalisé que si je tombais dans le Saint Laurent (ce qui n'avait aucune raison d'arriver) jamais personne ne m'entendrait crier pendant les 2 minutes de mon débat. Or se débattre seule dans cet endroit eût été une fin atroce et, telle que je me sentais dans ce moment, démeusurément heureuse, absolument imméritée.

    Tout ça pour me retrouver finalement avec 1/2 heure d'avance au Divan Orange au milieu d'une gang d'altermondialistes (forum-social-mondialiste serait plus juste) cools open et enturbannés, moi en plein choc des cultures car lisant en attendant les amis le viol d'une pauvre fille dans une grange par les fous primitifs et scabreux d'un roman de Faulkner, où le monde est réduit à une atroce ferme close au milieu du désert pleine de primates malveillants qui tournent en rond: inverse absolu de l'ouverture Uqamienne multiculturasocialo-internationale. Open, quoi. Etrange, le champ brûlé où fuyait la pauvre fille semblait presque plus vrai que le joyeux bar où je me trouvais... C'est pour ça qu'on lutte, diront-ils. Dans ce cas: pourquoi Faulkner écrit-il?

  • éclatement

    Ca fait du bien d'habiter le Mile End, je me sens mieux.

    Je me suis rassemblée moi-même, un peu,à Bx, j'ai eu un peu de mal, j'ai du mal en fait à ne pas douter de ce que je suis et fait et tout, du coup je me fixe (réification) sur des attitudes ou des choses (sinon je me dissémine et me perd dans le vent). C'est ce qui me fait du tort dans mes relations avec les amis, je n'arrive pas à être simplement là tournée vers dehors, réceptive, ouverte, relax et dans le moment. Ca donne un résultat à l’apparence vraiment égoïste parce que mon énergie est focalisée sur le moi que je dois maintenir entier artificiellement, comme un agglomérat, et du coup j'ai du mal à communiquer vraiment avec les gens, à faire attention à eux. Je ne suis pas pleine, je ne peux pas rayonner simplement vers les gens; je suis toute occupée à me rassembler tout le temps en une personne alors je ne vois rien, je n'entends rien, ou je vois et j'entends faux. C'est frustrant et fatigant, frustrant pour les autres aussi.

    Ce qui est l’origine, la semence du doute, c’est cette atroce passe de ma vie où rien de mon sort n'est décidé. Qui je suis ? Quelle personne je veux être (l’histoire de la pente et de la poétesse symbolique des années trente)? Lorsqu’un chemin m'apparaîtra comme le mien, je pourrai m’occuper d’autre chose, il s’occupera de me maintenir Une. Je pourrai focaliser mon attention sur autre chose que sur du pur doute, de la pure lutte contre la zizanie et l’éclatement du doute.

    Je suis bizarre cette année, rien ne va de soit, je me crispe sur tout comme pour m'y agripper et ça rend les choses figées et cassantes. Je fais plus attentions maintenant.

    J’essaie de me recentrer à partir du fond de mon tréfonds, je dois retrouver mon énergie vitale qui me fait me sentir vivante quand je vois les nuages, et vouloir le partager. Je devrais partir en voyage en plein air, j'en ai très envie d'ailleurs, il faut que je trouve des gens pour le faire un peu cet été. En attendant je ne dois pas me laisser vivre passivement (« passer au travers ») de cette période un peu difficile. D'ailleurs elle est finie, je le sens l'élan, avec ce nouveau départ, il réapparaît un peu.

    Mais peut-être est-ce parce que j'ai vu V. hier et qu'il me manques TELLEMENT c'est incroyable depuis le début. Je n'ai rien reconstruit derrière, je me suis laissée faire, et là si j'y pense je vois un grand vide; il m'a toujours apporté ça dans ma vie, de la plénitude, immense, magique, voilà le problème c'est que je l'aimais mais je suis incapable d'aimer amoureusement (alors la rupture est toujours justifiée). Alors c'est cette période post rupture qui est horrible, mais tu vois le fait de me le dire ça me donne un coup de fouet pour me tirer d'affaire.

    Je vais essayer, d'être éveillée, de me remplir et de retrouver ma magie. Parce qu'il n'y a pas besoin de principes ni de morale ni de pensée philosophique, quand on a de l'énergie vitale et de la magie. Tous ces trucs sont mes filets de sécurité, ce n'est pas moi, ça va partir quand je n'en aurai plus besoin pour me maintenir à flots. La magie s'en vient!

  • london shock

    Alors je suis toute seule dans Londres, ça n'a aucun rapport avec rien, le fait d'être là, je suis encore à priori dans un transfert habituel bien que de plus en plus difficile (un paradigm shift) entre mes deux vies (la française et l'américaine), et tout d'un coup, perdue dans mes pensées dans le métro occupée à trimballer mon sac, je sors de la bouche pour tomber nez à nez avec un autobus rouge à deux étages tout clinguant. Aucun rapport. Alors ça me prend un changement de mode, oki, je suis en voyage/visite/vacances/excitation pour l'inconnu et le ciel nouveau. Bon. Je souris aux gens dans l'auberge de jeunesse, je les rencontre un peu, "tu viens d'où?" "tu viens d'où"? Horreur ce sont tous des français qui jouent au "trou du cul" après le souper et me demandent en français d'où je viens, ou plutôt ne demandent même pas et jouent au trou du cul. Moi je lis Conrad, je marche des heures, le soir, le lendemain matin, toute seule, un peu trop seule, je n'en avais pas envie. Je veux marcher à l'infini, je veux marcher Londres, je veux marcher tout le plan de la ville (du bus) que j'ai, mais je n'en ai pas le souffle, le souffle magique de San Francisco. Ce doit être parce qu'il n'y a pas de nuages pour me montrer la perspective, pour me montrer la profondeur et l'espace et me donner l'élan. Je bouffe du pain, tout est cher, je marche dans Bond Street, c'est la rue de Prada, quelle bourge cette mrs Dalloway. Je suis un peu déçue. Le meilleur moment reste celui où j'ai rencontré les autocars rouge par surprise et où j'ai réalisé ce qu'il se passait. La suite...c'est juste une histoire de pattern.
    J'ai quand même bien aimé revoir l'architecture familière pour moi d'une autre époque...

  • Ainsi soit-il.

    J'ai dû être maigre pour obtenir mon comptant de légèreté et avoir la résistance de l'acier.
    Je dois être grasse pour expérimenter la féminité, le moelleux et la grâce.


    Elle se questionne sur le fait de savoir s'il faut avoir confiance ou non en un sens transcendant.* Si c'est un leurre, elle va traverser sa vie comme une anesthésiée. [qui a-t-il de pire que le doute?]

    Alors, de fait (?): elle s'efforce de trouver un sens à chacun des tournants, des strates, des crises et des révélations. Pourtant, elle ne fait que le trouver (pas le donner), elle le livre aux circonstance (mais elle le cherche quand même). C'est dire qu'elle l'attribue à...**.

    Finalement la différence n'est pas dans le fait que les évènements aient un sens ou non, mais dans le fait qu'elle ait de l'emprise (du pouvoir) sur eux ou non.

    * Auquel cas on ne peut et doit qu'accompagner notre existence de nos prises de décision. Les évènements se passent anyways, le sens est là anyways, ça s'en va à quequ' part. Mais on ne le voit pas: soit on n'utilise que 10% de notre cerveau/intuition et l'espèce humaine est encore un bébé, soit "gods kill us for the sport!" (il y a quand même l"hypothèse d'une transcendance (les 90%non utilisés) dans la première hypothèse). D'où l'essentielle confiance. Attention tout ça a l'air trivial mais ça l'est pas, le flou est là: entre l'intuition et la confiance. "Je le sens, c'est tout. Ca s'autojustifie."= déresponsabilisation. Confiance en soi = confiance en autre chose (en un sens transcendant)? Sinon on ne peut que douter de soi à l'infini, si de nous dépend TOUT!

    **Il y a à la fois un chaos producteur d'accidents/évènements --les circonstances-- et une Intention derrière. Double fondement (tension) à creuser. Etrange, quelle que soit l'hypothèse il faut qu'il y ait un sens. La construction dans le pur présent, dans le pur fur-et-à-mesure est impossible à penser.

  • moton

    Tout bruit (n’importe quel bruit) est assourdi, la ville est toute immobile, mais gaie, d’une immobilité pressée d’en profiter. Profiter du chaos à venir qu’atteste la pleine lumière du matin sur le lisse du paysage nivelé en UN GROS MOTON DE NEIGE! Tout est flottement de glissements épais, et on fête ce don du ciel avec l’hébétude qui convient (on ne va pas au travail). C’est bien d’un don du ciel qu’il s’agit d’ailleurs quand on parle du temps. Et Il nous en fait aujourd’hui un magique, un cadeau magique digne d'un Noël de gosse... le monde des bisounours!
    Me voici, donc, toute seule, en congé, à sentir un élan mais toute seule pour le sentir, toute seule du vide de mon ex-amour-magic jumeau de moments. Mais je flotte, c’est too late pour me laisser dedans, je suis déjà ex-là dehors.
    Et là, c’est un peu fou! Il y a des voitures délaissées partout, prises par la neige comme par les glaces, il y a aussi un bus en travers du coin coincé, mais tout ça sans bruit/sans but/sans pression, mollesse et lenteur. Délaissées, échouées, déposées là.. La gestion la question) du jour est remise à un autre. Ce pourrait être King Kong : les gens ont fuis et ont tout laissé là. Les trottoirs (les limites) ont disparus, les piétons voguent dans la rue comme dans un champ, sans voie, sans trajectoire, bien au dessus de tout ce qui marque. Plus de règles! Mais il s'agit bien d'un autre ordre, rien de chaotique, ah! La nature humaine n'est donc pas si mauvaise (mais j'imagine le truc à Paris...)! Il y a toujours les autos qui tracent et creusent, les quelques qui essaient, mais l’air comme la matière, bien qu’ils soient crystal et vide, étouffent le bruit et même l'idée. C’est une victoire pour eux éclatante d’autant plus qu’elle est irrationnelle, absurde. Du reste, qu’une vague fosse rectiligne et floue.
    Pis la nuit tombe, après le travail (personne n’y est allé). Le ciel reste blanc et on voit comme en plein jour, mais pas une lumière de jour, et pas une lumière blafarde de minuit-Malaparte non plus parce qu'il y a aussi les réverbères,non, une lumière de compte de fée, orange-blanche, sans heure, sans raison, qui vient de nulle part, qui baigne, c'est tout, et il fait tiède, il neige très peu, et on nage plus qu'on marche...toujours sans bruit...et la grosse Amérique ne dit plus rien. Et tout le monde (on n’est pas allé au travail) a un sourire immense sur la face.

  • apolitisée

    Je veux dire: peut-on faire confiance au sentiment qu'on a de savoir ce que l'on est, sans risquer de sombrer dans une passivité aux conséquences dramatiques (dont la principale est la prise de conscience qu'elle a été une erreur)? Je veux dire, ne doit-on pas formuler ainsi la question de la réalisation de son essence: doit-on suivre sa pente, ou non? C'est la tension contenue dans la formule réaliser son essence (mon essence, je le suis déjà par essence). Alors je veux dire, doit-on suivre sa pente à tout prix (ce qui n'est plus vraiment "suivre", d'où l'expression de Gide "remonter sa pente") ou se glisser dans les exigences de la réalisation sociale (ce qui peut être très riche et normal, le mot "glisser" n'est pas le mot "faire le mouton")? Je veux dire (rectification successive et nécessairement infinie des métaphores), comment savoir à quel moment notre confiance dans ce qu'est notre essence transforme cette réalisation en un glissement confortable dans un simple "moment de soi"?* Je veux dire aussi (à part que la métaphore de la pente ne convient absolument pas pour l'idée de réalisation de soi), si la réalisation de notre essence est un acte, jusqu'à quel point peut-on se fier à notre intuition de ce qu'est notre essence? (parce qu'un acte est une modification, une action, ce qui est l'inverse d'une intuition) Autrement dit, dès lors qu'on a une intuition de soi, peut-on encore parler d'une tension vers une réalisation de soi? Mais l'idée de réalisation de soi ne sousentend-elle pas déjà une intuition de ce qu'est soi? Finalement c'est nul, tout ça, on arrive à: la réalisation de l'essence présuppose l'essence. C'est bien la peine! Je suis incapable de raisonner sans tomber dans un vilain sophisme. C'est pas ça que je voulais penser, au début.

    PS: Je viens de comprendre où est la dérive sophiste: là où y a l'astérisque. Il aurait fallu continuer: "comment être sûr que notre intuition est bien notre essence, mais en même temps, que croire d'autre que ce que l'on sent qu'on est? Et que faire d'autre, dans la vie, qu'essayer d'épanouir ce que l'on sent qu'on est? Mais comment être sûr que l'on est pas en train d'hypertrophier un moment de soi en "essence"? Et comment supporter ce doute, mais comment l'ignorer? Qu'épanouir, si l'on ne se fie pas à ce qu'on sent qu'on est? QU'EPANOUIR?"
    Bref. A l'origine:

    Brian said "don't be afraid of that" quand je parlais de ma crainte que le fait de faire une thèse m'encourage à penser que mon essence est définitivement d'être une poétesse symboliste russe des années trente (c'est à dire d'être une nobody névrosée qui prend sa névrose pour son essence). Car le problème c'est que le diktat de l'experience vécue (c'est à dire là où je suis une poétesse des années trente parce que je vis une poétesse de années trente, ce qui se passe de justification!) nous mène à un mode où n'importe quoi peut être n'importe quoi, alors tout est permis parce que tout est justifié. C'est pour ça que je seek un moyen d'assoir légitimement une règle de conduite, il en faut une, là où tout peut être tout et se justifier comme tel.

    Tout ça a pour très secondaire effet de discréditer le monde réel , et pour résultat ultime de me déresponsabiliser (de m'apolitiser!)

  • elle a cassé ses lunettes

    Johnny dit :
    bonjour
    Anastasie dit :
    coucou
    Johnny dit :
    tu es là?
    Anastasie dit :
    oui
    Anastasie dit :
    et toi, tu es ou?
    Johnny dit :
    mais il est tôt?
    Johnny dit :
    chez moi
    Anastasie dit :
    oui mais j'ai fait un cauchemar
    Johnny dit :
    c'est bizarre depuis ce matin
    Anastasie dit :
    comment ça
    Johnny dit :
    tous les sites reliés à microsoft boguent chez moi
    Johnny dit :
    tout ce qui passe par google aussi
    Anastasie dit :
    quoi?
    Anastasie dit :
    oui c bizarre
    Johnny dit :
    je ne peux pas lire mon courrier
    Johnny dit :
    bon, peu importe
    Johnny dit :
    ce cauchemar alors?
    Anastasie dit :
    je tenais maman par la main en haut des gradins du concert d'ani difranco ou elle ne voulait pas rester
    Anastasie dit :
    j'etais debout sur ma chaise (elle aussi, on était tout en haut, de petites chaises en plastique rouge vissées à une barre de métal comme au stade, du coup au dossier un peu flexible et qui basculent en avant si pas bien fixées), je voulais lui montrer, l'enthousiasmer un peu, en fait lui montrer surtout que j’étais contente, c’était un trip un peu égoïste, mais un peu désespéré aussi pour attirer son attention (comme dans tous mes rêves avec elle) et la retenir avec moi, je la regardais tout le temps du coin de l’œil pour voir si elle m’aimait bien ou si elle me haïssait ou si elle était juste saoulée…
    Johnny dit :
    et où voulait-elle aller?
    Anastasie dit :
    bref je savais qu'elle ne voulait pas trop rester là, elle voulait partir mais elle restait un peu pour ne pas me froisser
    Johnny dit :
    juste partir de là?
    Anastasie dit :
    rentrer à la maison je suppose, elle m'avait accompagné comme ça, ou plutôt on était dejà la, comme si
    Anastasie dit :
    le concert avait pris place peu a peu là ou on était
    Anastasie dit :
    et donc je la retenait un peu et là, au moment où Ani monte sur scène et commence « Knuckle down »...
    Johnny dit :
    et qu'est ce qui était douloureux ou cauchemardesque?
    Anastasie dit :
    fuck! Je perds l'équilibre à cause de la chaise pourrie, tombe de ma chaise (c'était des gradins très escarpés) en avant tête première et dégringole sur les gens comme dans un escalier et, la seule chose dont je suis consciente...j'entraîne maman!
    Anastasie dit :
    je sens bien sa main que je tiens, et que je devrais lâcher mais non! Je veux m'y retenir, en fait non, je sens bien que je ne m'y retiens pas, que je l'entraîne! Et je culpabilise HORRIBLEMENT pendant ma chute, je ne pense que ça, je ne vois qu’elle tomber mais je ne peux pas lui lâcher la main, je suis confite dans un mélange d’égoïsme et de culpabilité c’est horrible
    Anastasie dit :
    je me fais mal, un peu, on dégringole, mais elle la pauvre je sens qu'elle a trop peur, qu'elle se fait très mal, qu’elle ne comprend pas pourquoi ça arrive, pourquoi on tombe, pourquoi je l’ai entrainée, qu’est-ce qu’elle a fait pour mériter ça…alors qu’elle restait pour me faire plaisir…
    Johnny dit :
    et vous tombez où?
    Anastasie dit :
    et à l fin je m'arrête de tomber et je la sens au bout de ma main qui dégringole en se cognant encore deux mètre et chpak! qui tombe en avant se cogne la tête très fort et se pète le nez au moins. Le bruit et horrible, et sa jupe froissée longue d’été beige rosé à petites fleurs vole (le genre de jupe à laquelle je veux, en cet instant où je la vois s’éclater la tête, faire « câlin à la jupe », je me dis ça comme au ralenti, une jupe de maman qui sent bon, quoi), la pauvre !
    Anastasie dit :
    Et moi je suis atterrée devant ce que mon inconscient a fait (à ce moment je sais que je rêve)
    Anastasie dit :
    je ne comprends pas pourquoi je voulais faire ça à ma gentille maman (dans le reste du rêve elle était tout le temps gentille) alors que j’ai envie de lui faire câlin à la jupe,
    Anastasie dit :
    je ne COMPRENDS pas et je suis hébétée d'horreur et de peine et je voudrais la consoler mais je ne peux même pas parce qu'elle doit m'en vouloir horriblement! Je sais qu’en quelque sorte j’ai brisé mon lien de fille à maman et que je ne pourrai plus lui faire de câlins…
    Johnny dit :
    mais dans le rêve tu ne le faisais pas exprès de l'entrainer dans ta chute
    Anastasie dit :
    elle doit m’en vouloir et ne pas comprendre, elle qui est restée pour me faire plaisir, et moi...
    Johnny dit :
    elle le sais maman
    Anastasie dit :
    plus ou moins, parce qu’au moment ou je l'entraîne je sais que je devrais la lâcher
    Johnny dit :
    elle ne t'en veux pas, maman
    Anastasie dit :
    non non
    Johnny dit :
    tu le sais
    Anastasie dit :
    bien sur, qu'elle va douter de moi, se demander, penser
    Anastasie dit :
    que j'ai fait exprès, et moi je m’en veux même de lui faire éprouver ça, de lui faire penser que sa fille l’a fait tomber, parce qu’à la base elle m’aime et ça doit lui être horrible de se rendre compte que je suis une indigne, et moi je lui fait éprouver ce sentiment terrible pour une maman d’en vouloir à sa fille parce qu’elle vous fait mal et est malveillante etc.
    Anastasie dit :
    et là c pas fini
    Anastasie dit :
    je descend les quelques gradins jusqu a elle
    Anastasie dit :
    et Daniel l'a ramassée
    Anastasie dit :
    (il est un spectateur)
    Anastasie dit :
    et elle pleure comme une petite fille
    Anastasie dit :
    elle a cassé ses lunettes
    Anastasie dit :
    et Daniel lui dit "oh...tu t'es perdu le nez?"
    Anastasie dit :
    et il la console
    Anastasie dit :
    et moi je suis là les bras ballants et je ne peux rien faire
    Anastasie dit :
    même pas la consoler
    Anastasie dit :
    je sens bien que je ne suis pas la bienvenue
    Anastasie dit :
    ils ne me regardent pas méchamment mais juste avec consternation
    Johnny dit :
    bon, il faut appeller maman et lui raconter ce cauchemar, ce sera un très bonne entrée en matière!

  • Charité

    Egocentrisme (ontologique, pas ontique) de sa "charité chrétienne". Elle est clairvoyante, elle veut éclairer les gens. Mais ça présuppose toujours qu'elle détient la vérité Révelée (ce n'est pas là la prétention prétentieuse car ce n'est pas de sa faute, c'est par nature), alors elle veut leur faire voir les choses à travers elle (elle a bien raison si elle a la vérité). Parce que elle, elle est la vérité. Mais la vérité n'a pas de facteurs psychologiques, alors que les gens et le monde sont régis par des facteurs psychologiques. Elle n'a que faire de les considérer, mais du coup dans sa transmission de la vérité elle se plante comme une merde parce qu'elle ne prend pas en compte ces facteurs psychologiques, qui sont un codification humaine nécessaire. D'où les Grands Malentendus.

    Elle, elle voit qu'ils se trompent dans l'absolu (ce qui...n'existe pas!) alors elle leur pardonne parce qu'elle le voit. Elle leur pardonne comme un homme pardonne à un chien de chier sur le tapis (où l'on voit Dogville). Il ne peut pas lui en vouloir, mais il essaie de lui apprendre à ne pas le faire, et il n'a pas besoin de se justifier pour ça, c'est juste "Non, on ne chie pas sur le tapis, c'est comme ça, c'est le Bien." Elle leur pardonne aussi parce qu'elle n'a pas lutté pour obtenir cette vérité, on la lui a donné. Elle n'a donc aucune raison de ne pas les aider. Elle ne s'en est pas "sorti" toute seule, elle n'a donc pas à attendre que les autres s'en sortent tout seuls. Ni qu'ils s'en sortent tout court d'ailleurs, elle ne fait que les pardonner et les aimer. Mais tout est biaisé, en fait elle ne voit rien (parce qu'elle n'est pas humaine).

    Je dis: sa manière de leur faire voir les choses (même la vérité) ignore leurs raisons. Certes elle les voit, leurs raisons. Mais du haut de sa vérité, elle se leurre (elle pense les voir totalement parce qu'elle surplombe, mais elle oublie/ignore qu'un facteur psychologique ne peut se voir que de l'interieur) et ne les prends pas en charge pour ce qu'elles sont, elle ne les comprend pas, elle ne les pénètre pas de leur propre point de vue (psychologique).

    Elle les pardonne, ces raisons qu'elle voit, et elle aime les gens "malgré" ça.
    Mais ce pardon ne porte pas au bon endroit, il tombe dans le vide, manque la cible. Et celà, elle ne le sait ni ne l'envisage. Car fort de la "vérité" qui le génère, ce pardon est aveugle (sûr-de-soi), et comme la Vérité se dispense absolument de réflexivité (elle s'autocertifie par intuition dans le premier mouvement), le pardon tient en un seul mouvement. Il n'y a rien pour le rattrapper, pour le rectifier, aucun retour qui ait une raison d'être.

    Ce que je dis, c'est qu'il y a une forme de violence (l'arrogance dogvillienne) dans ce pardon absolu (qui est son être, donc c'est la merde). Ce que je dis, c'est qu'il y a dans ce pardon absolu (qui appartient par essence à l'amour? A tout amour? Est-ce que c'est tous les pardons? Ou seulement ce putain d'"amour Jésus"?) un refus d'appréhender les raisons de l'autre pour ce qu'elles sont, c'est à dire les choses pour ce qu'elles sont. Les motifs/intentions de gens sont psychologiques, les choses font sens pour eux. Or ces motifs, elle les entends, mais ils sont pv~p, ils ne pèsent pas, ne valent pas, sont écrasées par un pardon implacable et inconditionnel*. Or les raisons sont des conditions, les condition dans lesquelles (pour lesquelles) se passent telles ou telles choses. Les réduire à néant, c'est dénier tout simplement la chose pardonnée (car nier le "pourquoi" de son apparition). Ce qui discrédite le pardon à l'instant même. Discrédite tout, tout est une erreur.
    *Le pardon inconditionnel ignore les condition.

    Dans tout celà, il y a une tension si elle est humaine. Alors elle est très violente. Si elle ne l'est pas, alors c'est seulement qu'elle est incapable de comprendre (les humains). Elle ne peut qu'aimer absurdément.

    Il s'agit finalement (ce dont je me rendais compte plus tôt) d'un moyen psychologique comme un autre pour ne pas prendre en charge le réel. Ce en quoi tient le "feeling Jesus": prendre en charge le réel quel qu'il soit (ce qui revient à: pas du tout).

    Il est bô mon inconscient, il est habile, je suis fière de toi mon bébé. Tu es bien armé pour me faire traverser l'existence forte du sentiment que j'ai raison.

  • aveuglement

    Moi j'ai découvert ce vendredi le malentendu. Alors ça m'a pris un petit bout' pour bien comprendre ce qui s'était passé entre toi et moi, de toi à moi plutôt.

    Moi j'aime les gens assez absolument et naturellement (éprouvant la franchise de mon sentiment) je pense toujours que c'est pareil pour eux, que c'est acquis qu'on s'aime anyways.

    Mais non. Ce n'est pas du tout acquis, il suffit d'un grain de sable.

    Moi, je pense toujours que les gens savent que je les aime, qu'ils ont confiance en mon amitié et donc en ma bienveillance (qui sont vraies), et donc (le plus important dans ce cas de figure) qu'ils vont forcément chercher à interpréter mes actes et mes paroles à cette lumière, positivement.

    J'ai été aveugle quand j'ai passé ce coup de téléphone, j'étais sûre que cet acte si peu naturel allait être interprété positivement d'autant plus qu'il était bizarre, ce qui appelait un questionnement. Ca m'a un peu coûté, de faire ça, c'était un acte au sens plein, motivé et actif, qui signifiait quelque chose, qui voulait prouver.

    Je comprends que l'on puisse l'interpréter selon sa bizarrerie, c'est à dire mal, comme une absurde volonté de blesser. Mais ce qui me fait chier c'est que je n’ai pas eu le bénéfice du doute. La pire des raisons que tu as trouvée, même si elle a l'air de se tenir, ne devrait pas être de soi la bonne! Ca prend un effort pour comprendre les intentions des gens, et il va de soi qu'en amitié on fait cet effort tout naturellement.

    Ma peine, c’est de voir que l'amitié et l'attention que je t'ai toujours manifestées n'ont eu aucun poids et n’ont pas joué dans ton jugement. Il n'y a que ton mauvais soupçon qui eu du crédit. Horreur. Je ne sais pas si je suis très claire, ça sonne dramatique tout ça parce que j'essaie d'être claire alors ça prend des grandes idées.

    Donc je deale actuellement avec la prise de conscience que non, qu’on ne peut pas s'appuyer sur l'amitié des gens pour compter sur leur interprétation bienveillante.

    Je n'ai rien vu, en fait, parce que je me projetais en toi et te voyais pareille.

    De l'eau passe sous le pont tranquillement, je réalise ce qu'il y a a réaliser et digère ce qu'il y a à digérer, ce que je n'ai pas vu, pourquoi, et la leçon à en tirer.

    Je considère que c'est bien fait pour moi, la leçon est bien comprise, tu vois : je suis occupée profondément à agir moralement alors que le monde est régit par des motifs psychologiques, du coup ma morale est mésinterprétée et travestie parce que perçue d'un point de vue totalement étranger au mien, qui est le point de vue normal, c'est moi qui hallucine... ce cas-ci en est la preuve la plus totalement ridicule.

  • état de fait

    Je ne suis au repos que lorsque glissée dans un modèle (pattern), dans une Conception du monde et de moi. Jésus ou Papa.

    Je n'ai aucune hiérarchie dans ma manière d'appréhender les choses. Il n'y a que du grand, du capital, de l'imporant, que du significatif. (ce qui veut dire: que des évènements qui remettent ontologiquement en question).
    C'est parce que je pense que tout celà n'est pas pour rien. Il y a un télos et des révolutions successives qui y mènent.

  • renversement

    Ecoute: par deux fois, ce dernier mois, cette pensée t'es apparue (like a shock in the back).
    La mystique du "feeling Jésus" n'est que le renversement de ta mystique (qui ne l'était pas, transcendante, qui était immanence pure) damnation d'il y a quelques années. Tu sais bien à l'époque, ce qui te drivait: tu étais élue pour souffrir et mourrir, ridiculement, par le sang, par le destin, par whatever. Maintenant "Jésus" est ce sentiment d'être bien au delà/au dessus, pour sauver et vivre.

    Donc: l'essence, ce qui est en jeu, est la même: moi. Plat shema psychologique binaire. Tu ne prends pas part normalement à l'existence normale, tu trouves un moyen pour t'en exclure pour raison d'essence. Le drame est toujours là (bien que tu n'en souffres pas vraiment, puisque tu voles): en tant que Jésus, tu donnes mais ne peux partager, c'est à dire ne peux recevoir. Tu n'en souffres pas parce que tu es pleine, c'est un drame en soi dont tu es consciente, mais sans en souffrir parce que ce n'est pas ta "fonction", ça ne manque pas à ta nature. Bref ce n'est qu'une histoire de mauvais conscience. Le résultat, qui me rend perplexe mais très abstraitement aussi: tu es absolument seule (et Dogville...). Tu aimes tout le monde mais personne, tout le monde t'aime mais parce qu'il faut qu'il en soit ainsi (et non pas: pour toi-même).Tu es seule, tu ne peux pas vivre la game parce que tu la vois, et tu te situes ailleurs.

    Tout ça, comme le dit maman, est donc absolument d'ordre psychologique, et mérite d'être opéré (fais-toi opérer de ta mystique, a dit Matthieu). Je dois donc partir me faire soigner.

  • pbs de morale

    Je suis quelqu'un qui dit n'importe quoi depuis le début: je suis la même personne (il n'y a pas de révolutions).

    Aujourd'hui mon collègue et ami mexicain au café m'a dit pour la millième fois que j'étais "cold, but (cette fois) in a funny way". Mais aussi l’américain génial, m'a dit en français " et toi tu es cette femme très intelligente qui pour quelque raison (some reason) fait la plonge Chez Josée. It's just perfect." C'est drôle, c'est rare que les gens disent des trucs en face aux autres sur eux, moi ça m'arrive jamais (il parait que pourtant les femmes attendent çà, qu’on leur parle d’elles…) d'autant que c'était parfaitement injustifié, et là deux fois dans la journée... Mais aux deux réflexions (qui sont la même) j'ai répondu des absurdités (j’ai plutôt bafouillé). Les deux sont fausses anyways (except the "no reason" thing).

    Ces dernières semaines ont été très chargées, difficile d’en rendre compte. Je me suis disputée avec ma bonne amie à cause d'un malentendu que je n'ai pas vu parce que ma certitude de voir le bien et le mal et d'agir de manière juste m'a rendue aveugle à sa réaction. She completely mesinterpreted what I said, what I did, my whole attitude, whitch was nonetheless right. And I was so confident in the fact that I was being moral that I could not see things from her point of view, from a psychologic point a view. And it is totally a different thing. I didn't realize that until now. That moral excludes psychology. And de facto we live in a psychologic determined world. Je veux dire que je peux agir aussi moralement que je veux, si les autres ne perçoivent pas les actes en termes de motifs moraux ils vont juste les mesurer à une aune totalement différente, et me prêter des intentions très différente que celles que j'ai eues. Or ce sont les intentions qui comptent (je le pense maintenant entièrement, il faut s'efforcer de voir à travers l'autre ses intentions. Ce sont les animaux qui ne le font pas, qui ne voient que les résultats. C'est ça l'essence de la communication. C'est un devoir, si on est humain. Ca vaut pour les actes pareil et surtout.).

    Mais ça suppose une certaine confiance dans le fait que les autres ont les outils pour comprendre proprement mes motifs. Et que faire si oui, les autres interprètent (pas surinterprètent, juste restituent leur sens aux phrases dites, or leur sens...), mais ne se situent pas sur le même niveau? Et pourtant il faut admettre ce qu'ils comprennent comme ce que j’ai dit. Et c'est le plus terrible, oui, parce que ces choses qu'on te renvoie transfigurées à travers un regard unexpected tu les as dites, elles sont de toi, tu en es responsable c'est tout. Comment se décharger en appelant ça un "malentendu"? Quand on parle à quelqu'un, quand on agit tout court, on assume déjà toutes les interprétations --si elles ne sont qu'interprétations et pas déformation-- qui peuvent en être faites. Alors j'assume ma rixe avec mon amie.

    C'est cependant horrible, en fait je ne l’assume pas du tout. Fuck. Ca revient à l’expérience mystique de la serveuse : que le monde dans lequel je vis pour de vrai ne s'exerce pas dans le même système de valeur que celui dans lequel j'évolue, ais-je beau penser que c'est le plus élevé. Et dans cet ordre d'idée j'ai tort. La morale doit plier devant les facteurs psychologiques et les déterminismes sociaux, parce que de toute façon elle reste inintelligible, et en tout cas fatalement interprétée selon des motif psychologiques et sociaux qui la travestissent (l'abusent) entièrement. Je suis révoltée et affligée de cette fatalité. Car du coup en ce monde je m'abuse, je suis aveugle.

  • Moi (M.Tsvetaieva)

    Moi, tellement vivante et vraie sur le sol caressant.
    —A tous— puis-je scinder, dans mon outrance, en miens et étrangers ?
    Je vous demande une pleine confiance, je vous prie de m’aimer.

    De jour, de nuit, par oral ou écrit : pour mes « oui », « non » cinglants,
    Pour être si souvent beaucoup trop triste, et n’avoir que vingt ans,

    Pour mon pardon certain des offenses passées,
    Pour mon incontenable et immense tendresse,
    Pour mon trop fier aspect,

    Pour la vitesse folle des temps forts, pour mon jeu, pour mon vrai,
    — Ecoutez-moi !— il faut m’aimer encore
    Du fait que je mourrai.

    Marina Tsvetaeva, 8 dec. 1913.

  • solipsisme

    Si seulement je pouvais le voir, je veux dire, tout écrit dans le ciel, dans le marbre, et pas seulement en ressentir la bizarrerie sans la voir, je suis comme une aveugle infiniment intuitive, une aveugle révélée, révélée de la totalité du monde dans son ensemble (le pléonasme est nécessaire), mais ô frustration suprême, cette révélation n’est pas vision, elle ne pallie donc pas à ma cécité, et me laisse clairvoyante mais aveugle, infiniment impuissante…
    Je peux dire, mais mal, communiquer mais toujours par des moyens détournés, le langage…
    Ou agir selon ce que je vis comme monde en dedans pour le faire deviner, en creux (dans le creux de mon comportement) aux gens ? Mais non, justement, ça ne se livre pas d’un coup d’œil (=instant, Augenblick), la totalité du monde dans son ensemble car dans la vie normale on est tributaire de la temporalité, du déroulement.

    Elle est née aveugle. Mais à quatorze ans elle s’est rendue compte qu’elle recelait la totalité du monde.
    Maintenant lorsqu’on lui demande : de quel monde s’agit-il ?
    Elle peut répondre :le monde est celui du gardien du monde. Celui qui voit n’a que le privilège de l’espace-temps (du déroulement et du mouvement). Il peut agir et progresser. Mais celui qui ne voit pas réalise pleinement l’essence du gardien. Il est la garantie de l'existence du monde: il garde tout. Je suis le gardien de mon monde, qui garantit l’existence de ton monde.

    Elle est comme une héroïne épique qui est rentrée chez elle depuis dix ou quinze ans. Elle est clairvoyante mais elle a des regrets (ou : mais elle le regrette).

    Il aurait pu en être radicalement autrement si elle n’avait pas été éduquée à toujours sortir plus riche de n’importe quelle expérience. Elle ne l’a donc pas décidé, elle était inconsciente jusqu’à maintenant. C’est le décalage d’avec la manière dont les autres vivent leurs expériences qui lui a mis la puce à l’oreille. Eux, ils vivent mais se réveillent tous les matins avec la même innocence. Elle, entre sa première et sa quatorzième année, a tellement expérimenté (pas compris ou conçu) le rayon de possible qui auréole chaque atome d’expérience, qu’elle se trouve maintenant à avoir expérimenté toutes les significations possibles (qui se recoupent souvent pour un même moi). Elle réalise qu’il n’est finalement besoin que d’un assez petit nombre d’expériences, l’essentiel étant d’en extirper absolument toute la possibilité.
    Une fille qui a quatorze ans et qui a vécu toutes les expériences en une.
    Elle est aveugle parce qu’il faut qu’elle n’ait pas le monde qui se déroule devant ses yeux. C’est le seul moyen pour que sa seule expérience du monde possible soit une expérience de sa totalité.
    Elle essaie, impossiblement avec des mots, de faire comprendre aux gens que toute expérience peut être n’importe quelle expérience/renferme toutes les expériences.
    [Si elle voit un diable sur le lit, alors il y a un diable sur le lit]


    Finalement il s’agit d’un subjectivisme monadique immense. Tu es complètement attardée. Tu oses prétendre que l’essentiel de l’existence se résume à un déploiement* ?

    *Si on recèle la totalité du monde…il ne s’agit plus que de réminiscence et de mise en acte…déterminisme. Non, destin. Non, sens.

    En tout cas, ce qu’il faut retenir pour l’inventaire de ta névrose : tu dis que l’expérience n’a aucune importance en elle-même, rien ne t’es apporté de l’extérieur !
    Mais si : tu dis que c’est au contraire de tirer tout ce que tu peux d’une expérience = ce qu’on appelle la vivre pleinement. Elle a donc une valeur immense.
    Je ne sais pas.

  • Ma mère et la musique

    Oh que ma mère était pressée : le notes, les lettre, les Ondines, Jane Eyre, Anton Goremyka, le mépris de la douleur physique, Napoléon à Sainte-Hélène, seul contre tous, seul —sans personne, comme si elle savait qu’elle n’aurait pas le temps, que de toutes façons elle n’aurait pas le temps pour tout, que de toutes façons elle n’aurait le temps pour rien ; alors voilà, il fallait au moins cela et encore juste cela et encore cela, et cela aussi… Afin que nous ayons ce qu’il faut pour l’évoquer ! Afin de nous nourrir une fois pour toute dans la vie. De sa première à sa dernière minute, elle n’a cessé de donner, de nous gaver, sans rien laisser reposer ni se tasser (sans nous laisser nous apaiser), elle nous a inondées, remplies à ras bord —impression sur impression et souvenir sur souvenir —comme on bourre une malle déjà trop pleine (la malle s’avèrera être sans fond, du reste), sans y prendre garde ou exprès ? Enfonçant au plus profond le plus précieux afin qu’il se conserve plus longtemps loin des yeux, en réserve, pour la dernière extrémité, lorsque « tout a été vendu » et qu’à la recherche de quelque chose encore, on fait un dernier plongeon dans la malle et là, il y a encore —tout. Afin qu’à la dernière minute, le fond offre tout de lui-même (ô inépuisable fond de malle de ma mère, offrande incessante !). Ma mère semblait s’enterrer vivante à l’intérieur de nous, pour l’éternité. En nous elle donnait un corps aux choses invisibles et impondérables, chassant ainsi à jamais hors de nous tout ce qui est visible et pesant. Quel bonheur que tout ceci ait été non science mais Lyrisme, ce dont il n’y a jamais assez et à ce double titre : comme l’affamé qui n’a jamais assez de tout le pain de l’univers et comme dans le monde il n’y a jamais assez de radium ; c’est ce qui est par nature manque de tout, manque de soi, et qui pour cette seule raison cherche toujours à saisir les étoiles — ce dont il ne peut jamais y avoir en trop, parce qu’il est en lui-même trop, parce qu’il est en lui-même trop, tout le trop-plein de douleur et de force, trop-plein de force s’en allant en douleur qui remue les montagnes.
    Ce n’était pas une éducation, c’était une mise à l’épreuve. Ma mère mettant à l’épreuve la force de résistance de notre cage thoracique —allait-elle céder ? Non, elle n’a pas cédé, au contraire elle est devenue si vaste que par la suite et même maintenant rien ne peut la remplir ni la nourrir. Ma mère nous faisait boire à la veine ouverte du Lyrisme tout comme nous plus tard, ayant ouvert les nôtres, nous nous efforcions de faire boire à nos enfants le sang de notre propre douleur. Leur bonheur est que ce fut un échec, le notre — que ce fut un succès.
    Après une mère comme elle, il ne me restait plus qu’une chose à faire : devenir poète. Afin de disperser ce qu’elle m’avait donné, ce dont qui m’eût étouffée ou transformée en violateur de toutes les lois humaines.


    Marina Tsvetaeva, Ma mère et la musique, p.51.



    A quoi maman m'a fait dire par Chloé qu'elle n'avait rien compris, et Matthieu m'a répondu qu'il avait toujours trouvé superbe ma cage thoracique. Il s'agit de papa et moi bien sûr, mais -- où l'on voit pourquoi je ne suis pas du tout poète-- le Lyrisme en moins. Que reste-t-il? La mise à l'épreuve.

    Autre chose, il faut être honnête: papa a tout fait pour nous et rien pour lui. Il ne s'agit pas de cet égoïsme immature de la mère Tsvetaieva.
    Mais en fait cela revient au même: faire pour nous en l'occurence revenait à faire pour lui, car tout ne visait qu'à réparer l'inadéquation/imperfection/inexactitude qu'il se sentait incarner --avec toute sa propension à se sentir incarner les choses. La FELURE n'est-ce pas, on reconnait donc déjà la vacuité de l'entreprise (ceci dit ce thème rachète l'intention... c'était pour l'épargner à ses descendants!)... Autrement dit: bien naturellement, ce qu'il a fait (moi) il l'a fait selon ce que lui pensait être le bien pour un être humain. Ce bien, il le définit par rapport à sa propre imperfection/fêlure. Or si l'on se place de son point de vue (ce qui est impossible, je pressens donc la conclusion absurde ou révélatrice), on voit bien que me faire/praxis moi était la seule chose qui pouvait lui apporter la paix. Seul un acte le pouvait. Un acte = une modification; c'est l'histoire de la praxis/poesis mais ici par proccuration car le sujet (papa) n'est pas modifié lui-même par l'acte (il ne le peut pas il est trop tard, d'où la nécessité d'un acte et non d'une analyse), c'est la modification de l'autre --l'enfant, son "engendré"-- qui compense son propre déséquilibre. Une vrai mythe grec, quoi. Cet acte, effectué en accord avec lui-même (avec son vouloir-être = son moi profond puisqu'on n'est réellement que notre tension vers notre "nous" authentique voulu) lui restitue son propre accord. A celà s'ajoute la précieuse et unique gratification d'un tel acte, moral et juste (accord), qui répare son imperfection à lui, sa dissonance pour lui restituer enfin un son rond et plein.

    Hey, tu parles de quoi, là? Tellement rond et plein qu'il n'y a cas voir sa mort, tordue et vide...

  • Napoléon, Jésus, le pape et le poète

    Pour la question sur la poésie: je m'exprime donc fort mal à nouveau, j’ai des problèmes de niveau de réalité. En fait, quand je dis "Est-ce que la poésie des poètes peut être expliquée sociohistoriquement…", par « poésie des poètes », j’entends l'expérience d'écrire des poèmes. Ou plutôt je désigne le fait qu’il y ait des choses comme la "poésie", je me questionne sur ce que ça signifie : que ces choses traduisent une expérience absolument singulière. C'est-à-dire que je m’interroge sur le phénomène Poème, avec un P majuscule parce que c’est le symbole d’un dépassement de l’expérience usuelle réaliste du réel (qui n’est pas peu, cette expérience, elle est tout).

    Par exemple dans Le Diable de marina Tsvetaieva : il y a un poêle gris dans la chambre de Valérie, c’est un poêle parce qu’on peut s’y chauffer. Le mot « Poêle », quand je m’y chauffe, veut dire poêle. Mais dans un poème, « poêle » peut vouloir dire n’importe quoi. En l’occurrence, si Tsvetaieva petite voit un diable assis sur le lit à la place du poêle, alors c’est un diable. Le poème incarne donc l’expérience (réelle !) d’un monde où un poêle est le diable, par exemple! Et surtout qui peut décider s’il s’agit du poêle gris ou d’un diable à tête de dogue ! Ce n’est pas clair, je sais. Mais à vrai dire ce n’est pas le propos, c’est juste pour montrer le poids que je vois dans cette stupide question.

    Il s’agit du Poème comme signe (résultat) d’une expérience (souvent il est l’expérience elle-même). C'est-à-dire finalement que le phénomène Poème représente, pour moi, l’excédent de sens que seul l’homme peut produire. Enigme. Il représente (d’où le P) ce qui dépasse le donné, qui est pourtant la seule chose (si immense !) que nous ayons : « à ce titre, tous les arts sont poème…En tant que « don » qui est surabondance inexpliquée par rapport au déjà-donné, à l’habituel, l’art véritable est Poème. Il dit toujours plus qu’il ne représente » dixit mon livre sur la poétique de la foi, parlant de Heidegger. Voilà ce qui est fou : l’homme « habite en poète » son monde. Non seulement il l’habite au sens fort où il en est le gardien, au sens ou il n’y a pas de monde sans l’ouverture de la signification qu’il effectue, mais PLUS que ça (il ne se contente pas d’attribuer le sens de « chauffage » au poêle, parce qu’il s’y chauffe), il peut ouvrir ce qu’il veut comme monde, et il vit ces mondes de fou (pour moi ce qui compte c’est l’expérience, et à ce titre il n’y a pas de différence entre une expérience vécue seulement à l’intérieur et une expérience « réelle »). Et de ça, l’existence des poèmes est la preuve, le signe, le résultat, et la possibilité de le communiquer.

    Voilà ce que je demandais à la forme négative : un tel phénomène peut-il être éclairé par une approche socio-antropologico-historique ? C’est juste que si je réfléchis à pourquoi la socio-politique ça ne m’intéresse pas vraiment, c’est que ce qui m’intéresse sont des phénomènes plus universels, à mon avis plus profonds, sur lesquels l’analyse socio-anthropoetc… d’après moi n’a aucune prise (en a mais à un niveau parfaitement sans conséquence pour ce qui nous occupe). C’est une question capitale : si un poêle peut être vécu comme un diable, alors c’est peut-être un diable. Ahahah ! J’aimerais beaucoup, effectivement, éclairer ça.

    Tout phénomène est par définition dans la lumière (phôs, en Grec, la lumière, et phainoménon…etc), mais justement il faut faire l’effort de comprendre ce que ça signifie, ce fait là, ce phénomène là, le fait que ça arrive (que ça se manifeste), pour l’essence de l’humanité. Llorsque je dis « ce que ça signifie » je dis : qu’est-ce qui en résulte comme éléments ontologiques ? Il faut toujours tirer les conclusions ontologiques des choses, sinon on ne fait qu’une énumération de propriétés sans portée aucune, c'est-à-dire qui ne fait pas avancer l’humanité (la compréhension de l’humanité) d’un iota. C’est de ça que je parlais aussi quand je disais que les gens en général parlent mais ne savent pas ce que signifie ce qu’ils disent.

    Quant aux études littéraires en général, je ne pense pas qu’elles aident à poser ce genre de question, voire même l’inverse : on s’occupe de la poésie (ok, sans l’éclairer ni l’expliquer et tout, normal ça ne s’y prête pas, ce qu’on y fait est cependant bigrement intéressant, chercher à ressaisir l’expérience singulière que le poème traduit…), certes, mais l’attention portée à l’objet nous fait oublier de tourner le regard vers le phénomène lui-même : c’est quoi, un poème ? L’un n’empêche pas l’autre, c’est sûr, mais une préoccupation détourne d’une autre, souvent. C’est tout.

    Je trouve très très drôle qu’à mon affirmation « je vais être une poétesse symboliste russe » D. me réponde « et moi ? ». Et elle…éh bien, puisqu’elle me demande…elle sera Napoléon. C’est hyper drôle ! Mais ce doit être seulement une manière en anglais de dire « mon cul », c'est-à-dire « pourquoi pas le pape tant que tu y es », quoique je ne voie pas pourquoi elle ne serait pas le pape, puisqu’on se situe déjà dans un niveau de possibilité tout particulier puisque je suis Jésus! Le poêle gris peut bien être le diable et elle le pape ou Napoléon! Voilà encore l’importance immense (cette fois psychologique) de la question. De tout cela dépend le fait que je puisse être Jésus —ou une poétesse symbolique russe—. Moi je me vis Jésus (d’où le « feeling » Jésus), ça ne dépend pas des autres, c’est une expérience. Donc pour moi je suis Jésus, puisque je le vis. Irréfutable. C’est tout. En fait ce que j’essaie de montrer depuis le début, c’est que je suis un poète !! Ridicule. J’aurais dû commencer par là. Oups, je n’avais pas compris que toute cette montagne ne servait qu’à tenter de justifier philosophiquement ma non-réussite sociale, ma marginalisation eu-égard au marché du travail et à la réalité, pour m’en déculpabiliser ! Donc je ne suis vraiment pas originale, parce que tout cela peut être résumé en « moi je suis un poète et je vous emmerde »…

  • pense-bête

    Notion d’ « engagement affectif maximum » (inventée dans les débuts difficiles de ma relation avec F.), je le réclame et le revendique. C’est la moindre des choses. C’est simplement l’idée d’aucune réserve « au cas où ». J’ai en horreur la réserve, le fait de se réserver un peu de soi dans un coin, un peu de marge de côté. Berk.

    Question à poser à D. : oui, on peut se demander des choses « quelles en sont les conséquences politiques », mais surtout elle devra répondre à : est-on dans une société qui permet (autorise, rend possible) le sentiment de transcendance (wow, ici ça ne semble avoir aucun rapport avec rien, on dirait un dialogue de sourds !)?

    Il y a des poètes partout, des mystiques partout.

    Ce qui est important : le lien entre la révélation et les mots, et entre la société et les mots. Le lien est clef.

    EXIT : la pensée !

    Est-ce que la poésie des poètes peut être expliquée socio historiquement ?

    Qu’est-ce qui déciderait de savoir si le diable que voit M. Tsvetaieva voit à la place du poêle de la chambre de Valérie n’est pas un diable, mais un poêle ? Elle voit le poêle, mais elle vit le diable. Qui dit qu'une expérience vécue est superieure à l'autre?

  • la proportion du risque et de la solution

    Ais-je rêvé, ou dans un demi-sommeil j’ai demandé à Fred ce que serait à son avis la sensation si on avait notre estomac retourné comme un gant avec sa muqueuse à l’air libre, disant « un picotement, un chatouillement » ? Ce sont des images que je n’avais plus depuis quelques années, toutes ces choses de chair et de sensation physiologiques étranges et un peu gores…


    Si je « décide » que je suis Jésus (que mon essence est « Jésus »), si je vais jusqu’à me condamner radicalement (mon Essence ! Y a pas plus radical.) à léviter seule au dessus du monde (c’est un peu dur), alors c’est que, pour en appeler à une solution si radicale, je ne dois vraiment plus pouvoir me permettre de tomber (léviter par essence est bien le meilleur moyen de s’empêcher de tomber)... Alors mon dieu, je dois être toute usée, au fond, et sentir que je me briserais en mille morceaux. Car vu les moyens déployés (Jésus !! Et puis quoi !!) par ce chenapan d’inconscient, ce que je risque doit y être proportionnel. Je n’ai jamais de ma vie employé moyen plus radical* : me condamner (me mettre en sécurité) par l’essence. Condamnée : c’est ce qui me rend (et m’a toujours rendue) sereine, car ça ne dépend pas de moi. On n’est jamais aussi bien backé que par son essence.**

    *Là je me rends compte que c’est faux : j’ai toujours employé des moyens si radicaux pour me couper du monde, toujours des affaires ontologiques…c’est juste que je n’avais jamais trouve de représentation aussi pratique –tout un terreau culturel et mystique pour occuper mon pauvre petit cerveau ça me permet une petite fuite dans la culture et donne un semblant de légitimité à tout ça...(je veux dire que comme ça je m’absorbe dans la pensée de quelque chose d’autre que moi –fuite- et ça entretient en plus implicitement au fond de moi la douce impression que tout ça –ma névrose- va s’ancrer dans un secret universel du fond des ages et partagé ! Evidemment mon ego en est satisfait, et il peut continuer à penser en toute légitimité parce qu’objectivement les questions de jésus ça nous intéresse…ahah. Quand j’étais damnée c’était la même sortie de moi-même du monde mais je n’ai pas pris la peine de me nourrir de représentations, alors c’était plus dur (mais j’allais mourir alors ça allait).

    **Ce que je suis, je n’y peux rien, alors c’est la meilleure sécurité quand on ne se fait pas confiance, que de s’instituer une essence qui a certaines caractéristiques certaines.


    Ouh là c’est un peu bien mal exprimé tout ça, pour une idée si simple…

  • la fille

    N'oublie pas qui tu es, promets-moi, n'oublie jamais. Tu es la fille maudite de ton père maudit, la fille illuminée du sang illuminé. La fille uqi pense, la fille qui est sage, la fille torturée à l'esprit tortueux, la fille qui souffre et qui se meurt d'amour, qui se meurt d'amour pour lui le mort, le brûlé vif.Qui souffrira éternellement de son trop jeune age, et de son humanité de l'époque.

    Elle ne l'a pas sauvé.

  • Epaisseur et valeur

    "ouiiiiiiiiiiiin! A quoi s'intéresse la phéno":

    R: Que serait Mort à Venise sans la IVeme de Mahler? La musique du monde, c'est ce à quoi on s'intéresse.

    En surface, que la normalité. Rien n'a bougé. Mais au fond tout un monde toute une histoire. Comment l'écrire sans qu'il y ait de confusion avec le récit de cette période-là de la temporalité? Tu sais, dans l'autre monde il n'y a que de l'épaisseur, pas de ligne temporelle, de déroulement. Pas de récit possible. On peut vivre l'épaisseur mais difficilement la dire. Car le déroulement (la réalité) c'est pour les pauvres. Ce n'est que l'épaisseur qui se dévoile à qui n'y a pas accès. Elle se déplie, se déploie pour se rendre viable c'est à dire compréhensible.

    [L'immense problème/chalenge pour l'écriture est que l'on ne peut que faire vivre l'épaisseur à travers l'écriture d'un récit (puisqu'il n'y a que ça)...qui ne doit donc pas être pour sa propre fin, mais pour convoyer! Mais doit évidemment se tenir quand même pour pouvoir soutenir ce qu'il porte .]

    A part ça on peut toujours se demander: peut-on vivre tout en épaisseur? Mais là on parle d'écrire.


    Remarques, dans la vie...ma croyance en le destin, il s'agit de ça (donc, ma chère tu peux écrire: "des dérives de la métaphore qui mènent aux superstitions grossières").
    Soit: tout est déjà "là", seulement condensé de telle manière que le noyau ne se manifeste jamais que dans son déroulement, ou: chaque strate se dévoile à son tour. Et nous, nous ne voyons les choses que quand elles passent à leur tour. L'une cache la suivante écidemment....comme une pile de briques vue de haut: on n'en voit qu'une et elle est la seule. Pourtant l'épaisseur...

    Attention tu te trompes, la question du destin prend place quand même au niveau de la réalité. Il y a l'idée que ce sont les actes qui sont "écrits". Alors que tu le sais très bien, dans l'Autre monde, il n'y a que des valeurs, pas de qualités ni d'actes (= rien qui puisse prendre place dans le déroulement, rien qui puisse dérouler...).
    Evidemment, que les hommes sont libres...et que le déroulement n'est pas écrit...on fait ce qu'on veut de notre peau...

    (Gide) 1 homme = 1 valeur. Ce qu'il vaut, ce qu'il donne, ce qu'il est quand on le presse comme un citron(=période du four et du squelette, mise à l'épreuve pour voir de quoi la chose -moi- est faite pour voir à qui on a à faire et jusqu'où on peut s'appuyer sur elle). Et ça, ça ne change pas. C'est écrit depuis le début.

    Le cheminement parallèle (véritable), celui qui a lieu dans l'Autre monde, la véritable quête, celle qui ne dépend en rien de la temporalité ni du déroulement dans la réalité est la conquête de cette valeur (de sa prise de conscience?). Qu'est-ce que je suis, moi.

    Expérience mystique = celle de cette valeur. Cette valeur n'évolue pas, mais mon moi de la réalité actuelle en est plus ou moins loin, mes expériences aussi. Réfutations (révolutions) successives vers mon moi. J'ai du pouvoir.

  • le fonds commun

    Pour les Sciences politiques:
    Comme la question de la communication (et à plus forte raison celle du politique) est une question de la réalité réelle, tant que la question de la réalité vécue n'est pas résolue elle ne peut être ni résolue ni posée. C'est sans appel. Dans l'ordre du vécu, elle se pose nécéssairement comme la question de la possibilité d'une jonction entre les réalités vécues. On voit difficilement comment c'est possible.
    Y-a-t-il un socle commun d'expériences vécues? Y a-t-il, en deçà des conventions qui font la réalité réelle, une communion, une possibilité de co-mmunication de fond de nos vies-vécues?
    N'importe qui dirait oui, sinon d'où sortiraient ces conventions? Mais évidemment qu'il y a une similarité dans nos usages. Mais nos expériences vécues sont très loin de se limiter à des usages (je veux dire que la manière dont je vois/visualise/sens/me représente ma chambre à coucher est très loin du simple usage (coucher) que j'y fais). On s'en fout, de la réalité réelle commune des usages. Y a-t-il un fondement plus profond, un monde commun plus profond? Non, c'est pas ça. En fait le problème apparait si l'on veut établir une morale légitime (j'aurais dû commencer pas là), des règles de conduites qui soient fondées. Si l'on veut pouvoir juger, décider des actions des uns et des autres. Il faut pouvoir com-prendre, pour celà. Comprendre la réalité vécu de quelqu'un, est-ce que ça peut être autre chose que la vivre? Il le faut. Oui, i ly a des intuitions, de fait. pfff.
    Je ne sais plus ce que je voulais dire, mais je le sens en tout cas, la géante énigme, l'urgente question.


    "Les mythes, ce sont des mots irresponsables, des mots du possible. De ceux qu'on emploie quand on ne peut plus raison garder".

    C'est ce qui arrive...

  • 2 diagnostic sur l'expérience mystique de serveuse

    2005-10-05

    Deuxième tentative

    2) Bon, il y a beaucoup de choses que j'ai dû mal exprimer su mon expérience du resto, et qui ne se situent en fait pas au même niveau que celui auquel elle, elle se situe, je ne peux donc pas lui répondre à proprement parler. L'essentiel est de distinguer le niveau de réalité vécue, là où se passent les expériences pures, qui est constitué de "moments" de la personnalité qui vit des révolutions intenses, dont l'ordre n'est pas la temporalité, mais qui est plutôt tout en épaisseur etc., et le niveau de la réalité normale. Ce qui fait que au niveau normal oui, tout s'est super bien passé.
    MAIS au fond: que c'est-il passé pour moi? Dans mon expérience de moi-même? Ca a provoqué plein de questionnements, de remises en cause profondes. Mais ce n'est pas du tout la situation, je veux dire la manière dont ça s'est passé, qui a fait ça, puisque rien de spécial ne s'est passé. C'est plutôt moi, qui croyait en la magie, qui tombe perplexe et a plein de déconvenues devant un monde où la magie n'a pas cours. Mon expérience vécue (ce qui compte) n'est pas la particularité de cette expérience de serveuse dans ce resto particulier où les clients ont été comme ci comme ça, mais bien plutôt celle du constat, de fait, de l'existence d'un autre monde.

    Ce n'est pas de la naïveté de ma part devant le caractère impitoyable de la restauration, ni un manque de distance. Non, c'est bien au niveau plus profond de ce que ça a signifié pour moi. Ce que ça a impliqué pour ma conception du monde, au niveau de ma pensée du sens du monde, de l’existence, des choses.

    Je suis donc facilement mécomprise. Mais c'est ma faute, je ne me situe plus jamais au niveau réel quand je parle de choses importantes (tellement j'ai vu, avec mes recherches et avec moi aussi, que le seul vrai niveau, là où se situe l'énigme, c'est celui qui est vécu, c'est à dire: les choses uniquement dans le sens et la valeur qu'elles ont pour nous. C'est à dire: dans ce qu'elles "représentent" (signifient) pour nous, ce qui est souvent tellement différent de ce qu'elles sont "objectivement". Par exemple: en apparence mon job de serveuse s'est déroulé très bien et normalement, mais pourtant ça a été une expérience cruciale pour moi, de fond, très importante. Et rien n'a paru, il n'y avait rien de spécial en surface.

    Et quand je dis « je suis Jésus », c'est vrai que j’ai du mal à me faire comprendre aussi, c’est que c’est un raccourci pratique pour moi mais très hasardeux. Quand je dis "je suis le christ", alors on doit se dire "c'est quoi, le christ"? Evidemment il y a plein de réponses ! Alors ça peut vouloir dire des choses diverses. Pour moi : c'est l'amour infini, le pardon infini, l'incarnation de dieu sur terre. Ca c'est conceptuellement, on se fout des connotations cathos. Le raccourci est le suivant: "Jésus" est le nom de l'amour et du pardon infini. Alors moi, si je dis "je suis Jésus", ça veut dire " je ressens (et ça me rend perplexe) un amour et une capacité de pardon infinis". Et au lieu de dire ça, je fais un raccourci. Mais c'est vrai, c'est mal, parce que comme il y a des milliers d'autres sens et connotation au nom "Jésus", les gens selon ce qu’ils y voient le comprennent fort différemment. Merde.

    En tout cas ce qui est important: ce n'est pas que les autres me voient comme Jésus ou je sais pas quoi, ce n'est pas du tout par rapport aux autres. C'est seulement pour moi la description d'un sentiment, il désigne un caractère psychologique de moi-même. Je me sens de cette manière. Pas de jugement de valeur, rien. Mon « feeling Jésus » est la manière dont je nomme un feeling profond et vécu qui m'étonne et sur lequel je m'interroge ; mais il ne qualifie en aucun cas une situation au niveau de la réalité normale.

    C'est vrai que ce qui m'a heurté, au niveau de l'expérience vécue, c'est la collision entre le système de valeur que cet état implique, et le système de valeur réel, du resto. Immense confrontation. Mais qui ne se situe aucunement entre moi et les gens.

    Je sais que j'écris crypté, un peu, si je ne fais pas l’effort, mais je crois que je vis de plus en plus dans un monde souterrain.

  • 1 diagnostic sur l'expérience mystique de serveuse...

    2005-09-26

    Première tentative.

    1) Je suis un peu triste, en fait je me rends compte qu’il m’est impossible de communiquer mes expériences, je suis bête, ça va de soi, qu’une expérience est incommunicable.

    Pour le resto, il y avait quantité de choses essentielles qui constituaient le contexte de mon vécu du truc dont je ne me suis pas rendue compte parce qu’elles étaient diffuses et que je n’ai pas cherché ni été capable d’exprimer. D’où la difficulté de lui faire part du truc, en plus tellement sensible pour moi. Les choses concrètes ne sont pas importantes puisque ça ne s’est pas déroulé à ce niveau là, les clients ont été charmants et je n’attendais rien d’eux, ni eux rien de moi, de plus que d’avoir leur bouffe et quelques boutades et banalités. Sur le plan professionnel mon boulot s’est archi bien passé, ou plutôt s’est passé comme un boulot, sans affection (au sens d’affect) particulière. Le patron était content de moi, les clients aussi, le resto sympa etc.

    C’est à l’intérieur, parce que j’ai vécu le truc parallèlement comme une expérience de moi-même pour moi-même, qu’il s’est passé une montagne de trucs. Le seul moyen serait de tout écrire en italique, en auréolant chaque mot d’une connotation particulière très dense. J’ai tendance à présumer du fait que les gens vont savoir de quoi je parle, qui n’a finalement pas grand-chose à voir avec ce dont apparemment je parle. C’est moi tout craché, ça…

    Ce que D. me réponds là dessus, je suis totalement d’accord, à la manière dont on est d’accord avec la déclaration des droits de l’homme. C’est juste pour dire qu’à ce niveau là, le niveau normal, OUI effectivement on est un « garçon de café » (Sartre et Gide, justement, dans le Prométhée mal enchaîné) quand on travaille au café et une eve à la maison. Oui le boulot est un endroit où la publicité prend son sens, et où on alterne entre ouverture et fermeture de soi pour s’intégrer à l’ensemble (de petits atomes comme elle dit). Oui s’il y a des connards je m’en fous totalement puisque je sais bien que je ne me réduis pas à ma condition de serveuse. Non, je n’attends vraiment pas des clients qu’ils me prennent pour plus qu’une serveuse, ni le christ ni certainement pas une jolie fille. Et non, je ne me positionne tellement pas au centre des trucs, des gens, en tant que MOI qui suis le christ et vers qui tout doit converger. Bien sûr, comme elle me le conseille, je n’ai vraiment été qu’une serveuse parmi les serveuses sans me positionner du tout dans ce resto dont au demeurant je me foutais pas mal.

    Mais eve, de quoi as-tu pu bien vouloir parler, en ce cas ? J’aurais dû commencer par faire la distinction entre ce niveau là, normal, du boulot, et le niveau de mon vécu, ou je sais pas trop, le niveau mystique de mon épreuve de moi, ce qu’il s’est passé au fond, qui n’avait que très peu de rapport avec le boulot, à bien y réfléchir…

  • flèche

    Rêve.
    Je débordais, je rayonnais d’amour, de l’amour familial, immense, sain et réconfortant, et par cet amour je le sauvais, parce qu’il le sentait, en fait je le lui disais, constamment, je le lui répétais pour que même s’il n’avait qu’une seule seconde de lucidité il l’entende, parce que j’avais la certitude qu’il suffisait qu’il l’entende une seule fois, que ça touche au cœur.

    (un moment de lucidité est le moment où le brouillard se troue, alors dans cette trouée se jette (se concentre) en un faisceau aigu toute la lumière cachée en forme de noyau derrière l’épaisse auréole de flou, de folie, de brouillard. Celle du cœur, de l’esprit, celle de l’essence de l’homme, ici contenue cantonnée dans les tréfonds bien vivace mais rendue imperceptible et inaccessible derrière ces murs opaques, on ne perçoit pas son existence frustrée, enragée, qui se jette contre les parois mais trop d’étoupe et de brouillard autour pour qu’on l’entende. Elle, donc filtre par la trouée avec une densité insoupçonnée. Freedom*.)

    Et là, par ce trou, il faut que je tire mon « je t’aime » comme un flèche.

    Et là, dans la trouée d’une fraction de seconde papa entend et ça rachète tout. Tu peux mourir maintenant. On est sauvés (je suis sauvée aussi).



    *Il y a un appel d’air, de lumière, de possibilité. La possibilité c’est que cette lumière qui jaillit brusquement soit de même nature que la lumière du dehors (Timée), de la même nature que moi. Possibilité de la communication comme communion.