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les folles vies potentielles

Donc il a vécu ça, et le côté « bulle déconnectée » n'empêche pas que ce petit vécu fou et mystique soit fort et hallucinant et semble tout remettre en question. Et surtout porte à se poser des questions. Moi, ce que je pense, c’est que c'est normal d'avoir des échappées hors de notre monde douillet, qui sont d’autant plus folles et l’inverse de ce qu’on a (de ce qu’on veut, qui nous comble normalement) que le monde réel est stable ; je trouve que c'est même plutôt sain, un fantasme quoi. Je ne dis pas « sain » comme ça. Ce que je veux dire, ce que je pense, c’est que JE NE CROIS PAS qu'on soit tout noir ou tout blanc, qu’on soit « comme ça » et c’est tout, qu’on soit comme de simples atomes, non, je ne crois pas, par conséquent, que « ce qu’on est » nous suffise jamais. Mais ce n’est pas pessimiste comme ça a l’air (genre « on n’est jamais satisfait de ce qu’on est »), ni relativiste et désabusé, non, c’est simplement vrai, on ne se réduit pas à nos moments, pourrait-on dire… bien que ce soit plus fort que ça. On ne se réduit pas à ce qu’on réalise ? Hmmm… c’est un peu ça, aussi. Je crois, et la vie est très bien avec ça, que quand on le sait on est plus riche (sinon ça fait peur, un truc bizarroïde inconnu apparu en soi et engendré par soi qui n’a pas rapport). Ca doit pas faire peur. Et puis je dis ça pour moi aussi, tu vois ce qui m’arrive avec d. qui remet TOUT en question (au sens fort, tu vois, ne serait-ce que ma famille nombreuse…), ben après DES MOIS d’errances et d’éthylisation forcenée pour accepter ma schizophrénie manifeste (je croyais être rentrée dans les rangs et heureuse stable et strait mais bigre !...je ne suis pas du tout qui je crois que je suis!) j’ai décidé de ne plus me dire, même quand je le ressens « ah, merveilleux, donc je suis ça donc je m’en vais par là ça va me rendre heureuse » parce que là PAF ! Surprise ! tu n’es pas du tout celle que tu crois et ça me terrifie et je me regarde effrayée «…mais mon dieu…mais qui es-tu… », alors je ne le fais plus, me dire « je suis ça » parce que je ne le suis jamais et je m’attends au tournant. Et je n’en ai pas besoin (en ai-je besoin, de savoir ce que je suis ? ça c’est la question encore branlante). On est un être complexe depuis le début, ça se manifeste ou non, brutalement ou non, et quand ça se manifeste ce n’est pas une crise. C’est juste toi. Et cette complexité ça fait que très concrètement je ne crois donc pas qu'on se satisfasse totalement et pleinement de ce qui semble, pourtant, à nos yeux, totalement nous satisfaire. Et surtout, je ne crois pas que ce soit mal, et je crois que c’est nécessaire (au sens philosophique) anyway, le fait d’avoir d’autres aspirations aussi et d’être un peu double. ET ça ne dévalorise en rien ce qu’on a, les choix qu’on a fait, ça ne les remet pas en question. On fait des choix de vie qui nous correspondent le plus mais il y a toujours un peu de jeu, de marge, qui fait qu'il y a de la place pour des expériences impromptues qui n'ont pas leur place dans notre "pattern" (qui est le "moi" qu'on se représente qu'on est, qu'on a décidé qu'on est, dans lequel on est bien). Ca semble tout remettre en question parce que ça n'a pas sa place, et ça remet tout en question seulement si on se conçoit comme un « ça », alors qu’en fait c'est juste les bords, la marge, ça bouge, et c'est important de l'accepter je crois en tant que marge de soi, on est flous sur les bords, c'est comme ça, et une fois qu'on le sait on peut mieux se maintenir, affirmer, poser ce qu'on est (flou !). On ne peut pas se débarrasser de toutes les vies qu’on aurait pu vivre et qu’on ne vit pas, et elles sont une richesse, pas un problème, si on n’en a pas peur.

Commentaires

  • Merci mille fois à H. chéri qui me permet de me dire les choses à moi-même et de me rendre plus convaincante...

  • je pense à l'impératif ancien: "deviens ce que tu es", et je me dis que cette phrase est si forte qu'elle ne peut que me porter à me l'approprier à partir de la manière dont je conçois le monde en ce moment.

    Je suis une sculpture qu'on a façonnée, et je suis la mise en action de cet engin.

    Je découvre à moi et aux autres mes possibilités.

    Je comprends de mieux en mieux d'où je viens.

    Je vois de plus en plus ma cohérence: mes contradictions deviennent des paradoxes, puis ensuite, des forces. Au début elles me paraissent antagonistes, et plus que j'y pense, complémentaires.

    Je réalise que mes choix ne sont pas nécessaires, mais contingents. Je suis le cobaye de moi-même. Comme toute oeuvre d'art, j'essaie de me dépasser.

    Mon corps est une sculpture, je me lève pour vivre la vie.

    La question n'est pas une question de se mettre à la recherche d'une identité, mais plutôt de choisir parmi les divers possibles.

    ça aura été mon chemin

    c'est ça le thrill de la vie comme dit un homme (que j'aime particulièrement).

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