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rumba

Je la vois assise à l'une des tables rondes, un peu mélangées après la fin de la pièce montée. Il y a des chaises vides et des petits groupes, des jeunes debout autour des vieux assis. Les cols sont relâchés, les voix confiantes, les portes qui donnent dans le parc grand ouvertes. Il y a des petits groupes, du brouhaha, de la circulation. Je suis probablement sur la piste de danse, occupée à optimiser mon bonheur comme d’habitude. Elle entre dans la salle, ou elle est dans la salle et je la vois. Elle est en blanc, avec une robe bustier. Elle parle avec des gens (assise) en me regardant du coin de l’oeil, ou alors elle me fixe debout à travers la foule. Je ne sais, ça dépend de la réalité de sa présence (si elle est là naturellement c’est qu’elle est là, si elle est venue pour l’évènement ontologique c’est que je l’invente).

Je la vois et sais que c’est la fin : elle est le symbole, elle est le moment, le signe. Je me fige, c'est la fin de mon sursis, et même si c'était prévisible, à l’échelle d’une vie on ne sait quand ça va arriver, ça a l’air l’infini. Je sais alors (mais je le savais au fond) qu’avec tous c’est la dernière fois, moi incapable trop incapable depuis toujours de faire un choix, incapable de tout faire cesser à cause de la vie merveilleuse et tragique (argument de poids), il fallait pourtant que tout cesse, ne serais-ce que par pudeur. Alors l’orchestre joue une rumba. Alors avec chacun d’eux je danse une danse tragique, je danse la dernière en oubliant en un instant la précédente et le précédent. A l’image de tout, du reste. Est-elle entrée ou était-elle déjà là ?

Ca ne fait plus de différence, le vécu est vécu. Je parcours la salle du regard, et je vois que tous ils étaient là pour voir ma chute, mon choix, mon désaveu, ma négation de la nature, mon parjure.

Alors je regarderai par la fenêtre et tout me semblera coloré, intense merveilleux. Je penserai à mon père, je penserai à mon destin, à mon histoire, à ma victoire, j’aurai foi dans la race humaine et dans l’amour. J’aurai un sentiment d’absurdité qui rachète tout. J’aurai l’impression d’avoir tout vécu. J’aurai l’impression que ça ne va jamais terminer.

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