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le deuil de moi de maman

En l'occurrence ce qu'il se passe c'est que ma mère est complètement hétérogène (c'est le bon mot) à la chose (le fait que je sois amoureuse de mon amoureuse), et je ne vois pas comment elle pourrait être en passe de le comprendre dans la mesure où c’est une forme du ressenti qu’elle n’a jamais éprouvée –et surtout qu’elle sent qu’elle n’aurait jamais pu éprouver- ce qui fait qu’elle ne peut pas traiter l’information (puisque c’est toujours à partir de nos expériences passées qu’on traite les nouvelles infos par des systèmes d’analogies, et là il n’y a aucune analogie possible avec des choses qu’elle aurait ressenties puisque pour elle mon amour pour mon amoureuse c’est le trouble et elle n’a jamais ressenti que du clair comme de l’eau de roche), elle ne peut pas se mettre à ma place et la compréhension passe toujours par une forme d’empathie. Alors il n’y A PAS de voie de résolution. C'est un processus de deuil, qu'elle entame, le deuil de toutes ces choses à partager avec moi, de toutes ces choses qui l'ont rendu heureuse (la vie de famille, un homme, l'altérité) et qu'elle souhaite bien naturellement pour ses enfants alors ça la rend malheureuse de faire son deuil de mon bonheur, parce que c’est ça que ça veut dire pour elle. Et faire le deuil du bonheur de son bébé c’est pas facile, surtout si c’est dû non aux circonstances (ce qui laisse une ouverture) mais à un vice structurel ; vice structurel duquel au demeurant elle se sent responsable en bonne freudienne.

Moi je fais mon deuil de ma relation avec maman, celle de partager toutes ces anticipations du bonheur comme une fille prépare son mariage sous l’œil tendre et taquin de sa mère; c'est dur chiant injuste et désolant, surtout si l'on voit le rôle qu'a joué ma "normalisation" de ces dernières années dans l'amélioration de nos relations (ou du moins la correllation), et qui m'a rendu très heureuse et profondément détendue.

Si on voit ce processus de deuil comme une résolution alors oui, c'est bien; mais moi je vois ça comme un naufrage et je ne peux pas m'empêcher de souhaiter avoir pu maintenir le bateau à flot, même porté par un "lie by omission". Si au moins j'étais gay ce serait plus simple, je pourrais automatiquement me mettre en position de revendication de mon identité ce qui me donnerait de la force, ou plutôt ce qui aurait tellement de force (mon identité) en soi que je n’aurais pas le choix de l’affirmer, le dire, le faire accepter. Là je n’ai pas cette source de force là parce que comme j’en ai parlé souvent je ne suis pas gay, je veux des maris et des bébés et tout ce pan de vie me rendrait au moins aussi heureuse que ma mère et je suis bouffée par la même déception qu’elle et je dois faire le même deuil, sauf qu’en plus il s’agit de moi (je dis en plus mais je ne sais pas si c’est plus difficile de faire le deuil du bonheur de soi-même que de celui de son enfant. Au moins moi je ressens l’impératif de l’amour qui justifie tout, alors c’est dommage mais c’est juste). C’est très bizarre de l’entendre se lamenter et d’avoir juste envie de me lamenter avec elle, et non pas de la contredire et cheer up. Sa déception fait écho à la mienne y en a pas une pour aider l’autre, alors en plus elle me voit l’approuver et être assez malheureuse moi-même de mon sort ce qui la rend encore plus enragée devant mon incompréhensible impuissance, parce que si ce n’est pas mon essence, alors je pourrais...


Mais je ne peux effectivement pas lui rendre compréhensible ce qui m’est moi-même incompréhensible, et je ne peux pas lui rendre heureux ce qui m’est moi-même malheureux (le fait d’avoir un mari des bébés et une maison avec tondeuse à gazon).

Mais j'ai l'amour et les étoiles du ciel.

Commentaires

  • dans ce doute existentiel
    tu recherche une chose, le mari, le gosse et la tondeuse a gazon
    croit tu qu'il suffit d'un peu de compagnie, d'un peu d'amour et d'amitié pour résoudre, cette espéce de probléme "mere-fille" ?

  • Chère Ève,

    Je lis ton blog, pour prendre de tes nouvelles (c'est pratique pour ça au moins : savoir l'essentiel sur ce qui se tranme dans ta vie, intérieure surtout...) et j'espère que tu vas bien. Je vais essayer de te téléphoner. Je crois avoir ton numéro chez ta mère...

    Je t'embrasse et j'ai hâte de te parler,

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