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Anastasia Jr - Page 4

  • cathédrale de Strasbourg et Saint-Pierre-le-jeune

    J'oublie, sur la cathedrale de Strasbourg, que l'interieur a une allure folle, la grande horloge astronomique, la rosace tres haute et gigantesque, l'abside profonde et sans retable de telle maniere qu'on a l'impression d'un espace à occuper et pas seulement d'une scene, occupé à parler, se concerter, penser, sous la trés haute voute.

    L'Eglise protestante St-Pierre-le-Jeune, aussi, egalement de grés rose erodé et doux, de peintures et de frises vives etonnemment bien conservées, là où on a écouté l'orgue peint, posé sur une arcade en avant du choeur. Une merveille (l'orgue, aps le concert...)

    (les accents zarbis sont dus au clavier allemand)

  • Allemagne

    Bon, je suis en Allemagne finalement, après un long week-end à Strasbourg (et une semaine á Paris où j'ai trouvé un trop cool appart dans le 20e puis 10 jours en Espagne pour ceux qui sont moins au fait); où la cathédrale est incroyablement effrayante et bizarre, on dirait qu'elle n'a pas d'épaisseur et que c'est un décors de carton pour un film de Jeunet un peu gothique cadavérico-oniryco-délabré, ou qu'elle est creuse (les fenetres sont en vis a vis alors on voit á travers la cathedrale de loin) et toute en poutres de metal rouillées, acérées et pleines de trous, comme une vielle carcasse; cependant qualifiée par Victor Hugo de "prodige du gigantesque et du délicat"... La ville est vraiment mignone bien qu'assez grande, le vieux centre est fait principalement de maisons peintes très vieilles branlantes sur des colombages tout tordus et instables sous des toits ondulants d'ardoises pour la plupart brisees, mais le tout rénové (ahah) et un peu touristique. Trés allemand, quoi. D'ailleurs c'etait très bizarre d'entendre parler francais dans la rue et de voir les panneaux en francais, c'est vraiment un endroit tres different de partout ou je suis allèe (si peu en France, je sais). On a mangé la très attendue choucroute qui ne nous a point décues (le riesling non plus) et on a circulé sur tous les petits ponts envisageables, écluses et passerelles paisibles et verdoyantes qui articulent le centre-ville. Chouette barrage Vauban, fortifié et couvert de pelouse a l'exterieur et traversé par des galeries sombres pleines de pigeons et de statues brisées et noircies, etrange. Pis là je suis donc à Tübingen et j'aurais du emporter mon cahier d'allemand parce que je ne comprends rien à rien de rien, ou peu, en fait j'ai toujours l'impression que je vais copmrendre parce que je reconnais des mots, pleins, mais j'en ai oublié le sens, too bad... En tout cas il y a des Hegel et des Husserl voire Heidegger qui sont passés par là, je fais donc mon propre pellerinage autiste sans l'aide des mots des plaquettes informatives, je vois juste les endroits et j'invente les merveilleuses annecdotes de leurs vies. La ville est (tres) petite et (aussi) adorable, encaissée dans des collines bucoliques pleines de jolies maisons cossues et bien tenues, colorés et ventrues à l'allemande, encore. Tout est très vert, et entourré de plateaux, du haut de la cité-U le matin à sept heures j'assiste au levé de soleil sur les collines, chaque fois surprenant de jeu de brume et de lumiere oblique, jeu de nuages et d'odeurs automnales (sur la terrasse) bien que le soleil soit chaud la journee. L'air sent la rentrée des classes et les matinées ont la clear, fresh and dry atmosphère de septembre. A part ca je suis plongée jusqu'au coup dans le terrible roman de DH Lawrence The Plumed Serpent, où le retour à des déités archaiques avec perte de soi dans le désir, la violence et la pulsion est le seul salut (assumé et mis en valeur comme une issue heureuse!), c'est très effrayant (tout est Nietsche là dedans, d'ailleurs c'est utile parce qu'on voit avec une légitime horreur que Nietzsche c'est bien joli mais incarné dans une histoire avec des gens, des actes et leurs conséquences c'est assez horrible). Bref je lis en anglais et du coup quand je sors dans la rue je m'attends toujours á ce que ce qui sorte de la bouche des gens soit aussi de l'anglais et je me prepare a comprendre et repondre, et lá ils ouvrent la bouche et un charabia inintelligible en sort et je suis comme deux ronds de flan. Néanmoins le demi-litre de biere tres bonne est à 2,30€. Tout est dans l'ensemble un peu moins cher qu'en France, ce qui me fait encore me rendre compte de l'inflation folle de ce pays de fou, parce que ce n'etait pas comme ca a l'epoque.

  • pause

    Petite pause, c'est que j'écris des lettre, et des lettres... des tonnes, surtout d'amour. Alors j'ai plus de jus. Pis Bordeaux ne m'en donne pas trop, du jus. Ou en fait si, mais pour me plaindre, je pourrais me plaindre d'ailleurs ici et là, encore, et encore: la collision des mondes, la mémoire, la temporalité, l'oubli ou la nostalgie hébêtante et abrutissante dans laquelle je me trouve plongée en moyenne un jour sur deux. L'autre jour (sur deux), je trouve évidemment dans l'air une douceur surnaturelle et forcément révélée, vibrant de champs de forces convergeant tous vers moi qui les renvoie au soleil qui dispense aussitôt cette immensité de bonté ou de sens derrière ses nuages de mercure transparent (qui n'en diffusent que mieux même quand ils sont en forme de bite comme ce matin).
    Bref.
    Je ne fais rien, ne lis pas de trucs intéressants et ne communique pas vraiment.
    La Cantabria et les Asturias ont été merveilleuses cependant, rien que la paix.

  • Paris 3

    5 éléments du Louvre :
    Il y avait un collier en Lapis-lazuli aux Egyptiens que j’aurais volé pour elle mais la horde de japonais flashant de tous bords m’aurait prise sur le fait.
    Il y avait des sarcophages en bois peint et sculpté vieux de 4000 ans, 2000 ans avant JC c’est à égale distance de ce qu’on est maintenant, quand là on considère JC comme l’origine et le moyen age comme l’antiquité. Deux fois mille ans avant JC ça n’a pas de sens. C’est fou comme une culture est une échelle aussi petite qu’une vie d’une personne, à une certaine échelle (mais on se souvient de la mort d’une culture).
    Il y avait la grande galerie de peintures italiennes du XVe-VIIIe tapissée de toutes les expressions imaginables de la douleur ça m’a rendue malade, c’est quoi, le problème de notre culture pour que ce soit une telle souffrance qui figure sur les icônes ? Un monde fou passant et repassant dans l’indifférence devant les crucifiés, les éplorées et les criblés de flèches et commentant l’organisation du tableau. Des malades. Nietzsche a raison.
    Dans la salle des instruments de musiques archaïques j’ai pensé à elle et aux patins dans la même salle du MET.
    Dans les sarcophages des morts les égyptiens glissaient plein de petites figurines pour qu’elles fassent les corvée à la place du mort dans l’au-delà, ils ne perdent pas le nord.

    Sur Soljenitsyne –les humains sont d’une folie atroce mais après tout le Goulag montre que le goulag est une vie et une vie est potentiellement abyssale, même dans le goulag. La possibilité du vécu est une chose merveilleuse –l’individuation, la capacité, la mémoire, la compréhension, la force, le cheminement, l’appropriation (merveilleux concept heideggérien, je veux dire par vécu le processus qui mène à s’approprier sa propre essence, qui n’est rien d’autre elle-même que ce processus évidemment), et le tout livré à la contingence !!! Merveille. C’est pour ça, et seulement pour ça que 4000 ans ce n’est pas vain, que 4000 ans c’est supportable, car une seconde n’a rien à voir avec une seconde ni un être avec un être. 4000 ans ne m’étouffe pas, ne change rien.

  • Paris 2

    On a encore parlé des morts et des morts en bien quand ils étaient vivants, de ma grand-mère chimeuse quand elle était petite et pas la personne grandiloquente et tragique que je connais, elle en est attendrissante, drapée dans son drame. Du grand-père mythique en fait lâche, du désamour dans tout ça payé si cher, le tout sur un ton léger et réaliste que je n’avais jamais entendu. Des détails sur tous ces gens qui ne sont plus que poussière depuis des lustres (ses parents à elle) et dont seule la dernière qui me parlait se souvient sur la terre entière. Et tous ces gens dont ses parents se souvenaient et dont personne ne se souvient… c’est horrible. Vertige…bientôt elle, bientôt mon père, moi, pouf, disparus, pour le coup ça n’a aucun sens… Je ne sais pas quoi faire de ça. Je n’ai pas de solution pour ça.

    Et alors là j’étais à la fenêtre, je pensais à tout ça et je me disais encore comment porter tout ça en moi-même alors que ça n’a pas de sens, et là je laissais voguer mes pensées et tout d’un coup je me rends compte que pensant à ma vie c’est à ces dernières années, que je ne dois qu’à moi, que je pense naturellement, les vieilles histoire n’ont pas de poids alors qu’elles faisaient toute ma vie longtemps, c’est fou comme ça se construit brusquement une vie, petit tas redevable à rien d’évènements empilés, elle n’est que ça et tout d’un coup une vie singulière existe, ne se réduit plus à ça, plus à rien d’autre. Pour décrire la prise de conscience sur le balcon: au moment même où je pense que cette histoire est une prison je vis le fait d’en être totalement libéré. Tournant ! –les tournants de balcons sont les plus vertigineux souvent-
    Peut-être qu’il ne s’agit que d’une pile dont le fond se tasse et s’écrase et que tout est réductible à du quantitatif, les évènements de quelque nature –qualité- qu’ils soient se poussent les uns les autres. Quantitatif.
    Je ne me sens quand même pas trop magique ces jours-ci, trop de gens autrement géniaux, trop différents de moi et c’est eux qui ont raison, ils sont cools et ils ont l’air heureux, et criss’ ils ne voient rien selon les même règles que moi, c’est bon pour mon ego –les recherches d’apparts m’ont toujours changée en un tas de ruines surtout l’automne dernier…mais je ne m’en rends compte que plus tard quand des semaines après j’ai tout un carnage relationnel autour de moi et je vois que je suis hyper fragile paranoïaque et toute émiettée de la confiance en soi. En espérant qu’il y ait l’amour pour me reconstruire.

  • Paris 1

    -un moustique passe, celui qui me pourrira ma nuit plus tard, qui tout fluet maintenant sera comme une amphore demain matin-
    Paris c’est bien mais je suis fatiguée, je marche tout le jour et le soir je parle des morts avec marraine qui pour ses 86 ans est incroyablement allumée, et sa fille qui m’a toujours un peu fascinée. Soljenitsyne avance à grands pas dans les transports en commun, ce livre est GRAND. Pas grand-chose à dire sur l’atmosphère parisienne que je me surprends à ne trouver ni critique ni hostile alors que j’aime. Les médias français mentent donc terriblement aux médias canadiens –oui, Paris est viable, oui, la France existe encore. Et je sais m’engouffrer d’un RER à l’autre comme si c’était inné, je vais assez bien comme quand on voit tout en terme de possibilité –il faut vraiment que je bute ce moustique-.

    Ca me fatigue que les gens meurent et qu’on me parle de mon papa jeune charmant et gentil « c’était un amour » disent-elles. Parmi tous les gens proches morts ces dernières années il pourrait être en enfer avec tatie Maggie et tonton Denis. Papi, Manou, Renée et Andrée ne risquent rien, Pierre non plus. Manou ce n’est pas de sa faute, elle pensait qu’elle était toute puissante (ça vaut l’enfer, remarque justement) elle n’a pas réfléchi et elle a payé dans (par) sa vie mortelle, or le reste n’existant pas –la veille de sa mort elle a dit « je pensais retrouver Michel mais en fait je sens que ça ne va pas arriver »-…Elle est morte d’un cancer de l’utérus parce que papa, la culpabilité et l’amour démesuré (hubris !!) ont tué son utérus et elle-même.

  • le deuil de moi de maman

    En l'occurrence ce qu'il se passe c'est que ma mère est complètement hétérogène (c'est le bon mot) à la chose (le fait que je sois amoureuse de mon amoureuse), et je ne vois pas comment elle pourrait être en passe de le comprendre dans la mesure où c’est une forme du ressenti qu’elle n’a jamais éprouvée –et surtout qu’elle sent qu’elle n’aurait jamais pu éprouver- ce qui fait qu’elle ne peut pas traiter l’information (puisque c’est toujours à partir de nos expériences passées qu’on traite les nouvelles infos par des systèmes d’analogies, et là il n’y a aucune analogie possible avec des choses qu’elle aurait ressenties puisque pour elle mon amour pour mon amoureuse c’est le trouble et elle n’a jamais ressenti que du clair comme de l’eau de roche), elle ne peut pas se mettre à ma place et la compréhension passe toujours par une forme d’empathie. Alors il n’y A PAS de voie de résolution. C'est un processus de deuil, qu'elle entame, le deuil de toutes ces choses à partager avec moi, de toutes ces choses qui l'ont rendu heureuse (la vie de famille, un homme, l'altérité) et qu'elle souhaite bien naturellement pour ses enfants alors ça la rend malheureuse de faire son deuil de mon bonheur, parce que c’est ça que ça veut dire pour elle. Et faire le deuil du bonheur de son bébé c’est pas facile, surtout si c’est dû non aux circonstances (ce qui laisse une ouverture) mais à un vice structurel ; vice structurel duquel au demeurant elle se sent responsable en bonne freudienne.

    Moi je fais mon deuil de ma relation avec maman, celle de partager toutes ces anticipations du bonheur comme une fille prépare son mariage sous l’œil tendre et taquin de sa mère; c'est dur chiant injuste et désolant, surtout si l'on voit le rôle qu'a joué ma "normalisation" de ces dernières années dans l'amélioration de nos relations (ou du moins la correllation), et qui m'a rendu très heureuse et profondément détendue.

    Si on voit ce processus de deuil comme une résolution alors oui, c'est bien; mais moi je vois ça comme un naufrage et je ne peux pas m'empêcher de souhaiter avoir pu maintenir le bateau à flot, même porté par un "lie by omission". Si au moins j'étais gay ce serait plus simple, je pourrais automatiquement me mettre en position de revendication de mon identité ce qui me donnerait de la force, ou plutôt ce qui aurait tellement de force (mon identité) en soi que je n’aurais pas le choix de l’affirmer, le dire, le faire accepter. Là je n’ai pas cette source de force là parce que comme j’en ai parlé souvent je ne suis pas gay, je veux des maris et des bébés et tout ce pan de vie me rendrait au moins aussi heureuse que ma mère et je suis bouffée par la même déception qu’elle et je dois faire le même deuil, sauf qu’en plus il s’agit de moi (je dis en plus mais je ne sais pas si c’est plus difficile de faire le deuil du bonheur de soi-même que de celui de son enfant. Au moins moi je ressens l’impératif de l’amour qui justifie tout, alors c’est dommage mais c’est juste). C’est très bizarre de l’entendre se lamenter et d’avoir juste envie de me lamenter avec elle, et non pas de la contredire et cheer up. Sa déception fait écho à la mienne y en a pas une pour aider l’autre, alors en plus elle me voit l’approuver et être assez malheureuse moi-même de mon sort ce qui la rend encore plus enragée devant mon incompréhensible impuissance, parce que si ce n’est pas mon essence, alors je pourrais...


    Mais je ne peux effectivement pas lui rendre compréhensible ce qui m’est moi-même incompréhensible, et je ne peux pas lui rendre heureux ce qui m’est moi-même malheureux (le fait d’avoir un mari des bébés et une maison avec tondeuse à gazon).

    Mais j'ai l'amour et les étoiles du ciel.

  • cohérent

    Elle me fige dans une identité quand moi ce qui m'aide à ne pas mourir de responsabilité ontologique c'est de penser que je n'ai pas d'essence, que ça va bien aller, que les choses sont fluides et complexes, que ce que je fais maintenant ne décide pas des choses pour toujours. Ce qu'évidemment je ne suis pas encline à penser puisque je raisonne toujours en terme d'essences et je n'ai pas besoin d'entendre ce que je lutte pour ne pas me dire, qu'il est temps pour moi de résoudre la question de "ce que je suis" parce que "merde, hein, à moment donné il faut être cohérent". Cohérent avec quoi?

  • Dans la chaleur torride

    Dans la chaleur torride je tente de ramasser les morceaux et tout ici est saturé de connotations que j’espérais perdues (je mens) mais qui n’étaient qu’enfouies. La collision des mondes est toujours violente. Le refus de ma mère me donne juste envie de repartir en exil. Tout semble fêlé et difficilement résistant à l’étau des radicales parenthèses de la vie de famille qui réduit à néant tout le chemin, tout l’être. Vie de famille pas mal réduite à néant au demeurant.
    Suffit-il de rebondir encore…
    Et encore !
    On peut faire ça !
    Des obsèques, énième fin de la vie de famille, mercredi. Elle m'a attendu, celle-là, au moins!

  • cumulus

    Il y avait un château caché dans celui-là c’est sûr, comme une louche de glace à l’italienne jetée à la spatule sur un sol déjà de crème, pommelé infini, loin en bas le château (le cumulus) se perd pourtant bien au dessus de moi dans un autre toit pourtant presque tangible, nous sommes immobiles dans l’air gelé stérile et pur. Hors proportions humaines ! Il y a un noyau qui rayonne fort au centre dont on perçoit le pulse comme des éclairs intérieurs. Il trône, royal, comme un pilier d’un autre toit loin au dessus, pommelé lui aussi du blanc le plus pur. D’un diamètre comme trois cités. Irradiant la lumière, la rayonnant ou la captant et la transformant en lumière divine rayonnante mais si contenue, en simple lumière du couchant. Le reste du royaume où sonne l’harmonie des astres, on sait sous quelle autorité il est soumis, mais oups, là on ne devrait pas être, ou juste le contempler du coi de l’œil comme je suis en train de faire, d’un clin d’œil clandestin pour l’éternité qui rachète tout, d’une douceur… je l’ai vue, les fesses callées dans l’allée bloquant le chemin pour hôtesses et stewards. Le nuage parle, il envoie des échos à ses semblables dont j’entrevois la silhouette (car il n’y a qu’elles sous le soleil) comme le Mont Blanc échange des avis avec l’Annapurna. Ils parlent de tout sauf de nous. Ils s’emmerdent peut-être. Moi je voyais tout, par le petit trou (ils ne savaient pas que j’étais mortelle alors faisant taire mon cœur et mon souffle toxique pour la quintessence je suis restée un tout petit peu, car je me garde aussi un peu de surprise pour plus tard) et je les aurais entendu chanter si j’avais déjà eu la bonne nature. L’air cristallin, dense de cette vibration harmonique, bruit nonchalant d’une vie nonchalante parce qu’au dessus de la vie.

    J'ai fait bon voyage!

  • old bis

    On me reparle de mon vilain verdict sur les vieux.

    En disant ça je constatais simplement que lorsqu'on a le sentiment d'avoir vécu, le sentiment que sa vie se résume à une certaine folle période (que son -notre- essence s'est exprimée là en une fois) , on ne peut plus vivre après ça, on ne peut plus s'en libérer et c'est malheureux parce qu'on ne peut parler de rien d'autre (que de son essence, un temps on a voulu l'exprimer, mais quand elle s'est déjà exprimée on ne peut plus que la répéter, la raconter...) et plus rien n'est en jeu. C'est ça, être vieux, ne plus pouvoir se mettre en jeu. (ou plutôt: ne plus pouvoir s'y mettre d'un autre manière que la sienne habituelle, c'est à dire s'y mettre réellement).

    Pour clore le débat:

    anastasie dit :
    tu vois, les vieux ça ne peut plus se remuer
    Johnny dit :
    oh, ne soyons pas trop catégorique
    Johnny dit :
    mais je vois ce que tu veux dire
    anastasie dit :
    ma catégorie est définie par ça: un vieux, c'est quelqu'un qui ne peut plus se remuer
    anastasie dit :
    je veux dire, qui se remue, mais qui ne se remue qu'à la manière dont il s'est toujours ou dejà remué
    Johnny dit :
    chacun a ses malles, valises et tiroirs

  • hedge

    She wrote:

    "Les herissons, en tant que tels, ne traversent pas les routes.

    Ils explorent a leur facon de herisson leur mileu de herisson, en fonction de leurs impulsions alimentaires et sexuelles."

    calling me petite hérisson.

    Alors moi bien naturellement, je passe la journée à me demander: voyons, les hérissons se font écraser et c'est pas leur faute, ils sont simplement dans leur monde de hérisson, donc anastasie tu es simplement dans ton monde de anastasie et c'est pas ta faute si tu traverses les route, je veux dire que le fait de traverser une route n'a pas le sens , dans ton monde, de traverser une route. C'est pas ta faute... Et puis après (bien sûr, quand j'ai eu bien tout raméné à ma question favorite du sens), j'ai lu (enfin) la fin de la phrase: "impulsions alimentaires et sexuelles". Alors là, ma blonde, elle exagère! Même pas droit au mot plus humain de "pulsion", non non, une bête impulsion de bête. Bon.

    Alors au bout de plusieurs heures (à faire autre chose quand même) je réalise que ça sent la philosophie française vitaliste poussièreuse à plein nez. Eh oui! Il ne s'agissait que de Canguilhem qui explique que l'interrogaiton de Giraudoux sur la bizarre tendance du hérisson à traverser les routes n'a pas de sens en biologie car le hérisson ne "traverse pas les routes" en biologie, il se promène dans son monde selon ses appétits de hérisson. Bref on pourrait développer longtemps là dessus...
    Crim'!!! C'est trop drôle comment, paniquée, paranoïaque, j'ai cherché le message caché... "mais...que peut-elle bien vouloir me dire?!?" God, pourquoi l'ais-je pris si personnel! C'est qu'elle traduit Canguilhem, alors elle m'envoie un texte de Canguilhem parce qu'elle s'emmerde. Waha, tout ce temps à réfléchir sur l'analogie entre ma personne et le hérisson!!
    C'est trop drôle.
    Showing how insecure i am.

    PS: WAHA et elle me confirme qu'il y avait bien un "double entendre" avec les impulsions sexuelles et moi, et avoue que c'est effectivement pas très drôle parce qu'il se fait écraser (à suivre ses "impulsions sexuelles"). J'avais donc bien raison de "filer" l'analogie!

  • old...

    la jeunesse ne pense qu'à elle, mais bordel, la vieillesse ne pense qu'à sa jeunesse (même si elle le nie).

  • Homard

    05/06/2006
    Ca s'est brisé ou a fondu dans moi encore vendredi, j’y suis habitué, à la dissolution de cette surface qui fait les personnes et permet leur rapports, qui moi me rend lisse comme un oeuf ou éffilée comme la proue d’une bateau de course, et apte à surfer évoluer dans la société sans me mettre en jeu, je vois que heureusement qu'on ne se met pas en jeu tout le temps dans la vie, ou alors il faut être solidement arrimé soi-même au fond dans ce qu’on est et pas assis sur une branche sèche qui flotte, parce que c’est impossible sinon invivable (d’être Jésus), impossible de tout prendre à bras le corps, CAR là je n’ai plus de surface, alors je suis toute nue comme un homard sans carapace (« la petite peau sensible est réversible », le vent qui la caresse l’attaque dehors la picote dedans, parce que c’est comme la peau intérieure quand vous vous rapez le coude, quand on la touche ça pique dedans ou dehors) et hier soir m'a fait pleurer... mais elle avait raison. Peut-être parce que je bois trop et ça me rend très vulnérable et sensible, comme une éponge aux choses (mais c’est pour ça que je bois trop, parce que sinon je peux pas gérer mon empathie). Mais je vais bien, c'est pas un problème et puis c'est pas la première fois que ça m'arrive, je ne me sens pas vide, je ne me sens pas pas-magique, je me sens remplie d'amour à en pleurer (c'est pas négatif) et très désarmée devant ça,

    elle me dis qu’elle est là et qu’elle m’aime alors je n'ai cas m'appuyer et me laisser flotter dans les étoiles.

    L’affaire c’est que je ne m’appuie pas...

  • problème de DG

    Alors avant-hier j'ai reçu ma première tape sur la fesse de mon directeur général! WAHAHA c'est trop drôle, on marchait dans la rue côte-à côte (déjà ça ne devrait pas arriver), et c'était une tape tellement comme celle que donne maman quand il faut aller se coucher, tellement pas sexualisée qu'on dirait que ça lui a échappé tellement il en a donné des pareilles à ses trois filles, j'était déjà en train de rire en marchant et là "paf!" j'ai fait un petit saut en avant et mon rire s'est transformé en un éclat immense et éberlué, je me disais "mon dieu mais que se passe-t-il, le début d'une nouvelle aire on dirait."
    Résultat je fais des rêves troubles où le directeur en costard me tient fermement et fort agréablement pour danser le meringue et me tient fermement pour tout, je n'ai cas m'appuyer....il est là le truc, le trouble, le charme réel... et il a la tête du poète haïtien trop beau que l'on a vu parler hier soir. J'ai vraiment un problème. Je veux dire pas le rêve, parce que le poète ça va, mais le DG en vrai ça va pas, quand même. 40 ans de plus que moi c'est un peu too much... boaf... en même temps il les faut bien apparemment pour que l'effet se passe, pour que je sente que je n'ai rien à faire, pour que je me laisse juste paterner....ah, autorité! Vive l'autorité. (vive les hommes).(vive le charisme, l'expérience, les pères ou les muscles, ou les mains sages). (ou les mains baladeuses...). Je suis un peu bizarre, hein...mais c'est too late, je suis fascinée. Evidemment je jouerais pas à ce petit jeu si je partais pas, petit jeu mais mon coeur....ah....

    so he said pendant que j'étais en train de minauder dans le resto chic et qu'il me regardait en souriant en m'écoutant, he said: "mais dites moi, n'est-ce pas un peu la fuite en avant, tout ça"? LA QUOI?? "vous avez dit quoi?!?", dis-je? la fuite en avant... "mais c'est la phrase fétiche de ma mère qui me répète ça depuis des années, et y a qu'elle qui dit ça, comment ça se fait que je vous parle 10 minutes et vous me dites ça, la phrase, l'unique, la plus juste que l'on pourrait dire"??
    Chcling cric bling font toutes mes carapaces qui se fendent en même temps. Je pourrais m'assoir par terre et me mettre à pleurer, là.
    Alors comme ça, il n'y a plus rien que je puisse dire...
    Je ne peux plus rien dire voyez-vous,
    Je ne peux plus avaler ce qu'il y a sur ma fourchette comprenez-vous,
    Emportez-moi loin d'ici, voulez-vous?

    C'est sur ces entrefaites que je me suis laissée emmener par le bras...

  • les folles vies potentielles

    Donc il a vécu ça, et le côté « bulle déconnectée » n'empêche pas que ce petit vécu fou et mystique soit fort et hallucinant et semble tout remettre en question. Et surtout porte à se poser des questions. Moi, ce que je pense, c’est que c'est normal d'avoir des échappées hors de notre monde douillet, qui sont d’autant plus folles et l’inverse de ce qu’on a (de ce qu’on veut, qui nous comble normalement) que le monde réel est stable ; je trouve que c'est même plutôt sain, un fantasme quoi. Je ne dis pas « sain » comme ça. Ce que je veux dire, ce que je pense, c’est que JE NE CROIS PAS qu'on soit tout noir ou tout blanc, qu’on soit « comme ça » et c’est tout, qu’on soit comme de simples atomes, non, je ne crois pas, par conséquent, que « ce qu’on est » nous suffise jamais. Mais ce n’est pas pessimiste comme ça a l’air (genre « on n’est jamais satisfait de ce qu’on est »), ni relativiste et désabusé, non, c’est simplement vrai, on ne se réduit pas à nos moments, pourrait-on dire… bien que ce soit plus fort que ça. On ne se réduit pas à ce qu’on réalise ? Hmmm… c’est un peu ça, aussi. Je crois, et la vie est très bien avec ça, que quand on le sait on est plus riche (sinon ça fait peur, un truc bizarroïde inconnu apparu en soi et engendré par soi qui n’a pas rapport). Ca doit pas faire peur. Et puis je dis ça pour moi aussi, tu vois ce qui m’arrive avec d. qui remet TOUT en question (au sens fort, tu vois, ne serait-ce que ma famille nombreuse…), ben après DES MOIS d’errances et d’éthylisation forcenée pour accepter ma schizophrénie manifeste (je croyais être rentrée dans les rangs et heureuse stable et strait mais bigre !...je ne suis pas du tout qui je crois que je suis!) j’ai décidé de ne plus me dire, même quand je le ressens « ah, merveilleux, donc je suis ça donc je m’en vais par là ça va me rendre heureuse » parce que là PAF ! Surprise ! tu n’es pas du tout celle que tu crois et ça me terrifie et je me regarde effrayée «…mais mon dieu…mais qui es-tu… », alors je ne le fais plus, me dire « je suis ça » parce que je ne le suis jamais et je m’attends au tournant. Et je n’en ai pas besoin (en ai-je besoin, de savoir ce que je suis ? ça c’est la question encore branlante). On est un être complexe depuis le début, ça se manifeste ou non, brutalement ou non, et quand ça se manifeste ce n’est pas une crise. C’est juste toi. Et cette complexité ça fait que très concrètement je ne crois donc pas qu'on se satisfasse totalement et pleinement de ce qui semble, pourtant, à nos yeux, totalement nous satisfaire. Et surtout, je ne crois pas que ce soit mal, et je crois que c’est nécessaire (au sens philosophique) anyway, le fait d’avoir d’autres aspirations aussi et d’être un peu double. ET ça ne dévalorise en rien ce qu’on a, les choix qu’on a fait, ça ne les remet pas en question. On fait des choix de vie qui nous correspondent le plus mais il y a toujours un peu de jeu, de marge, qui fait qu'il y a de la place pour des expériences impromptues qui n'ont pas leur place dans notre "pattern" (qui est le "moi" qu'on se représente qu'on est, qu'on a décidé qu'on est, dans lequel on est bien). Ca semble tout remettre en question parce que ça n'a pas sa place, et ça remet tout en question seulement si on se conçoit comme un « ça », alors qu’en fait c'est juste les bords, la marge, ça bouge, et c'est important de l'accepter je crois en tant que marge de soi, on est flous sur les bords, c'est comme ça, et une fois qu'on le sait on peut mieux se maintenir, affirmer, poser ce qu'on est (flou !). On ne peut pas se débarrasser de toutes les vies qu’on aurait pu vivre et qu’on ne vit pas, et elles sont une richesse, pas un problème, si on n’en a pas peur.

  • hot

    medium_eve_2_solarisation.jpg


    et regardez ce que j'ai trouvé sur le site de l'université! C'est eux qui l'ont trafiquée pour que j'aie l'air super hot...

  • and...

    I AM NOT AN ANGRY GIRL

    no no no

  • D'autre part:

    JE NE SUIS PAS GAY

    Tabarnouche, on en reparlera. Mais les gens ne m'écoutent pas...

  • vie publique

    Alors que les problèmes de la vie publique du blog apparaissent, ce sont les affreux problèmes de l'existence en pire. Les gens pensent qu'on écrit la vérité, qu'un post = un statement de ma part. Mais un post = une fiction d'un moment, avec une longévité très limitée...autant que la réaction qui l'engendre. NE CROYEZ PAS CE QUE VOUS LISEZ. Je devrais me donner des noms différents selon que je suis la fille qui capote, la fille qui joue ou la fille qui raisonne (et veut des enfants et un mari). Je suis les deux, les quatre, les huit tout autant. Il va falloir que je poste des réajustements et des rectificatifs... ah...et je ne veux pas. Alors il ne faut pas publiciser le monde-mort du blog... je sais. Alors je vais faire confiance aux une ou deux personnes qui passent pour supposer que ce qui est écrit a tout le caractère l'excès et que je ne suis pas du tout disposée à l'assumer dans la vraie vie. Je ne suis pas responsable de mon monde-mort du blog.

  • il ne faut pas se moquer...

    ...mais quand même, voilà le dernier email de ma maman un peu remasterisé:

    "Pont de l'ascention. J. est venu-stop. Samedi entrecôte-rugby-stop. J'ai été très agréablement surprise (!!!?) de ce que les supporters d'un sport si violent ne sont pas violents-stop. Ils ont perdu-stop. Ca va-stop. Da vinci code archinul-stop. Pénélope très bien-stop. Je pars à Biarritz avec LaTâche-stop. Je me vois mal avec les Commenges à la fête de la morue, t'as pas dit que ça sent le prolo? - stop. Maman."

    Non, pour vrai, ça ressemblait presque à ça! C'est tellement drôle... et la pauvre, y a que moi qui sait que c'est parce qu'elle tape comme une fourmi...

  • termitière

    J’ai rêvé d’elle, hein, on était dans un dédale encore, un dédale souterrain comme une termitière ou une mine, avec des escaliers (ou des rails décatis) qui n’en finissent pas, souterrain parce que les parois étaient comme de terre, ou de pierre ou de grotte, mais on débouchait parfois sur un balcon aérien et branlant, d’ailleurs la conscience de monter sans cesse rendait absurde ces parois de terre. Ou dans un bâtiment immense clandestinement la nuit, une école peut-être, dans laquelle il y aurait eu des ateliers d’art ou les gens travaillent la nuit. Alors je ne pouvais pas la renverser par terre là tout de suite parce qu’on risquait de choquer un ou deux étudiants éberlués, si jeunes qu’ils auraient détourné la tête. Et je le faisais pourtant, (elle sait) comme parfois j’ai les mains qui s’affolent, qui s’aimantent et ne peuvent rien faire d’autre que toucher, je me souviens très bien du toucher dans le rêve. Elle me tenait par la main et marchait devant, elle devait savoir ce qu’on faisait là moi je n’arrivais pas à me le rappeler, en fait je n’arrivais pas à y penser tellement je ne voulais que l’avoir là tout de suite je ne savais plus rien d’autre. Comme un cadeau hallucinant je ne savais pas si ça allait durer (je me disais bien que si je me concentrais pour savoir ce qu’on faisait là j’aurais su si ça allait durer et ma peur serait partie mais aussitôt cette pensée disparaissait dans mon désir comme dans un brouillard) et, tétanisée d’angoisse et ne comprenant rien je ne pouvais penser à autre chose qu’à elle, sa main dans ce couloir. Elle ne s’en rendait pas compte je crois, elle était gentiment étonnée de mon empressement, amusée un peu, comme si ça appartenait à mon excentrique caractère... (mais ce qui appartient à mon caractère est –ou fait- la réalité). Ce qui aurait dû objectivement me confirmer que tout était dans ma tête (si elle n’est pas inquiète alors je n’ai pas à m’inquiéter), que je n’allais pas la perdre à la minute. Mais aussitôt apparue cette prise de conscience se noyait également dans le brouillard, était rangée dans un coin me disant : oui, d’accord, tant mieux, mais JE LA VEUX TOUT DE SUITE (on ne sait jamais).

    Il n’y a pas de suite au rêve, ou je ne m’en souviens pas, le réveil a dû sonner.

    Je pense à elle toute cette journée, je me souviens tellement du toucher ça me rend folle.

  • Conversation avec sexy Johnny sur Verrière (note du 23.03.2006).

    c plus trop lisible à partir d'où?
    johnny dit :
    difficile à dire exactement, certaines touches s'avèrent un peu deroutantes...
    mais la deroute est peut-être recherchée aussi.

    anastasie dit :
    déroutantes? comme quoi? tu veux dire, qui traduisent de la déroute, ou qui déroutent le lecteur ?

    johnny dit :
    Comme une bête adhère au réel j’adhère au lieu dans sa totalité en une seule fois par exemple

    anastasie dit :
    on ne comprend pas...ça veut juste dire que je perçois tout au premier degrés sans conscience ni jugement, comme un animal, sans déroulement, tout à la fois...comme Benjy dans le bruit et la fureur; sauf que ce qui caractérise la perception des animaux (et la perception de Benjy) c'est aussi le fait de ne pas voir plus loin que le bout de leur nez, ils ne voient que ce qui va leur servir à la minute à satisfaire leur besoin, vision senorielle et selective et sans intellection ni distinction

    johnny dit :
    Konrad Lorenz ne serait probablement pas d'accord


    anastasie dit :
    alors que le moi du texte a ce mode de relation non-médiatisée mais avec la totalité du monde dans une espèce de clairvoyance, comme une intuition globale, intuition du tout pas de nature très humaine j'en conviens, et justement, ce qui montre qu’on n'est pas dans l'ordre naturel

    johnny dit :
    je crois que tu pourrais mieux exprimer cette chose là

    anastasie dit :
    je pensais que ça ressortais de l'ensemble

    johnny dit :
    maintenant je comprends, mais seulement maintenant

    anastasie dit :
    Oh...et ce n'est pas un texte abstrait, je dois le faire sentir sans le dire, donc ça ne passe pas... bon

    johnny dit :
    la bête qui adhère, envoyée comme ça dans les dents, je crois que ça déroute un peu

    anastasie dit :
    oui ss doute. Mais ça ressort un peu par ailleurs, cette relation bizarre et totale avec le monde autour?

    johnny dit :
    jusqu'à là j'avais tout compris

    johnny dit :
    Elle a quelque chose de moussu, quelque chose de ruinu d’une épave dans un arbre.

    johnny dit :
    c'est juste une coquille ici, ou il te manque quelque chose?

    anastasie dit :
    il ne manque rien...tu vois, un avion tombé dans un arbre il y a 100 ans et découvert dans la jungle

    johnny dit :
    ruiné

    anastasie dit :
    non, elle a qq ch de la ruine

    anastasie dit :
    mais j'enlèverai le néologisme qui fait bizarre si tu veux, c'est que je fonctionne un peu au raccourci, un peu pour miser plus sur l'image qui apparaît, émane toute seule que sur ce que je dis à la lettre, mais des fois j'évalue mal l'effet, la production d’image sur quelqu’un d'autre que moi!

    johnny dit :
    je suis un vieux con, mais un néologisme comme ça sur un participe passé, ne me semble pas une bonne idée

    anastasie dit :
    oui! c'est de la flemme, mais j'aimais bien le côté un peu ridicule et laid du mot au niveau de la sonorité, dans un texte si sérieux...


    johnny dit :
    Je vois qu’elle a toujours été croulante puisque jamais pour personne. Ca se comprends très bien, mais j'aurais dit autrement
    johnny dit :
    laisse , c'est personnel, ça va très bien
    anastasie dit :
    je crois que ça c'est moi qui écrit comme ça...
    anastasie dit :
    hihi

    johnny dit :
    Le temps sort tout orné comme le contenu d’un boyau.
    anastasie dit :
    oui?
    anastasie dit :
    tu sais que moi et mes boyaux...
    anastasie dit :
    ben tout à la queue leu leu
    johnny dit :
    mais…orné?????

    anastasie dit :
    tout constitué, comme constitué dans le boyau (on ne voit pas cette phase là) et quand ça sort c'est tout prêt, on se demande comment; orné = apprêté, prêt
    anastasie dit :
    euh... ça marche pas?
    johnny dit :
    ouij, très bien, mais pourquoi orné? orné = décoré, pourvu d'ornements; une mélodie ornée

    anastasie dit :
    parce que le temps sort tout orné d'évènements, tout paré de toutes ces choses de la vie, les petits accidents, les détails, le moindre détail, le cliquetis du monde comme celui des bijoux, quoi...ça marche pas...?
    johnny dit :
    pas trop
    anastasie dit :
    bon. C'était joli, le rythme de la phrase

    johnny dit :
    dans orné il y a une notion de superflu

    anastasie dit :
    justement, c'est un peu sarcastique; ça montre la distance (position, nature) anormale et bizarre du personnage qui voit le temps orné de ses évènements (qui sont donc ceux de personne, et pas les siens en tout cas, ce qui est une abération) et de ses détails tout prêts

    johnny dit :
    ok, mais dans une observation courte et précise, ça envoie un peu hors du chemin
    johnny dit :
    let es évenements ne sont pas un ornement
    johnny dit :
    il s'agit de quelqUE CHOSE DE PLUS SUBSTANTIEL

    anastasie dit :les événements ne sont pas un ornement quand on les VIT mais là le moi les voit, et ne vit pas encore, ils lui apparaissent donc comme un ornement du temps

    johnny dit :
    tout ce que tu veuxsi tu expliques les choses
    anastasie dit :
    hein?non!

    anastasie dit :
    tu n'es pas d'accord, que des évènements ne sont substantiels que vécus?
    johnny dit :
    le temps orné sorti du boyau, ce n'est pas pareil
    anastasie dit :
    mais tu comprends, mon histoire de personnage pas encore naît au monde mais qui voit les chosesqui ne sont donc pas encore substantielles?
    johnny dit :
    ça oui je crois, c'est très bien

    johnny dit :
    Mes souvenirs se constituent petit à petit, ils s’affectent pour que je comprenne. ; le verbe « s'affecter », je ne le comprends pas

    anastasie dit :
    pour les souvenirs c'est pareils, le temps tout orné, je le vois qui se déroule, ce n'est pas du temps vécu, c'est pour ça que les événements paraissent comme des ornements, des breloques, je ne les comprends pas comme tels, comme événements, un événement compris dans son épaisseur de phénomène singulier est un événement vécu, donc affecté

    johnny dit :
    après explications = ok

    anastasie dit :
    donc: le temps, petit à petit, devient MIEN = des souvenirs, en m'appropriant le temps, de manière très passive, et ça se fait en le vivant donc il (il s’approprie en moi) s'affecte. Donc mes souvenirs s'affectent et je les comprends, je les embrasse. le temps vécu = du temps affecté

    johnny dit :
    ???ça veut dire quoi s'affecter?

    anastasie dit :
    ah, ça veut dire teinté d'affection, d'affect, d'émotion, de vie, de vécu

    johnny dit :
    je ne savais pas que ce verbe se construisait au refléxif en français

    anastasie dit :
    euh...ce doit être un peu jargonneux comme emploi

    anastasie dit :
    je ne mesure plus trop mon vocabulaire...mmm, donc on ne comprend pas, c noté

    johnny dit :
    ce ne serait pas plutôt un usage incorrect?
    anastasie dit :
    non, pas incorrect

    anastasie dit :
    mais tu comprends mon histoire de souvenir qui se teinte d'affection?
    johnny dit :
    oui

    johnny dit :
    ensuite...

    Pourtant je ne sais rien d’une partie, je suis le noyau unique et universel. Pourtant la vie toujours partielle : Pourtant la vie toujours partielle ?!? un peu confus

    anastasie dit :
    partielle parce que vécue par moi...mais à cet instant dans le texte je suis toujours dans ce rapport bizarre de fusion un peu surréelle avec le tout du monde

    johnny dit :
    mais c'est dommage sans verbe

    anastasie dit :
    c'est comme un aller-retour, regarde : j'ai l'impression que je suis confondue dans la totalité du monde que je saisis dans une intuition totale, donc j'ai l'impression d'être l'univers(le noyau...)mais je visdonc partialitédonc je réalise que je ne peux qu'avoir une certaine perspectivemais je réalise qu'il n'y a que des perspective et qu'il n'y a pas de monde en soi, donc que l'univers EST ma propre perspectiveparce que je renferme, moi, la totalité de ce qui existecar TOUT n'existe que pour moi (perçu par moi)donc je suis effectivement le noyau universel, ma vie partielle est le noyau universel.voilàc très clair (hihi)

    johnny dit :
    Toujours immobile je me sens mal, j’ai le pressentiment de l’anormalité de la situation, je l’éprouve avec l’intensité d’un coup de fouet dans le noir, et parce que ma vie s’étoffe tellement vite je pressens aussi que cette vitesse est dans le but de me faire oublier instantanément leur origine (ma nature) contre-nature

    johnny dit :
    leur

    anastasie dit :
    attends... oups, coquille, j'ai du faire un mauvais copier coller, je parle des souvenirs je crois, mais effectivement on ne saisit pas

    johnny dit :
    ça arrive


    anastasie dit :
    tu ne trouve pas que le tournant entre l'état de noyau contemplatif et celui de vivante, ET celui de conscience qui prend conscience du tournant tout en le vivant est mal fait? les choses ne sont pas trop dans l'ordre

    johnny dit :
    c'est possible

    anastasie dit :
    tu le comprends, le changement?
    johnny dit :
    un peu
    anastasie dit :
    il est perceptible mais un peu bancal je crois
    johnny dit :
    ça vaut la peine d'y passer du temps
    johnny dit :
    mais ne deviens pas dingue dessus
    anastasie dit :
    je n'y ai pas touché depuis mars
    anastasie dit :
    fevrier, même
    anastasie dit :
    sauf la fin
    johnny dit :
    et ne maigris pas trop
    anastasie dit :
    oui...
    c difficile, pour moi qui pense en termes abstrait, d'incarner tout ça
    johnny dit :
    mais quelque part c'est un peu vague...
    anastasie dit :
    qui pourtant perd beaucoup ds l'abstraction parce qu'il s'agit d'expérience
    anastasie dit :
    vague...
    anastasie dit :
    pourtant j'ai une conception des choses très claire
    johnny dit :
    n'exagère pas dans l'abstraction, toi...
    anastasie dit :
    c tout le challenge de la littérature d'être précise
    anastasie dit :
    c très dur
    johnny dit :
    oui
    anastasie dit :
    faire passer les trucs ss les dire...
    anastasie dit :
    fuck, vague!
    johnny dit :
    c'est quoi le Grec universel?
    anastasie dit :
    tu as lu mrs Dalloway?
    johnny dit :
    non
    anastasie dit :
    les oiseaux, pour septimus, chantent en grec
    johnny dit :
    n'exagerons pas avec les ex-libris
    anastasie dit :
    le grec universel c'est la musique des sphères pytagoriciennes abstraite et universelle, la mathématique universelle, l'ordre absolu de la mesure de l'univers
    anastasie dit :
    c juste un raccourci...
    johnny dit :
    très bien
    anastasie dit :
    mais tu ne comprends pas...
    johnny dit :
    mais ça ne s'appelle pas le grec universel
    anastasie dit :
    tu ne voyais pas du tout ce que ça désignait?
    johnny dit :
    l'harmonie des sphères
    anastasie dit :
    je veux dire, intuitivement?
    johnny dit :
    pas du tout
    johnny dit :
    le moins du monde
    anastasie dit :
    si je dis "le grec universel" tu penses pas à l'idéal de la mesure, un peu?
    anastasie dit :
    l'ordre, quoi
    anastasie dit :
    bref.
    johnny dit :
    le grec universel c'est incomprensible
    anastasie dit :
    ok
    anastasie dit :
    je suis nulle...
    johnny dit :
    mais non
    anastasie dit :
    ben si, je crois qu'on me compren et on comprends rien!

  • Cézanne en Provence

    medium_great_pine.jpg J’arrive dans la première salle plein à craquer : c’est samedi. Le premier tableau sur lequel on tombe (ou le premier dont je me souviens), elle me dit « c’est celui-là » ; je regarde, bien, merde! je ne vois rien. Wow, il va y avoir du boulot. Je ne comprends pas et je ne comprends même pas comment je pourrais comprendre. Je fais le tour de la salle, le front plissé, je vais avoir du mal à accepter mon opacité surtout quand elle, elle est plantée devant le même tableau, les larmes aux yeux. Bordel ! je ne vois que des petites tâches de couleurs, partout des osties de petites tâches et de traces de pinceau. Je regarde d’un œil narquois ces paysages cul-cul, je marche vite, je lis sur le « lumière merveilleuse de la Provence si bien restituée par la peinture extérieure, merci Cézanne ». J’haïs cette attitude là, mais c’est comme si je me trouvais dans un party de fin de session de Gestion, je veux juste partir avant de commencer à mépriser le monde. Mais là elle, elle voit tout et elle reste… Alors je tourne en rond dans la salle, je bout un peu de rage, elle essaie de m’expliquer, le mouvement, la vie, la magie, je ne vois toujours rien. Bon. Vu mon estime pour cette fille, je ne peux pas me résoudre (ce qui m’est tellement facile d’habitude) à décider que ça ne m’intéresse pas. Je retrousse mes manches, là ça suffit de me sentir stupide, ça m’exaspère. C’est comme un bouquin de philosophie, me dis-je, si c’est là, c’est bien qu’il se passe quelque chose d’ontologique (le mot qui fait bien et veut dire « important »). Au bout d’une heure pantée là, au bout de la salle, les yeux vaguement fixée sur le Grand Pin ou un autre semblable, je croyais m’assoupir et là pouf ! je me rend compte que les petites tâches de couleurs ont disparues, je vois du vent. Wow. Je me réveille : ok, c’est encore cette histoire de distance, il faut être assez loin, comme pour l’expo sur Anselm Keiffer. Je recule et je fais l’effort sur un autre : et là l’hallu ! Au bout de 10 minutes d’assoupissement (j’ai l’impression de ne plus regarder) tout d’une coup je sens le vent tiède, l’odeur des pins, la terre brûlante et l’ombre plus fraîche. Je sens les pins qui dansent. C’est très curieux : si je regarde le tableau comme représentation du réel, donc en effectuant inconsciemment un genre de comparaison, je ne vois rien, que des tâches, que des couleurs trop criardes, que le « -isme » de « impressionnisme ». Mais ce n’est pas par le réel qu’il faut entrer (le piège c’est que c’est une représentation tout de même mais il faut l’ignorer), c’est par tous les différents éléments sensoriels (on pourrait presque dire « données » tellement c’est brut et détaché de l’image) qui sautent hors du tableau, et qui n’ont pas de cohérence si on regarde le tableau selon l’ordre de la représentation mais qui s’accordent entre eux dès lors qu’on oublie ce qu’on voit et qu’on se rend à l’ordre des impressions. Un autre paysage apparaît alors dans lequel je suis, totalement sollicité dans tout mes sens, je n’ai plus qu’à regarder autour et à ouvrir mes pores. J’entends le vent dans les arbres et je m’allonge à côté de la maison. On y est. C’est magique, ça marche. Etrange.
    On sort toutes étourdies, moi gratefull so much comme d’habitude, so much. J’ai vu quelque chose de nouveau, ça n’arrive jamais les journées où l’on voit quelque chose de nouveau.

  • 8th of July

    medium_difranco_ani_u9d2607.jpg

  • la différence

    La différence c’est que moi ça ne me satisfait pas, de penser en terme bout de chemin avec elle
    La différence c’est que moi je veux que ça nous mène quelque part
    La différence c’est que moi je ne me sens libre comme l’air que quand je sens qu'elle ne peux pas vivre sans moi comme moi je ne peux pas vivre sans elle
    La différence c’est que moi je ne veux plus me marier et avoir plein d’enfants et je ne peux pas la voir tous les dix ans (elle dit ça avec 2 mois de retard)
    La différence c’est que moi je ne me satisfais plus de cette intuition diffuse que l’on ne va jamais se perdre. Je veux l'avoir, pas ne pas la perdre.
    Le fait que mon amour lui fasse éprouver la négation totale de ce sentiment de solitude très fort et très profond qu'elle a toujours ressenti est la plus belle chose que elle ne m’ait jamais dite
    Je ne « veux » pas gérer la situation, je dois la gérer. Sinon je meurs. Ce n’est plus la question que ce soit facile ou parfait. Je ne veux pas entendre « ce n’est pas la fin du monde » quand j’éprouve la fin de mon monde souvent.
    J’accepte sa proposition de conversation à l’infini mais je ne peux pas m’empêcher d’être malade de tout ce qu'elle ne me propose pas.
    Tout ça est maintenant bien au-delà du fait d’avoir de la chance. Mais j’imagine que c’est sa manière de dire « feeling blessed »…

  • Au bar du quartier

    Je sors mes quatre photos avec mes quatre têtes de mon porte-feuille et je dis simplement "c'est pour réconcillier ma vie". Je dis ça, qui en tout autre temps serait comme une phrase capitale (je le dis d'ailleurs comme un phrase capitale), mais je n'ai pas le temps de le penser que wmow! pulsation, l'image de d. vient s'écraser sur la face de mon ami P. et étouffe la fin de sa phrase.

    Quelques heures avant je regardais le show, j'étais là, C. à côté de moi, j'étais là merde! et là "merde! ça fait combien de temps que je ne regarde plus?" Je faisais un itinéraire de vacances avec elle sans m'en rendre compte... Et ainsi de suite, que des bribes des cycles économiques, des relations avec les vieux amis, de la possibilité de rendre compte du monde avec les sciences pures...

    Voici donc l'apprentissage, ce à quoi je dois m'habituer, non pas à l'aimer, non pas à ne pas l'aimer, mais à faire plusieurs choses en même temps. En l'occurence à être en amour ET le reste. Tout sera plus simple et simplement viable. Ca semble assez insurmontable.

  • Baltimore

    Je suis partie bouffée par le doute je suis revenue avec des OUI et des trésors. Me restent des moments intemporels (allongées sous le Lincoln Monument à écouter le claquement des drapeaux ricains "and it's good, it's good...") très corporels et un peu aériens.

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    Il me reste le ticket de vitesse aussi, et le souvenir de la torche du NYC officer qui m'a sauvé la vie dans ma face , je suis idiote, hein, ma bêtise m'a sauté aux yeux quand j'ai réalisé après avoir croisé ce flic (ou plutôt après qu'il m'ait poursuivi) que j'étais ENFIN et subitement détendue, alors que jusque là bêtement hallucinée, obsédée par les minutes qui défilaient trop lentement il fallait que je courre (roule) après puisque j'en avais le pouvoir. Il m'a donc fallu une interdiction d'utiliser ce pouvoir ou plutôt une autorisation pour les laisser filer en paix, les minutes, en fait je n'attendais que ça, qu'un prétexte, qu'une contrainte pour m'autoriser à rouler plus tranquille, à prendre plus de temps à être moins over-tendue vers la route, et je ne me sentais tellement pas en sécurité, pendant ces 20h de conduite, et je me suis tellement sentie comme un oisillon sauvé par la grande maman "Etat" VIVE LA POLICE merveilleux organe externe gratuit (le détour de l'impôt est parfait, finalement comme pour la féodalité on paie pour que notre protection soit assurée aux moments où nous sommes des bébés, et le détour nous permet de prétexter whatever les services publics et sauve notre ego) qui dans mon absolue hébétude et absence de conscience est venu prendre le relais et m'a servi de consience et de volonté. Dites-moi ce que je dois faire et je voudrai le faire. Dites-moi ce que je ne peux pas faire parce que c'est mal pour moi, et je ne voudrai pas le faire. Genre rouler à 150 la nuit sur une route américaine déserte en ayant déjà 8h de conduite dans le corps.
    Feeling blessed.

    PS: remarquant la date, vous comprennez comment j'arrive à ne pas parler d'amour, ça m'a pris plus d'une semaine avant de recommencer à parler tout court

  • traque

    C'est drôle, Lady Guy traque les vieux au dos semblable à son père, moi je traque les clodos à la démarche semblable.
    Mais ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps. Je suis en bonne voie...
    Demain matin: Baltimore.
    Sans commentaire. J'ai du mal à agencer ma soirée.

  • Petra von kant

    On pourrait penser (et apparemment les gens pensent ça voire que ça) qu'il s'agit d'un film moral, genre devinez qui est la plus manipulatrice entre la riche intelligente perverse contre la pauvre fille banale et ahah ce n'est pas celle qu'on croit. Classique.

    Donc à part ça: est-ce que c'est seulement un film sur l'universalité du désir (l'absolue légitimité dans toutes ses formes mêmes les plus perverties) ? Moui, Marlene s'en va sur la tune "ouh yeah, I am the great pretender..." aussitôt que son désir, jusqu'ici maintenu en tension par son caractère inassouvissable, prend une tournure réalisable. Elle n'a plus de raison de rester, son essence de "pretender" a disparu, dès que Petra dit "And you, tell me about yourself..." marlene flee away alors qu'elle a supporté la pire condition jusque là. La tension du désir sous toutes ses formes monstrueuses, quoi. Comme finalité, comme mode de vie. En même temps que le problème de Petra c’est juste que son désir n’est jamais comblé...mais il n’est pas comblable (alors que celui de Marlene si, il suffit de cette simple phrase et regard). Alors...on peut dire que c’est sa manière d’être ? Ok, on parle de désir. Mais quelle est la chute, la sortie ?

    Je ne comprends pas ce qu’est Petra pour Fassbinder, il dit qu'il veut encourager les gens à exprimer leur douleur -dans l'optique d'un soulagement sans doute-, mais elle, qui le fait tout le long et tellement bien, n'y trouve aucun rachat, aucun soulagement. Pourtant elle l'exprime sans cesse, la douleur passée sous forme de récapitulation assimilée en leçon de vie, et la douleur présente en agonisant devant le téléphone. Mais il n'y a pas de sortie. La fin est d'ailleurs un retour au debut ( le même "tell me about yourself" avec le même regard) qui laisse peu d'espoir. Ce qui est troublant c'est que dans cette histoire...C'EST PETRA QUI A RAISON. Et pourtant elle perd.
    Pourquoi a-t-elle raison ?

    Elle est la plus antipathique parce qu'elle est la seule qui ne joue pas de jeu.
    Elle a effectivement l'attitude nécessairement désinvolte (et qui parait puante) de celle qui ne veut plus jouer le jeu (on ne peut le comprendre qu'à la fin, le jeu avec l'antipathie du spectateur est ultra réussi, ON NE PEUT PAS L'AIMER TANT QU'ON NE LA COMPREND PAS). A la fin on n’aime qu’elle.

    Donc ce qui explique Petra: It's easy to pity, Sidonie, but so much harder to understand. If you understand someone, don't pity them, change them. Only pity what you cant understand

    I think people need each other, they're made that way. But they haven't learnt how to live together

  • autonomie 1

    A regarder maintenant au lieu de traîner sur le net: The bitter tears of Petra Von Kant. Je me le garde comme un bonbon, c'est de ça, dont il s'agit... Autonomie autonomie, concept roi: je me pourvoi mon propre bien-être à moi-même. Je me fais une tisane, un bain, je sais m'écouter, moi..... AHAHAH foutaise. A bas l'autonomie, quele merveille d'avoir besoin de quelqu'un, d'avoir des relations dans lesquelles on est pris d'office (autrement dit: la famille) parce qu'on peut s'asseoir dessus et penser à autre chose, quelle misère d'avoir à construire son propre soi tout seul tout le temps. J'écrirai mieux là dessus un autre jour mais l'amérique a tout chamboulé en mettant sur un pied d'estal la réalisation personnelle et l'auto-engendrement, et le Québec a jeté le bébé avec l'eau du bain dans les années 70 et en est parfaitement inconscient. Voici ses bébés, tous ces jeunes altermondialistes qui partent se dévouer corps et âmes aux liens sociaux des autres civilisations...sans y voir un instant la tentative de satisfaire besoin compulsif, de combler un manque...

  • destress


    « Comme évidemment je sautais partout dans le bureau parce que j'avais un email de toi, Alex me dit "et qu'est-ce qu'elle dit"?
    "euh.... pas grand chose...qu'elle va se faire couper les cheveux, woohoo..."
    et là il éclate de rire "ah mais les femmes c'est incoyable, et toi lui écris pour lui dire "j'ai envie de manger du poisson", et elle écrit "oh ben moi j'ai envie de manger du boeuf"?? C'est pathétique!"
    "Ben non...mais tu comprends rien à l'amour, Alex, c'est tout!"

    " Oui oui... et pourquoi pas s'écrire pour se dire (gros accent quebecois) "A matin j'ai chié et j'en ai fait une longue d'même!!"!! Et toi tu sauterais partout pareil, hein!?!?"
    "euh...pas vraiment...Alex, écoute, tu comprends rien à l'amour."
    WAHAHA! Je crois que ce garçon me plaint très sincèrement... »



    Ca passe un petit peu, le stress du boulot aidant. Ou plutôt non, c’est étrange, ça passe de l’intérieur, ce mini échange m’a enlevé comme un caillou de mon soulier, c’est stupide hein. Baltimore moins une semaine, Symposium moins 2 jours ; après ce sera comme la sortie de l’école. Je pourrai sortir du sous-sol et affirmer que c’est le printemps. Arrêter de manger des tonnes biscuits chinois en espérant toujours tomber sur un nouveau message, arrêter de me référer à un livre d’enfant pour les questions morales, bronzer un peu le bout de mon nez, cesser de mettre des pantalons à plis et de cruiser mon directeur général.

    Elle m'a répondu : non, je suis pas stressee du tout, a part des questions tres graves comme, hmm, est-ce que j'achete du whisky ou du gin? qu'est-ce qu'elle aura envie de boire?

    Si ce n'est que ça, du whisky.

  • choix

    Ce choix, cet immense choix de lieu de vie (la Sorbonne ou ici), je n'arrive pas à le faire selon des raisons personnelles, c'est comme si tous mes désirs s'étaient évanouis devant un seul grand désir (celui qui n'a pas de fin) qui devient facteur unique; d'où le problème qu'il soit facteur tabou. Les choix de vies ne se font que sous ce genre d'influence de toute façon, malheur à celui qui est la seule balance. Mais concrètement c'est la merde, il s'agit quand même d'un supide alternative entre 8h d'auto ou 8h d'avion de Balt. Je sais que je suis tombée bien bas, mais tout fonctionne encore, hein, chez moi, mais c'est comme si il y avait un rideau presque transparent qui me séparait de mes raisons réelles, de ma raison tout court.

  • merde

    Je trouve ça dur, impossible, épouvantable, c'est comme si on m'arrachais tout ce qui existe pour moi à chaque fois que je réalise que JAMAIS il n'y aura de suite à tout ça, qu'il en sera toujours ainsi jusqu'à ce que je décide que c'est illusoire, que je ne réussisse plus à ne tenir que sur du sentiment et de la pensée. Que s'est-il passé pour que j'en arrive là? A penser que tout ce que j'ai fait et reçu ces dernières années n'était qu'à cette seule fin, de l'aimer mieux, comme ça? Et surtout comment je deale qvec le fais que je ne pourrai JAMAIS le vérifier? J'ai besoin d'aide, je ne peux pas rester comme ça, quelque chose en moi se brise à chaque fois que j'y pense. Je ne peux pas conduire ma vie comme ça à l'aveuglette en suivant juste mon amour, d'autant qu'il ne peut que rester diffracté dans l'atmosphère, étendu diffus, partout dans ce que je fais ou dis, et pourtant elle n'existe pas, elle ne veut pas exister pour moi, il n'y a pas de solution, et moi je ne peux pas faire autrement que ce que je fais, je ne peux rien renier rien gérer, je ne peux que croire, en de long moments d'euphories plus ou moins espacés entre deux effondrements.

  • hhhhh

    Crim', je me sens tellement tellement insécure par rapport à elle!! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH!

  • lakeplacid

    Quelque jour de reprise après la fin de semaine merveilleuse de chance et de grâce dans la grande amérique capitaliste aux territoires incroyables et fous. Ôn est encore partis tard dans la nuit pour se réveiller dans la montagne, l'ami Oli avec qui je parle sans arrêt a été parfait, à nouveau immense détente relationnelle et affective, on travaille tous les deux la semaine, la fin de semaine il est hors de question que l'on s'impose quoi que ce soit. Arrivés à 2h du mat'à Lake Placid dans l'etat de Nyc, le douannier a été gentil pour une fois il a même fait une blague, le camping d'hiver a été pour une fois des plus confortables je me suis même payé une nuit de 11h et pleins de rêves intenses de grasse matinée dans mon duvet -40°C!! La grande merveille; il n'y avait pas encore d'odeurs, mais une certaine moiteur prometteuse et une lumière divine, ascention jusqu'au mont glacé et venteux avec toutes ces herbes folles prises dans la glace. Et nous tellement relax, dans la forêt dans la neige, au bord du lac, dans l'auto... Je dois être en train de muter, muter en travailleuse stressée et vide la semaine et détendue parce que vide la fin de semaine. Pas de cerveau, pas de problèmes, juste le coeur. Je souris tellement!
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  • Réponse de a.

    Le texte de Judith est effectivement très juste. Effectivement mon email a eu exactement pour origine ce désir violent et panique de raviver, pour moi et pour les autres aussi.

    Pas parce que je trouve que tout le monde oublie et qu’on est des petites crasses, mais parce que moi j’ai du mal à dealer avec la tension qu’il y a entre la nécessité bien évidente de l’oubli (de poser son fardeau) pour pouvoir tout simplement vivre, et la nécessité de tout le temps le porter avec soi et surtout l’actualiser pour ne pas être une fraction de soi. Oui, il faut porter les morts avec nous et les faire vivre en nous ; pas tellement pour eux mais pour nous, sinon déposer son fardeau (nos morts et notre vie douloureuse avec) revient à déposer un bout de soi SI important, ça schizophrénise. Moi j’ai ce grand problème : soit j’endosse le fardeau terrible de la filiation et je crois (et je le met en oeuvre) que j’ai un destin tragique et que je vais mourir, soit je le dépose et je me scinde pour me sauver (ça marche très bien). Résultat à chaque fois que je reviens à Bordeaux il me faut plusieurs jours de crise ontologique intense pour me rassembler, me réconcilier avec ce que je suis comme tout, ce qui inévitablement fait exploser tout le moi que je pensais être finalement (le moi sauvé et heureux) mais en fait non, non parce que j’avais (d’abord activement puis petit à petit je l’ai oublié) laissé ça sur le bord du chemin, alors ça me prend une reconfiguration de l’ensemble qui passe par la traumatisante question « mais bon sang, je suis qui ?!? ». Cette longue réappropriation de l’ensemble des strates de mon moi est toujours pénible, et souvent un échec. Ou plutôt ce n’est jamais dans ces moments là que, tout simplement, je peux vivre ma vie heureuse au premier degré. Alors vous me direz : oui, c’est un problème d’ordre psychologique, il faut que tu arrives à t’approprier et endosser tout ce « moi » de l’horrible sans te noyer dedans forcément, comme par un processus d’alchimiste qui le sublime en quelque chose d’autre de positif et de riche, qui devienne un fond pour ton bonheur. Oui oui ! J’ai du mal à dépasser le stade de la fusion, mais ça c’est la faute de papa aussi qui m’a élevée dans ce truc de filiation fusionnelle pas très sain, c’est pas très sympa surtout s’il se fait mourir après.


    Ce qui me mène à la deuxième chose, là pour tout ce dont je parle je suis toute seule. C’est normal, pour me sauver moi. Mais de plus en plus, à côté de mes problèmes à moi, je ressens une grande tristesse toute simple. Le bon côté du truc c’est que c’est probablement parce que mes problèmes vont mieux que ça me prend moins d’énergie pour sauver ma peau alors j’ai un peu de temps pour être naturellement triste, pour papa et pour moi, et pour tout le monde. Mais pour papa surtout, je dirais. Pauvre papa... C’est une pensée immense que je n’ai jamais eu le temps d’avoir, parce qu’elle présuppose que moi je sois sauve, et j’ai été tellement occuper à me sauver que je n’ai pas pu penser à lui... Mais maintenant je l’ai cette pensée et je trouve ça dur qu’elle n’arrive que maintenant, cette tristesse infinie, c’est comme si c’était trop tard, ça m’angoisse terriblement comme si j’avais raté le train du deuil et de la consolation mutuelle; parce que c’est là qu’on a besoin des autres pour se rappeler et pleurer ensemble mais 4 ans plus tard il ne faut pas trop en demander…Mais d’où mon sursaut, quand même.


    C’est le grand challenge du sursaut (le challenge est ce qui a produit le cri), de mettre à l'épreuve la possibilité d'un "nous" qui pour moi jusqu’à présent n’est en aucune manière vécu à un niveau intime (on comprend maintenant pourquoi). Le "nous" de "seul avec nous-même", quand je l'ai écris n'était effectivement pas du tout collectif. Je pensais (sentais) que certes oui il y a une suite à la mort dans l'entretien du souvenir, une suite pas morbide comme le dit si bien le texte. Mais quand l’expérience qu’il s’agit de raviver est une expérience d’une solitude indépassable ce n’est pas si sûr que ce soit une suite, et que ce ne soit pas morbide. Alors c'est rapidement insupportable parce que ça ne se dépasse ni ne se soulage en rien, le ressassement de souvenirs de soi en soi. Suis-je vilaine de dire qu’il n’y a pas de nous, de parler d’expérience d’une solitude infinie ? Pour moi, l'expérience de papa dans ses dernières années et dans sa mort, dans tout son caractère "extrême" et son horreur, n'a pu être vécue que très intimement par chacun tout seul. Parce que dans une telle douleur on a tous dû faire appel à nos plus intimes ressources pour l'affronter. Et ces dernières forces il a fallu aller les chercher dans les derniers retranchements de notre (chacun) moi profond. La pulsion de vie qui vient à notre secours au dernier moment quand on va mourir de soif dans le désert est de nature tout à fait inconnue inconsciente et propre à chacun, tout d’un coup une dernière mécanique se met en marche on ne sait d’où. Oui, il y a la famille, mais non. Quand on est concrètement aux prises avec les vraies choses et la mort (de soi ou de l’autre), il n’y a plus que le fond du soi. Chacun sa merde comme on dit, beaucoup trop occupé à sauver sa propre peau, avec certes de l’empathie pour son voisin (ou ses frères et sœurs) mais quand on est un enfant dieu merci ça se déclanche tout seul, les mécanismes de survie, et c’est effectivement indéniablement très privé, ça vous prend tout un être..


    Ce qui a rendu tout ça, qu’on veuille le nier en parlant de se « serrer les coudes » (ce qui à un certain niveau est évidemment arrivé) très -nécessairement, au sens d'une question de vie ou de mort-, profondément solitaire sans qu’on le sache forcément. Mais il faut le dire. C’est fou comme ça a de la force et de la ressource un homme. Oui, il n'y a personne qui connaisse mon expérience de la mort de papa ni mon expérience de papa tout court, et ça c'est indépassable. Certes, cette incommensurabilité des expériences est le lot de tout le monde, on deale avec tous les jours, MAIS dans la mort, dans cette situation limite très particulière elle devient intolérable, tout simplement parce que la personne qui fait le lien n'est plus là. Autrement dit papa est papa pour moi et papa pour Chloé mais s’il est vivant il rassemble EN LUI les différences et contradictions que sa complexité propre dépasse, son unité transcende la radicale hétérogénéité des "deux" papas et l'annule. Mais la mort coupe ça et nous rend prisonniers de la seule expérience , nécessairement singulière et passée. Il n'y a donc plus de rapport entre le papa de chloé et le mien puisque plus de rapport entre son expérience et la mienne, on ne peut plus parler. C'est tout.

  • Réponse si juste de ma petite cousine

    Un jour, j'ai poussé la porte où était inscrit : "Diminue la douleur de la distance", et je suis entré dans une salle du palais de la mémoire. Il y avait partout des livres vivants. Entre mille autres de ces livres vivants j'ai choisis d'explorer la douleur de l'abscence d'un être aimé. Il m'est aussitôt apparu que cette douleur était une maladie guérissable. Je me suis aventuré plus avant dans la salle. Entre mille autres voix, j'ai entendu ceci : "Plutôt que de t'enfermer dans le chagrin ou l'indifférence, cultive les sensations que l'être aimé a laissé en toi, redonne vie, dans tes dedans, à la tendresse, à la douceur. Si tu revivifies ces instants de bonheur passés, si tu les aides à pousser, à s'épanouir, à envahir ton être, la distance peu à peu se réduira, la douleur peu à peu s'estompera. Tu peux recréer ce que l'oubli a usé."


    Henri Gougaud

  • le cri de la mort qui tue

    Je voulais juste vous dire que j'ai une douleur infinie pour la mort de papa, que je trouve la vie impossible si des choses comme ça peuvent arriver, que je ne comprends pas comment la vie peut continuer après, comment j'ose continuer ma vie comme je le fais, que je trouve ça d'un tragique indicible, avec une suite impossible, ou plutôt que je trouve ça impossible que ce tragique n'ait PAS DE SUITE comme il n'en a pas , il n'y a personne, personne qui me le dit dans ma vie moi, que c'est INSUPPORTABLE que papa soit mort comme il est mort avec nous si désarmés devant tout ça pendant tant d'années, c'est cette impuissance qui me fend le coeur, comment peut-on laisser des choses pareilles arriver, et essayer de toutes ses forces de lutter contre mais personne ne peut rien et la tragédie arrive, pour tout le monde, et après le silence, comment est-ce possible? Après ça, il ne nous reste que nous même. C'est monstrueux, injuste, contre nature, il ne devrait jamais rester à personne que soi-même. Et on ne devrait jamais mourrir tout seul, et on ne devrait jamais laisser les autres comme ça désarmés. Et on a pour toujours cette impuissance devant l'absence de suite, parce que la mort n'a pas de suite et on est tout seul avec. C'est dégueulasse.

  • le plus beau cadeau

    C'est tellement, tellement bon que tu me parles. Ce n'est pas arrivé depuis des années, enfin. J'ai besoin qu'on me parle de sa mort, à mon père, maladivement besoin. Il n'y a personne, personne qui s'en souvienne et qui me le rappelle. Tout le monde me laisse oublier ma douleur, cette douleur insoutenable, impossible, probablement inaudible. Il faut la dire, pourtant, il faut se la rappeler, et la partager, il faut que je la partage, elle meurt, là au fond de moi, de l'oubli, mais elle est brûlante, et tu sais PERSONNE ne s'en souviens, personne n'y pense ou ne me le rappelle, ni ne m'en parle, et c'est tellement merveilleux que tu t'en souviennes et y pense.

    et la vie me semble tellement impossible maintenant, sur des fondations pareilles, comment puis-je oser vivre de cette manière, vivre tout court en oubliant toute ma vie d'avant? Comment est-ce que j'ose faire ça? Mais qui suis-je donc?

    Chérie, ce soir c'est un des plus beaux cadeaux que l'on m'ait jamais fait que tu me fais là. Tu me parles de mon père, de mon ancien moi, de ma douleur, et en faisant ça tu me rassembles (ça fait mal). Tu me fais penser que je ne pourrai jamais aimer quelqu'un qui ne pourrait pas faire ça.

  • Tout de même du dicible

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    Il y a le bout de la rue où on ne voit rien, je sens que je pourrais voler. Tous mes problèmes de l'amérique du nord se résument à ça.

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    Il y a tout de même des choses qui existent vraiment, des habitants.

  • griffes

    je n'ai pas eu de fesses en main depuis que j'ai des griffes
    fesses de jeunes hommes tout du moins
    et pour les fesses des jeunes filles j'ai coupé mes ongles
    pour les fesses des jeunes filles j'ai coupé mes ongles

  • jungle

    Oli dit que ma vie interieure a l'air d'une jungle avec plein de bêtes bizarres et de plantes foisonnantes.
    Mais il dit aussi que j'ai l'air zen, alors...
    Le poète que j'ai été voir aujourd'hui ne pouvait qu'écrire sur lui et avait un air ed paranoïaque narcissique insupportable, ça m'a fait sentir gluante de narcissisme moi-même d'avoir envie même d'écrire des trucs des fois, et assez honteuse (je le suis déjà) d'avoir du mal à écrire sur autre chose que sur moi. Je le sais, que je n'ai aucune créativité. Doit-on s'arrêter de penser pour autant, arrêter de sortir dans la rue? Je le sais, que c'est la honte. Mais il faut bien vivre avec! Après c'était très étrange, pour le poète, parce que dès qu'il parlait d'autre chose que de lui et de l'écriture, son visage devenait tout vivant et naturel et il devenait très rigolo et sympathique. Elles étaient drôle, ses anecdotes.
    Mais je me traîne la honte, depuis...

  • LE TEXTE (Verrière)

    Je me tiens debout sur un escalier mécanique arrêté, immobile juste au milieu, lui-même au milieu d’une verrière comme celle tubulaire, d’un aéroport, mais qui ne monte vers rien, nulle part, droit au ciel. Elle est plantée inopinément dans le sol comme le corps brisé d’un avion tombé. Elle a quelque chose de moussu, quelque chose de ruinu d’une épave dans un arbre. D’un vaisseau-bulle posé sur une planète mystérieuse, aussi.


    Cet extérieur est la première chose qui m’est donnée et me frappe. Je le perçois d’un coup d’œil dans son ensemble, en une sensation j’ai tout saisi : le désordre d’arbres et de mousse centenaire, l’absence d’actualité, de vie, l’odeur de renfermé qui règne dans cette nature qui n’est plus pour personne. Je vois qu’elle croule, se détériore. Je vois qu’elle a toujours été croulante puisque jamais pour personne. Je me dis comme si Dieu l’avait créé trop tôt et à moitié, la laissant perdue dans les limbes du sens. Mais c’est une pourriture sereine aussi. Tout ce temps finalement n’a pas existé, n’a pas compté. Le temps vient d’apparaître. Ce décor qui hiberne et dégénère en silence m’attendait.


    Comme une bête adhère au réel j’adhère au lieu dans sa totalité en une seule fois. En une seconde (celle qui précède juste mon apparition, ai-je l’impression) je comprends tout. Mais le lieu sans moi : il n’y a pas encore de moi. Son sens universel. C’est moi, mais je ne le suis pas encore, je le sens sans l’être.


    Simultanément (puisqu’il s’agit d’un coup d’œil qui n’occupe pas de temps) moi : je suis là, comme téléportée, apparue adulte, le temps naît en même temps que moi. Je me secoue un peu (je sens bien que de l’extérieur -apparaît ma conscience de l’intérieur/extérieur- je reste de pierre, trop occupée tournée dedans). Spectatrice hébétée devant mes souvenirs qui se constituent en même temps que le temps se déroule pour moi : dans les deux sens. Je sens la vie, je ne fais rien, tout un monde, toute une vie se créent en moi. Je ne peux naturellement pas agir, je ne fais pas encore la distinction. Je nais, et pourtant je suis là pour voir ça. Je n’ai pas d’histoire, j’ai des outils mais pas d’histoire. J’attends. Je regarde dedans ce qui émerge. Le temps sort tout orné comme le contenu d’un boyau.


    Mes souvenirs se constituent petit à petit, ils s’affectent pour que je comprenne. Je deviens une personne et plus seulement une conscience. Il y a une fraction de seconde encore je percevais l’étrangeté du décor pour elle-même, pleinement mais pas pour moi, non, du point de vue de Dieu, du Temps, je ressentais son drame cosmique. Maintenant, j’y suis, j’y nais, oh ! L’universalité de mon regard se perd, s’estompe, m’échappe et s’oublie… Je nais et je perds tout. La vie… Ce que j’ai entrevu, est-ce l’en dehors ? L’essence, si triste dans son éternelle dégénérescence insensée ? D’une tristesse infinie. La vie dans l’absence, dans l’oubli. La Création dans l’absence de vie. Je perds et je raisonne à rebours. Avec la vie le cheminement de la pensée, la perspective. Regarde, je le sais ! C’est avec moi que le temps et la vie sont nés.


    Ma perception nait réversible. La petite peau, fine, collante et douloureuse est aussi sensible du dedans que du dehors. Tout se confond en chaos de perceptions. A rebours c’est encore plus intense, d’autant que le présent ne concède rien. Mais il n’y a pas de lutte : une acuité infinie simplement s’impose. Chaque perception apparaît, se difracte, passe et trace, et moi je suis. Le rôle de chacune est considérable. Le poids du tout ainsi démultiplié me paralyse : je suis toute prise dans l’intensité de l’attention qu’il faut soutenir. Comment vivre un évènement tel que celui de la fondation ? Comment lui rendre ce qui lui revient, c'est-à-dire le vivre justement ? Il se présente comme un tout mais il faut bien le difracter avec du temps sinon on ne voit rien. Car je suis une bête qui adhère à elle-même, et c’est la manière juste de traverser honnêtement sa propre fondation. Toute vivante.


    Seulement… c’est trop tard, je suis née quelques centièmes trop tard, j’ai vu, même si j’oublie, quelque chose me chiffonne. Je sais que ce qui n’avait pas de sens (ou de sens pour personne) prend sens maintenant. Je sais que ne suis pas là pour rien mais pour donner le sens. Ne pas être là pour rien, autrement dit, pour soi ! J’oscille maintenant entre ma propre grandeur (si j’accepte l’oubli) et ma conscience atroce de la partie qui se joue avec moi.


    C’est injuste. Avec l’apparition du sens apparaît la directionalité, la partialité, la selectivité, la tension, la perspective, le point de vue. Et la en même temps qu’on me donne de m’émerveiller devant moi, en même temps qu’on me donne tout avec l’existence, m’est donnée la supraconscience terrible : ce n’est que le contexte du drame qui s’échafaude. C’est l’action, c’est elle qui me prépare. Je n’aurai droit qu’à une section de souvenirs, qu’à une portion de vie et de sens, celle réclamée par les heures qui vont suivre. Pourtant je ne sais rien d’une partie, je suis le noyau unique et universel. Pourtant la vie toujours partielle.


    Toujours immobile je me sens mal, j’ai le pressentiment de l’anormalité de la situation, je l’éprouve avec l’intensité d’un coup de fouet dans le noir, et parce que ma vie s’étoffe tellement vite je pressens aussi que cette vitesse est dans le but de me faire oublier instantanément leur origine (ma nature) contre-nature. Et je suis là, paralysée sur cet escalier immobile, paralysée devant la simultanéité de mes perceptions et de ma propre constitution. Les premières devancent légèrement la seconde.

  • parti

    M. parti me voilà libre. mais trop fatiguée. A suivre

  • God in Montreal

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  • ver

    Je peux être une tête de pioche quand je veux, me fermer comme une huître. C'est parce que je suis toute coquille-cassée ces temps-ci. Hier soir V. est venu souper avec nous ou me ramasser saoule à la porte d'entrée j'ai eu du mal à ne pas m'effondrer. Ce soir encore je ne sais pas comment je vais pouvoir passer le seuil de la porte avant d'avoir bu un coup. V. si simple et si adulte, si salvateur et fantasque, si dépaysant la réalité qu'on a le goût d'y rester. J'ai détesté mon attitude, incapable de ne pas me réfugier dans le refuge, incapable de rester dans l'alcool brulant et d'assumer mon dépit. Incapable de faire le joint entre les deux, si différents! Mon essence de joint a disparu. M. a dû passer un sale quart d'heure.

    Non, je ne peux pas simplement suivre à la trace les émanations les plus fruitées de mon futur proche comme on me l'avait dit. Parce que j'ai des tensions internes immenses, je peux devenir ça ou je peux devenir ça. Mais c'est parce que je suis rongée par le doute, petite coquille-cassée, comme une termitière. Alors je noie tout ça, dans ce pays oû tout coule à flots, c'est bien normal de combler le vide (mais une termitière ça pisse comme une passoire et le scotch ne scotche rien).

    Au moins les coups de telephone extraordinairement sans rapport du travail sont là: "allo mademoiselle, qui est Dieu?" Alors moi je suis la gentille réceptioniste et je vais chercher sur google.

    Mais, criss, ça me détend même pas.

    Il y a le ver du doute qui se promène dans ma poitrine et dans mon ventre.

    J'aurais besoin d'aide, mais le ver est là aussi.

    bientôt je ferai voler tout ça comme un cerf-volant!

  • l'évènement ontologique n'est pas celui que j'attendais

    Tout s'est reviré de bord maintenant que M. est là, est arrivé me disant qu'il est amoureux. Je le crois. Mon mariage s'effondre. Mon back up s'effondre, je retrouve de vieux reflexes, je bois comme un trou et je vis ma journée comme des coups de battes successifs, je l'oublie (et me ressouviens tout le temps), j'ai du mal à enregistrer l'info. Mon orgueil va mal. Il m'a donc refusée toujours pour me refuser toujours et pas pour m'accepter un jour. Le poisson ne se met JAMAIS à désirer son eau, j'aurais dû le savoir, depuis 4 ans. Je vais tomber dans le coma d'insécurité. Une des ficelles qui me tient en suspend dans ce vide a lâché, c'est très violent, il n'y en a pas tant que ça. Je me balance, j'ai peur, mon estomac est dans un état de montagnes russes.

    il y a d'autres réflexion, je prendrai le temps quand je serai moins saoule tout le temps.

  • ficelles

    Il y a un genre d'éclatement d'effondrement c'est comme si...

    tu sais, moi je me tiens dans l'espace et le temps grâce à des ficelles qui disparaissent là haut, me tiennent depuis toujours alors je les oublie, ou je les aime comme une partie de moi, tendues, rêches, organiques et sédimentées, ce sont d'aigres et secs boyaux ancrés au fond de mes plis, solides, durs, et polis comme des ongles.
    Alors quand ça casse avec un bruit de coup de feu je ne comprends rien, ultra tendu le nerf flotte déjà en l'air, il n'y a qu'une balafre, un reste de douleur, un echo. Il y a quelqu'un qui descend d'un niveau, d'une secousse, qui perd un de ses fils. Et si je tente avec une hébétude de singe de joindre les deux bouts, je tire je tire et, me questionnant sur un morceau manquant, je doute qu'ils aient été un jour unis.

    Alors moi tu sais je vis comme ça depuis la nuit des temps, au dessus du néant suspendue par le dos (et non plus par des hameçons dans le ventre) par un très petit nombre de ficelles velues et cornues. Elle doivent résister au temps comme aux intempéries, à toutes les épreuves.

    Mais rien n'est à toute épreuve!