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Anastasia Jr

  • pot

    Quatre bris de potiche se trouvaient devant ma porte

    ce matin.

    Le premier réclama sa colle

    le second sa moitié

    le troisième, à être caressé

    le quatrième, tranchant, n'a rien dit.

    Le pot était tombé de l'étage du dessus, chez Alexandre, et il n'y avait personne. Peut-être l'avait-elle jeté par terre de rage ou de dépit dans une de ces performances où l'on jète au sol des vases millénaires.

    Une seconde vie, mais toujours partagée entre celui qui veut sa colle, celui qui veut sa moitié, le tranchant et l'autre. Peut-être était-ce, au fond, la seconde vie d'Alexandre que je regardais l'air perplexe en pyjama. Une vie où la performance est finalement de montrer au grand jour ses polarités, de les matérialiser enfin, avec le soulagement de transformer la tension en rupture.

  • Benelux

    Il y a eu l'époque de la grande d'adhésion

    à la force et à la liberté, globalement tu creuses pour savoir ce qui s'est vraiment passé, mais aujourd'hui tu sombres et te laisses bercer dans le foyer (au pouvoir sans pareil) du souvenir d'un bonheur déchu, ta peau s'en souvient, tes organes, tous, sont prêt à frémir de nouveau - le sont-ils?

    quelle liberté

    man, it was all too short

    l’intuition dit que c'est pas la bonne voie, mais quelle intuition? elle est un mystère géant en soi

    (ne pas accepter les regrets parce qu'on ne les pardonne pas)

    TROUVER LE MOYEN DE FAIRE REPARTIR LE TEMPS

    l'espoir du temps à toi, du temps dont l'éclosion colle à l'éclosion de toi

     

    ou le temps objectif, car le temps à toi n'éclot pas si tu n'éclos pas, et les années passent sans rien amener avec elles, sans toi

    la crise de la valeur (le temps ne vaut rien) a fait tomber l'amitié avec le reste

    la complétude, on veut tout, ou on ne peut pas vivre sans ce sentiment qu'on peut tout avoir - pourquoi, est-ce un problème en soi qu'il faut traiter?

    tu dors

    Aujourd'hui n'y a rien de simple ni de naturel.Je veux le simple et le naturel.

    Le temps se perd, il se perd, pourquoi je le perds? Comment les autres acceptent-ils de le perdre sans que ce soit une perte?

    Il ne faut pas rater sa vieillesse.

    I WANT NO FUCKING JESUS ON MY BACK

    douter, plus le temps, traquer.

    calcul - investissement - quantité. Commerce, trafic.

    j'aurai 31 ans, ça craint.

    pis si je la loupe il n'est pas certain que je sois passé à côté de tout, mais si je n'essaie pas, oui.

    c’est la première quête du bonheur. (ni de qui je suis, ni de la nature humaine)

    c'était une séparation pour savoir qui je suis. J'ai encore une cartouche pour un faire une du bonheur.

  • transit

    Je suis dans un avion à faire des cercles concentrique désespérément minutieux sur un ticket de caisse.Comme on le sait je ne vois plus les chateaux dans le ciel. Mais je te vois toi, avec ton dos nu et tes talons campée dans l'allée. Et je me sens proche du nouveau et de l'ancien.

  • Coupable ou non

    Culpabilité zéro lorsque je suis allée habitée rue du CdF. L'année suivante, toujours rien. Puis, encore, l'année suivante: rien. Avec qui donc ai-je appris la culpabilité, la faute impardonnable?

    Ma chère, le critère, c'est toi. C'est vis-à-vis de toi que la trahison se passe, c'est toi qui t'entrave.

    La première se fait vis à vis du bonheur, la seconde, vis-à-vis de ton engagement. Pour cette dernière, elle est inversement proportionnelle à celui-ci.

    CLEF

    Qu'est-ce qui fait la différence entre les déménagements, les ruptures? Que s'est-il passé depuis pour donner naissance à cette effroyable culpabilité? Ce qui n'était pas une faute ni même une erreur est devenu un acte funeste, toujours.

    Ce qu'on attend de moi fait une différence. Si c'est la liberté ou non.

    Mon monde était à moi, alors rien n'était définitif (objectivé dans le regard de l'autre). Il me semblait que je pouvais devenir quelqu'un d'autre et je le voulais. Est-ce ça qui s'use, avec l'âge?

    Être humain: avec un espoir inaliénable dans le fait qu'on peut changer. Ne pas faire toujours la même erreur. (Deux fois, ce n'est pas toujours.)

    Te fallait-il une leçon si difficile pour le comprendre, que deux fois ce n'est pas toujours?

    Ta faute c'est d'aimer trop facilement.

    La faute: donner, repris, volé. MAIS tu ne reprends rien: c'est comme si tu devais payer pour ce que tu as volé, et comme si on allait te regarder comme une voleuse partout où tu mets les pieds.

    Pourquoi ce serait la pire décision que tu as prise de ta vie? En quoi ces conséquences sont pires que les autres?

  • crime

    Elie-H me coince, me soupçonne sans cesse de crime, de méchanceté, de bassesse, il creuse un chantre noir dans mon corps. Dans mon coeur qui jamais peut-être ne s'en remettra. Ca c'est de l'ordre du crime pourtant. Je devrais savoir qu'il ment et que je ne mourrai pas parce qu'il ment et j'ai découvert comment ça marche avec lui le mensonge, comme pour lui c'est facile, un aveuglement qui ne regarde que lui comme un autre. c'est qu'il ne me laisse pas ressentir ce que je ressens sans en faire aussitôt un crime. Alors je suis lasse de lutter contre ce jugement terrible qui chaque jour par sa main se jette sur ma personne, qui elle continue de douter. Plus on avance et plus je crois qu'il n'y croit plus tout en m'accusant. Il ne respecte rien. Jusqu'ici toujours il m'a fait plier à son rythme mais il faut que je réalise cette fois-ci qu'on est à égalité. Il ne souffre pas plus. Mais j'ai peur que cette égalité tu comme toujours une partie de ma tendresse, riche de nos écarts. Que l'égalité, au lieu d'attiser l'empathie, la glace. La change en méfiance acérée pour un rival. C'est une triste fin, personne ne souhaite cela. Elie-H me demande, sur ces bases, de m'engager. Il ne sait pas que depuis que j'ai admis qu'il ne souffrait pas plus, je n'ai plus envie de mourrir parce que je n'ai plus honteusement tort. Oh la grande nouvelle. Je n'ai plus envie de mourrir, je ne suis plus qu'amère, curieuse et pessimiste. C'est une nouvelle donne.

  • baby

    Dans le rève, j'avais tué un bébé je crois, il empestait la pièce et l'odeur me collait à la peau alors je ne sais plus pourquoi je me rendais en plein air dans un stade et il me semble que j'étais hétérosexuelle et extrêmement jeune et désolée. Les toits étaient bas, nord-africains, et le ciel bleu rosé, l'air tiède, n'était-ce cette conscience horrible du crime que j'avais comis.

     

    TOUT CE TEMPS DE PAIX QUI PASSE!

  • par où

    Elle se lasse autour de mes pieds et délasse mes pas, les enlève

    à la marche du fleuve.

    Tous conviennent de dire que c'est ce qu'il faut, comme ordre, se donner et suivre.

    Mais pas par où.

    Avec nos monstres sur nos talons,

    et le néon du centre de la pièce qui rugit à notre place,

    on ne pense qu'à partir, mais pas par où.

  • Coffrée

    Je me suis coffrée, hein, c'est ça que j'ai fait.

    Ici, tout est noir, tendre et sourd, calciné dans la lumière changeante.

    Le sol spongieux sent le corail bouilli, la muqueuse rôtie au soleil.

    Il ne faut pas se leurer, cet isolement, c'est pour que puisse continuer à battre le coeur.

    Sans echo

    Sans menaces

    Sans menaces des objets pointus, des coins de la pièce,

    ni de la mer, ni des passants.

    Moi, avec mon coffre noir, je ne crains plus les passants.

    Avec mon écrain sans issue, je vis dans un monde où meurt le jugement,

    à la manière dont un grand prédateur suffoque sur une terre sans proie.

    Ainsi, les DENTS DU JUGEMENT CLAQUENT DANS LE VIDE.

    Calfeutrée au sein de mousses vénéneuses,

    dans un espace clôt où la lumière ne s'allume que pour noyer les bruits,

    et les bruits ne résonnent qu'en tombant dans un gouffre noir.

    Ceux, constants, du coeur, à la chaleur de poix,

    Ceux, fluctuants, du sang à la coulée de plomb.

    Pour le reste, les êtres pénètrent et passent dans des vapeurs de goudron, et actionnent la pompe habituelle, la pompe à musique, la pompe à paroles au son cristallin.

    C'est dans cet environnement que se passeront peut-être, avec l'habitude, les rires d'enfant.

  • éh, poupée!

    Elie pénètre à l'intérieur par une petite porte située au niveau de la cheville droite de la gigantesque repique de lui-même qu'il a trouvée sur son chemin lui barrant la route, un jour qu'il marchait sans but sur une voie rectiligne.

    Lorsqu'il passe le seuil, tout se met à trembler. La voûte, très haute, semble de plâtre, qui tombe maintenant par pans entiers. Les morceaux et craquelures suivent les dessins de pauses passées.

    Elie a envie de tâter la substance des murs, qui à y regarder de plus près semble de facture organique. Il se rend compte avec émotion que cette paroi aurait pu être chair si on l'avait, une fois venue au monde, hydratée, abreuvée comme elle le demandait.

    Mais maintenant il est trop tard, et cette chair devenue ciment s'éboule comme elle coulerait des larmes, donc chacune irait rouler au fond du gouffre noir avec les cailloux, les graviers, restes d'organes vitaux eux aussi calcifiés - il y aurait de quoi dresser ici un mémorial Hautement Honorable et Respecté. 

    La belle langue suspendue elle aussi s'est tristement asséchée du Verbe, ses belles différences ratatinées jusqu'aux bornes de l'indistinction. Ainsi, si l'on ne peut s'attendre à rien de bon, cela ne prendra au moins que la forme d'une lente indifférence. Et aucun cri d'alarme ne se fait entendre, simplement les chuchotements des derniers ouvriers, ces quelques fidèles raboteurs de crypte cérébrale qui viennent chaque jour à l'ouvrage même sachant que rien n'en sortira plus. Ils l'accomplissent d'ailleurs aujourd'hui fort mal, avec précipitation, sentant le péril de cette voûte instable. Ils ne vont pas tarder à partir, fermant définitivement la porte sur l'effondrement final, ne pouvant plus grand chose contre le bris des jointures, la fente des soudures et le reste, bref cet assourdissant concert de gémissement de matière. En bas, le roulement du gravier se poursuit et lave jusqu'à la plus fine poudre des restes de vie, ne laissant là que de beaux et durs galets au son clair.

     

    Il dit que la métaphysique lui manque, moi je dis que la religion, celle qui ne s'arrête pas aux pieds de l'individu et à sa propre pédicure personnelle, est absolument absente de l'atmosphère, du bouillon que boivent les gens chaque jour.

  • Pas de nouvelles

    Je vais mieux, je boue d'une colère noire sans la tourner contre moi. J'ai un chaudron de poix pâteuse à la place de la tête et n'ai plus le temps de développer les questions au dessous de "je suis qui bordel" ni quoi que ce soit d'autre mais je suis heureuse d'être en colère car je ne suis donc pas encore la brindille sèche que je pensais être en passe de devenir.

    Mais tout de même, je ne sais pas si ce que j'aime je l'aime vraiment, si je l'aime pour de bonnes ou de mauvaises raisons, si c'est la bonne ou la mauvaise partie de moi qui l'aime ni à partir de quelle proportion (de bonne ou de mauvaise partie) on décide que c'est nous, vraiment.  Ni à partir de quand est-ce que je peux décider que j'ai toujours été ce que je suis.

  • Juger ou ne pas juger

    je ne dois plus occuper toutes les positions en même temps, couper l'herbe sous le pied des gens en disant leur point de vue en même temps que le mien et en disant que je le comprends. Car quel secours attendre dans ce cas? Cela sous-entend qu'ils n'ont plus soit qu'à confirmer ce que j'ai dit (ce qui ne sert à rien) soit qu'à dire "qu'est-ce que tu veux que je te dise" à juste titre - car qu'est-ce que je veux qu'ils disent?

    de plus, ça n'exprime pas ce que je ressens. ça l'exprime pré-traité, sans plus rien à faire dessus, et surtout pré-jugé par moi (mais comme si c'était le jugement de l'autre). Ca présuppose que mon jugement est le bon (sans appel). Et ça ne laisse aucune place à l'autre pour me juger différemment (v. la note La Culpabilité pour le résultat). et ça cèle tout ce que j'éprouve parce que jamais c'est exprimé sans être passé au cruble d'un jugement partial et définitif au prélable.

    La preuve: lorsque je m'en rends compte et que je tente d'exprimer ce que je ressens, je le fais précéder, comme un avertissement, d'un systématique "je sais que c'est faux, que c'est irrationnel, que je ressens cela pour telle et telle cause..." Et la personne en face de moi de ne pouvoir rien ajouter.

    C'est pourquoi je voudrais:

    -perdre le langage,

    - ne pas avoir ce mécanisme d'explication de toutes les causes de tous les points de vue possibles qui se lance aussitôt qu'une situation apparaît.

    car IL N'Y A PAS DE CRITÈRE QUI VA FAIRE ALLUMER LA LUMIÈRE DU VRAI OU DU FAUX (dixit Cath)

    Ne pas juger = ne pas expliquer ≠ expliquer tous les jugements possibles

    Ne pas juger = tu ne sais pas si tu as tort ou si c'est mal ce que tu fais ≠ le dire tout en pensant le contraire

    C'est que je n'ai pas à décider de si j'agis bien ou mal.

  • la culpabilité

    Disons-le simplement.Je cherche quelqu'un qui m'aide à me pardonner moi-même.

    Tous les jours je vais prier le Bon Dieu faute d'une autre personne haut placée sous la main. Tant que ça ne sera pas fait, je vivrai dans un rêve. Dans le rêve, je peux faire ce que je veux parce que rien n'a de valeur. C'est détestable, je souhaite y mettre fin. Je souhaite vivre exactement la même chose, mais en retrouver la valeur. Pour cela il faut repartir de ce qui a aspiré toute cette valeur et faire en sorte que, lors de cette deuxième vie, cela ne se produise pas. Au moins j'ai assez progressé pour me rendre compte que c'est une gigogne. Et régler son compte au dilemne: faut-il enlever de la réalité à ce qui précède ou en ajouter à ce que je vis. Mais il est évident que tant que je ne me pardonne pas, rien de ce que je ferai n'aura de valeur car je n'aurai droit à rien. Il faut que quelqu'un, n'importe qui, me redonne le droit. Je devrais passer une annonce pour un simple mot officiel, une signature. Car personne autour de moi ne m'a dit qu'il comprenait ni que c'était pardonnable. Et pour ma part, je n'ai aucun élément qui m'indique qu'une autre manière serait possible. Et je suis en manque absolu de critères - qui en général semblent être la propriété exclusive de tout autre quidam que moi. Comment savoir ce qu'il faut pardonner ou non? Comment s'y prendre? Et s'il s'agit de soi-même. Une chose est sûre: c'est impossible lorsqu'on souffre encore violemment du préjudice qu'on s'est infligé. Il faudrait que quelqu'un souffre sur moi et me déporte un peu de côté de sorte que je me rende compte que ça n'est pas un préjudice. Que quelqu'un d'autre me raconte une autre histoire.

    je ne suis pas une réfugiée politique.

    si tu ne veux pas reproduire la même chose, ne fais pas la même chose.

  • le choix

    Air raréfié et bruits de feuilles mortes du printemps, quelle tristesse que cette cher morte, toute de beaux espoirs constituée et d'attentes volontaires prêtes à frémir sous le vent.

    Elie écoute le monde et n'entend rien, il marche dans la boue sans éviter cratères ni obus qui, par un miracle toujours renouvelé et très usant, le manquent. [Tout manque et l'espace manque le temps.]

    Son choix, le voilà: il se tient debout, buste nu, dans une marre noire dont l'opacité lui cache ses pieds.

    Malgré qu'il porte de vêtements sales de la veille, il n'admet toujours pas hier.

    Car il vit depuis hier dans un monde de strass et de cuivre où toute valeur doit être inventée.

    Il a de la volonté pour lui-même, mais ce n'est pas la bonne: celle d'avaler des gauffres ou d'inventer un moment familial. Car pour l'heure, son monde est un nid de vipères enroulé autour de ses chevilles comme les chaînes aux pieds d'un noyé.

    Dans les moments délicats, il le porte ailleurs en un nid de chenilles enroulé autour de ses vicères, afin que personne ne le voit.

    Dans sa baignoire, plusieurs semaines plus tard, il réalise que personne ne peut racheter quelque chose qui ait si peu de valeur qu'un tel monde, et il repense à la manoeuvre éhontée, restée inexpliquée, qui l'a fait en arriver là. À la suprême traitrise ensevelie sous un muret de pierres, pierres de sa maison qui n'est même pas maudite faute de le mériter.

    Encore une fois s'il est besoin de le répéter: Elie doit maintenant gagner sa vie en vendant du plomb pour de l'or.

  • Chateau

    Elie relit son terstament et bute sur le testament d'une personne: luttant contre des émotions contradictoires, elle s'était fait une grosse piqûre, avait accepté le pacte de la vie sans personne, de la vie volontaire et très abattue. Elie est assis en haut d'un château de cartes dont il attend que le temps le change en pierres.

    Assurément, ledit chateau est bâti sur les ruines d'une tragédie grècque dont ses habitants essaient  nuit et jour d'oublier le nom. Du pied des murailles ils pointent leurs yeux vers le ciel et espèrent, faute de pouvoir souhaiter mieux pour le reste de leur corps, qu'ils s'y envolent comme des balons d'hélium. On leur a parlé il y a longtemps de l'utilité de ce genre d'ascensseurs hors de la mémoire.

    Et peut-être qu'avec assez de patience ou de volonté le chateau entier s'élèvera lui-même dans les airs, avec ses fondations, tout. Ou alors s'élèvera-t-il en même temps que le monticules de pierres tombales qui constitue sa fondation, et qui ne cesse de croître.

    À commencer par celle d'Elie, le beau, le léger, enterré sous l'épitaphe "Man, Eve, it was all too short".

     

    Sans doute que le réveil demain sera frais et la bible absente, sans doute que nos douze yeux seront revenus à leur place et regarderont devant.

    Certainement pas en arrière, car cette vision a brûlé toutes les autres et leur contenu.

  • le seul témoin

    - Un contrôle qui, au lieu d'agir, se méfie;

    - des rencontres amincies jusqu'au trognon:

    Le sommeil venait d'un déplacement de la croyance

    - La secousse est extrême lorsque le ciel donne à voir une éclaircie d'irréalité avec dans un coin, dans un coin de soi-même, des norceaux du monde réel.

    Le seul témoin est moi-même

    ARTAUD:

    - un impouvoir à cristalliser inconsciemment, le point rompu de l'automatisme à quelque degré que ce soit

    - Il y a un point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée - et par quoi? UN POINT DE MAGIQUE UTILISATION DES CHOSES

    -Je suis vraiment paralysée par mes termes, par une suite de terminaisons

    - Il me manque une concordance des mots avec la minute de mes états

    - Je me connais parce que je m'assiste, j'assiste à Antonin Artaud.

    - Alors on verra d'arborescents bouquets d'yeux mentaux se cristallier en glossaire

    - Ma mystique sera devenue un chapeau

    qu'on me laisse à mes nuages éteints.

  • la grande gueule qui claque

    je ne ressens que son souvenir et me sens inoxydable,

    j’ai tant d’idées ! et butte sur le langage et ne sait plus percevoir qui je suis,

    je paierais cher la demi-heure pour ressuciter cette monstruosité de paroles,

    à troquer contre ce sentiment de perte, vide, dont je ne suis même pas sûre si c’est la politique ou l’effet collatéral d’être (re)devenue un être de métal et de pure volonté,

    jamais je ne peux m’accrocher.

    UN ÊTRE DE CALCUL

    qui ne broie plus de sable qui ne broie rien, qui ne voit rien et vit dans une extériorité (certes) morte.

    Quelque chose de grandiose a été entamé dont j’ai oublié la moëlle, me dis-je en regardant frémir (mais non fleurir) les feuilles des arbres ;

    Je suis une fucking passoire. Qui ramène l’ensemble de sa vie à un pur brouhaha hors de toute réalité ?

    C’EST SIMPLE TU NE MÉRITES TOUT SIMPLEMENT PAS

    d’ailleurs tu es dans les limbes… tu ne vois pas ? Eve à la grande gueule qui claque.

  • rime panzani

    Probe, molle et tendre richesse

    ma vue, le poids de mon coeur,

    entre nappe de brut et bonbon, bonasse,

    je me glisse en ce coeur

    de bonbon (finasse!) et je tais en mon coeur,

    (crevasses!) les possibles rancoeurs

    agresse CARESSES RANCES et temps réparateur

     

    Cette aridité poignante intervient dans mes pupilles ensemble.

    percées de mille épingles

    peuplées de mille bordels

    enflées de mille trous

    décorées de trente coccinelles

    enrobées de douces nuées

    je me lève et décrète le temps de la Grande Indulgence terminé.

     

  • alein

    difficile de ne pas raisonner les yeux fermés maintenant.

    Il reste une bourse pleine et rien  à faire pour la re-remplir. On est sur un fil, sur du crédit, ce n'est plus qu'une histoire de temps, qu'on voudrait à la rigueur avoir la marge d'accélérer ou ralentir (c'est quantitatif).

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    LE CERCLE S'EST-IL TROMPÉ?

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    Une récurrence à l'infini, un récalcitrance de l'image, une reconstruction posthume idéalisante.

    Reconstruire tout dans le grand vide qu'on a sous les côtes,

    redessiner l'espace, le ciel, tous les pays vus et le rythme des mots, la forme d'une main, la texture d'un pouce,

    Ne plus vivre que dans une noix

    aux circonvolutions âpres et immuables, à parcourir cent fois pas jour, n'en attendre plus rien, ou plutôt tout.

    Savoir qu'il n'y a nul recours, qu'on a déjà dit ça et que l'unique recours a été la sortie,

    savoir que cette phrase a été la source ou la traduction d'un monocorde malheur qui n'a mené qu'à son terme.

    savoir où l'on va et espérer que non.

  • anniv

    Plus égoïste et moins dure. Je dois comprendre le mécanisme. Je dis "je me suis dit que tu préfererais que je te fête ton anniversaire en décalé et reposé et rayonnante plutôt que le bon jour et d'humeur angoissée".

    elle a dit "bof".

    Cath: "tout en te disant qu'il n'y a pas de problème, elle te fait savoir qu'il y en a un".

  • rose

    Oh rose du soir, terrible, ouvert,

    cadrure de voie de plâtre alignée sur le Sud,

    ruelle ouverte et droite, mirage de toile colorée et dolente

    faisant flap flap dans le vent.

    On ne sait plus l'âge, ni celui de la photo sur laquelle je me penche.

    Pourtant: tu dictes ce que je dois conclure et mes pas;

    l'air sifflant à mon oreille et les chiens mécaniques de mes pieds sous le ciel qui ne fait aucune retention ni marbrure

    à part les traces et voiles ci-nommées Orgueil / Oubli / Once / Ouragan / Renoncule.

    Crême plate. Platitude onctueuse. Trainées et Molestation.

    Or: tu me dictes les ornières, les chambres, les retards,

    le grain qui ne passe pas, ni ne secoue ni n'ébranle.

    Toujours assise dans cette encoignure après la Grande Marche,

    se joue autour de cette tête d'eau tout un monstre de conjoncture.

    "Pas un fait"! Il y en a tout plein.

    Rose du ciel qui, de fait, baisse, tombe,

    comme un coin enfonçé dans la ville.

    creusant une traverse où l'on circule, les voies minables des passages vides au clair de lune

    où seul on se rend à soi-même,

    Voies ouvertes pour soi seul, boulevard étranger, ville reconnaissable de la Faute Faute Faute.

     

     

  • attente

    où on apprend la périssabilité des corps et l'incroyable possibilité de faire partie de la cohorte de malchanceux qui ont d'autres soucis que celui de leurs propres choix. Ce qui était hier exaltation se transforme en un fil suspendu d'attente statique et terne, homogène et figée, opaque, âcre. on n'est plus suspendue au départ, mais à un putain d'examen médical. on développe des cancers préventifs. on n'a pas peur, on est juste hébétée!

    tout à l'heure la lumière tombait drue sur la route et ma roue avant mordait périodiquement sur la bande blanche. Il me semble que j'aurais besoin d'heures et d'heures d'étreinte humaine pour charger ma pile, pour m'endormir pendant cette attente de merde. on dirait que je ne peux plus rien faire.

  • lenteur

    lentement ce soir,

    et à portée de danse, on a marché, scandant le même rythme, la même langueur dans le poids de nos corps,

    on a perdu la clef et, prises de panique, on en a appelé au mauvais génie,

    pour se sentir touchées par la grâces quelques instants, sensibles, plus tard

    le temps de la réunification des eves dure 3 semaines. le rythme qui lui permet de tout tenir ensemble celui de longues nuits, de tâches infiniement étirées. on aimerait que la paix dure, mais dure... on entrevoit le ciel parfois, ce qu'il y a derrière lui

    on prends toujours des comprimés.

    il m'aurait fallu un mois de plus, que la fameuse et convoitée couche de neige se dépose et unifie le relief. dormir, envoûtée, ne surtout pas travailler.

    ***

    très cher klingelstaïne, vous savez, j'avais lu la pitié dangereuse cet été (pour faire référence à autre chose que m aymé), et ça m'avait plombé. on en reparlera, c'est un livre qui m'a révolté et indigné (évidemment). je n'ai eu rien de l'empathie que tu n'as pas manqué d'avoir (j'en suis sûre!) pour le personnage. pure complaisance, ark!

    vous avez raison je ne vais pas fort fort, ou plutôt j'ai été fort mal. les choses se tassent. tu me manques. je pars vivre au canada dans 1 semaine, j'ai tout largué ici (je te l'avais dit).

    reposte des vidéos... ça me fait tellement envie!

     

     

  • maison

    Essaie de faire passer mon être de rupture (auprès de qui?). mais aussitôt la chose formulée tout disparait de nouveau et me projette, assise dans un monde vierge, de glace, les pieds battant dans le vide, un discours neuf me pendant aux lèvres, les yeux roulant d'un stupide étonnement.

    Je dis : "je ne veux pas venir!" et aussitôt cela me libère. Le problème n'est pas un blocage, c'est un sentiment de blocage.

    il faut être consciente de ce que les gen saisissent de moi et le leur demander. - que ça m'échappe.

    je dis : "Je veux être dans le présent!" et aussitôt il n'est plus distinct de l'avenir dans lequel je me projète.

    On se protège les uns les autres. Ecris-lui un courriel pour t'excuser, qui ne décrive pas le monde dans lequel tu vis mais qui accuse son irréalité et sa paranoïa. Ecris-lui l'esclavage de ton inconstance et à quel point tu souffres de cette soumission. Ecris-lui une lettre "il faut que tu saches à que je vis dans plusieurs galaxies, passant de l'une à l'autre, en chacune régnant le régime le plus totalitaire, et ne sachant jamais laquelle est la vraie."

    "il faut que tu sois avertie que touours je marche sur une ligne légèrement parallèle, la ligne totalitaire où le réel ressemble à une maison noire gigantesque emplie de couloirs et de portes menant en un temps plus ou moins long (selon l'itinéraire choisi) vers un grand vide central rayonnant. Sans cesse il faut choisir le bon (itinéraire), la porte qui porte à la juste digression pour repousser la descente.Chaque partie de ma vie, spaciale ou temporelle, est une maison ainsi close et immense, ouverte par le fond, qui ignore l'existence des autres autant que le degré de sa propre réalité et se concentre sur sa propre quête comme un cheval de trait."

    "c'est que je vis dans un monde ou, simplement, je n'arrive pas à distinguer le réel du non réel, l'important du non important, où toute question de réalité (= toute question!) devient (au cas où) une question de vie ou de mort. il faut sans cesse que quelqu'un viennt, avec son petit marteau, me rappeler à l'ordre et briser la bulle que je souffle autour de moi..."

    "dis-toi que je vis dans un autre monde où les valeurs sont des planètes de plomb tournant dans le vide, c'est cela qu'il faut me pardonner".

  • Danube again

    et si je n'arrive pas à arrimer les choses ensemble.

    Je me lève, commence la journée qui repousse passé et fantasmes dans l'obscurité. Dans l'obscurité on chuchotte, on tire les cheveux. Souvenirs de l'enfance et du reste, rêves, qui essaient de m'envoyer un message sur la continuité.

    Elle ne comprend pas la situation unilatérale de rupture dans laquelle je me trouve. Ca ne passe pas. Je revendique le fait que ce soit normal que ça ne passe pas. Il y a des sentiments indicibles, des noms tabous. Je vis sur de petites passerelles, ce qui nourrit sans doute largement mon sentiment d'enfermement. Ou entre de petites mines. Si je pense à aller me tirer une balle dans le coeur au bord du Danuble, je pense à quoi? Je cherche du calme, mais surtout la douceur d'un soir de juin odorant et empli de bruits d'oiseaux. Mais il ne faut pas se méprendre et il faut se souvenir que tu voulais être seule ce soir-là. LA RUPTURE EST UNE FUCKING ILLUSION.

  • petit cratère

    Monde de fêlure et d'insurection contenue,

    aux pieds de ce monde, deux routes.

    Au loin, l'horizon arrondi et rocailleux,

    toute une terre.

    Aux pieds, des insectes jaillissent de petites crevasses.

    [il faut mettre les choses dans l'ordre. tant que tu ne seras pas une personne, tu ne pourras pas agir autrement. - Chacun part de son côté]

    Je décide sans raison apparente de suivre mon pied gauche vers un petit cratère à l'abri du vent, pour ne pas être soufflée de nouveau. Là, dans ce trou, j'écris crypto-biblique pour ne pas être surprise. Du sang incrusté sous mes ongles, je me cache pour m'occuper de mon corps.

    good memories, bad memories, good memories, bad memories. tout un travail d'orphèvre pour arrimer les choses ensemble.

  • rigidification

    Ne suis plus d'ici

    plus de là-bas,

    une corde de chanvre ne suffirait pas à me rendre main sur les vestiges désormais pourris et l'absence

    de tout chant d'oiseau ne suffit (pourtant) pas à tarir l'horizon,

    même aux pattes coupées, pèse en suspens comme une soucoupe morte.

    - La thèse de l'os et de l'eau va remplacer celle de l'herbe et de la terre meuble. Nous entrons dans une ère minérale où le roulement des graviers dans l'eau trouble, même, n'est plus métaphore, mais seul ressac quotidien.

    Il va falloir chercher ailleurs. Se replier dans les tours de caramel de l'Arizona où les tulipes du Brésil.

    Je pédale dans le vide et elle m'en veut de ne pas suffire à me donner un sens! Qu'une corde de chanvre ne suffise pas. je ne sens que sa rugosité contre ma joue. Mais en aucun cas cela ne me tire de mon rève. ça meuble le rève.

    Tout a disparu. Et ne sait plus que ressentir.

    Les semaines à venir ne seront pas vertigineuses, elles ne seront rien - Rien ne sera déjà dans le bonheur. Aucun cimetière ne viendra me tirer d'affaire.

    J'imagine que je pourrais être et rester dans les limbes et prier le seigneur de me convaincre que je ne suis pas un être humain. [pour une part c'est ce que je suis en train de faire] [qu'il a été vain de penser avoir cet honneur ou avoir eu cet honneur et avoir eu la chance (l'occasion) d'en être à la hauteur].

    Je retrouve mon essence familière de pute.

    Il est hors de question que je fasse aucune forme de retention [l'image d'une passoire à larges trous est infidèle!]- un sceau sans fond. - une machoire sans fond. - une dentition fixée à la cheville. vissée à l'os

    Rien que de la structure, rigidifiée, à toute épreuve, mais sans rien qui puisse capter, retenir, sentir, boire. Intraitable. Sans âme. - Et d'où vient ton âme? tu la jète à la poubelle! L'ignorer totalement, pour la suite aussi. De la cendre ne sort jamais rien.Va dire à tes parents qu'ils ont accouché d'un bébé de cendre, regarde-toi dans les yeux, petite, et dis que tu as toujours été un personnage de cendre.

    LA NATURE DE L'HOMME N'EST PAS ONTOLOGIQUEMENT PERVERTIE. ELLE N'EST PAS. Finalement, c'est un grand néant que tu essaies de remplir depuis le début. Il faut se résoudre à l'évidence, tu vas trop vite, tu es allée trop vite.

    Ca t'a frappé ce matin, ça ne pouvait pas te frapper avant.

  • reprendre

    inintelligible: - comment quitter la douceur de ce pays? et : - comment ai-je pu reprendre ce que j'avais donné?

    POURQUOI A-T-ON LA CAPACITÉ DE DONNER SI ON A AUSSI CELLE DE REPRENDRE?

    - pour, justement, que la première ait de la valeur.

    - pour, justement, avoir la possibilité de ne pas exercer la seconde.

    La seconde est le mal, et la première est le bien.

    - Comment continuer de vouloir faire le bien de bonne foi, quand on a fait le mal une fois?

    [Avec D. ce que je donnais (plus rien) était devenu du poison]

    Je ne m'explique pas comment je pourrai un jour me pardonner et vivre avec ça. Comment donner en sachant qu'on peut reprendre, et que je suis capable de choisir de le faire, ce qu'on donne. Donner = pour toujours. Dimension inhérente au fait de donner.

    Je ne m'explique pas comment je peux même oser essayer de donner à quelqu'un d'autre. Quelle arnaque. Quel acte criminel. Je ne devrais pas être en liberté.

    Et je pose les yeux sur l'horizon, si doux, d'une douceur datant de l'époque où tout était encore possible, de cette douceur qui me permettait de relativiser le fait de n'avoir pas les pieds sur terre et de me sentir simplement sereine lorsque je les avais.

     

  • children

    - dis, tu les aimeras mes enfants?

    - bien sûr que je les aimerai

    - même si je les ai avec n'importe qui?

    - je ne te souhaite pas de les avoir avec  n'importe qui!

    - non mais je veux dire, quelle que soit la personne avec qui je les ai, que j'aime?

    - bien sûr, j'aimerai toujours les enfants de mes enfants

    - et si c'est pas mes enfants? si j'adopte un petit chinois, tu l'aimeras?

    - heu... oui, je l'aimerais, de toutes façon je sais bien que ce n'est pas la dernière couleuvre que j'aurai à avaler

    - tu veux dire qu'aimer mes enfants ce serait avaler une couleuvre?

  • Jawad café

    Ne sais pas ce que je veux, ai envie d'écouter encore l'éloge du temps et de la vieillesse. j'ai pris un sale coup, comment le convertir en message. c'est déjà fait. j'ai besoin de rester planquée, de décrocher 5 minutes, de ne pas relever mes engagements, de poser un lapin demain, de me porter pâle. de ne pas rendre de comptes à personne. il faut faire attention à ce que l'amour ne se noie pas dans d'autres considérations des preuves immédiates, tout tout de suite, arrêter la terre de tourner - démêler les fils!

    Post-Dash période, étrange bousculement, en fait s'abrutir, il y a des gens broyés, qui réussissent à se faire mettre

    -"Si j'ai une chose à repprocher, c'est le fait que tu aies pris les décisions avant de mesurer"

    Je lui ai dit : j'ai mesuré, mais c'est comme quand tu sautes dans le vide, tu le mesures pas avant mais tu sais que c'est le vide, mais tu repousses la gestion de la chose à plus tard.

    Je suis, alors, restée dans le bar à terminer ma bière.

    J'ai très peu de souvenirs, c'est même étrange à quel point il me faudrait

    il faut me baillonner

    que la police m'arrête

    qu'on me mette sous perfusion

    qu'on me scotche les yeux

    - Je ne veux plus voir le regard de personne ni avoir besoin de parler, de me justifier, de m'expliquer

    - Je n'ai plus de système respiratoire

    - On essaie de comprendre ce qu'il se passe, de résoudre les choses

    LE CERCLE EST UNE BÊTISE

    heureusement qu'il y a l'extériorité

    l'imagerie cérébrale est partie

    goûte à goûte

     

  • de l'or

    absolument pas le temps d'avoir compris cette soirée de mardi soir - j'ai démissionné, j'ai videoconférencé, tu as appelé au téléphone, j'ai raccroché, j'ai baffouillé, j'ai raccroché, je suis allée à table, tu as sonnée, on a toutes mangées là avec le regard brillant.

    j'ai fait le panda de très longues minutes!!!!!

    tu m'as laissé faire.

    i-nou-bli-able, un trésor.

    j'ai vu de l'or à travers

    tes yeux, tes gestes

    les goûtes de pluie sur ton ciré.

  • con-fu-sion

    CON-FU-SION

    marche et broie du calcaire, prend des décisions

    à l'aveugle

    eve vient de démissionner.

    à l'aveugle - on les prend pour elle

    ne peut pas mourir, ne peut pas faire un pas, n'a même plus le temps de pousser un mot devant l'autre, ni de nommer

    maintenant, on lui repproche de ne plus savoir, de prendre 5 minutes

    qu'elle ne prend pas, la tête branlante sur le carrelage et les bras relâchés,

    on l'encourage,

    ne SUPPORTE pas le regard et les vexations partielles, l'éducation populaire.

    ras le cul.

    la terre est arrêtée depuis dimanche 1er novembre.

    l'étoile mâchée retombe à terre et s'enfouis

    et foule sous les semelles molles

    morues qui toutes se tournent d'un même mouvement vers les moulins euphémiques.

    je me marre.

    quand j'avais sept ans,

    j'ai dit à ma mère

    amène moi à la mer et mets moi sur un bateau,

    des espadons argentés électriques!!!!

    si l'eau devait sectionner mon esprit, si l'eau devait couper ma vie, me libérer, je m'en fous!!!!!

    quand j'avais sept ans

    mon père m'a dit

    mais tu sais pas nager!!

    et j'ai jamais plus rêvé de la mer.

     

     

  • menthes gelées

    bourbon et sable

    tout à l'heure, les menthes gelées

    sont tombées sur son corps de nouveau

    avec rage, il a tenté de trancher dans le vide,

    refaisant dans sa tête ce schéma de son propre bilan ;

    se préparant au deuil pour ne pas avoir à le faire.

    Le vent dans les graminées semble déjà loin, L'ETERNEL RETOUR AUSSI.

  • malagar

    Double réveil qui masque,

    pantoise, l'éclosion du soleil,

    moite au fond de l'année de peupliers qui plongent

    et courbent le dos de la butte ;

    au sommet de la maison et sa vigne,

    des voix succombent à l'ombre

    des fûts, de l'humidité arômatique qui grimpe le long des bois,

    poutres, et vitrines mortes.

  • elie

    Il a décidé de changer de genre et de technique, mais toujours, il pense, mais elle ne tombe jamais, il ne faut regarder que d'en haut ce trou qui se creuse sous ses pieds, buvant une bière fraîche sans envie en attendant qu'il se passe quelque chose. Même ses poumons ne lâchent pas, il ne passe pourtant pas le coup de fil qu'il a promis. Lui prend le désir de serrer une vieille dame qui sent la poudre dans ses bras, d'embrasser la réussite. Au lieu de ça, il renoue avec des gens qu'il aime pour tenter, dans le présent, de vaincre. Elle lui a dit qu'elle l'aimerait toujorus et qu'il fallait qu'il ne change rien, mais elle mentait sans doute. Il éprouve des choses contradictoires pour la femme inconnue. Elie existe, Elie réexiste, il faut qu'il se dise qu'il vient de naître et qu'il n'y a non seulement pas de gloire déchue, mais surtout pas de gloire avortée. Elie n'est pas un avortement. Elie est au milieu, il a le choix, ou plutôt il ne l'a pas parce qu'il existe déjà. Elie va tellement mieux parce qu'il existe! Il est la bonne solution.

  • absent

    Il est entré dans la pièce, a calé deux bières avant de se diriger vers le salon etde tourner le dos au vomit des chiottes, a dansé collé-serré 4 heures plus tard, a raconté sa vie à une femme très différente et probablement insensible. Et tourneboulé, souffre, cherche des fuites, trouve et échoue. Retour en arrière dans un cadre de porte, contre une armoire, il dit "j'ai l'impression que je vais mourrir" mais ne meurt pas bien sûr, parce qu'après il y a demain. Il a décroché, prend l'avion pour le Sud, a sû se rendre disponible. Il est absent et attend que ça passe.

  • baume vénéneux

    Un simple hurlement

    pourrait sortir

    un simple blanc, une contracture musculaire, fourmillement, brûlure triangulaire.

    Genoux concassés, yeux qui pointent!

    tu ne peux pas

    me prendre.

    Une douce chaleur, celle qui pense et desserre la tenaille qui serre mon front,

    celle qui perd et plane,

    hisse le pavillon

    je rêve.

    Je rêve, j'ai mal, j'ai si mal.

    Je reste immobile.

    J'attends la glace ou un peu de fraîcheur,

    de baume : une plante vénéneuse.

     

  • paz

    Les choses ne sont pas à leur place,

    elles n'ont pas de place

    elles ne bougent pas

    elles bougent

    des ailes leur poussent

    des racines, des griffes, des dents

    elles ont des yeux, des ongles, des ongles,

    elles sont réelles, elles sont fantasmes, elles ont un corps

    elles sont ici

    elles sont intouchables.

  • tribunal

    Eve se balançait autour d'un étang

    Pierres Carnassières

    Oeillades Electriques

    Vacarmes Harnachés

    Panique de Singes

    Marge Taciturne

    Fente Tremble

    Lèvres, front indéchiffrables

    Tissage irréfutable de raisons

    Jointure aveugle de pierres

    LE TRIBUNAL CONDAMNE CE QUE J'ÉCRIS

    LE TRIBUNAL CONDAMNE CE QUE JE TAIS

    LARGES ÉPAULES DE CE MONDE

    bourré de raisons enemies

    porte, porte condamnée.

  • perplexité

    Eve aux textes de verre,

    se lève ce matin avec la même perplexité

    sans la force de mentir ni de mordre

    ni de narrer, ni d'ouvrir les yeux

    pour en laisser sortir ce qui en sortirait sûrement.

    Eve ne peut se montrer

    Ni ne peut bouger, ni répondre

    Eve Bouche-cousue

    et, sadique, avoue à demi-mots et frappe plus fort

    Eve-il-manque-une-case

    Evinvalide

    Evenlutte

    Ne ressent pas délectation aucune

    Fait de la double négation, se partage

    Fait l'étoile en privé, ou le christ caché

    Quémande et, le lendemain, aimerait s'endormir.

    Adulte, elle se couvre de bijoux.

    Aimable, elle charbonne de l'intérieur.

    Double, elle prend la fuite.

  • bar-que

    Eve de bon matin, des siècles plus tard ;

    oscille toujours et tente.

    Eve sur une barque qu'elle n'arrive pas à remettre à flots,

    Eve sur une barque percée, sur une barque trop légère.

    Eve a honte. Elle rame de toutes ses forces mais rien n'y fait.

    ***

    Elle pousse la porte et reconnaît Sandra de profil, se détourne car n'ose pas regarder et traverse le groupe d'amies, les regards posés sur elle, sans les regarder.

    mais soudain des mains sur son épaule et de la chaleur, des sourires et les accolades.

    Dubitative mais très émue, elle en profite mais se rend compte avec horreur qu'il s'agit d'un malentendu et qu'elle est toujours aussi enfermée, seule à savoir les raisons et l'issue.

    Elle s'enfuit, n'ayant pas le courage des les détromper.

  • fenêtre

    Eve qui cherche dans la longueur, qui laisse la vitre ouverte et sa cage torassique.

    Tente de retrouver son âme parmi les couches de vernis, fait oeuvre de persuasion.

    Tente pour la première fois d'oublier, d'éviter une nostalgie qui en est une dénaturée,

    à la lumière des torches elle regarde les ombres dedans et la lumière d'une autre horaire par la vitre

    qu'elle a paisiblement posée à côté de son lit, sans savoir si c'est pour se rappeler que c'est possible ou pour éprouver que ça ne l'est pas,

    ou simplement pour noyer le doute sous un écran de fumée, de brume ou de vapeur d'eau,

    Eve ne croit pas la cendre parce que d'expérience le monde ne se consume pas au même rythme,

    elle essaie de se convaincre de la permanence du rythme et ne regarde surtout pas les mouvements sur sa gauche, la vie par la fenêtre,

    elle ne veut pas manifester le moindre tressautement de sourcil, de cil, le moindre doute,

    qu'elle ne ressent d'ailleurs pas, étant elle-même, toujours il y a un atroupement dans la rue en bas, des êtres vivants,

    eve ne peut pas mourrir parce qu'on lui en voudrait et elle n'en peut plus qu'on lui en veuille, eve ne peut plus bouger ;

    il est 15h par la fenêtre, elle ne sent plus les odeurs parce que tout ce qu'elle peut exprimer de négatif c'est de la fumée de cigarettes ;

    elle aimerait être une orphèvre, mais elle ne sait pas,

    porter un masque ou une cape,

    fermer la porte, mais elle ne peut pas,

    Eve visible, Eve visible, Eve a le souffle court.

  • défragmentée

    Eve obsédée par le retour du même

    Eve hystérique ou impuissante

    Eve la langue

    Eve la gravité

    Se prend les pieds et meurt

    Se prend l’apéro et meurt

    Se prend d’affection et meurt

    Ne se prend jamais une baffe, ni des bleus ;

    A décidé de faire autre chose.

    A décidé un soleil neuf.

    A décidé que la force ne lui venait pas d’elle

    A décidé de se couper les jambes.

    A décidé d’abandonner la rime et la chanson

    A fait le malheur d’un monde

    A du noir partout sur son visage

    A fait le bonheur d’un monde

    Eve difractée, Eve défragmentée

    Eve offerte, Eve inexistante

  • vase et eaux

    Oscille entre vase et eau, sur le flanc d'un bord puis l'autre,

    elle verse, se retourne, tremble ; suit le fil et se tord,

    cherche la lumière et s'évapore.

    Elle remonte du fond de l'eau baveuse. Elle chante au vent.

    Elle s'ouvre la poitrine pour rester éveillée.

    Elle reste en surface et pèse la surface à l'aune de son cou,

    elle balade ses tripes entre nénufars et froideurs ombragées.

    Elle respire les fleurs et meurt.

    Elle cherche à réactiver son organisme, elle marque la cadence, elle attend que le soleil tombe et le vol des grues.

    Elle attend le lendemain, se poussant à droite puis à gauche, ne sachant pas.

  • possible?

    Peut-être que c'est possible, ce matin au son des marteau-piqueurs, la queue des nuages, peut-être, cache de l'optimisme et ton souffle pourrait me remplir sans que je m'en rende compte;

    une autre vie, un bonheur peut-être, un déplacement ;

    sans doute faut-il accepter de comprendre qu'il n'était pas où je voulais qu'il soit. Paris neuf, Paris neuf, c'est vers là que tu rentres et non Paris désert.

    S'emballe, si seulement tu arrêtais de tout obstruer, ton souffle par exemple!

    Le monde change, finalement, tu sais que ce n'est pas toi qui le fait tourner.

    On peut faire des projets partout, et tu peux louper ta vie dix fois et la retrouver dix fois, au grès du souffle de quelqu'un.

  • cercle 3

    (au dessus du cercle)

    IL SUFFIT POUR UNE FOIS QUE TU RAISONNES THÉRAPEUTIQUE.

    LE PROBLEME TU LE SAIS, EST QUE TU NE TE PARDONNES PAS.

    PERSONNE NE TE DEMANDE DE TE PRIVER DU VENT.

  • cercle 2

    (au dessus du cercle)

    TU NE SAIS PAS

  • Cercle 1

    (au dessus du cercle)

    ESSAIE DE VOIR AUTRE CHOSE

    CE N'EST PAS UN SPECTACLE // IL Y A DE LA CIRCULATION

     

    (au dessous du cercle)

    TU VOIS BIEN QUE C'EST PLUS GRAND ET AVEC TOI

    TU VOIS BIEN QUE TOUT NE SERAS JAMAIS LA

  • avant les cercles

    Cruelle! Il faut que tu retrouves ta volonté, et que dans un creux meurent, foulés au pied et les dents arrachées (je ne peux pas me spliter en quatre),la suite ou le passé ; le début d'une histoire qui vit, tellement pareille et tellement la vie. Il faut que je me rende et je ne le veux pas, encore arrachée, encore incapable, encore dénaturée, que je me restitue à ton nom, encore, du haut d'une tour de carbone ou sous le gel. Je crois, je crois! mais cela tinte à mes oreilles et me pique les côtes, me tire de part et d'autre, peau du dedans, peau du dehors qui discordent et jouent toujours à la scie musicale, Eve la tortionnaire et la troubadour.

    Mais soudain la lune et doucement s'endorment les insectes et le bruissement des terrasses, et meur mon propre assoupissement - le nez levé, traquant la moindre chance dans le ciel noir.

    Je suis affligée par ma ténacité et ma longévité - si seulement, du bout de mon ongle, je pouvais la leur offrir, à tous ceux que ça importe, un bonus de temps, de peau, de chance. Si seulement mon amour pouvais prendre cette forme purement extérieure et utile - le bonheur d'un vers, d'un gland, d'une vieille dame, d'une biche, ou d'un saumon! what a waste, what a waste, what a waste, eve, que ce que tu fais pour le monde soit tout tourné vers toi - s'ouvrir le torax!

    Je n'ai même pas perdu les fleurs, je n'ai même pas perdu la marche au soleil, je n'ai même pas perdu mes globes occulaires, je n'ai même pas perdu mon destin, je n'ai même pas perdu le droit d'être japonaise.

    Je n'ai pas de clef, je n'ai pas l'orthographe, ah, saligaud! Mais c'est odieux. Quelle solidité a donc la trick e l'épreuve? (l'histoire le montre, inutile de se tourner vers ce côté-ci).

    Je ne peux plus me tourner vers l'amour - je m'y tourne comme vers le reste, sans rachat! [la plus grosse surprise] [le reste eut été l'inverse]

    Eve ou l'amour. Quel ennui. Eve ou la morale, ou la volonté, ou le destin, quel ennui. Evve sans épreuve, comme tout le monde, occupée jusqu'à la retraite. Eve à la retraite et si loin de la fin. Va devoir chercher du neuf dans son rire, trouver du cristal, trouver la paix dans son nouveau coeur, convertir, convertir et faire taire, tasser, pour que dans un creux meure, foulées au pied et détruites toutes traces de eve. Va devoir se dire sans relâche (ah, sans relâche!) que c'est possible, que ce n'est qu'une question d'endurance et de ressources, va s'assoir sur ses ressources.

    EVE NE VOULAIT PLUS JAMAIS TENIR UN TEL DISCOURS

    Va devoir s'arrêter de se tromper et de rabattre ce qui se passe, se taire, se taire, se taire. dessolidariser les choses. Laissez-moi derrière vous. Laissez-moi derrière vous. Va devoir se tourner vers les autres. a besoin de quelqu'un. Va commencer de nouveau cette bataille là. Va devoir arrêter de rabattre le présent et de parler de vieilles batailles. Va devoir gagner du fric pour aller chez le psy. Devrait faire l'effort d'écrire sur un autre être vivant.

  • mouches

    Je n'aurais jamais dû. Ce jour, où je me trouve couverte de mouches dans l'herbe qui, pourtant, je le pensais, m'avait accueillie, je suis au bord de me traîner par terre pour te supplier de me reprendre, de revenir, de me pardonner. J'ai coupé chacun des fils, de chaque côté, je me suis effondrée par terre, et je suis maintenant couverte d'insectes, inerte. J'attends à nouveau que les heures passent. Ca je ne le voulais jamais plus.

    Eve, renversée sur le dos, le ventre ouvert aux insectes. eve gonflée et putride. Eve soliloque. Eve aux pieds gelés, aux lèvres tuméfiées ; Eve sans salut, semeuse de troubles.

  • impossible 2

    tout ce qui est impossible ne l'est qu'à temps que ça ne le soit plus

    tout ce qui est eve ne l'est qu'à temps que ça ne le soit plus

    eve n'est déjà plus sur son champ de bataille,

    elle combat dans le vent.

    Eve se suit, elle n'est pas laissée derrière. Elle est toujours avec elle.

    Le champ et la chaise son vides.