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Petra von kant

On pourrait penser (et apparemment les gens pensent ça voire que ça) qu'il s'agit d'un film moral, genre devinez qui est la plus manipulatrice entre la riche intelligente perverse contre la pauvre fille banale et ahah ce n'est pas celle qu'on croit. Classique.

Donc à part ça: est-ce que c'est seulement un film sur l'universalité du désir (l'absolue légitimité dans toutes ses formes mêmes les plus perverties) ? Moui, Marlene s'en va sur la tune "ouh yeah, I am the great pretender..." aussitôt que son désir, jusqu'ici maintenu en tension par son caractère inassouvissable, prend une tournure réalisable. Elle n'a plus de raison de rester, son essence de "pretender" a disparu, dès que Petra dit "And you, tell me about yourself..." marlene flee away alors qu'elle a supporté la pire condition jusque là. La tension du désir sous toutes ses formes monstrueuses, quoi. Comme finalité, comme mode de vie. En même temps que le problème de Petra c’est juste que son désir n’est jamais comblé...mais il n’est pas comblable (alors que celui de Marlene si, il suffit de cette simple phrase et regard). Alors...on peut dire que c’est sa manière d’être ? Ok, on parle de désir. Mais quelle est la chute, la sortie ?

Je ne comprends pas ce qu’est Petra pour Fassbinder, il dit qu'il veut encourager les gens à exprimer leur douleur -dans l'optique d'un soulagement sans doute-, mais elle, qui le fait tout le long et tellement bien, n'y trouve aucun rachat, aucun soulagement. Pourtant elle l'exprime sans cesse, la douleur passée sous forme de récapitulation assimilée en leçon de vie, et la douleur présente en agonisant devant le téléphone. Mais il n'y a pas de sortie. La fin est d'ailleurs un retour au debut ( le même "tell me about yourself" avec le même regard) qui laisse peu d'espoir. Ce qui est troublant c'est que dans cette histoire...C'EST PETRA QUI A RAISON. Et pourtant elle perd.
Pourquoi a-t-elle raison ?

Elle est la plus antipathique parce qu'elle est la seule qui ne joue pas de jeu.
Elle a effectivement l'attitude nécessairement désinvolte (et qui parait puante) de celle qui ne veut plus jouer le jeu (on ne peut le comprendre qu'à la fin, le jeu avec l'antipathie du spectateur est ultra réussi, ON NE PEUT PAS L'AIMER TANT QU'ON NE LA COMPREND PAS). A la fin on n’aime qu’elle.

Donc ce qui explique Petra: It's easy to pity, Sidonie, but so much harder to understand. If you understand someone, don't pity them, change them. Only pity what you cant understand

I think people need each other, they're made that way. But they haven't learnt how to live together

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