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Anastasia Jr - Page 3

  • Sardines

    Une inexplicable pression la pousse par le bas des reins en avant, par le dos, par l’estomac et les tripes, par en bas et devant, comme si un aimant (en de ceux en fer à cheval très puissants) avait été caché dans une des sardines mangées en amoureuses à midi,un aimant dans l’une, un aimant dans l’autre, et la nécessité de réunification devient biologique et s’exprime par des gargouillis intenses et préoccupants, impossible de faire quoi que ce soit d’autre que s’asseoir agrippée à la chaise en désespoir de cause, parce qu’il faut travailler, c’est la phrase impersonnelle que l’on répète à tire-larigaut pour se donner du cœur à l’ouvrage quand justement le cœur est ailleurs « allez, chérie, il faut travailler (sous entendu « parait-il… »). Bref.

    Bien rentrée de Baltimore-j’adore, sans avoir fini comme prévu le travail sur Bergson, bien qu’ayant des tonnes de notes (et une compréhension de plus en plus floue) sur M&Mémoire. Horreur, déjà 10 jours avalés rien que par ça. Aucune discipline, hein. [M. j’ai bien reçu ton texto ça m’a fait beaucoup de peine pour toi] Il a fait froid et il a plu, on s’est gelées les miches à Philadelphia, mais on veut y habiter plus tard, moi pour les usines rouillées et le côté cracra de la ville vieille-côte-Est-industrielle ; je l’aime bien depuis l’avion aussi. Ici il fait 25, ça change de la neige de Philly. On a eu un gros 4x4 toyota juste pour nous ce week-end, so american, et j’ai pu faire ma cure de café filtre jus de chaussette que j’aime trop (et de nachos aussi), et de travail aussi. Et L’AMOUR, oh man, ça déboîte (surtout en 4x4). Cette fille abat une quantité de travail incroyable et regagne chaque jour mon admiration éternelle, et en plus elle est vraiment très très cute et a le sourire le plus lumineux de la terre, et en plus elle m’aime d’amour, rhalala que demande le peuple. Et là il y a tellement de soleil que je peux porter bêtement mes ray ban dedans au risque de me faire réappeler ‘chip’ tout l’été. Trop tard.
    Mais je dois retourner à fréderick worms ou Philonenko,
    A moins que je n’aille rattraper ma nuit blanche de décalage horaire
    Mais non !
    Je dois m’occuper du dossier pour Villetaneuse aussi
    Je viens d’avoir la confirmation que 800$CAD font bien 513€, misère…
    Bref tout ça.
    N’oublie pas de finir de recopier « The mark on the wall » de VW

  • discordance: départ et retour

    Départ tout à l'heure (Baltimore, encore, j'adore) et retour à la réalité (ce qui ne va pas ensemble, en général on part à Baltimore rejoindre le fantasme quand on fait une overdose de réalité, mais là j'ai pas eu le temps de m'y remettre depuis le salon, à la réalité)
    Sans transition c'est fou l'impact affectif qu'a ma boss de la bibliothèque sur moi (je lui disais justement que ma prof acariâtre avait une impact affectif/philosophique fort aussi sur moi alors qu'elle était tellement glaciale, qu'un éclair de quart de sourire faisait fondre mon coeur philosophique -mon admiration à son comble- tellement plus que celui constant de quelqu'un charmant tout le temps, et je lui disais "voilà, voilà qui illustre tout à fait ma relation complexe avec la transcendance" cette prof fournissant de la transcendance à plein régime et fullfilling my need. Donc il suffit que je papote 1h avec elle, ma boss, pour que ça me reste comme une odeur dans le nez toute la journée; je ne sais pas à quoi c'est dû, transfert, transfert, eve, il faudra grandir un peu et arrêter de dispatcher tes affects arbitrairement comme ça. A part ça: JE NE DOIS PAS RATER L'AVION ce matin. Quelle merveille, en outre, d'avoir le soleil levant qui perce droit dans la fenêtre. D. m'a dit: n'oublie pas de bien regarder les nuages pour faire partir ton angoisse et débanaliser le fait de venir. C'est vrai. Mais y en a pas! ostie, je ne dois pas rater cet avion. mais qu'est-ce que je fous encore en pyjamas? J'ai faim. C'est comme quand j'appelle mamie le soir et qu'à force de me faire l'inventaire de toutes les merveilleuses choses qu'elle s'est cuisiné dans la semaine elle me fait sortir de mon lit et aller rôder dans la cuisine, oubliant que ce n'est que ma cuisine où bien sûr il n'y a rien, et me faisant ressentir à chaque fois plus vivement et douloureusement l'équivocité du mot cuisine et par extension d'un certain nombre d'autres choses.
    Voilà!
    Rien de plus

  • patti

    http://www.youtube.com/watch?v=iPVMYDrbrCo

  • Mass

    Ma paroisse est vraiment la meilleure (nananinanè-re), ils sont fous, ils sont en train de faire la messe dans la rue!! (et m'ont réveillé à 8h avec le micro "un deux un deux trois sept") (et là "hosana, le mal et la mort sont vaincus par le christ" bordel.). Il devrait y avoir des concours de messe comme des concours de vaches ou de lapin: la mienne est la plus grosse et la plus belle et celle qui fait le plus de bruit. Aaaaah mon dieu. Il ont même une trompette (je vais fermer la fenêtre). Ils vendent des brins d'herbes.
    Temps radieux mais je dois lire, hier temps pluvieux et j'aurais dû lire -j'ai un peu de mal- il faut que je pense à d. qui travaille, allez, concentre toi. "l"unité de la personne est chose douteuse". Oh my god, ils chantent sur un petit air "no-tre pèr' qui êtes aux cieux nanananana-na que ton nom soit sanctifié nanananana." Bon: que faire.

    J'oubliais: Il FAUT que quelqu'un d'autre que moi lise LA MAISON DANS LES TENEBRES de Tarjei Vesaas.

    Il y a les croates d'en face avec eux et "c'est le fait de vouloir connaître Jésus qui nous rassemble, ou de croire en lui".

  • condition

    fatigue, fatigue, transition, some décisions shall be taken concerning my immediate future. La condition d'être humain qui travaille est une cinécure par rapport à la condition de eve qui existe -- je me faisais la réflexion dans le metro que pour une fois je n'avais pas le sentiment que j'allais bientôt tomber à genoux écrasée par le poids de tout et la flemme d'exister et de gravir cette montagne immense que la condition de eve m'impose (sentiment dont papa est mort, celui de devoir être extra-ordinaire et d'avoir un destin de demi-dieu -ou d'être humain pleinement réalisé, ce qui est pour le moins fatigant et difficile, et pesant si on n'a pas le choix et la flemme.)

  • toute la semaine

    Salon du livre, salon du livre...
    Inventaire hier pendant 12 heures dans le hall non chauffé, je suis rentrée gelée dans mes os. Au moment même où je pourrais me réveiller pour travailler un peu. Du coup seul mon stress s'est réveillé (ou ce qui, aussitôt réprimé par le salon, s'est converti instantanément en stress). Repassage.

  • Preuve

    A l'occasion d'une conversation en english-chinese au restaurant (chinese justement) l'autre soir, je vois bien que ce qui fait MON problème c'est le fait que:

    -je ne remets pas du tout en question mon interprétation de "daddy's death"
    Ca se fonde dans la relation fusionnelle qu'on avait
    Cette relation fusionnelle n'est elle-même pas remise en question (je ne le peux pas)
    Alors qu'elle est probablement idéalisée dans mon romantisme de petite fille,
    Et radicalisée par le renversement radical qu'elle subit vers mes 10 ans puis sa mort.
    Bref je pense, et je sens que c'est ancré affectivement profondément en moi, que lui et moi on était pareils, qu'il n'y a que moi qui pouvait le comprendre etc., donc qu'il n'y a que moi qui comprends réellement sa mort (et donc que je comprends réellement sa mort). Mais l'origine de cette certitude (qui en est devenu une authentique autant que si elle était fondée rationnellement) est psychanalytico-affectivo-enfantine et due à un oedipe méga-costaud et à un traumatisme assez fort. Le problème est que c'est devenu une certitude d'ordre compréhensif (je fais ça avec les choses, j'imagine que c'est ma manière de gérer cet amas d'affects).
    Mais c'est faux. Ou en tout cas tout à fait subjectif et d’origine psychologique et n’a auune validité d’aucune autre sorte.
    Mais le résultat est le même: je crois fondamentalement que j'ai raison dans ma manière d'expliquer sa mort.
    Que c'est donc une vérité déterminante - décisive pour conduire ma vie. Décisive au sens où elle engage des décisions.
    Par exemple si je m'explique sa mort par un choix d'autodestruction ou une croyance grossière en un destin ou une malédiction ou whatever; alors comme j'ai ce truc fusionnel avec lui, je me dis très naturellement que moi j'ai le choix d'être comme ça ou non. Ce qui provoque la question obsédante: qu'est-ce que je suis, qui je suis, question dont je dois décider. Question qu'il n'est en fait nullement nécessaire de se poser. Mais si on me le dit (qu'il n'est pas nécessaire de se la poser) je ne le crois pas parce que pour moi la mort de papa fait office de preuve (à cause de ce sentiment de certitude biaisé).

    -Donc le deuxième problème qui découle du premier:
    J'en fait la preuve de ce que j'en conclus pour moi-même, à savoir une espèce de choix entre la vie et cette destruction stupide. Historiquement, Québec compris, à aucun moment cette alternative n'a disparu, je vois bien que j'ai pu choisir la vie et penser être tirée d'affaire. Mais au fond je suis restée prise dans le problème et donc dans la possibilité de renverser le choix.
    Je vois bien que cette alternative s'ancre dans cette évènement "daddy's death" que je ne peux pas m'expliquer autrement que ma manière de l'expliquer par un destin d'autodestruction, un échec ou un accident (a mistake, autrement dit une auto-illusion), qui me pose dans la même possibilité de réussir ou d'échouer à mon tour. Mais finalement, comme j'ai un peu de cerveau je doute et je ne sais jamais s'il s'agit de ça ou si je me trompe à mon tour (parce que je ne sais pas si lui il s'est trompé ou non). Et j'attends un MESSHIA pour me le dire, dixit d. Ou alors sans oser mettre une décision en acte, au cas où la réussite et l'échec seraient du côté opposé de ce que je crois. Finalement si on se demande pourquoi je me pourris la vie avec des questions sur l'essence, c'est très bêtement les circonstances, un évènement, la confrontation avec cette mort choisie qui provoque et implique ce questionnement de type "qu'est ce que je suis, qu'est ce que je dois être", puisqu'il s'agit de vivre ou mourir et d'avoir le choix de la manière.
    C'est stupide de réaliser que c'est ce bête évènement qui a tout radicalisé et fixé et qu'au lieu de m'en proposer une explication, j'en ai fait la preuve de l'explication que j'ai projeté comme un déroulement objectif en amont de l'évènement en question.

  • dernier Lynch

    Du pur Lynch, 3h de film intense et décousu mais il aurait été tellement mieux s'il en avait coupé la moitié, en gros c'est la différence qu'il y a entre Les amants du Spoutnik et les autres romans de Murakami, dilués dilués ! C’est le génie de l’agencement et du rythme qui fait pour une grande part la qualité. Mulholland drive est plus ramassé, plus incompréhensible aussi, parce qu'il y a moins de choses explicitées et davantage traduites par la forme. Il est comme une bille fumée ou essence avec lesquelles nous jouions, ronde, brillante, magnifique de couleurs et d’opacité variables, avec une nébuleuse infinie à l’intérieur. Inland Empire perd un peu ça, il est davantage déplié, mais son caractère décousu ne le rend pas moins compréhensible parce qu’au contraire les liens sont plus visibles, explicités, Lynch nous montre les coutures décousues au bord de chaque parcelle. Enfin c’est le sentiment que j’ai eu. Du coup on dirait qu'il n'a pas pris la peine de réduire son film au strict essentiel, en gros : plus éclaté, donc plus de liens, et surtout plus manifestes. Ceci-dit vu le champ thématique que recouvre le film (David, il faut choisir parfois! sinon on refait toujours le même film, de plus en plus complexe mais le même, simplement gonflé de l'intérieur) il aurait été difficile de ramasser sans sacrifier une ramification ou deux. Merveilleuse scène de la mort de Nikki les yeux illuminés dans la lumière d'un briquet tenu à cette fin par une sdf "it's okay sweetheart, you're dying that's all".Toute la fin est très bien, les couloirs verts avec toutes les portes etc, dommage qu'on veuille tellement que ça finisse, pour pisser ou manger ou autre, d'ailleurs on commence à se dire ironiquement (c’est mauvais signe) que ça ne pourrait jamais finir, qu'il pourrait continuer à l'infini. Ca c'est le problème, quand le film ne tend pas, dans son sens) vers quelque chose (puisque là on ne sait ce qui est hier ou demain) mais n'est qu'une explicitation, on peut la gonfler ou la faire varier drastiquement et totalement par des ajouts même minimes (le tout change de sens à chaque ajout) à l'infini, et on a le sentiment finalement que la fin n'est pas ce qu’elle devait être mais n’est qu’une fin, que son rôle est d’arrêter la contingence du sens. Et que le film aurait pu finir à tel ou tel moment avant (pour notre aise dans ce cas) et avoir un autre sens, que ça ne tient à rien, qu’il aurait suffit de le choisir. Il n’y a pas d’appel de sens dans ce film (dans Mulholland Drive oui, ce sentiment tient à la forme ramassée en deux temps –miroir- qui force la recherche du sens –l’un par l’autre-. Mais cette mise en forme n’est elle-même que le reflet des choix –évincements de potentiels sens, réduction de la contingence, ou du moins périmétrage.
    Mais encore une fois, tellement beau et bien filmé, une merveille.

  • glace

    Récupération du mois de décembre.

    Son regard, ourlé de givre par le vent, se posa finalement le plus loin possible, sur le pont. Quelques minutes de marche d’approche et sous ce qu’elle prenait pour un nuage de brume énorme se gonfla, effectivement brumant et broyant (de loin), tout un renflement de glace et de neige grise. De quoi vous passer l’envie de mourir, se dit-elle. Le pont enjambait le canal de biais juste à l’endroit où le Saint-Laurent de minuit, dans ce qui semblait être sa plus gigantesque crue, plongeait dans la terre. En s’approchant, bien sûr, on voyait bien qu’il ne faisait qu’un coude, suffisamment droit pour que de loin il semble disparaître, si ce n’était les échos lointains des grondements (ou pour elle dans le silence dramatique qui accompagne, dans notre représentation, la lenteur d’une coulée de lave). Tout un magma de neige et de glace au débit ralenti par la masse. Impossible de saisir un bloc à l’oeil –c'est très pénible, au moment où votre regard a besoin de se fixer pour comprendre/le mouvement!- quand pourtant le courant semble arrêté -c’est le temps ! c’est le temps ! dont l’épaisseur laisse sentir le flux et oublier le cours. Ah, se dit-elle, ne te laisse donc pas aller à formuler des phrases comme ça !- Et ce pont qui de loin semblait traverser n’est en fait qu’une rampe le long du canal : le fleuve, de plus près, est très loin de quoique ce soit qu’on puisse traverser, il en semble plutôt la limite. Elle nota l’extrême convenance de la température avec le paysage, avec l’assoupissement de la ville, l’assourdissement de ses pas.
    Je ne savais plus pourquoi elle était là, je ne me souvenais plus des circonstances, de tout le contexte évènementiel qui l’avait poussée sur ce versant glissant. Ah, tout disparaît effectivement le pas franchi. Elle attendait et s’attendait à tout voir passer sur ce fleuve, un château de glace, un bateau-canard ou le bateau bleu, le bateau-cygne: des plaques de glace d’une taille impressionnante se laissent avaler par le remous et ressortent des kilomètres plus loin indemnes. D’autres sont déchiquetés et partent en volutes de fumée.
    C’est le bon endroit : tout pèse, la neige couvre de sa pression légère mais ferme ce qui d’habitude pourrait s’élever. Les deux pieds bien au bord, oscillant entre une transposition impossible et une simple imprégnation atmosphérique, elle commença à essayer de soupeser des valeurs, de faire des calculs (faute de sentir), d’évaluer, quoi. Mais sans elle (sans ce qui donne la valeur ) c'est difficile -c'est pour pallier à ça quelle est là alors vas-y, calcule- (justement c’est le moment de voir s’il y a une valeur en soi, sans toi). Oui c’est pour ça qu’elle est venue, au fond, en quête d’un lieu où tout pèse de manière manifeste, en quête d’un endroit si propre et terne –étain- qu’il puisse être le reflet -ou la lucarne- d’une expérience intérieure (où les différence se fondent dans un écho parfait, sans tain -le bout de l’asymptote !-…)
    Toute cette glace si matérielle. L’air est immobile et transparent –évidemment- et, comme le vide, ne conduit pas le bruit (il est donc intérieur ??). Ces blocs qui ont passé l’hiver figés et dressés, solidaires et brisures vers le ciel, fouettés par la bise et les particules. Gris-eau, pas forcément sales, non, gris de sale augure et de violence, gris transparent de glace-piège en dessous de laquelle on voit (mais on ne sort pas), grise-opaque de printemps tardif.
    Il y avait foule grincements dans l’air, l’industrie battait son plein juste derrière elle dans la rouille. Elle resserre les liens de sa capuche et de sa tuque, enfonce plus profondément son casque et se concentre sur les paroles de la tune : « everything you can think of is true ». Ainsi elle n’entendrait plus ses pas, plus la glace intérieure ni extérieure, plus que celle de la tune.
    Elle lève la tête –le train… !! Celui de l’usine, là, dont les phares s’allument, dont les wagonnets foncent dans les tracks rouillées au dessus de sa tête, dont le vrombissement n’arrive pas sous les 3 couches de tuque; pourtant elle se met à courir.

  • vincennes

    Finally un peu de retour de magie ce soir, déjà ce matin propice mais ça aurait pu basculer, une bonne promenade au crépuscule sous de radioactifs nuages vous remet les pendules à l'heure. Longue route sinueuse dans (qui a l'air hors de) paris au milieu d'arbustes morts, un peu désolés mais vaste et presque silencieux, au loin les réverbères et plus de sens de l'orientation (les hommes sont censés en avoir pourtant?!?). Pas de canards, pas de biches ni de poules, pas de relief, presque pas d'eau, un vague lac peu profond qui a dû geler (je racontais justement à Buytendjik l'anecdote des poissons du Lac des Castors qu'ils avaient oublié de sortir l'hiver et qui sont remontés au printemps ventre à l'air -comme les chevaux de Malaparte- devant les enfants. Dégueu.) parce qu'il restait une pancarte "ne pas marcher sur la glace". A part ça acalmie du côté du moral, sans que l'horizon ce soit ouvert je suis moins rabougrie. Il faut arrêter de fumer dehors pour retrouver les odeurs. D. me dit "happy New York" alors que c'était samedi dernier, quand elle ne voulait pas me parler et peut-être me larguer, que ça faisait un an qu'on était sur les marches du MET. Au retour de vincennes je me parlais toute seule machinalement "c'est comme si on était à new york ensemble sauf que je suis à paris sans toi, c'est la même température sauf qu'il fait 15 degrès de plus, c'est le même bruit ou la même odeur sauf que non pas du tout mais c'est pareil" en marchant rue des Pyrennées. C'est que j'ai dû, un petit moment, me sentir libérée des pressions diverses intériorisée dans Paris. Merci la balade, de l'air, de l'air! il ne reste qu'à lire tarjei vesaas, trouvé inopinément à la bibliothèque municipale du coin. Je n'écris plus mes rêves.

  • l'état de la nuit

    Bref tout ce développement sur David n'est qu'une pédante digression par rapport aux problèmes de la nuit, quoi.
    j'ai une sale tête toute cadavérique, j'ai mis un bob pour me donner de l'autodérision
    j'ai changé le sceau sous la fuite
    si seulement j'avais pas cette saleté d'autodestruction
    elle a dit que c'est parce que je dois pathologiquement produire des divisions (ici elle est radicale: à garçon/fille correspond 2 futurs et 2 eve), et de préférence dans moi, que je suis tombée amoureuse d'elle, et que donc ce n'est pas un vrai amour mais une dérivation de ma petite névrose.
    Je ne dis rien, je n'en sais rien, pourquoi je suis tombée amoureuse d'elle, on peut spéculer longtemps mais le résultat est le même. De toute façon c'est toujours par névrose qu'on tombe amoureux -à cause de ses manques, de ses tendances, ou pire. Alors oui, peut-être, mais voilà, le résultat est tel et il faut partir de là.Il est non négociable, donnée originaire. Là.
    Je ne perdrai pas mon temps à savoir pourquoi elle est amoureuse de moi -j'aime mieux pas
    Elle m'a demandé comment je ressentais, concrètement, la contradiction, c'était très embarassant (euh, dans mon corps, dans mes désirs) -elle s'en est rendue compte et a dit "je ne veux pas savoir". eh oui.

    Fin de journée vaseuse, tisane pour éviter le scotch, soupe chinoise, Saul Below m'énerve un peu, j'ai commencé mais arrêté aussitôt Merleau-Ponty parce que je comprenais tout existentiellement vous savez quand tout un réseau s'allume comme une trainée de poudre où vous comprenez le sens caché de tout directement adressé à vous, qui donne envie de chuchotter. Il ne faut pas que je travaille comme ça, on a dit: pas de coeur dans le mémoire.

  • David, mort de Socrate, archipel et téléphone

    youpi maman found le troisième tome de l'archipel du goulag. Que du bonheur (!).

    Une nuit blanche, encore, cette nuit au téléphone. Des problèmes, j'ai même plus d'énergie pour entrer dans les détails. C'est dur, cet amour avec mon amour -mon identité sexuelle et culturelle de merde qui ne suit pas et m'empêche de parler puisqu'il faut que je m'empêche de le dire! (et moi quand il y a quelque chose que je ne peux pas dire je ne peux plus rien dire) Alors ça s'empire. record: 9h au téléphone skype.
    Au milieu, une incongrue digression sur Socrate et le témoignage -pour expliquer la présence du tableau de David "La mort de Socrate" sur la converture du livre qu'elle doit enseigner à ses étudiants.

    A cette occasion, le rikiki topo ci-dessous qui m'a donné l'occasion de voir un peu mieux qui était David - et Zoran Music (aucun rapport)
    (la question de son étudiante était sur le rapport du tableau avec la révolution française et du coup le rapport au témoignage)


    "A propos de La mort de Socrate de David, 2 choses: d’abord il l'a peinte avant la révolution, en 1987, avant son engagement républicain forcené. Elle ne fait donc pas partie de ses tableaux "engagés" ni même, de ce que je lis, influencés par la révolution, mais appartient à la strate antérieure de son travail, quand il revient juste de Rome avec de l’antiquité plein la tête, bien loin de la révolution. Rome où il se forme dans ce mouvement de reprise des thèmes de l’antiquité dans un style très sobre qu’est le néo-classicisme, thèmes presque toujours choisis dans l’horizon de l’Aufklärung (figure de Socrate-la Raison etc..). Et par ailleurs: le tableau lui a été commandé par un particulier, probablement un genre de marquis (David à ce moment là était riche et mondain) qui comme beaucoup d'autres lui demandaient des peintures de grands thèmes historiques. Donc ce tableau n'aurait, de ce que je lis, 1-pas d'inspiration politico-contextuelle et 2- pas de signification politico-contextuelle.

    le tableau n’est donc sur ton livre que pour son sujet (et non en tant que cette oeuvre d’art là): les raisons que j’ai dit hier soir –le philosophe témoin de la vérité aux prix de sa vie etc.
    bisous

    (1)- Extrait du Grove Dictionnary of art:

    “During the 1780s David achieved a series of brilliant history pictures that are the high-water mark of Neoclassical painting. They have classical subjects of great moral seriousness and an austerity of style in which colour is subordinated to line and both to a rigorous clarity in the presentation of the picture's theme. The Oath of the Horatii (1784; Paris, Louvre), The Death of Socrates (1787; New York, Met. Mus.), and Brutus and his Dead Sons (1789; Paris, Louvre) gave expression to the new cult of the sterner civic virtues of stoical self-sacrifice, devotion to duty, honesty, and austerity which the later 18th century thought to find in ancient Rome. Rarely has the predominant philosophical and political spirit of an age been so perfectly and convincingly embodied in art. (...) is the culmination of this pre-revolutionary phase and is perhaps the quintessential portrait of the Enlightenment.

    (2)Universalis

    « Boucher ... recommanda Joseph-Marie Vien, dont le style sévère et épuré, « à l'antique », commençait à s'imposer. Son atelier était réputé, et devait être l'un des principaux foyers du néoclassicisme français, alors naissant. David y entra en 1766, ...marqué par la prééminence de la peinture d'histoire au sein de la hiérarchie des genres [... ...] Formation à l'Académie de France à Rome, David avait alors vingt-six ans...reviendra de Rome marqué par la découverte de l'antique, qui sera désormais sa source d'inspiration privilégiée. Les cinq ans passés en Italie, d'octobre 1775 à août 1780, ont donc été pour lui déterminants... la seconde moitié du XVIIIe siècle voit se multiplier les découvertes archéologiques et s'approfondir la réapparition de l'art gréco-romain, provoquant une effervescence intellectuelle à laquelle David a été sensible. Plus qu'il ne l'avait fait à Paris dans l'atelier de Vien, il se familiarise alors avec les principes et les sources du «nouveau classicisme ».(...) David revint à Paris précédé d'une flatteuse réputation...la faveur des particuliers, qui lui demandaient portraits et tableaux d'histoire, comme le comte d'Artois, frère du roi (Les Amours de Pâris et d'Hélène, 1788, Louvre), le maréchal de Noailles (Christ en croix, 1782, Église Saint-Vincent, Mâcon) ou encore Trudaine de la Sablière, représentant typique des milieux riches et éclairés de la France d'avant 1789, dont le peintre était proche (La Mort de Socrate, 1787, Metropolitan Museum, New York).

    On a donc dû, elle et moi, voir ce tableau à NYC lors dutremblement de terre de notre re-renontre sur les marches du MET justement.

  • pataquès

    hiérarchie entre l'être-intelligence et l'être-durée ?

    [c'est mon combat ça, la lutte contre une évaluation des modes d'être qui instaure nécessairement une hiérarchie (car la valeur -bien/mal- implique le mieux/moins bien). Ce qui trouve son origine comme d’hab’ dans de l’existentiel, il me faut que toutes mes modalités aient autant de valeur, probablement parce qu’il me faut accepter et non pas chercher à maîtriser]
    en tout cas c'est certain, — le fait qu'il y ait une hiérarchie et donc que la distinction espace/durée intelligence/intuition soit normative : il faut aller de l'intelligence à l'intuition parce que c’est mieux)— pour l'Essai sur les Données immédiates...
    Mais point pour l’E.Créatrice.
    La question est de savoir s'il faut interpréter cette tendance de l’Essai… à la lumière des développement ultérieurs de l'E. Créatrice [qui nivellent les différentes modes d’expérience (intelligence/intuition) en égales et indifférentes modalités de la vie] et auquel cas opter pour une lecture de l’Essai qui gomme la hiérarchie et essaie d’estomper la circonscription du concept de vie dans le domaine psychologique ( en gros : E.C. étend la vie hors du psychisme, hors de l’homme et ce dernier devient simple modalités de la vie et ses modes d’êtres itou. Indifférence.) ; ou s’il faut interpréter l'Evolution Créatrice à partir des présupposés psychologisants de l'Essai.
    Barbaras a tranché ce matin même en faveur de cette dernière hypothèse.Voilà qui est réglé. Ce qui est marrant c'est que c'est la même question que j'ai souvent (pathologiquement et contre tout bon sens philologique) défendu chez Heidegger: le fait qu'il n'y ait pas de hiérarchie de valeur entre authenticité et inauthenticité, 2 modes du dasein -l'ontologie ne connaît pas de valeur. Mais évidemment c'est assez faux du point de vue existentiel, or l’ontologie n’a d’intérêt que pour (ou pensée à partir de) ses conséquences existentielles.

    Par contre pour la scleeerose je ne vois toujours pas. Chez Berg_son il n'y a pas de surenchère de l'intelligence possible, je crois. L'intelligence est une faculté, c'est tout, qui spatialise parce que, de fait, on est confrontés (il faut partir de l’exigence de cette confrontation) à de la matière inorganisée. La spatialisation est le traitement réservé à cette matière que l’on a dans les pattes, et l'intelligence est la fonction qu’a produit la vie pour ça- gérer notre incarnation finalement. Mais il est absurde, et c’est ce que voudrait le thème de la scleerose, penser notre activité d’intelligente de manière « cumulative » : on ne peut être intelligent « plus souvent » ou « depuis plus longtemps », je crois, ça n'a pas de sens (et donc l'idée de scl. me semble impossible à tenir ici - il y a quand même l'idée de procès (de durcissement): une scleeerose s'empire. J'ai l'impression que chez Berg_son ce n'est pas que plus on est intelligent, plus on est intelligent ; on l'est, depuis le début, c’est une faculté aussi originaire que notre confrontation à la matière, on spatialise, c'est tout, et pas de plus en plus. oui on étend le règne de l'intelligence de manière abusive à la pensée, mais cette extension est elle aussi nécessaire à la mesure de la nécessité de la pensée représentative, pour l'essence de l'homme. En plus cette extension est plutôt le signe d'un dynamisme de l'intelligence, qui se libère des choses par l'intermédiaire des signes, que d'une scleeerose. En tout cas ce déplacement de la fonction intelligente est lui aussi originaire —la représentation est originaire chez l’homme, attention il faut comprendre la genèse qu’en fait Berg_son (comme celle d’une dérivation, d’un déplacement) au niveau de la vie comme procès d’évolution des espèces. Pas à partir de l’homme. L’homme est le produit de cette évolution, il est donné avec la pensée par représentation. Cette dernière n’est donc pas le fruit d’une scl./déplacement de l’intelligence chez l’homme, seulement à la rigueur au niveau de l’évolution. Reste à savoir si on peut parler de scl. pour l’engagement de la vie dans la matière ; ça me semble gratuit et bizarre (parce que la scleeerose contient bien cette notion de valeur, étrangère à la vie -anthropomorphisme). Bref (ça va devenir brumeux si ça ne l'est pas depuis le début).

    En outre, par rapport à l'image du quadrillage (projection, sur un réel qui est essentiellement durée, d’un quadrillage spatialisant qui dénature l’indivisible de la durée en le rendant composite) dont on saurait d'abord ce qu'il quadrille mais on l’oublierait petit à petit et on ne verrait plus que le quadrillage, le substituant au réel), je la comprends mal dans ce cas: car Berg_son explique en long et en large que la durée est radicalement hétérogène à l'espace etc. Ce qui veut dire que le quadrillage (l’intelligence spatialisante) dénature fondamentalement le réel et qu’ainsi jamais on ne voit la durée (le réel) à travers l'intelligence (le quadrillage). Ainsi: l'intelligence ne sait pas ce qu'elle quadrille (ne sait pas qu’elle est un quadrillage) et ne peut le savoir. Et ce n'est pas que plus elle quadrille, moins elle y voit clair. Il n'y a pas de scl. en ce sens, me semble-t-il, pas d'aveuglement progressif d'une intelligence qui deviendrait automatique. Elle l'a toujours été; elle a toujours manqué le réel - c'est pour ça, dit Berg_son, que la biologie comme science des parties échoue à penser le vivant: d'une recomposition d'un tout décomposé (alors qu'il n'était pas décomposable) on ne retrouve jamais l'unité originaire. Bref toujours plus brumeux (mais c'est assez clair dans ma tête).
    Oh et puis j'ai certainement tort pour plein de choses, en fait ce genre de raisonnements radicaux et caricaturaux se présentent souvent à moi comme le motif d'une réflexion. Pour résumer: hiérarchie oui, mais pas scl. D'où la comparaison avec Freud: ce n'est pas que plus on est conscient souvent/depuis longtemps, et plus on est définitivement conscient. On est conscient, c'est tout. Et on peut, éventuellement, accéder à la réalité plus profonde qu’est l’inconscient, et on n’y accède pas plus difficilement sous prétexte qu’on est conscient depuis plus longtemps. Le moment décisif est la prise de conscience de cette dimension plus profonde, qui peut se produire ou pas, et ne se produit pas moins si on est conscient depuis plus longtemps (ce qui est absurde parce que ça revient à dire « si on existe depuis plus longtemps). Ce qui serait intéressant à développer en fait justement, c'est le fait que chez Freud il s'agit de revivre le traumatisme vécu dans un passé ancien pour lever le refoulement , et là effectivement plus le temps a passé, plus le refoulement est fort. Ainsi il y aurait une forme de scl., qui serait la pathologie même (le refoulement du refoulement, en fait). Mais en fait non, on ne peut assimiler la théorie dynamique du refoulement à une scl., c'est presque contradictoire (le mécanisme du refoulement est justement l’occultation, ce n’est pas un durcissement/oubli progressif contingent) .

    En fait : Recouvrement n'est pas scl., c'est ce que je veux dire depuis le début.

    **M. me dit hier que c’est dans la Matière et Mémoire que se trouve le thème de la scl.. Je veux bien comprendre comment la mémoire alourdit la structure de l’intelligence avec le temps (cumulatif), mais ça fonctionne seulement dans l’ordre de la psychologie. Si on change de plan, l’homme est simplement fait comme ça pour l’adaptation. Pas de scl. Mais je ne sais pas et ne connais pas Mat.Mém.

  • back from strike

    So I put myself on strike for one week or so parce que cette épouvantable chauviré a commencé à déballer son sac et écrire dans son agenda pendant mon oral et m'a eue à force de bruitages, oral qui est passé de potable à minable dans les 5 premières minutes. Une semaine plus tard de retour de la mer (tempête) j'ai un ou deux trucs à vérifier sur Bergson ce qui fera office de reprise de contact avec la philosophie, délaissée pour cause d'auto-insuffisance. Il me faudra une vie pour me remettre du désabus monumental que me procurent sorbonne et dea. Désabus tel qu'il ne fait même pas tremplin vers autre chose. Je dois donc me le dire et me le répéter: allons, eve, il y a du soleil!

  • futur et valeur

    2 observations, merci V. my love:
    1
    ne faut pas remettre en question une chose à partir d'une autre chose - c'est dur d'accorder à chaque chose sa juste (au sens de rendre justice) place dans la vie, je veux dire c'est dur de laisser chaque chose avoir (déployer, exprimer, émaner) sa propre valeur indépendemment des autres choses
    je veux dire par là, difficile de vivre à plein
    sans parasytage de valeur (de la valeur d'un évènement par celle d'un autre évènement)
    vivre tout à plein
    progresser dans ça, dans le fait de réussir à donner à chaque chose sa propre valeur.
    après, reste à savoir si la notion de "valeur" est relative ou pas; vaste question - certes la chose a toujours de la valeur par rapport à une autre chose,
    mais ne peut-on pas penser une valeur des choses, inhérentes aux choses, en soi?
    On s'en trouverait tellement plus sereins.
    Ou alors c'est l'inverse et il n'y a de valeur que relative, il n'y a que de la valeur, il n'y a que de la hiérarchie (parce qu'il n'y a que du vécu).
    Ca a l'air abstrait mais c'est très concret.
    Auquel cas vivre à plein n'aurait pas du tout le même sens

    2
    d'autre part
    ne pas raisonner en terme de "mon karma", ça met une sorte de fatalisme qui porte au ressentiment
    règne de la détermination
    truc scellé alors que la vie c'est pas ça
    - c'est (chansonnette:)une création continue de nouveauté qui jaillit, avec des revirements sans cesse, création de futurs ouverts
    le futur est réouvert à chaque seconde, c'est même pas qu'il reste ouvert, c'est qu'il est réouvert -opération -.

  • poème

    mon ex DG m'envoi cette perle du poete catalan Arnau Pons Roig

    n'entends-tu pas crisser
    les cordes?
    et le bois peu a peu?

    quelqu'un dans ta poitrine
    bouge
    et tourne sur lui-meme,

    si lentement
    qu'il crisse
    et crisse ainsi
    toute la nuit;

    une petarade, une tension, encore
    tu peux le sentir;

    il te faudra la mort si
    tu veux couper
    la corde.

    "c'est beau, non?" dit-il

    Oui!

  • exam

    je n'ai plus de jus pour cet exam, ni physique ni intellectuel, ni pour me stresser ni pour travailler, ça se caractérise par un détachement extrême et très plat plat, ça ne m'interesse pas du tout, pourtant j'essaie de me stresser mais ça ne marche pas, ce matin je ne fais rien (et viens d'ouvrir la porte sur mon coloc dans les chiottes) au lieu de repréparer mon truc. Rien de rien -je ne sais pas pourquoi je ne suis pas encore en train de dormir d'ailleurs. Je veux des vacances, ou plutôt je veux me mettre en grêve (j'arrive pas à simplement être en vacances il faut toujours que je "me mette" en grêve avec ma névrose de la maitrise des choses grr)

    la psychanalyse, en tout cas, aura été sacrifiée sur l'autel de l'herméneutique biblique.

    règlement de compte avec maman sur sa transmission de la théorie de l'inconscient comme une vérité qui va de soi - ce qui a entraîné cette certitude qu'en moi il y a un autre moi plus vrai que moi mais inaccessible mais un peu quand même par certains biais. D'où ma perpétuelle quête des biais.

  • bultmann

    Il me sera donc exclu de ressentir aucune forme de gratification cette année: vas-y, apprends l'humilité. Remise de mon travail à la si méchante madame bonardel - j'ai fait un contre-sens sur Bultmann - et comme j'avais stupidement respecté cette consigne des 10p. (mais pas assez pour qu'elle ne m'envoies pas chier quand même pour les notes de bas de page et les "caractères microscopiques" time 12) elle ne me l'a pas refusé comme elle a fait à d'autre, qui de ce fait ont une semaine de plus, ce qui m'aurait permis de corriger ce stupide contre-sens découvert pendant son cours, c'est à dire bien sûr 1h après avoir rendu le truc. Ainsi: une chance pour la pire des malchances, finalement. La prochaine fois j'écris 25 pages. C'est dégueulasse (je me suis arraché le cerveau pour réduire à 10).
    Ma chérie a des yeux divins dans cette camera (retour à la camera). it's exhausting.

    C. m'a dit, pour la cuite de vendredi soir, qu'elle me "gratifiquerairai le menton", ah qu'il y a de bonnes âmes dans ce monde.

  • retour

    retour très drôle puisque arrivée à l'aéroport de Baltimore pour le vol pour Philly on me dit: de prendre le taxi parce que l'avion a trop de retard pour que j'attrappe ma correspondance. Hein, le taxi?? A la place de l'avion?? Ce fut la meilleure partie du voyage, un van pour moi toutes seule et un chauffeur adorable qui m'a laissée dormir. Le reste sans problèmes, un peu trop de café qui a fait que je ne pouvais pas dormir ni trop bien lire Wittgenstein.

    il faudra dire à maman que lit "en kit" ne veut pas forcément dire "pliable démontable transportable" à gogo, simplement que c'est moins cher parce qu'on PASSE 3H1/2 A JOUER AU CHARPENTIER montage "à l'ancienne", qu'ils disent... Résultat mon pire cauchemar serait d'avoir à le démonter avant 4 ou 8 ans. Mais au moins si je culpabilisais qu'elle me l'offre j'ai eu le temps de me l'approprier, hostie!

    j'ai dû faire une tour avec ma bibliothèque pour réhausser ma lampe

    bref toutes ces choses

  • Aquiarium

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    Je suis sur le bref nuage de finalisation de travail: j'ai sur ma clef usb le petit Ricoeur tout pret a imprimer pour la gentille madame Bonardel qui va s abimer les yeux sur le tonne de notes de bas de pages que m ont coute la reduction du travail a 10p. tout rond. Timing parfait ou presque, il me reste 6 jours dont 1 dans l avion plus decalage horaire pour commencer et terminer ma preparation sur Wittgenstein puisque c est pour mardi et il fait tres tres beau et froid dehors sur les belles pelouses de Johns Hopkins, on va aller dejeuner dehors (a montreal avec ce temps on serait en short en terrasse - il fait 0 mais la glace fond au soleil).

    Il faut croire que ca a ete l apocalypse a Bordeaux parce que tout le monde s est fendu d un email pour m informer des flocons et du chaos tramwayien! C est tres drole.

    D. a manigance hier soir ma venue a Baltimore pour le PhD avec les profs, ca aussi c est TRES DROLE!! je suis dans de beaux draps le prof en question veut me rencontrer - mais moi je ne veux pas, ni PhD ni quoi que ce soit - quoique ils me paieraient bien - mais je ne veux pas! Pis je suis bien trop timide pour parler au monsieur - apparemment elle a fait valoir que j ai travaille sur JLMarion (qui vient souvent en visite ici) ce qui est a peu pres la derniere chose dont je peux me vanter et qui est au demeurant presque faux, selon ce que "travailler sur" veut dire. Mais ca m a fait beaucoup rire (et beaucoup peur)- je reste planquee au sous sol de la bibliotheque.

    Je ne lis pas de romans et ne vois plus de films, je ne fais que travailler. j avais un roman de Conrad pour l'avion (la coutume, je lis Conrad dans les avions c'est comme ca) et un roman de Saul Below (Seize the day) aussi, qui me deprime atrocement - l'histoire d'un genre de looser qui a le malheur de ne pas aimer l'argent pendant les 30's aux US et tente sans succes de speculer et de vivre dans ce monde ou il se fait "fourer" -comme on dit là bas- rouler, quoi, par tout le monde, c est horrible -le mec on le plaint trop et on le comprend trop mais il est exaspérant d'inaptitude en même temps.

    je ne savais pas que parfois les profs se réjouissaient à la perspective d'une direction de master, j'ai toujours été (et le suis toujours) tres genee d infliger la direction de mon travail et de moi-meme a un prof, voire complexee d'etre une etudiante, c est tres curieux- en fait c est que je pense toujours que les professeurs le sont malgre eux et veulent faire, au fond, de la philosophie entre adultes. -ce que les etudiants devraient, de ce fait, etre pour arranger tout le monde. En tout cas moi ça m'arrangerait.

    j'ai beaucoup de mal a ne pas perdre, salir, ou ecraser mes lunettes.

    on a ete a l'Aquarium, plus grand d'Amerique du Nord disent-ils. Requins qui tournent, raies qui volent et dauphins qui sautent a volonte (et nagent sur le dos avec un gros canard en plastique entre les pattes !?!). L'idée c'est un seul volume d eau sur 5 etages, on monte les étages d abord autour, puis on redescend a l interieur, en spirale, (D. m'a dit " comme dans la Phenomenologie de l'Esprit"). Toujours l'absurdite des ports americains, pleins de bateaux et de centre commerciaux, d odeurs de donnuts et de musique techno, et le ciel immense sur les gratte-ciels (tres petits a Baltimore), au fond une odeur de mer, de nature, parce qu'au fond de la nature il y en a dix fois plus dans ce pays que dans le notre, on la voit partout, elle n' est pas recouverte, encore, l'homme est nouveau ici. Bref. trop de bien par rapport à la foule et à l'opression parisienne.

    sieste sur la table en bois dans le jardin le matin, travailler beaucoup et à l'intérieur me fait redécouvrir le soleil et sentir comme un vampire. sensation du rayon de soleil, comme un rayon laser, quoi.

  • loupé

    heureusement que maman ne lit pas ces notes parce que j'ai loupé l'avion.
    retour devant le travail sur Ricoeur comme si rien ne s'était passé. c'est effarant. je suis effarée. Baltimore vit cette journée sans moi et on dirait que paris avait gardé ma place -c'est très dérangeant.

  • lectures

    Maman, qui ne peut pas lire ça du tout, sera contente de savoir que j'ai fait mon sac hier soir.

    Eclipse, le roman de V. est une merveille, aussi parce que je l'y vois, lui. Je suis incapable de m'imaginer la lecture de quelqu'un qui ne le connait pas, ou qu iest simplement très différent (de lui? de moi? de nous? de...??).
    C'est très curieux comment son emploi fréquent de termes (surtout d'adjectifs) toujours légèrement inattendu, impromptu, voire inapproprié est producteur d'images. Très bizarres, du coup, voire impossibles, mais d'autant plus fortes.

    J'ai relu ad infinitum hier soir, aussi, dans la revue xyz (ces petits putes qui ne savent qu'écrire des lettres), j'ai trouvé ça meilleur que quand je l'avais lu sur le manuscrit à l'époque, il y a vraiment des trucs très bien. Comme un sentiment d'Auteur. Mais comme l'atmosphère y est moins prégnante, la production d'image marche un peu moins bien et certains effets tombent dans le vide; ou sont remarqués ce qui revient au même.

    Je l'aime beaucoup

    Je dois partir à l'aéroport dans 1h23.

  • Baltimore

    à nous deux, Baltimore!
    (encore)
    (oh oui encore)
    (j'adore)
    (j'ai Ricoeur à terminer dans l'avion. Ridicule j'ai très honte. Je suis inapte à me plier à toute contrainte philosophique, je suis une tête de mule. Ca me rend pas la vie facile. Je veux toujours faire un travail de 2 ans en 1 semaine. D. remarque à juste titre qu'il vaut mieux ça que faire en une semaine un travail supposé s'étendre sur 2 ans. C'est pas faux mais: qu'est ce qui rend le moins malheureux?
    Quoique bacler ça te rendrait folle, tu sais.)
    Pense que la question "pourquoi les hommes, alors qu'ils veulent le bien, font le mal?" est la même que "pourquoi l'homme n'arrive-t-il pas à être heureux" (Freud)?

    Skype est bien, je suis restée très émue devant sa vraie voix (et pas sa voix du téléphone).

    Maman fait l'hypocrite assez bien, comme je le lui avais demandé.

    She wrote petit amour, bientot tu vas voler vers ici et moi et les dauphins et on se rejouira tous. (because on va aller voir les dauphins faire clap clap entre deux travaux)

    She wrote que quand sa mère l'a appelée déprimée elle a eu l'impression d'avaler un insecte. je comprends trop.

  • hybris

    POST IT (qui doit rejoindre au dessus du bureau "le Dasein n'est pas l'homme", "la vie, eve, c'est pas ce que tu crois -ne te rompte pas- tu ne le veux pas-" , "eve, on est en novembre (raturé) décembre (raturé) janvier et: c'est ça que tu veux?")

    eve, libre penseuse (!) te crois-tu seule pensante
    dans ce monde où la vie éclate en toute chose?
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose
    mais de tous tes conseils l’univers est absent

    eve, l'univers est absent de eve, ne l'oublie pas

    ça revient, en fait, à dire que le Dasein n'est pas l'homme et que la vie c'est pas ce que tu crois que c'est!!

    lutte contre le subjectivisme

    contre l'hybris.

    freedom pour la subjectivité, freedom pour eve, à bas la constitution transcendantale et la donation de sens

    eve, tu n'es pas LE lieu, tu es UN lieu (pas au sens où tu pensais que les autres n'en étaient pas, au contraire, d'où tes problèmes des communication -monades- et ton amour infini pour les hommes, mais au sens où tu pensais que les plantes ou les tasses à café n'en étaient pas)

  • oral

    working too much pour aucun résultat concret.
    j'écrivais à P.: je vais assez bien, sauf que je travaille trop pour aucun résultats; et mon mémoire est à l'arrêt, je déteste toujours MPonty, c'est très triste. J'ai eu un examen anticipé avec RB. lundi dernier, un oral sur ce que je voulais, oral de 10 minutes normalement suivi d'un entretien sur mon mémoire, sur lequel je n'avais strictement rien à dire. Cet homme est un des plus gentil que j'ai rencontré. Pour cet oral j'ai travaillé trop, parce que j'aime bien tout savoir -ou je trouve ça très honteux de ne pas bien savoir ou penser les choses- -m. dit que j'ai du mal avec la condition d'étudiant, que je me mets la barre trop haut et que c'est normal de ne pas tout savoir - moi ça m'est insupportable, et c'est pourtant inévitable alors je souffre- il parait que mettre la barre très haut est le meilleur moyen d'être en échec tout le temps-mon père a fait ça, et n'a même plus pris la peine de mettre la barre, echec, constant echec, echec constant.- Je voulais faire un petit truc sur autrui chez Michel Henry, alors j'ai lu un ou deux livres, puis j'ai lu Incarnation et là impossible de faire quoi que ce soit tant que je n'avais pas "maté" ce livre -j'ai toujours un vocabulaire belliqueux, je me rends compte, quand il s'agit de philosophie, alors pendant 15 jours je l'ai lu et relu et réécri et fait des shémas et des critiques des shémas jusqu'à avoir un squelette d'argumentation béton etoffable à l 'infini. Evidemment beaucoup trop pour 10 minutes mais je me suis très bêtement dit que j'allais surfer dessus pour l'oral. Horreur, j'ai fait un oral minable. Depuis 2 ou 3 ans je ne sais pas ce que j'ai à l'oral, j'aiu tout le temps peur de perdre le fil de ce que je dis, et évidemment ça arrive; pauvre Barbaras j'ai prononcé des débuts de phrases sans fin pendant 10 minutes - alors
    Je m'en veux terriblement de ne pas m'être donné la peine de faire ça correctement. Bref. Personne ne saura donc ce que je sais sur MHenry (ce qui n'est pas tant une perte que ça, si ce n'est une bonne occasion de me renvoyer de l'estime de moi).
    C'est fou, hein, comme on n'arrive pas à se consoler en se disant le simple "oui mais moi je suis forte et je le sais et les autres je m'en fiche"; c'est plutôt moi je m'en fiche de le savoir je voudrais juste que les autres le sachent!

    Reconnaissance, évidemment.
    leçon: RIEN NE PEUT REMPLACER UN AUTRE (surtout pas toi-même)

  • gros monsieur

    A ma question si elle m'aimerait si j'étais un gros monsieur,
    après 1 mois au moins de rélfexion
    il parait que le clarinettiste, petit et gros, de son concert hier soir, faisiat les mêmes mouvements que moi avec ses tempes que quand j'écoute du classique;
    ça lui a fait voir que oui.
    me voilà rassurée

  • lunettes

    Je suis myope, me voilà avec une tête de prof de piano
    (P. a dit: "ce n'est pas forcément une catastrophe cf Kidman in Eyes Wide Shut"!!!!)
    J'ai eu la bourse du DEA sur critère universitaire
    il parait que ce sont les notes, les critères, mais moi je trouve ça suspect.

    J'ai essayé, sous les bons conseils de quelques étudiants escrocs, de négocier avec maman pour avoir encore un peu de ses sous pour être plus à l'aise, elle a répondu
    -eh oui on a plus d'argent quand on travaille
    à quoi j'ai répondu
    -ah, tu veux dire que c'est vrai que c'est pas juste et que les gens qui ont cette chance doivent aider ceux qui ne l'ont pas (elle venait de m'envoyer des trucs politiques gauchos)
    à quoi elle a répondu
    -je veux dire que tu auras plus d'argent quand tu travailleras.
    boum.
    Puis je râlais un peu pour le travail et elle m'écrit
    -Arrête de t'plaindre.

    sympa.

  • Merleau-Ponty

    Paris est beau, il fait pas très froid, je suis allée retrouver E. et toute la smala turque au Père Lachaise cet aprem il y avait une lumière rouge changeante et des arbres nus, un reste d'orage, une merveille (et les tombes) E. a touché la tombre de Merleau ponty et il ne veut plus se laver la main (moi je l'ai essuyée sur ma fesse).

    Je le déteste toujours.

    En espérant que ce soit simplement, comme le dit mon cher B., que "cette pensée résiste, c'est bien!"

    (moi je sais que non, que c'est moi qui résiste)

    n'oublie pas de faire des promenades comme celles que tu viens de faire. Somehow ça remplace les post-it (du type "la vie c'est pas ce que tu crois que c'est") par la preuve.
    mais ça ne dure pas plus longtemps...(?)

  • fuel

    http://www.youtube.com/watch?v=opGlJrME01g

  • lesbiennes et pms

    Son amie lui dit "dans les relations à distance y en a toujours un qui conforte l'autre, moi j'ai décidé que c'est toujours mon mec qui me console, que c'est mon pms (premenstruation syndrom)"
    D. répond: "eh oui, c'est pour ça (le pms) que nous on a deux fois plus de problèmes..."
    ....................................................................................................................................................................
    Puis son amie dit quelque chose à propos d'une video sur les lesbiennes et le pms qu'elle ne devait surtout pas lui envoyer
    D répond "tu peux, de toute façon je ne crois ni en les lesbiennes ni en le pms"
    ....................................................................................................................................................................

  • crack

    elle a dit "mais de quoi tu parles? tu es mon amour, et je suis là pour toi!" sur un ton que je vais garder comme ma drogue personnelle - quelque chose du fond, comme au milieu de mes organes, à bougé en moi - peut-être un début de compréhension de ce que ça (elle) a comme pouvoir sur mon rapport de moi à moi - un tout début, déjà disparu - mais il y a eu un petit flash de lumière, une fissure dans la roche - j'aurais du me mettre à pleurer à haute voix pour qu'elle sache que ça avait fendu la roche - y avait un fleuve caché ici

  • résolution de problèmes

    she said que cette histoire de dialectique du don était encore une manière de tout ramener sur moi, à moi, de me faire porter du poids et de déresponsabiliser pour m'over-responsabiliser. Elle n'a pas tort.
    She said que je n'ai pas besoin de prononcer des discours articulés pour l'aider, she cried que je ne peux pas l'aider mais seulement l'aimer. alors je lui ai dit: donc si je comprends bien, toi tu ne peux pas me parler de ce qu'il y a dans ta tête et moi je ne peux pas te répondre par du discours articulé alors faute de se regarder dans le blanc des yeux on va s'écouter respirer au téléphone et je vais tâcher de te transmettre mon amour profond dans les vibrations de l'atmosphère ou de prononcer quelques bruits inarticulés - tu as raison à bas les discours

    mais dans une relation qui fonctionne au téléphone...

  • dialectique du don

    -donner trop ça rend les autres coupables et redevables
    -tu ne peux pas donner tout ce que tu veux donner parce que c'est égoïste, ça rend les gens coupables et redevables
    -tu ne peux pas, sous prétexte que toi tu as envie de te donner, faire porter le poids de ce don aux gens
    MAIS
    tu ne peux pas raisonner comme ça ou tu perds à nouveau pieds avec le monde en réintroduisant cette distance qui t'instaure (et personne n'a le droit de s'instaurer sauf dieu) loin, loin du monde...
    Instauration d'une distance surplombante qui est à lire d'ailleurs comme un bête symptome névrotique. Surplombante si tu te mets à ne pas donner sous prétexte qu'ils ne savent pas recevoir - tu te résouds, finalement, à te mettre à leur place pour éviter tout malentendu à leur dépend, malentendu qui viendrait du fait qu'ils n'ont pas accès, les pauvres, au sens réel de ce qui est en jeu. Belle vision des autres.
    Manière encore de te mettre hors du monde (un potentiel martyr chrétien décide de ne pas se sacrifier pour ne pas faire porter la culpabilité de son sacrifice à ses bourreaux - mais ça lui coûte - mais le sens de son sacrifice resterait incompris et les gens coupables. Il ne peut pas faire ça. Mais c'est par pitié et altruisme qu'il ne le fait pas car 'il sait que c'est ce qui fait sens (mais un sens inaccessible au commun des mortels - il n'est pas le commun des mortels -il plaint le commun des mortels - dernières paroles du christ "ils ne savent pas ce qu'ils font" - OR LE CHRIST SEUL POUVAIT DIRE CA PARCE QU'IL N EST PAS HUMAIN sinon pêché d'hybris)
    AINSI: ce n'est pas ainsi DU TOUT dans ce cas-ci, alors il y a une solution qui doit court-circuiter cette dialectique:
    à toi de leur faire sentir que c'est pour toi et pas pour eux, que tu donnes
    (ce qui montre bien qu'on est au même niveau)
    à toi de leur faire sentir qu'ils te rendent service

  • de la condition estudiantine

    Pour ce qui est d'être absorbée par la technicité de la philo pour te dispenser de penser vraiment ça je comprends trop, moi ça me l'a toujours fait, sauf là récemment, mais ça me le fait encore des fois; et je crois que c'est inévitable: il faut bien être absorbé par les choses pour les comprendre. Ça c’est un passage que j’avais longuement détaillé dans les 2 premières versions mais là j’ai pas pu recommencer, alors du coup on dirait que j’ai pas du tout compris l’angoisse de sentir que l’on se perd dans les détails comme une fuite, et que je « positive » tout. Mais j’ai bien compris ce sentiment (mauvaise conscience !) de facilité, que la complexité satisfait en quelque sorte malignement ton esprit et court-circuite ta vraie curiosité en apportant l’excitation d’une gymnastique intellectuelle qui épuise suffisamment le cerveau pour pouvoir faire autre chose la conscience tranquille (ce qui est le but, et ce qui te fait culpabiliser).

    Après c'est toi, réflexivement, qui qualifie psychologiquement cette expérience d'absorption de fuite ou de prétexte, c'est toi qui le vit comme ça, mais ce n'est pas objectivement comme ça, d’ailleurs comme le disent les lignes ci-dessus, on peut le rendre positif (en terme de meilleure compréhension), c’est seulement relativement à d’autre attentes que c’est négatif, dont, par exemple, celle fantasmatique ( et mythique !) d’une pensée réelle. Donc : ce n’est pas nécessaire. L’expérience, oui (d’aliénation et abêtisation par les acrobaties conceptuelles dont on oublie le but) , le mode psychologique sur lequel elle est vécue non. C’est donc de ça dont il faut se lébérer (parce que comme on étudie, l’étude on ne peut pas s’en libérer (on ne le veut pas).

    Egalement c'est inévitable ce sentiment horrible de ne pas en savoir assez pour penser (en avoir le droit), de n'avoir pas le droit de formuler son avis parce qu'on a une connaissance si partielle et imparfaite (de Kant) et de se sentir paralysé par un sentiment d'imposture, surtout quand comme toi on a cette panique du blabla superficiel de mauvaise qualité de gens qui ne connaissent rien. MAIS à nouveau, eve, je crois qu'il y a deux choses. Il y a ce niveau très haut -et c'est celui-là qu'on a pour modèle, qu'on voit tous les jours en la personne des profs que l'on admire et des livres que l'on lit- où la compréhension ET la pensée sont réalisées toutes deux à leur pleine mesure ce qui veut dire très proprement qu’elles s'autorisent l'une-l'autre, et sont affranchies du coup de tout scrupule relativement l’une à l’autre, de toute dette: la pensée est alors libre, légitimée par sa totale compréhension, il n'y a pas d'imposture possible, juste de l'erreur (ah là là, si nous au moins on pouvait faire erreur et non simplement être victime d'une mécompréhension) Donc: on tend vers ça on est dopés à ça par les divers Renaud Barbaras et madame Lavaud que l’on prend pour modèle c'est à dire pour exigence (le malheur est dans ce déplacement) et moins qu’eux c'est la honte, donc ça fait du bien, comme tout idéal fait du bien. MAIS le problème de l'idéal c'est que relativement à lui comme archétype et visée téléologique tout est dévalué, dégradé, conçu comme un échec, version imparfaite et du coup penser pas si bien c'est mal, corrompu, si petit, inavouable tant que ce n'est pas si parfait.

    Arrh pour parler plus concrètement de ce qui nous occupe, je voulais dire que tout ça est indéniable, mais qu’il n’y a pas que ça, encore il faut faire des distinctions: entre la pensée comme activité et la pensée comme aboutissement. Bref que la pensée comme activité a toute sa légitimité même quand elle est très loin de cet idéal, je veux dire qu’il n’y a plus de notion de niveau ou de hiérarchie (car le critère de valeur intellectuelle en ce qui concerne une activité n’a plus de sens, il n’en a qu’en ce qui concerne d’éventuels résultats) pour ce qui est du penser, on pense ou on ne pense pas, cette activité spécifique du "penser" ne peut être dévaluée pour elle-même sauf relativement à une autre activité, mais vaut-il mieux faire du volley ou du basket qui peut en juger ?.

    Bref on a le droit de penser en étant un étudiant qui ne sait rien (l’essentiel étant de ne pas prétendre savoir, mais justement le fait de ne pas savoir n’étant pas un problème pour penser -c'est-à-dire n’enlève rien de sa valeur au penser comme activité), on n’a plus besoin de prétendre savoir. L’essentiel est là.-).

    Plus que ça : je crois que l'activité de "penser" comme processus est le versant très nécessaire de l'activité de l'acquisition de connaissance et de compréhension. Tous les problèmes, attention, viennent de ce qu’on mélange les deux, comme si l’un devait légitimer ou donner du sens à l’autre. Cf certains vilains étudiants nord-américains undergrads qui tombent dans l’erreur de croire que la compréhension bonne (c'est-à-dire d’un étudiant digne de ce nom, c'est-à-dire la compréhension intelligente) est une compréhension « personnalisée », originale, etc, bref toutes ces caractéristiques qui justement appartiennent à la pensée (c’est bien compréhensible puisque c’est par ça que les gens sont séduits, par le fait de penser par eux-mêmes, et pas par le fait de comprendre). Ils font donc un court-circuit –tragique (gérer sa compréhension en terme de pensée personnelle provoque des aberrations)

    Or je dis "versant" au sens de verso de la page qui n'est pas la même chose mais doit venir avec. En fait c'est bêtement une histoire d'effervescence: pour que se produise la compréhension bonne (c'est-à-dire qui comprend, c’est tout !) il faut que par derrière l'esprit puisse faire des niaiserie pour entretenir son propre dynamisme, créer des tensions, du désir, bref de l'activité qui, si ce n’est motive, au moins entretienne (entertainment) la compréhension. Je ne crois pas que la compréhension soit une activité qui se suffise à elle-même au sens de qui suffise à l'esprit pour sa vie, et ce à tout moment de sa vie (il ne faut pas attendre une sorte de maturité pour avoir l’autorisation de vivre !). La compréhension, c'est l'aliénation, la soumission, la passivité, bref la mort. L'inverse de la création, de l'élaboration, la vie. Donc il FAUT les deux sous peine de tomber dans la mor-osité pense à Casaubon dans Middlemarch, qui consume sa vie dans la compréhension et qui en meurt littéralement (et son oeuvre n'est que du papier elle est totalement absente de sa personne à lui et sa mort ne fait aucune différence l’œuvre était déjà morte parce que pas oeuvre).

    Ainsi on étudie, et on pense (à ce qu’on étudie, comme si c’était d'autres choses!!!). Si ce n'est pas aussi tranché que ce que je dis (évidemment !!), ça a au moins l'effet de réhabiliter la pensée comme une activité d'étudiant et de la sortir du système d’évaluation qui nous interdit assez d’échec comme ça.

    Mais alors à quoi ressemble ce "penser" de l'étudiant à proprement parler s'il doit être rigoureusement distinct de son activité de compréhension? Hmm. Evidemment qu'il est lié à cette dernière (c'est dès que cette pensée se réclame de la légitimité liée aux connaissances que ça fait problème, parce que l’étudiant sait qu’elle ne l’a pas et déprime…ou alors non et il est con). En fait –puisque je disais au début que ce qui est en question c’est d’être bien psychologiquement- l'essentiel est donc de se débarrasser de cette alternative -toxique pour notre bonne humeur- qui semble être le lot du travail estudiantin, alternative qui est: soit compréhension pure et morte (mort de ta curiosité dont on a discuté l'importance l'autre soir), soit compréhension vivante qui veut aboutir mais imposture parce qu'on sait si peu de choses. Les deux solutions nous rendent malheureux. Donc: 3eme voie!! qui se résume, paradoxalement, en une distinction des deux précédentes et de leurs légitimité/valeur respectives pour pouvoir les conduire de front (donc les réunir). Et ça ne marche pas, tout ce que je dis, tant qu’on ne considère pas la pensée comme activité –si on parle de pensée telle que communément admise, c'est-à-dire considérée à partir de ses résultats alors de fait, la pensée est liée à la compréhension et toute mon histoire passe pour un stratagème psychologique d’auto-persuasion. Oui les résultats de la pensée en tant qu’ajout à la connaissance ont leur légitimité qui dépend des connaissances (donc : imposture éventuelle) mais l'activité de la pensée non. Voilà ce qu'il faut distinguer dans le mot pensée: activité et résultat. Il n'y a pas de pensée de eve valable, mais il y a un penser de eve,; ce penser de eve n'a pas de valeur en soi mais il a une valeur en tant que mouvement, processus, activité, vie de eve, dans son rapport aux autres activités de eve. La hiérarchie pertinente est là, et uniquement là: par rapport aux autres activités de eve. On ne peut considérer ce penser autrement -ce serait le confondre avec autre chose, la pensée par exemple. Le penser drive le comprendre indirectement parce qu'il entretient la vie de l'esprit, et que penser de manière mortifère, ben c'est déprimant. Bref! Là je sais comment je suis, je vais commencer à répéter et tourner en rond pour préciser, et même si c'est indispensable (et après… j'efface tout le début de tout ça et il ne reste que la fin où les termes du début sont finalements fixés!
    Je n'ai pas le temps de me remettre le cerveau à sa place pour parler d'amour. AAAAAAAAAAAH !

  • concernant la note suivante ET la note précédente

    Je me suis trouvée face à cette évidence troublante: c'est quand on parle aux autres qu'on se parle le mieux, et c'est quand on se parle le mieux possible à soi qu'on parle le mieux aux autres (communication indirecte) (parce qu'il n'y a rien de caché?) (pourtant il n'y a pas plus de cachoteries que quand soi-même se parle à soi-même) (et pourtant c'est l'idée limite de franchise que l'on puisse atteindre) (ainsi: dans l'intention, c'est la meilleure manière pour s'adresser à quelqu'un avec sincérité. Mais dans les faits?) (ce n'est pas ça que je voulais dire, mais ça fera l'object d'une autre note. Ce que je voulais dire s'énonce ainsi: au moment même même où je m'adresse à grands efforts de précision à ce sujet très spécifique qui est moi pour lui communiquer des choses imortantes personnelles et pertinentes pour lui, je te communique des choses très importantes et personnelles pour toi, à ce sujet très spécifique qui est toi. M'adressant à moi je prononce le message le mieux qu'il aurait pu jamais être pour toi, spécifiquement pour toi. C'est à dire plus pour toi que si je m'étais adressé à toi. Troublant. Bref (Je comme interlocuteur universel: conséquence de ton solipsisme, hein. C'est parce que tu pense qu'aucun interlocuteur n'est possible au sens où tu ne pourras jamais dire autre chose que ce que toi tu vas dire (parles-tu différemment, en ce qui concerne les choses essentielles, selon à qui tu t'adresse?) alors à quoi bon.

  • mauvaise conscience

    Elle ne devrait pas se forcer à faire des choses qui normalement sont cools, courir, aller à la piscine, elle n'a pas de competition et IL NE SE PASSE RIEN si elle n'y va pas, elle ne vas pas tomber out of training ce n'est pas préoccupant, comme on dit (d’un cancer ou de la montée du fachisme). Enfin, bien sûr, on sait ce qu’on pense par rapport à ça, des fois on se force parce qu'on sait qu'on est content après, ça c'est bien, elle et je nous savons le faire et c'est bien. MAIS justement, il y a une différence entre la contrainte (extérieure) et la volonté, et là c’est important parce que l’écart –extériorité- qu’il y a entre les deux est celui dans lequel s’installe la très vilaine mauvaise conscience ! OR elle n’a pas lieu (pas de lieu) si tout est intérieur (je suis une idéaliste elle le sait), au sens de pas d’espace où se déployer, si tout se passe entre soi et soi la mauvaise conscience n’a pas de fond sur quoi s’appuyer / la culpabilité n’a pas de visée (ou : visée sans cible). Je veux dire : si je suis obligée parce que je suis engagée ou que je vais mourir (ou moins) si je ne le fais pas, alors j’ ai mauvaise conscience de ne pas remplir mon obligation, et quand je me force c’est parce que je suis forcée. Mais s’il n'y a pas de raison extérieure qui fait que je dois me forcer et que l'impératif c'est moi seule qui le motive, alors il disparait dès lors que je ne le formule plus –dès lors que je ne le motive plus (et la névrose c’est de continuer à formuler l’impératif alors qu’il n’existe plus). Je veux dire que si c'est moi qui veut me forcer alors dès lors que je ne veux plus (=que mes raisons ne valent plus, en l’occurence le désir) je ne suis plus forcée, donc la mauvaise conscience est tout simplement impossible et absurde. Je sais que en vrai les limites ne sont pas claires ; qu’on ne sait jamais si au fond on a envie ou pas. Mais ça, ça compte au moment de choisir : c’est dur. Mais après coup par contre, ce sont toujours les raisons qui l’emportent dans ce cas de figures, et les raisons= mes raisons, 1ère personne, au « je », autolégitimantes. Les raisons sont celles que je donne. Je peux dire juste après « merde en fait j’avais envie de faire ça », mais ce n’est pas de la mauvaise conscience ni de la culpabilité (et ça n’a aucunement leur portée de pourrissement de la vie), c’est juste « merde, raté, c’est con pour moi » et c’est très différent (c’est le moment de changement de valeurs, mais il faudra que j’y pense ghhghghgh). La mauvaise conscience a de l’ascendant sur ce qui suit (ce que je fais qui suit), alors que le petit « merde » n’en a pas. La question est en effet de savoir si ce que je ressens quand je ne fais pas ces choses que j’avais prévues de faire pour moi (parce que je pense que c’est « ce qu’il faut », genre aller à la piscine) est juste ce « oups, c’est con mais je passe à autre chose» ou de la mauvaise conscience. C’est une question IMPORTANTE (elle te demande : mais pourquoi tu me parles de mauvaise conscience ?) il faut faire l’effort de se poser vraiment la question parce que souvent on (moi) glisse sans s’en rendre compte dans la mauvaise conscience (qui nous pourrit la vie parce qu’elle fait pression parce qu’elle est issue de la tension entre deux système de valeur, celui où j’agis et celui où je devrais agir, un extérieur l’autre intérieur –d’où la question de la morale : contrainte intériorisée –pas de distinction interieur/extérieur ghghghgh un seul système de valeurs –qui ne peut pas être le mien ??? ni extérieur ?? ghghgh) alors qu’on ne devrait que dire « zut ! ». Alors, alors elle ne devrait pas être là, elle est d’origine un peu suspecte, elle s’origine dans un transfert suspect. Et souvent c’est elle et on ne s’en rend pas compte parce qu’on la confond avec ce petit sentiment de « merde c’est con... » dont on sait qu’il est normal (bon, ça j’y penserai, à ce moment et ce sentiment). Et comme on s’attend à ressentir un truc du genre (un sentiment négatif) on ne fait pas attention à ce qu’on ressent vraiment et petit à petit on ne trouve plus ça bizarre de sentir coupable (!!) pour de petites faillites. Distinction à faire confusion à dénoncer thérapeutique pour soi . Ainsi : si dans ce genre de cas où il n’y a pas de contrainte extérieure ta mauvaise conscience existe, c’est qu’elle est le transfert d'autre chose! La bonne question est donc non pas même « qu’est-ce qui te donnes réellement mauvaise conscience » mais qu'est-ce qui te fais te donner mauvaise conscience? J’y pense souvent, ça lui arrives souvent, et moi ça ne m’arrive plus trop, ou pas du tout comme ça, alors je pense à pourquoi. Je me suis dit tout ça à moment donné parce que je ne voulais pas vivre en ayant mauvaise conscience pour de petites choses (car c’est infini et infernal), ce que je viens d’écrire tout embrouillé, et je n’ai plus trop mauvaise conscience depuis. Je me dis en bonne universitaire que l’emploi des mots n’est pas anodin : « se sentir coupable » employé à toutes les sauces. La culpabilité est quelque chose de très précis -je vais aller voir le dico, en droit et tout ça, ça mérite tellement de regarder- et que pourtant c’est un mot qu’on utilise tout le temps pour désigner ce vague sentiment désagréable, et je crois qu’on a très tort, que ça entretient quelque chose de mauvais, voire que ça entretient (tout en en résultant) une vision super objectiviste du monde dans lequel les valeurs sont fixées à l’extérieur, dans lequel on va légitimer toutes nos intentions par des valeurs externes, et si ce sont nos propres valeurs on les utilise comme des contraintes externes, mais c’est une mystification (produites par la morale pour la cohésion sociale –le devoir). Nietzsche et le christianisme, quoi. C’est quoi, me sentir coupable ? C’est important (j’ai l’air de pontifier mais c’est très concrètement important, pour la vie concrète). C’est dans quelles situations qu’il est approprié de me sentir coupable ? Bon, j’arrête, je n’en sais rien, je vais aller voir (ou pas). Tout ce que je sais c’est que vu à quel point le sentiment est chiant ça vaut la peine de voir quand est-ce qu’on est supposé le ressentir ou non, y a des chances pour que les ¾ du temps qu’on le ressent ce soit pour rien. M’enfin.

    Mais il faut faire attention parce que tout ça vient aussi de mon gerbant idéalisme [ce qui signifie que mes raisons sont créatrices de valeurs, et comme le monde n’est que des valeurs... mais on en a déjà parlé] qui a pour conséquence que le monde en tant que monde-pour-moi est un perpéelleel changement de valeur (ce qui est important / ce qui ne l'est pas). Je n’ai pas mauvaise conscience parce que ce qui était important pour moi ne l’est plus, alors je n’ai aucune raison d’avoir mauvaise conscience de ne pas faire un truc qui n’est pas important pour moi et je le fais. Exemple concret, aller à la piscine : des fois c'est "ce qui est bon pour moi, capital à mon équilibre et je dois y aller sinon c'est tout mon monde et mon bien-être qui est menacé" et j’aurais trop mauvaise conscience de ne pas y aller, et des fois "yooohoo il fait beau, laissons-nous vivre, je vais boire des bières, je ne vois pas pourquoi je me ferais chier alors que rien ne m’y oblige etc ») ; ça arrive comme ça, changement de valeurs. Or: effectivement, mon changement d'avis (finalement je ne vais pas à la piscine) n'est absolument légitime que si le monde se réarticule autour: alors ce qui n'est plus important, n'est plus important -et toute forme de remords/mauvaise conscience n'existe pas, le monde auquel ils auraient pu se référer n'existe plus (le contraitre serait un calvaire -christianisme). Je ne pense plus que j’ai trop besoin d’aller à la piscine (sinon j’irais). Tiens d’ailleurs, pour cet exemple : s’imaginer que aller à la piscine est vital à son équilibre est un moyen de créer une contrainte extérieure (le besoin, sinon il va m’arriver...), qui fonde la mauvaise conscience (la question est alors : pourquoi tu fondes de la mauvaise conscience. C’est le point capital). MAIS, mais, c'est un cercle vicieux : évidemment que si c'est mon changement d'avis (moi, tout simplement) qui détermine les valeurs du monde, alors les valeurs du monde vont s'accorder et légitimer mon changement d'avis. C'est con, tout est permis. C'est ça la conséquence morale la plus grave du solipsisme dans lequel je suis prise pour les valeurs et le reste. C'est ça ma conséquence morale la plus grave pour ma vie, celle que je veux résoudre -résoudre comme je m'attacherais à démonter un résultat mathématique monstrueux qui légitime une nouvelle géométrie monstrueuse, qui ne peut donc avoir le droit d'exister parce qu'une géométrie monstrueuse n'a pas le droit d'exister et DE FAIT n'existe pas, et pourtant le résultat existe. Mais la géométrie n'existe pas. Mais elle est légitimée par ce résultat de merde. Alors peut-être qu'elle existe, au fond. Et peut-être qu’il n’y a pas de morale (car plusieurs morales elleent la morale car il n’y a pas de morale relative)

    La paresse est aussi une invention de contrainte extérieure –
    Parce qu’il ne faut pas être paresseux
    Mais faire autre chose n’est pas ne pas faire une chose.
    La paresse est un usage en contrainte extérieure de mes raisons intérieures : je me mets la pression.
    C’est une chose inventée par la morale comme clef de cohésion sociale (il faut travailler)
    Etc
    Etc
    Etc
    Etc
    Ne transfère pas trop la pression du boulot (« je n’ai pas travailler alors je vais tâcher d’aller à la piscine ») c’est le meilleur moyen de communiquer cette pression à tout ce que tu fais, et surtout à ce qu’à l’origine il te fait plaisir de faire ; et CA N’A PAS DE FIN.
    Je n’ai pas travaillé, hé bien il n’y a rien à faire, c’est trop tard. Alors : va donc jouer à la piscine !
    C’est très différent.

  • prout

    Mais si je suis très souvent à Paris, ce sont les veaux des jardins du Luxembourg.
    Rien de neuf, boulot, boulot, bouquins, bouquins, et récupération très lente de ma nuit éthylique de samedi, supposément nuit blanche d'ailleurs, mission accomplie. J'essayais d'écrire une note sur Lawrence mais je n'ai pas réussi.
    Toujours pas de free box, je ne sais pas comment je survis sans le monde de l'ordinateur. La brave Anastasiajr, elle, ne survit apparemment pas, enfin si, elle hiberne. MAIS JE VEUX, MOI, ECRIRE AUX AMIS!!!
    Au fait: j'ai eu cours avec Jocelyn Benoist.
    Au fait: le DG de Montréal m'a invitée à dîner sur les Champs Elysées (quelle pute)
    Au fait: les amis du Québec me manquent, modérément à désespérément selon les moments
    Au fait: je devrais aller à New York pour 4 jours en octobre
    Au fait: Marco se souvient bien de mon père, ça ne m'arrive plus que très rarement de passer une soirée avec quelqu'un qui a ses propres souvenirs de mon père
    Au fait: Tess est-elle à Séville, ou pas? Aurore a-t-elle accouché? Félix a-t-il trouvé du travail autre qu'ouvreur parfois? Gaelle m'en veut elle pour toujours de ne pas écrire, me croit-elle morte?
    Que puis-je faire, que m'est-il parmis d'espérer?
    Ainsi de suite.

  • veaux

    J'ai, après avoir marché sans voir plus de 5m devant moi, atteint le très petit sommet de la (crête de la) Pinea cet après-midi sous la pluie, et je ne voyais pas d'avantage le ciel que la vallée. Totalement ininteressant, ou: stimulant pour l'imagination. J'ai été poursuivie par un troupeau de veaux qui m'ont encerclée avant de lécher tous mes vêtements et manger mon sac, étrange et absurde, j'ai dû m'enfuir derrière la cloture électrifiée.

    Etrange quoique proche du comportement latent (comportement latent?!?) de certains troupeaux d'humanoïdes parisiens de sexe masculin. Heureusement latent.

  • anakin et dark vador

    Peut-être que j'y mets de la mauvaise volonté, ou je suis comme ça, je sais pas.

    Je n'arrête pas de voir des fantômes de l’époque bordelaise extatico-destructrice et de cette complexissime relation avec d., alors maintenant actuellement quand je me sens un peu extatico-destr…, et fermée, fermée avec elle, et dure comme un caillou je ne peux pas m’empêcher de faire l’association (même maintenant en plus j’ai un sac d’ecrous dans l’estomac et un etau dans la gorge et des litres de sang bouillant, des litres de…) et de me dire "ghahahawhhah (frisson) my god comment on va pouvoir faire ça c’est effrayant" et effrayant de similarité avec ce qu’on a échoué à faire à l’époque, en y laissant plein de plumes les deux. Alors, de peur, de douleur anticipée, de lâcheté, je fais ma pelote d’acier. Et je ne laisse aucune chance à rien : faut croire que l’expérience n’a pas été retenue (des fois si quand même).

    je suis juste une trouillarde, une poule mouillée défaitiste, une zero-confiance en soi

    quand il arrive, très ordinairement, des incidents, évènements (intérieurs ou extérieurs) ou même états dans ma vie, pour autant qu’ils « surgissent » et font accident, aussi anodins qu’ils soient, je crois toujours que c'est toute l'ontologie immense éternelle gravée dans les astres qui est remise en question pour toujours (ce qui présente une petite mise en insécurité hein). pourquoi?!!?! –me foutre en situation de crise intense d’angoisse insécuritaire en inventant le naufrage du monde-ach, je sais pas. Un incident, un malentendu, une anicroche, un virage un peu brusque et le monde (rebâti depuis le dernier cataclysme) s'effrite et s'effondre. Et c'est TELLEMENT EFFRAYANT (genre : j’ai un vrai problème de réalité hallucinée), le monde sombre, son ordre se disloque et ce chaos ( ! : un réagencement nouveau où je n'ai/n’aurai pas ma place -paranoïa) le remplace (ou surtout j’ai le pressentiment très net et pesant et implacable que c'est imminent), un chaos (par ce fait terrible) qui n'a rien en commun avec ce monde, rien sur quoi je vais pouvoir m’appuyer, je le sens, je le sais, j’en ai les yeux écarquillés d’être aux aguets (insomnie) CAR je dois me tenir prête, pire je dois anticiper et d’ores et déjà mettre en oeuvre les moyens (source de tous mes problèmes réels : je mets en œuvre dans la réalité les moyens avant, donc même si le naufrage du monde ne se produit jamais j’ai déjà agi en fonction dans ma vie normale et provoqué des esclandres, autant dire agi comme une folle –en fonction de quelque chose qui n’existe pas- et agi drastiquement et violemment dans l’urgence car c’est un cataclysme que j’imagine tout de même). Donc les moyens pour ne pas sombrer moi, avec le monde qui sombre, car autre insécurité gigantesque : je risque, moi de glisser dans le glissement avec le reste et de ne rien reconnaître chez moi, de ne plus pouvoir compter sur rien de moi, rien que je connaisse et qui soit familier, rien qui ne soit moi et CA AUSSI IL FAUT QUE JE L’ANTICIPE et le prévienne, mais : comment ??
    Donc : ces moyens, je ne sais pas lesquels ils sont et pourtant il faut que je les trouve et les applique, et j’ai très peu de temps car il s’agit de l’effondrement du monde alors c’est très important. Le speed, quoi. Et, au moment même où j’ai ce sentiment, il faut comprendre que je ne suis pas du tout sûre que ces moyens soient de toute façon en ma capacité d'humaine, et pourtant ma mission (comme une quête) est de les appliquer, je n’ai pas le choix, je dois donc faire quelque chose que je ne peux peut-être pas faire, auquel cas je dois le faire quand même, mais je ne sais pas ce que c’est. Et c’est là, tout de suite, il y a un contre-la-montre. Et je ne sais pas ce que c’est, et je dois le faire. L’angoisse, quoi. Alors je fais n’importe quoi et je dis n’importe quoi et ce sont ces moments, là, ces petites tangentes dans ma vie.
    Dans l’ensemble, puisque c’est cyclique : ça fait que je m’apprête toujours d’emblée, pour tout évènement circonstanciel et accidentel d'importance faible à moyenne, à le résoudre au char d’assaut tout de suite dans une détresse infâme, prétextant (ou souhaitant provoquer) un changement de paradigme titanesque ou une modification de nature profonde.

    c'est comme s’il y avait une menace de guerre atomique sans arrêts, de guerre ou de grande maladie vous savez de ces choses qui remettent TOUTES LES VALEURS en question.

    alors qu'il suffit dans la vraie vie de passer un coup de fil ou boire un café.

    Après coup je le vois bien (et j'en suis très étonnée) qu'il n'y a pas eu de tremblement de terre, seulement les évènements normaux de la vie. Je le vois bien avec mon regard extérieur, et ce qui m’étonne c’est que ça ne va pas du tout avec mes souvenirs intérieurs, tiens, comme c’est étrange ! où sont les cratères des bombes ? mais finalement (drame) je m’en tiens (si je n’y réfléchis pas –ce qui est mon mode d’être le plus fréquent :-) à mon vécu, donc mon moi (résultat de ce vécu) est tout fissuré ou endurci, ou usé ou stratifié comme si j'étais passée au travers de 6 guerres mondiales. Des fois seulement je me dis que ce n’est pas arrivé et qu’en fait de l’extérieur j’ai même un cheminement assez linéaire qui semble pourvu de sens et d’intention (!). Peut-être même l’était-il. Pourquoi en ce cas, suis-je incapable de vivre simplement mon propre parcours tracé par moi ? Ah mais non non non, il faut apparemment que j’en sois la victime accidentée. Du coup c'est tout ce vécu d'angoisse d'inconnu immense (démesuré -à la mesure de: si le monde s'effondrait) qui me reste après, même s'il ne se passe rien. C'est pour ça que je trouve ma vie difficile, suffocante de difficulté. N'importe qui serait crevé après 6 guerres mondiales.

    tout ça pour expliquer ma panique, et peut-être ce qu’elle appelle manque de confiance en soi, elle, nous. Je n'arrive pas, si je sens qu'il y a une toute petite passade difficile, à ne pas être persuadée que c'est le signe de l'effondrement imminent du monde. Or à impression démesurée, réaction démesurée.

    Je crois que j'y mets de la mauvais volonté, parce que je le sais, tout ça, au fond. Mais je l'oublie, ou plutôt je n'arrive pas à le maintenir bien en vue, c'est noyé dans la névrose elle-même au bout de deux minutes et l'angoisse de l'effondrement du monde me prend l'estomac.

    je me perds et j'ai plein de sable dans les yeux et le vent me fouette très fort et m’aveugle, ça fait mal, j'ai la gorge desséchée et pleine de sable piquant, aussi, je ne peux plus parler ni crier, ni voir le chemin
    et je sens que c'est trop dur, surmonter tout ça et communiquer à travers l'ouragan
    à moment donné ma vie me semble à nouveau en question, en jeu, toute ma vie, toute mon essence, tout, la mort, tout. Alors je me ferme comme une huître parce que j'ai l'impression que c'est moi qui ai raison et qui voit les choses et que le monde court à la catastrophe et que ce sont les autres qui ne le voient pas, et que je ne peux pas le leur dire et ainsi de suite.
    elle veut lutter et moi j'ai l'impression que chuis pas capable, ça sauve les gens de vouloir lutter. Souvent je me sens très capable et je pourrais tellement, mais là je suis comme Frodo dans Lord of the Ring quand il met l'anneau et que le monde se brouille tout autour et il est tout faible et ne voit que des tourbillons de ténèbres tout brouillés et il a trop peur. Et les pires méchants l’attaquent à ce moment là.
    je suis comme ça, je vois toujours les trucs dix fois plus grands
    y a pas de tempête! Ca me prend que quelqu'un me sorte de toutes ces hallus

  • suite Verrière: chateau du medoc

    J’entre à nouveau dans cette campagne luxuriante et déserte, à l’Est de l’escalier qui descend du muret se trouve le figuier tordu plein d’épines en dessous duquel nous ne pouvions marcher pieds nus quand nous étions enfants, les ronces arrivent presque jusqu’au bas des branches maintenant, et réciproquement, un amas de ronces rampantes en buissons dispersés et piquants, aplatis et mêlés à ce qui fût du gazon réduit maintenant à des touffes de trèfle rêches plantées ça et là dans la terre grise bosselée de taupinières tassées peu accueillantes pour nos pieds (encore : comme elles l’étaient dans l’enfance, où nous plongions nos petons pour faire « les pieds des africains » dans la terre chaude et propre). Tout ce sol, d’un vert gris bleu sale épais et désagréablement mouillé, à la fois chaud et rêche et chargé de gouttes glacée qui vous font picoter les tibias. Je vois (je l’ai déjà vu) ça toujours de ce même coup d’œil (d’intuition) total –je ne me réduis pas à moi-, je descends l’escalier de pierres inégales et branlantes sans charme bouffées de lichen noir, elles ne tiennent pas leur forme d’une douce érosion -le temps n’a pas eu lieu ici, il est juste mort, a juste attendu- elles n’ont probablement jamais atteint la forme humaine de pierres taillées pour des escaliers ou des pieds nus ou chaussés, leur couleur est également inintéressante, de la pure nature plate archaïque inattentionnée. Je me sens légère ou malade comme dans un rêve (je prends le temps, après l’avoir sentie, de penser la description des pierres inhumaines) ou lourde et humaine menaçant de me vautrer à chaque pas (sur ces putains de pierres pas faites pour moi) et de me fouler bêtement une cheville, j’ai le sang qui me bat aux tempes –mais je flotte et appartiens à l’air-, les oiseaux se sont tus, ou j’ai perdu la faculté de les entendre sous l’effet d’une saturation toute intérieure de mes sens extérieurs comme un grondement sourd d’ultrasons, ou peut-être sont-ce ces oiseaux de toute façon si peu naturels qui ont changé de mode et chantent maintenant pour ceux de l’autre côté. Du côté du champ, le monde tremble effectivement tout autour de moi en un champ de force (je me dis que je ne vais pas tenir, que ce n’est pas un endroit pour moi ; et pourtant il m’attend et je peux marcher et respirer) je descends donc le pied léger (mes pieds ne sont plus englués maintenant) j’arrive devant le fameux arbres mais je suis chaussée alors je ne fais que reconnaître l’endroit (et penser sa description), que voir les impressions d’enfances ; comme je le disais plus haut je ne peux pénétrer sous l’arbre alors je le contourne (par la droite) et j’entreprends la traversée du champ qui me sépare de la pyramide qui s’avère en fait être un château du médoc en ruines, champ également grêlé de hautes touffes de hautes herbes tondues « à l’arrache » ou plutôt gyrobroyées qui rendent ma traversée pénible, il fait chaud, il fait moite et j’ai peur des insectes et des allergies bulleuses qu’ils me provoquent, il faut pourtant que j’aille voir là bas ; mais l’herbe est empoisonnée.

  • Le vieux

    Il est assis, le vieux, la tête presque entre les jambes, un orteil au pied gauche, des cheveux noirs frisés collés en mèches au sommet de sa tête autour d’une calvitie pourtant peu avancée si on y regarde bien; il marmonne mais on n’entend pas grand-chose, il n’a pas l’air d’avoir une seconde conscience de l’endroit où il est, de l’aspect qu’il a, de ses chevilles maigres, sales et gonflées et des passants autour. Je m’approche, il pue. Le graillon, la clope et le renfermé (le renfermé du grand air du clodo). Pourtant il m’attendrit, je me demande où il est en train de se promener dans sa tête, si les choses y ont une forme ou s’il n’y a qu’un méli-mélo d’atmosphères perdues. C’est peut-être ça qui pue, quand ça se perd. Je me rend soudain compte qu’il doit être infiniment mal dans son corps, humide, ballonné, plein de démangeaisons mal placées voire de petites bêtes. Il doit vraiment être perdu pour se laisser faire ça. Ou avoir de bonnes raisons (la seule étant pour moi : il sent qu’il est profondément ça, qu’il ne peut en être autrement). Je m’intrigue d’un homme ainsi.

    Je me dis « il est resté bloqué à un moment de sa vie, à un endroit ». Ce doit forcément être ça : des fois, d’ailleurs c’est à ça que je reconnais les vieux (peu importe l’age), les hommes restent bloqués sur un moment, une période remarquable où ils ont eu le sentiment de s’accomplir et d’accomplir leur vie, des fois ils en restent prisonniers, le reste ne vaut plus –ils ne peuvent changer leur échelle de valeur et ne peuvent plus lire les autres expériences, j’en ai vu des comme ça.

    Ou alors de son vivant il a voulu jouer au jeu de la maîtrise de soi et de la mise en scène et, alors qu’il s’est atrophié petit à petit, a régressé au fond de lui-même, il pensait y plonger et s’approfondir (il s’illusionne sur sa maîtrise) ; alors il s’est ratatiné et réduit à une (seule) couche du fond. L’écart entre ce qu’il est devenu et ce qu’il devrait (ou aurait pu) être est maintenant trop grand pour faire une bonne caisse de résonance, ça ne joue plus. Mais ça il ne le sait pas, il entend sa musique –il ne se sent pas seul ainsi-, il n’a pas perçu le moment où le décalage a cessé d’être celui qu’il manifestait, revendiquait, ou même acceptait et percevait.

    On le lui a dit pourtant : tu te nécroses de tout ton profond et de toute ta conscience et, simplifié, tu te caricatures et commences à tiquer, à répéter, à te perdre dans ta très fausse perception de toi-même.

    Mais ça, si j’y pense, c’était avant, maintenant il n’est plus que la peau vide du schéma de l’histoire.

    Je pense alors à l’histoire tristissime de mon ami Vincent qui a voulu donner son sandwich au clochard près de l’aéroport, qui a relevé la tête et a dit mi-tristement mi-ironiquement (mi-inconsciemment) « Zé pas d’dents » en le regardant dans les yeux bien comme il faut. Mon dieu, peut-être que ce vieux là va lever la tête et qu’elle aura pas d’yeux, ou pas de nez ou…

    Mais voyons, il ne faut pas penser tout ça quand on voit de pauvres gens.

  • deux saluts

    Ma correspondance, stupide et suffoquée sur l’échec de ma vie française. Mais c’est que je suis faible devant certaines de mes névroses, pardon hein, ces problèmes franco-français de réussite je n’arrive pas à dealer avec, je n’ai jamais pu, et de l’autre côté il y a elle et tout ce qu’elle m’apporte, la magie, la bonté de l’air, et je n’arrive pas toujours à ce que ça ne me fasse pas mal au ventre d’incapacité à rassembler les deux en moi pour rester magique justement, parfois ça me donne juste envie de hurler dans le ciel, toujours cette chose de me sentir coupée en deux, il y a la belle vie américaine qui me gonfle de vie et la vie française où je suis chez moi –et d’une certaine manière ça m’apaise, c’est ce qu’il faut, c’est pas tout négatif- et aux prises avec plein de problèmes, et le but serait d’être une seule personne et d’arriver à m’orner des deux avec majesté, n’est-ce pas, mais je suis du monde des hommes alors toute petite et j’échoue et je sombre sans cesse. Il y a des choses que je n’arrive pas à vaincre, au dessus desquelles je n’arrive pas à tenir la tête. C’est la faute de mon père si je lutte tellement avec les névroses de la réussite, j’en parlais avec maman et on disait que j’étais beaucoup plus élitiste et exigeante qu’elle, ce n’est pas la pression familiale qui fait ça, c’est ma pression intérieure héritée on sait d’où mais je n’en mourrai pas, moi, mais peut-être que pour ne pas en mourir il a fallu, à moment donné, que je décide d’échouer un peu et de ne pas m’arracher les tripes pour être la meilleure des meilleures, oui ça dû se passer comme ça :

    -Eve, ça va être dur, tu le regretteras souvent, mais tu ne vas pas te laisser prendre à la spirale du mérite et de l’orgueil, parce que tu en paieras le prix et un prix que tu ne veux pas payer (parce qu’il équivaut à la mort tu l’as vu et tu le sais maintenant) : tu perdras le monde, la beauté, la magie et l’amour tout simplement (au sens fort, l’amour comme type de relation entre les hommes et avec le tout du monde), ce monde tu le perdras parce que les gens qui ne s’occupent que d’eux-mêmes n’y ont pas séjour on le sait, on le sait que pour se fondre dans le monde il faut se fondre tout court et un peu se dissoudre, et un peu s’oublier, et un peu s’absorber et se donner et ne pas se construire, se donner et ne pas SE construire, s’accepter, se recevoir (recevoir), accepter de ne pas s’engendrer soi-même. Eve, tu as voulu (au sens fort, bien autre que « désiré » ou « souhaité », la volonté, elle, a le pouvoir) ce monde quand tu l’as entrevu, tu as entrevu une autre forme de salut que ce salut (illusoire et morbide) qui provenait de toi et que de toi ; de soi et que de soi rien ne peut advenir que soi et on s’emmerde, quand il y a LE MONDE à explorer et à recevoir comme un gâteau d’anniversaire.

    Mais Eve elle est hantée par le spectre de son moi stérile et brimé qui aurait tant voulu prendre toute la place et subvenir à tout. La gratification de se devoir tout rien qu’à elle et à sa propre force, à sa propre puissance. On peut vivre par cette seule gratification.

    -Eve, tu ne veux tellement pas d’une vie si mortifère. Oui, la conscience de sa propre puissance fournit une énergie suffisante pour traverser sa vie, OUI. Mais c’est un désert. Et à moins d’être stupide (il y en a, des stupides, des aveugles comme ça et eux n’ont pas de problèmes) du coin de l’œil tu la verras, l’horreur de ta condition, le désert, l’erreur, le gâchis, et tu en mourras (d’usure et d’épuisement pour les efforts que ça te coûtera en persuasion constante pour te le cacher à toi-même, efforts qui achèveront de te couper du monde).

    Oh boy ! C’est ça qu’il a dû se passer dans mon arrière crâne au moment où je me suis libérée de mon destin de fille à mon père. Mais le problème c’est que j’en suis pas libérée ; ce n’est jamais simple, le fantôme du moi auto-engendré qu’une partie de moi aurait si facilement pu/voulu être me poursuit un peu et me grignote, en France.

    pardon que rien ne soit jamais simple avec moi.

  • Cerisy

    10-09-06
    Il y a quelque jours j’écrivais sur le papier à D. que je perdais mes mots pour exprimer les vraies choses et me sentais un peu autiste; c'est que ce pauvre langage ("mon amour, ces pauvres mots..." -soupir dans l'oreille) est le seul terrain commun avec tous ces gens que je ne connais pas alors on passe notre temps à parler, puisqu'il faut (on veut) se comprendre, et tous ces signes qui, avec des gens qu’on connaît, passent par d’autres voies que les mots là il faut les forcer à passer par le langage et ça prend des efforts et de l'agitation -pour que si peu de ce qu'on voulait exprimer arrive à être transcrit en mots...-, on se force, on exprime, on décrit, on raconte sans cesse, et toute cette parole, moi ça m’épuise. (ce pour quoi je n’arrivais pas à lui parler au téléphone).
    M. s'est excusé pour avant hier, il est mignon mais des fois c'est un boulet.

    J'ai le cahier bleu et la cahier brun de Wittgenstein qui me menace sur mon bureau devant moi. Je dois rédiger ce putain de projet de mémoire de DEA pour la semaine qui vient, je lis sur l'intersubjectivité chez Husserl et cette histoire d'analogie ne me satisfait pas du tout, merde. Quand à l'action collective, je ne comprends même pas comment elle est possible, ni même la communication à vrai dire. Il faut pourtant que je résolve mon aboutissement au solipsisme, ma vie sera plus simple et moins pleine d'abérations comportementales. En fait si, ok pour l'action collective, ce sont les valeurs collectives dont je ne comprends pas comment elles sont possibles (valeur au sens moral).
    ...sois patiente...il y a le doc, après. D'abord la communication, puis le vivre ensemble, l'agir ensemble et le politique, puis la morale. Sinon tu ne t'en sors pas (je ne m'en sors pas)

    Très drôle Colloque de Cerisy sur Soljenitsyne, je commence par une des dernières conférences (la découverte de la souffrance salvatrice, un truc comme ça), super exposé ronflant de références bibliques et de majuscules, donc l’absurde, Prométhée, Job, le Verbe, la Grâce, la Révolte etc, et là discussion : 12 personnes qui se jettent sur ce pauvre bonhomme sans aucun tact : « je ne crois pas qu’il y ait trace du theme de l’absurde dans l’œuvre de S… » « je ne vois aucune entreprise prométhéenne dans le Premier Cercle, bien plutôt chez Yvan Karamazov… » « vous surinterprétez les textes avec toutes vos références au christ » « ah oui, et au Verbe » « c’est vrai, et à la Grâce » « je ne crois pas du tout qu’il s’agisse de révolte au sens que vous donnez au terme dans… » etc., le pauvre homme s’est fait asmater la gueule. Je me dis qu’ils devaient en être à leur troisième jour de colloque, couteau entre les dents, et ne pouvaient plus se blairer. Rafraîchissant en tout cas...

  • Jocelyn

    C’est drôle le rêve qui a suivi, y avait plein de références à ma journée, d’abord une sorte d’oral d’admission au master 2 avec Jocelyn Benoist, corpulent, pas très jeune, très prétentieux et très fort, très sûr de lui qui m’intimidait –d’ailleurs j’oubliais tout et était très mauvaise, et j’essayais de lui faire sentir que je suis bonne, en fait, et j’y arrivais pas, je sentais que le charme n’opérait pas et qu’il ne voyait pas qui j’étais et qu’il me méjugeait et ne m’aimait pas, ne me remarquait même pas, et allait me recaler ! et à un autre moment, depuis un escalier, il se retournait vers moi et me donnait des conseils confidentiels (des clefs) pour réussi à être la meilleure, dont le plus important qui me semblait LA clef : « et…lisez la fin des chapitres ! » disait-il avec l’air entendu et moralisateur; c’est vrai que je disais à ma coloc avant de m’endormir que je ne lisais pas toujours les fins ; et ce conseil me marquait tellement dans le rêve qu’il m’en reste quelque chose là, c’est comme si dieu avait parlé et me donnait une seconde chance d’être la meilleure des meilleure, à cette condition (lire la fin des chapitres), condition évidente que je connaissais depuis le début mais n’avait pas l’autodiscipline pour l’appliquer, là encore il suffisait qu’une autorité masculine me le dise ; toutes ces choses que je sais que je devrais faire, au fond, I’m craving que quelqu’un me le dise, c’est comme le flic dans l’état de NYC qui m’a dit de conduire plus lentement m’a ainsi permis (au sens de : rendre possible) de le faire. Jocelyn Benoist m’a autorisé à lire la fin des chapitres en rêve !! youhoo ! Et ensuite, dans le rêve, on partait (il devait partir et je le poursuivais/suivais, je crois) sur un ponton flottant sur une mer agitée, ou une barque, un peu dangereux. Et après je me trouvais avec les amies du collège dans un hall de colonie de vacances (de tournée) avant le grand départ du retour dans les maisons, et personne ne m’aimait trop (typique des rêves paranoïaques récurents), je me sentais trop honteuse et pas bien, et je me changeais et le DG arrivait et j’étais en culotte et je cachais mes seins, et je me disais « mon dieu mais ça n’arrive que dans les rêves ce genre de situation horrible où on est tout nu en public, comment ça se fait que ça m’arrive en vrai !? » et HEUREUSEMENT ma coloc a passé la tête par la porte et m’a réveillée avec un grand sourire. Tout ça, quoi… c’est bizarre, quand même.
    J’ai hâte de voir à quoi ressemble le vrai Jocelyn Benoist.

  • Gare de l'Est

    Paris again et définitivement, ça va, hier drôle de journée où j’étais assez contente et tout d’un coup tout (cet élan toujours un peu excessif que je ressens souvent, et qui est à la limite…) s’est converti en tristesse très profonde, peut-être j’avais rêvé de papa (malade et innocent, comme toujours ces derniers temps, et on pouvait y faire quelque chose ! pour m’en souvenir : il était tout gonflé d’air), peut-être Johnny est amoureux, peut-être que ça m’épuise au fond d’être super-cool avec des gens que je ne connais pas et surtout qui ne me connaissent pas, c’est étrange parce que ça ne me coûte pas du tout, cette espèce d’inconscience, ça a l’air d’être un mode d’être qui m’est également propre et naturel, une passade j’imagine, alors pour quoi, assise devant la Gare de l’Est à attendre, je me suis sentie aussi infiniment seule et absurde ? Il ne m’avait pas délaissée, pourtant, il ne m’avait pas posé un lapin pour une autre, ça ne m’a même pas effleurée le train était en retard c’est évident et pourtant c’est tellement ce qui s’est passé dans mon cœur*. Et M. qui me dit tout à l’heure avec son tact habituel « égoïste ! Tu veux le garder toute pour toi » et c’est tellement faux, je suis très objectivement heureuse, je serais très triste d’ailleurs si la situation était celle-là, mais je ne sais pas pourquoi je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer devant cette putain de choucroute –dommage qu’il n’y ait pas eu de camera pour m’attraper en larmes, ridicule en face d’une assiette à moitié pleine et d’une chaise vide et la serveuse qui fait des blagues et me dit « ça va passer (il est parti ? j’enlève l’assiette ? et moi, mouvement de balais de la main entre deux reniflements), reprenez donc du chou, c’est bon pour votre régime ! », très cinématographique.
    Après j’erre, je me trouve sur l’esplanade de Beaubourg éclairée par une lumière automnale très douce, j’appelle ma blonde qui n’a pas le temps –ça coupe, d’ailleurs-. Le film de Ken Loach a assis ma journée et achevé de m’essorer. Petite salade, blabla colocatairien –je suis vraiment un boulet, j’ai péroré pendant une demi-heure, beuh- et Soljenitsyne.

    *A la réflexion : ici je manque de confort affectif, dit confort incarné par Johnny. D’où mes hoquetements soudains

  • Canal de L'Ourcq et perspective sur nos vies

    Hier soir le Canal de L'Ourcq était trop beau, tout le monde pique niquait au bord sous la plein lune, et les péniches, et l'air tout doux.

    J'avais besoin de lui parler pour lui faire une place dans ce monde, c'est trop important pour moi de ménager un espace de communication avec elle dans ma vie quotidienne sans elle, sinon je suis comme dans un rêve-cauchemar en attente de quelque chose qui n'est pas accompli, la vie parisienne ne peut s'installer sans un quotidien avec elle dedans. Ca me brûle de l'appeler, de lui parler, beaucoup, normalement, naturellement, il me le faut pour que ma vie -n'importe laquelle de mes vies, toutes mes vies- soit réelle. Parce que les choses n'ont pas de sens si elle n'occupe pas sa place, si je ne les lui raconte pas, simplement, si je ne sais pas ce qu'elle fait, parce que sa vie est aussi une perspective (comme une perspective en cinema ou en architecture, une prise de vue quoi) sur ma propre vie dont je ne peux plus me passer, parce que son regard je ne peux plus m'en passer non plus, et son regard sur sa vie à elle je ne peux plus m'en passer non plus, parce que c'est la même chose tout ça.

  • Plumed Serpent 2. Personnages et insatisfaction.

    Le Plumed Serpent, très inégal, les personnages trop décrits -donc trop extérieurs à nous- on ne sait trop de quel point de vue omniscient, on croit que le personnage principal c’est Kate puis au beau milieu du roman tout d’un coup l’auteur change de protagoniste et pour un chapitre commence à nous décrire le point de vue (la vie intérieure) de Ramon et Cipriano et cela très maladroitement, nous donnant l’impression qu’il opte par paresse pour la solution de dire les choses au lieu de nous les faire comprendre (à travers le regard de Kate ou autre), qu’il nous fait un petit topo parce que ça l’arrange pour plus tard. Mais là je ne vois pas comment ce petit saut en Ramon et Cipriano se justifie dans l’articulation du roman (dans son dynamisme interne), la narration oscille et hésite entre un mode et l’autre, hésite, girouette, et opte toujours pour ce qui est le plus simple (et laisse du coup l lecteur comme 2 ronds de flanc). Si c’est comme ça on n’a pas besoin de le construire, un roman.
    Et de toute façon cette mise au point sur Ramon et Cipriano par focalisation interne vient un peu tard, le lecteur s’est déjà fait une impression d’eux à travers Kate, heureusement. Cela par contre, au début, ne nous est pas autorisé pour cette dernière, que l’auteur nous livre toute composée. Au moins, les deux autres on peut les mettre en question nous-mêmes puisqu’’ils nous sont donnés seulement à travers le regard de Kate (et non par une description extérieure), parce que : si ça n’a pas de sens de discuter la description livrée de l’auteur (pour Kate par exemple, donc on prend Kate telle qu’il nous la donne sans aucun jeu ou marge de manoeuvre), on peut le faire ce la perception qu’on a d’un personnage donné à travers le vécu d’un autre personnage. Soit : Ramon et Cipriano apparaissent dans la vie de Kate, que nous suivons, mais à cette perception ils ne se réduisent pas. [alors qu’encore une fois il est presque absurde d’affirmer la transcendance du personnage par rapport à ce que l’auteur nous donne, sauf si l’on a le goût des noumènes] Il y a du jeu entre le regard de Kate et le notre, il y a une possibilité (c’est pour ça que dans Faulkner c’est toujours un personnage qui raconte, comme ça on peut ne pas le croire) ainsi l’auteur nous laisse toute marge de manœuvre, et dieu sait qu’il a découpé le caractère de Kate suffisamment pour que l’on se méfie ou au moins que l’on ait pleine conscience de la relativité de son point de vue. Ce qui est trompeur c’est d’ailleurs qu’on a l’impression qu’il le fait à dessein (expliciter comme ça les biais de Kate) pour que l’on en joue dans notre appréhension des autres personnages/expériences, par exemple le tout début, la présentation de Owen et Villiers tellement caricaturaux dans le regard de l’auteur qui les JUGE ouvertement (qui est celui de Kate également on le sent, même si elle ne se l’explicite pas, l’auteur prend pour lui ce qu’il ne peut lui faire dire parce que c’est trop tôt, et subrepticement il nous incite à prendre parti en donnant une description si caricaturale; mais en même temps il montre Kate sous un jour très « tranché » aussi –pour ne pas être le dit d’avoir pris parti et montrer que c’est son point de vue à lui et qu’il respecte les règles du roman) ; ainsi à la fois : tous les personnages sont égaux sous le regard (et la création) de l’auteur, ainsi, suggérant que c’est le regard de Kate qui sera prégnant mais nous la montrant dans le même temps si caricaturée, il nous enjoint à la circonspection concernant ce qu’elle va juger ou vivre, et nous enjoint par ce fait à l’ouverture.

    et parfois ils agissent et on ne nous donne aucun motif, alors certes on se les figure mais comme jusqu'ici tout était fourni là on est pris au dépourvu et on oublie de faire appel à interprétation

    ECRIRE CA C’EST COMME SI TU DISAIS QUE FLAUBERT A ECHOUE PARCE QU’IL A ECRIT UN ROMAN TOUT PLAT (alors que c’est ce qu’il a voulu faire)
    A lieu de toujours partir de ta propre conception, demande toi un peu pour une fois ce qu’a voulu faire l’auteur et accorde-lui d’emblée un peu de crédit.

    Alors : on recommence : qu’a voulu faire Lawrence ?
    [moi je crois quand même que ce roman est mal fait –au delà de toutes ces qualités]

  • nicotine?


    podcast

  • L'Evolution (anciennement appelee "atomes")

    Arrivée à Bordeaux, j’y repense, même aux moments un peu plus difficiles, et je vois que tout est "en marche" dans cette relation (ce qui est le grand but et le grand blessing de l’existence, que tout bouge et se modifie constamment, du nouveau, quoi, un fond nouveau, un moi nouveau qui traite les situations nouvelles), je veux dire que tout moves on, au fond, tout est avancée et évolution vers un truc toujours plus profond, posé, une communication à un degré plus premier encore, premier au sens de originaire, qui se débarasse des trucs artificiels de la vie superficielle, qui se simplifie, comme un atome est plus simple et originaire qu'un objet manufacturé ;

    et nous on pénètre de plus en plus dans le monde ultime des atomes, là où tout est clair, là où on voit s'articuler devant nous le jeu entre les éléments et où on comprend la complexité du monde parce qu'on la voit décomposée dans ses éléments simples et leurs relations, et on voit les mutations de ces éléments et relations parce que ça dure, cette expérience, et on voit la complexité du monde et de nous, de tout.

    Moi ça me fait ça pour chaque moment, et même chaque mini-crise (et sa résolution, qui n’est en fait pas la résolution d’une anicroche circonstancielle mais celle d’une des équations du monde) est une plongée encore plus avancée dans ce vrai monde où elle et moi nous avons solution à tout puisque nous voyons les choses telles qu'elles sont. Alors effectivement, il ne peut y avoir de négatif (elle dit qu’il n’y a que du positif, même dans les moments difficiles) parce qu'il ne peut y avoir de regression (une fois qu'on a vu...on a vu! -les atomes, l'agencement du monde de elle et moi- on ne peut plus l'oublier, l'ignorer, et régresser dans sa vision et se laisser reprendre aux apparences de la surface).

    C'est ça, l'amour, je crois, l’ouverture du monde.

    Et j'ai l'immense sentiment que cette évolution de fond, cette avancée vers le simple et vrai ne va jamais s'arrêter, qu’elle et moi on est capables d'aller à l'infini dans cette direction et de se promener dans ce monde en le voyant toujours mieux (ce que j'appelle monde c'est le monde exterieur tel qu'il est ouvert par notre relation, soit : en tant que son sens lui est donné par elle, soit : la manière dont le monde exterieur se déploie pour nous selon elle+moi, le monde réel quoi, qui prend enfin son sens -tout son sens- dès lors qu'il naît d'une relation entre deux âmes( ?!?) –The Morning Star (ahah), dirait Lawrence!-), et j'ai le sentiment qu’elle va m'apporter toujours cette possibilité d'aller plus loin, elle est ça, dans ma vie, pour moi ; la communication avec elle est, en elle-même, portée par ce souffle puissant et rarissime qui va nous maintenir là, à habiter le monde dans toute sa richesse (ce qui n'arrive vraiment pas souvent aux gens, ni pas souvent dans la vie). Voilà.

  • D. H. Lawrence

    Sur DH Lawrence, évidemment il ne s'agit pas tout à fait de ce que je dis plus bas (que c'est juste Nietzsche et que le salut est dans la fonte dyonisiaque du soi), c'est plus compliqué, et surtout il ne faut pas oublier que dans le roman tout ca (la resurrection des dieux archaiques) est à l'origine une strategie politique (politique au sens le plus universel, il s'agit d'une civilisation). Mais j'y repenserai et y reviendrai.