Hier soir le Canal de L'Ourcq était trop beau, tout le monde pique niquait au bord sous la plein lune, et les péniches, et l'air tout doux.
J'avais besoin de lui parler pour lui faire une place dans ce monde, c'est trop important pour moi de ménager un espace de communication avec elle dans ma vie quotidienne sans elle, sinon je suis comme dans un rêve-cauchemar en attente de quelque chose qui n'est pas accompli, la vie parisienne ne peut s'installer sans un quotidien avec elle dedans. Ca me brûle de l'appeler, de lui parler, beaucoup, normalement, naturellement, il me le faut pour que ma vie -n'importe laquelle de mes vies, toutes mes vies- soit réelle. Parce que les choses n'ont pas de sens si elle n'occupe pas sa place, si je ne les lui raconte pas, simplement, si je ne sais pas ce qu'elle fait, parce que sa vie est aussi une perspective (comme une perspective en cinema ou en architecture, une prise de vue quoi) sur ma propre vie dont je ne peux plus me passer, parce que son regard je ne peux plus m'en passer non plus, et son regard sur sa vie à elle je ne peux plus m'en passer non plus, parce que c'est la même chose tout ça.