Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

C'est inutile!

  • Benelux

    Il y a eu l'époque de la grande d'adhésion

    à la force et à la liberté, globalement tu creuses pour savoir ce qui s'est vraiment passé, mais aujourd'hui tu sombres et te laisses bercer dans le foyer (au pouvoir sans pareil) du souvenir d'un bonheur déchu, ta peau s'en souvient, tes organes, tous, sont prêt à frémir de nouveau - le sont-ils?

    quelle liberté

    man, it was all too short

    l’intuition dit que c'est pas la bonne voie, mais quelle intuition? elle est un mystère géant en soi

    (ne pas accepter les regrets parce qu'on ne les pardonne pas)

    TROUVER LE MOYEN DE FAIRE REPARTIR LE TEMPS

    l'espoir du temps à toi, du temps dont l'éclosion colle à l'éclosion de toi

     

    ou le temps objectif, car le temps à toi n'éclot pas si tu n'éclos pas, et les années passent sans rien amener avec elles, sans toi

    la crise de la valeur (le temps ne vaut rien) a fait tomber l'amitié avec le reste

    la complétude, on veut tout, ou on ne peut pas vivre sans ce sentiment qu'on peut tout avoir - pourquoi, est-ce un problème en soi qu'il faut traiter?

    tu dors

    Aujourd'hui n'y a rien de simple ni de naturel.Je veux le simple et le naturel.

    Le temps se perd, il se perd, pourquoi je le perds? Comment les autres acceptent-ils de le perdre sans que ce soit une perte?

    Il ne faut pas rater sa vieillesse.

    I WANT NO FUCKING JESUS ON MY BACK

    douter, plus le temps, traquer.

    calcul - investissement - quantité. Commerce, trafic.

    j'aurai 31 ans, ça craint.

    pis si je la loupe il n'est pas certain que je sois passé à côté de tout, mais si je n'essaie pas, oui.

    c’est la première quête du bonheur. (ni de qui je suis, ni de la nature humaine)

    c'était une séparation pour savoir qui je suis. J'ai encore une cartouche pour un faire une du bonheur.

  • Pas de nouvelles

    Je vais mieux, je boue d'une colère noire sans la tourner contre moi. J'ai un chaudron de poix pâteuse à la place de la tête et n'ai plus le temps de développer les questions au dessous de "je suis qui bordel" ni quoi que ce soit d'autre mais je suis heureuse d'être en colère car je ne suis donc pas encore la brindille sèche que je pensais être en passe de devenir.

    Mais tout de même, je ne sais pas si ce que j'aime je l'aime vraiment, si je l'aime pour de bonnes ou de mauvaises raisons, si c'est la bonne ou la mauvaise partie de moi qui l'aime ni à partir de quelle proportion (de bonne ou de mauvaise partie) on décide que c'est nous, vraiment.  Ni à partir de quand est-ce que je peux décider que j'ai toujours été ce que je suis.

  • Juger ou ne pas juger

    je ne dois plus occuper toutes les positions en même temps, couper l'herbe sous le pied des gens en disant leur point de vue en même temps que le mien et en disant que je le comprends. Car quel secours attendre dans ce cas? Cela sous-entend qu'ils n'ont plus soit qu'à confirmer ce que j'ai dit (ce qui ne sert à rien) soit qu'à dire "qu'est-ce que tu veux que je te dise" à juste titre - car qu'est-ce que je veux qu'ils disent?

    de plus, ça n'exprime pas ce que je ressens. ça l'exprime pré-traité, sans plus rien à faire dessus, et surtout pré-jugé par moi (mais comme si c'était le jugement de l'autre). Ca présuppose que mon jugement est le bon (sans appel). Et ça ne laisse aucune place à l'autre pour me juger différemment (v. la note La Culpabilité pour le résultat). et ça cèle tout ce que j'éprouve parce que jamais c'est exprimé sans être passé au cruble d'un jugement partial et définitif au prélable.

    La preuve: lorsque je m'en rends compte et que je tente d'exprimer ce que je ressens, je le fais précéder, comme un avertissement, d'un systématique "je sais que c'est faux, que c'est irrationnel, que je ressens cela pour telle et telle cause..." Et la personne en face de moi de ne pouvoir rien ajouter.

    C'est pourquoi je voudrais:

    -perdre le langage,

    - ne pas avoir ce mécanisme d'explication de toutes les causes de tous les points de vue possibles qui se lance aussitôt qu'une situation apparaît.

    car IL N'Y A PAS DE CRITÈRE QUI VA FAIRE ALLUMER LA LUMIÈRE DU VRAI OU DU FAUX (dixit Cath)

    Ne pas juger = ne pas expliquer ≠ expliquer tous les jugements possibles

    Ne pas juger = tu ne sais pas si tu as tort ou si c'est mal ce que tu fais ≠ le dire tout en pensant le contraire

    C'est que je n'ai pas à décider de si j'agis bien ou mal.

  • la culpabilité

    Disons-le simplement.Je cherche quelqu'un qui m'aide à me pardonner moi-même.

    Tous les jours je vais prier le Bon Dieu faute d'une autre personne haut placée sous la main. Tant que ça ne sera pas fait, je vivrai dans un rêve. Dans le rêve, je peux faire ce que je veux parce que rien n'a de valeur. C'est détestable, je souhaite y mettre fin. Je souhaite vivre exactement la même chose, mais en retrouver la valeur. Pour cela il faut repartir de ce qui a aspiré toute cette valeur et faire en sorte que, lors de cette deuxième vie, cela ne se produise pas. Au moins j'ai assez progressé pour me rendre compte que c'est une gigogne. Et régler son compte au dilemne: faut-il enlever de la réalité à ce qui précède ou en ajouter à ce que je vis. Mais il est évident que tant que je ne me pardonne pas, rien de ce que je ferai n'aura de valeur car je n'aurai droit à rien. Il faut que quelqu'un, n'importe qui, me redonne le droit. Je devrais passer une annonce pour un simple mot officiel, une signature. Car personne autour de moi ne m'a dit qu'il comprenait ni que c'était pardonnable. Et pour ma part, je n'ai aucun élément qui m'indique qu'une autre manière serait possible. Et je suis en manque absolu de critères - qui en général semblent être la propriété exclusive de tout autre quidam que moi. Comment savoir ce qu'il faut pardonner ou non? Comment s'y prendre? Et s'il s'agit de soi-même. Une chose est sûre: c'est impossible lorsqu'on souffre encore violemment du préjudice qu'on s'est infligé. Il faudrait que quelqu'un souffre sur moi et me déporte un peu de côté de sorte que je me rende compte que ça n'est pas un préjudice. Que quelqu'un d'autre me raconte une autre histoire.

    je ne suis pas une réfugiée politique.

    si tu ne veux pas reproduire la même chose, ne fais pas la même chose.

  • le seul témoin

    - Un contrôle qui, au lieu d'agir, se méfie;

    - des rencontres amincies jusqu'au trognon:

    Le sommeil venait d'un déplacement de la croyance

    - La secousse est extrême lorsque le ciel donne à voir une éclaircie d'irréalité avec dans un coin, dans un coin de soi-même, des norceaux du monde réel.

    Le seul témoin est moi-même

    ARTAUD:

    - un impouvoir à cristalliser inconsciemment, le point rompu de l'automatisme à quelque degré que ce soit

    - Il y a un point phosphoreux où toute la réalité se retrouve, mais changée, métamorphosée - et par quoi? UN POINT DE MAGIQUE UTILISATION DES CHOSES

    -Je suis vraiment paralysée par mes termes, par une suite de terminaisons

    - Il me manque une concordance des mots avec la minute de mes états

    - Je me connais parce que je m'assiste, j'assiste à Antonin Artaud.

    - Alors on verra d'arborescents bouquets d'yeux mentaux se cristallier en glossaire

    - Ma mystique sera devenue un chapeau

    qu'on me laisse à mes nuages éteints.

  • la grande gueule qui claque

    je ne ressens que son souvenir et me sens inoxydable,

    j’ai tant d’idées ! et butte sur le langage et ne sait plus percevoir qui je suis,

    je paierais cher la demi-heure pour ressuciter cette monstruosité de paroles,

    à troquer contre ce sentiment de perte, vide, dont je ne suis même pas sûre si c’est la politique ou l’effet collatéral d’être (re)devenue un être de métal et de pure volonté,

    jamais je ne peux m’accrocher.

    UN ÊTRE DE CALCUL

    qui ne broie plus de sable qui ne broie rien, qui ne voit rien et vit dans une extériorité (certes) morte.

    Quelque chose de grandiose a été entamé dont j’ai oublié la moëlle, me dis-je en regardant frémir (mais non fleurir) les feuilles des arbres ;

    Je suis une fucking passoire. Qui ramène l’ensemble de sa vie à un pur brouhaha hors de toute réalité ?

    C’EST SIMPLE TU NE MÉRITES TOUT SIMPLEMENT PAS

    d’ailleurs tu es dans les limbes… tu ne vois pas ? Eve à la grande gueule qui claque.

  • rime panzani

    Probe, molle et tendre richesse

    ma vue, le poids de mon coeur,

    entre nappe de brut et bonbon, bonasse,

    je me glisse en ce coeur

    de bonbon (finasse!) et je tais en mon coeur,

    (crevasses!) les possibles rancoeurs

    agresse CARESSES RANCES et temps réparateur

     

    Cette aridité poignante intervient dans mes pupilles ensemble.

    percées de mille épingles

    peuplées de mille bordels

    enflées de mille trous

    décorées de trente coccinelles

    enrobées de douces nuées

    je me lève et décrète le temps de la Grande Indulgence terminé.

     

  • lenteur

    lentement ce soir,

    et à portée de danse, on a marché, scandant le même rythme, la même langueur dans le poids de nos corps,

    on a perdu la clef et, prises de panique, on en a appelé au mauvais génie,

    pour se sentir touchées par la grâces quelques instants, sensibles, plus tard

    le temps de la réunification des eves dure 3 semaines. le rythme qui lui permet de tout tenir ensemble celui de longues nuits, de tâches infiniement étirées. on aimerait que la paix dure, mais dure... on entrevoit le ciel parfois, ce qu'il y a derrière lui

    on prends toujours des comprimés.

    il m'aurait fallu un mois de plus, que la fameuse et convoitée couche de neige se dépose et unifie le relief. dormir, envoûtée, ne surtout pas travailler.

    ***

    très cher klingelstaïne, vous savez, j'avais lu la pitié dangereuse cet été (pour faire référence à autre chose que m aymé), et ça m'avait plombé. on en reparlera, c'est un livre qui m'a révolté et indigné (évidemment). je n'ai eu rien de l'empathie que tu n'as pas manqué d'avoir (j'en suis sûre!) pour le personnage. pure complaisance, ark!

    vous avez raison je ne vais pas fort fort, ou plutôt j'ai été fort mal. les choses se tassent. tu me manques. je pars vivre au canada dans 1 semaine, j'ai tout largué ici (je te l'avais dit).

    reposte des vidéos... ça me fait tellement envie!

     

     

  • maison

    Essaie de faire passer mon être de rupture (auprès de qui?). mais aussitôt la chose formulée tout disparait de nouveau et me projette, assise dans un monde vierge, de glace, les pieds battant dans le vide, un discours neuf me pendant aux lèvres, les yeux roulant d'un stupide étonnement.

    Je dis : "je ne veux pas venir!" et aussitôt cela me libère. Le problème n'est pas un blocage, c'est un sentiment de blocage.

    il faut être consciente de ce que les gen saisissent de moi et le leur demander. - que ça m'échappe.

    je dis : "Je veux être dans le présent!" et aussitôt il n'est plus distinct de l'avenir dans lequel je me projète.

    On se protège les uns les autres. Ecris-lui un courriel pour t'excuser, qui ne décrive pas le monde dans lequel tu vis mais qui accuse son irréalité et sa paranoïa. Ecris-lui l'esclavage de ton inconstance et à quel point tu souffres de cette soumission. Ecris-lui une lettre "il faut que tu saches à que je vis dans plusieurs galaxies, passant de l'une à l'autre, en chacune régnant le régime le plus totalitaire, et ne sachant jamais laquelle est la vraie."

    "il faut que tu sois avertie que touours je marche sur une ligne légèrement parallèle, la ligne totalitaire où le réel ressemble à une maison noire gigantesque emplie de couloirs et de portes menant en un temps plus ou moins long (selon l'itinéraire choisi) vers un grand vide central rayonnant. Sans cesse il faut choisir le bon (itinéraire), la porte qui porte à la juste digression pour repousser la descente.Chaque partie de ma vie, spaciale ou temporelle, est une maison ainsi close et immense, ouverte par le fond, qui ignore l'existence des autres autant que le degré de sa propre réalité et se concentre sur sa propre quête comme un cheval de trait."

    "c'est que je vis dans un monde ou, simplement, je n'arrive pas à distinguer le réel du non réel, l'important du non important, où toute question de réalité (= toute question!) devient (au cas où) une question de vie ou de mort. il faut sans cesse que quelqu'un viennt, avec son petit marteau, me rappeler à l'ordre et briser la bulle que je souffle autour de moi..."

    "dis-toi que je vis dans un autre monde où les valeurs sont des planètes de plomb tournant dans le vide, c'est cela qu'il faut me pardonner".

  • petit cratère

    Monde de fêlure et d'insurection contenue,

    aux pieds de ce monde, deux routes.

    Au loin, l'horizon arrondi et rocailleux,

    toute une terre.

    Aux pieds, des insectes jaillissent de petites crevasses.

    [il faut mettre les choses dans l'ordre. tant que tu ne seras pas une personne, tu ne pourras pas agir autrement. - Chacun part de son côté]

    Je décide sans raison apparente de suivre mon pied gauche vers un petit cratère à l'abri du vent, pour ne pas être soufflée de nouveau. Là, dans ce trou, j'écris crypto-biblique pour ne pas être surprise. Du sang incrusté sous mes ongles, je me cache pour m'occuper de mon corps.

    good memories, bad memories, good memories, bad memories. tout un travail d'orphèvre pour arrimer les choses ensemble.

  • rigidification

    Ne suis plus d'ici

    plus de là-bas,

    une corde de chanvre ne suffirait pas à me rendre main sur les vestiges désormais pourris et l'absence

    de tout chant d'oiseau ne suffit (pourtant) pas à tarir l'horizon,

    même aux pattes coupées, pèse en suspens comme une soucoupe morte.

    - La thèse de l'os et de l'eau va remplacer celle de l'herbe et de la terre meuble. Nous entrons dans une ère minérale où le roulement des graviers dans l'eau trouble, même, n'est plus métaphore, mais seul ressac quotidien.

    Il va falloir chercher ailleurs. Se replier dans les tours de caramel de l'Arizona où les tulipes du Brésil.

    Je pédale dans le vide et elle m'en veut de ne pas suffire à me donner un sens! Qu'une corde de chanvre ne suffise pas. je ne sens que sa rugosité contre ma joue. Mais en aucun cas cela ne me tire de mon rève. ça meuble le rève.

    Tout a disparu. Et ne sait plus que ressentir.

    Les semaines à venir ne seront pas vertigineuses, elles ne seront rien - Rien ne sera déjà dans le bonheur. Aucun cimetière ne viendra me tirer d'affaire.

    J'imagine que je pourrais être et rester dans les limbes et prier le seigneur de me convaincre que je ne suis pas un être humain. [pour une part c'est ce que je suis en train de faire] [qu'il a été vain de penser avoir cet honneur ou avoir eu cet honneur et avoir eu la chance (l'occasion) d'en être à la hauteur].

    Je retrouve mon essence familière de pute.

    Il est hors de question que je fasse aucune forme de retention [l'image d'une passoire à larges trous est infidèle!]- un sceau sans fond. - une machoire sans fond. - une dentition fixée à la cheville. vissée à l'os

    Rien que de la structure, rigidifiée, à toute épreuve, mais sans rien qui puisse capter, retenir, sentir, boire. Intraitable. Sans âme. - Et d'où vient ton âme? tu la jète à la poubelle! L'ignorer totalement, pour la suite aussi. De la cendre ne sort jamais rien.Va dire à tes parents qu'ils ont accouché d'un bébé de cendre, regarde-toi dans les yeux, petite, et dis que tu as toujours été un personnage de cendre.

    LA NATURE DE L'HOMME N'EST PAS ONTOLOGIQUEMENT PERVERTIE. ELLE N'EST PAS. Finalement, c'est un grand néant que tu essaies de remplir depuis le début. Il faut se résoudre à l'évidence, tu vas trop vite, tu es allée trop vite.

    Ca t'a frappé ce matin, ça ne pouvait pas te frapper avant.

  • reprendre

    inintelligible: - comment quitter la douceur de ce pays? et : - comment ai-je pu reprendre ce que j'avais donné?

    POURQUOI A-T-ON LA CAPACITÉ DE DONNER SI ON A AUSSI CELLE DE REPRENDRE?

    - pour, justement, que la première ait de la valeur.

    - pour, justement, avoir la possibilité de ne pas exercer la seconde.

    La seconde est le mal, et la première est le bien.

    - Comment continuer de vouloir faire le bien de bonne foi, quand on a fait le mal une fois?

    [Avec D. ce que je donnais (plus rien) était devenu du poison]

    Je ne m'explique pas comment je pourrai un jour me pardonner et vivre avec ça. Comment donner en sachant qu'on peut reprendre, et que je suis capable de choisir de le faire, ce qu'on donne. Donner = pour toujours. Dimension inhérente au fait de donner.

    Je ne m'explique pas comment je peux même oser essayer de donner à quelqu'un d'autre. Quelle arnaque. Quel acte criminel. Je ne devrais pas être en liberté.

    Et je pose les yeux sur l'horizon, si doux, d'une douceur datant de l'époque où tout était encore possible, de cette douceur qui me permettait de relativiser le fait de n'avoir pas les pieds sur terre et de me sentir simplement sereine lorsque je les avais.

     

  • con-fu-sion

    CON-FU-SION

    marche et broie du calcaire, prend des décisions

    à l'aveugle

    eve vient de démissionner.

    à l'aveugle - on les prend pour elle

    ne peut pas mourir, ne peut pas faire un pas, n'a même plus le temps de pousser un mot devant l'autre, ni de nommer

    maintenant, on lui repproche de ne plus savoir, de prendre 5 minutes

    qu'elle ne prend pas, la tête branlante sur le carrelage et les bras relâchés,

    on l'encourage,

    ne SUPPORTE pas le regard et les vexations partielles, l'éducation populaire.

    ras le cul.

    la terre est arrêtée depuis dimanche 1er novembre.

    l'étoile mâchée retombe à terre et s'enfouis

    et foule sous les semelles molles

    morues qui toutes se tournent d'un même mouvement vers les moulins euphémiques.

    je me marre.

    quand j'avais sept ans,

    j'ai dit à ma mère

    amène moi à la mer et mets moi sur un bateau,

    des espadons argentés électriques!!!!

    si l'eau devait sectionner mon esprit, si l'eau devait couper ma vie, me libérer, je m'en fous!!!!!

    quand j'avais sept ans

    mon père m'a dit

    mais tu sais pas nager!!

    et j'ai jamais plus rêvé de la mer.

     

     

  • elie

    Il a décidé de changer de genre et de technique, mais toujours, il pense, mais elle ne tombe jamais, il ne faut regarder que d'en haut ce trou qui se creuse sous ses pieds, buvant une bière fraîche sans envie en attendant qu'il se passe quelque chose. Même ses poumons ne lâchent pas, il ne passe pourtant pas le coup de fil qu'il a promis. Lui prend le désir de serrer une vieille dame qui sent la poudre dans ses bras, d'embrasser la réussite. Au lieu de ça, il renoue avec des gens qu'il aime pour tenter, dans le présent, de vaincre. Elle lui a dit qu'elle l'aimerait toujorus et qu'il fallait qu'il ne change rien, mais elle mentait sans doute. Il éprouve des choses contradictoires pour la femme inconnue. Elie existe, Elie réexiste, il faut qu'il se dise qu'il vient de naître et qu'il n'y a non seulement pas de gloire déchue, mais surtout pas de gloire avortée. Elie n'est pas un avortement. Elie est au milieu, il a le choix, ou plutôt il ne l'a pas parce qu'il existe déjà. Elie va tellement mieux parce qu'il existe! Il est la bonne solution.

  • absent

    Il est entré dans la pièce, a calé deux bières avant de se diriger vers le salon etde tourner le dos au vomit des chiottes, a dansé collé-serré 4 heures plus tard, a raconté sa vie à une femme très différente et probablement insensible. Et tourneboulé, souffre, cherche des fuites, trouve et échoue. Retour en arrière dans un cadre de porte, contre une armoire, il dit "j'ai l'impression que je vais mourrir" mais ne meurt pas bien sûr, parce qu'après il y a demain. Il a décroché, prend l'avion pour le Sud, a sû se rendre disponible. Il est absent et attend que ça passe.

  • perplexité

    Eve aux textes de verre,

    se lève ce matin avec la même perplexité

    sans la force de mentir ni de mordre

    ni de narrer, ni d'ouvrir les yeux

    pour en laisser sortir ce qui en sortirait sûrement.

    Eve ne peut se montrer

    Ni ne peut bouger, ni répondre

    Eve Bouche-cousue

    et, sadique, avoue à demi-mots et frappe plus fort

    Eve-il-manque-une-case

    Evinvalide

    Evenlutte

    Ne ressent pas délectation aucune

    Fait de la double négation, se partage

    Fait l'étoile en privé, ou le christ caché

    Quémande et, le lendemain, aimerait s'endormir.

    Adulte, elle se couvre de bijoux.

    Aimable, elle charbonne de l'intérieur.

    Double, elle prend la fuite.

  • défragmentée

    Eve obsédée par le retour du même

    Eve hystérique ou impuissante

    Eve la langue

    Eve la gravité

    Se prend les pieds et meurt

    Se prend l’apéro et meurt

    Se prend d’affection et meurt

    Ne se prend jamais une baffe, ni des bleus ;

    A décidé de faire autre chose.

    A décidé un soleil neuf.

    A décidé que la force ne lui venait pas d’elle

    A décidé de se couper les jambes.

    A décidé d’abandonner la rime et la chanson

    A fait le malheur d’un monde

    A du noir partout sur son visage

    A fait le bonheur d’un monde

    Eve difractée, Eve défragmentée

    Eve offerte, Eve inexistante

  • possible?

    Peut-être que c'est possible, ce matin au son des marteau-piqueurs, la queue des nuages, peut-être, cache de l'optimisme et ton souffle pourrait me remplir sans que je m'en rende compte;

    une autre vie, un bonheur peut-être, un déplacement ;

    sans doute faut-il accepter de comprendre qu'il n'était pas où je voulais qu'il soit. Paris neuf, Paris neuf, c'est vers là que tu rentres et non Paris désert.

    S'emballe, si seulement tu arrêtais de tout obstruer, ton souffle par exemple!

    Le monde change, finalement, tu sais que ce n'est pas toi qui le fait tourner.

    On peut faire des projets partout, et tu peux louper ta vie dix fois et la retrouver dix fois, au grès du souffle de quelqu'un.

  • cercle 2

    (au dessus du cercle)

    TU NE SAIS PAS

  • cercle 3

    (au dessus du cercle)

    IL SUFFIT POUR UNE FOIS QUE TU RAISONNES THÉRAPEUTIQUE.

    LE PROBLEME TU LE SAIS, EST QUE TU NE TE PARDONNES PAS.

    PERSONNE NE TE DEMANDE DE TE PRIVER DU VENT.

  • Cercle 1

    (au dessus du cercle)

    ESSAIE DE VOIR AUTRE CHOSE

    CE N'EST PAS UN SPECTACLE // IL Y A DE LA CIRCULATION

     

    (au dessous du cercle)

    TU VOIS BIEN QUE C'EST PLUS GRAND ET AVEC TOI

    TU VOIS BIEN QUE TOUT NE SERAS JAMAIS LA

  • avant les cercles

    Cruelle! Il faut que tu retrouves ta volonté, et que dans un creux meurent, foulés au pied et les dents arrachées (je ne peux pas me spliter en quatre),la suite ou le passé ; le début d'une histoire qui vit, tellement pareille et tellement la vie. Il faut que je me rende et je ne le veux pas, encore arrachée, encore incapable, encore dénaturée, que je me restitue à ton nom, encore, du haut d'une tour de carbone ou sous le gel. Je crois, je crois! mais cela tinte à mes oreilles et me pique les côtes, me tire de part et d'autre, peau du dedans, peau du dehors qui discordent et jouent toujours à la scie musicale, Eve la tortionnaire et la troubadour.

    Mais soudain la lune et doucement s'endorment les insectes et le bruissement des terrasses, et meur mon propre assoupissement - le nez levé, traquant la moindre chance dans le ciel noir.

    Je suis affligée par ma ténacité et ma longévité - si seulement, du bout de mon ongle, je pouvais la leur offrir, à tous ceux que ça importe, un bonus de temps, de peau, de chance. Si seulement mon amour pouvais prendre cette forme purement extérieure et utile - le bonheur d'un vers, d'un gland, d'une vieille dame, d'une biche, ou d'un saumon! what a waste, what a waste, what a waste, eve, que ce que tu fais pour le monde soit tout tourné vers toi - s'ouvrir le torax!

    Je n'ai même pas perdu les fleurs, je n'ai même pas perdu la marche au soleil, je n'ai même pas perdu mes globes occulaires, je n'ai même pas perdu mon destin, je n'ai même pas perdu le droit d'être japonaise.

    Je n'ai pas de clef, je n'ai pas l'orthographe, ah, saligaud! Mais c'est odieux. Quelle solidité a donc la trick e l'épreuve? (l'histoire le montre, inutile de se tourner vers ce côté-ci).

    Je ne peux plus me tourner vers l'amour - je m'y tourne comme vers le reste, sans rachat! [la plus grosse surprise] [le reste eut été l'inverse]

    Eve ou l'amour. Quel ennui. Eve ou la morale, ou la volonté, ou le destin, quel ennui. Evve sans épreuve, comme tout le monde, occupée jusqu'à la retraite. Eve à la retraite et si loin de la fin. Va devoir chercher du neuf dans son rire, trouver du cristal, trouver la paix dans son nouveau coeur, convertir, convertir et faire taire, tasser, pour que dans un creux meure, foulées au pied et détruites toutes traces de eve. Va devoir se dire sans relâche (ah, sans relâche!) que c'est possible, que ce n'est qu'une question d'endurance et de ressources, va s'assoir sur ses ressources.

    EVE NE VOULAIT PLUS JAMAIS TENIR UN TEL DISCOURS

    Va devoir s'arrêter de se tromper et de rabattre ce qui se passe, se taire, se taire, se taire. dessolidariser les choses. Laissez-moi derrière vous. Laissez-moi derrière vous. Va devoir se tourner vers les autres. a besoin de quelqu'un. Va commencer de nouveau cette bataille là. Va devoir arrêter de rabattre le présent et de parler de vieilles batailles. Va devoir gagner du fric pour aller chez le psy. Devrait faire l'effort d'écrire sur un autre être vivant.

  • mouches

    Je n'aurais jamais dû. Ce jour, où je me trouve couverte de mouches dans l'herbe qui, pourtant, je le pensais, m'avait accueillie, je suis au bord de me traîner par terre pour te supplier de me reprendre, de revenir, de me pardonner. J'ai coupé chacun des fils, de chaque côté, je me suis effondrée par terre, et je suis maintenant couverte d'insectes, inerte. J'attends à nouveau que les heures passent. Ca je ne le voulais jamais plus.

    Eve, renversée sur le dos, le ventre ouvert aux insectes. eve gonflée et putride. Eve soliloque. Eve aux pieds gelés, aux lèvres tuméfiées ; Eve sans salut, semeuse de troubles.

  • pas d'organes

    Je peux dire que maintenant se trouble l'image générale de mon corps, de toutes les autres choses, comme lavées à l'eau savoneuse, à la javel ou à l'acide du soleil, de la température venteuse, je suis réduite à zéro, à un humain content et absurde qui n'a (donc) plus d'organes sauf une surface, j'ai dû tourner ma tête de côté sans m'en rendre compte, broyer les images avec mes petits os, changée, téléportée les pieds sur l'herbe, sans une once de vibration qui ne soit extérieure, qui ne soit une mouche. Je peux presque me donner tout entière. J'imagine que je peux vivre la même chose ailleurs, dans une vie parallèle, même heure, même taux d'humidité. Même signification de l'odeur. Même intimité, autre habitude, peut-être. Eve le chat, Eve le monstre, eve la pomme. Eve a plusieurs vies et est en sécurité. Eve est déjà morte, Eve est pareille. Eve et la corneille. Eve à la force infinie. Eve déposée par terre comme un flocon. Eve en lutte. Eve indifférente. Eve cachée ; eve à l'estomac de cailloux, à la coulée d'eau glacée, Eve translucide, Eve vraie et fausse.

  • ferveur

    Nu pieds, va, c'est comme ça qu'il va falloir que tu marches à ton Dieu

    Epines et peurs mêlées

    Grandissant à travers une vapeur de givre étincelante, éclatée et charmante, qui à coups de griffures fait entrer, petit à petit par tes pores et tes ouvertures - celles de la vulnérabilité des autres, qui est pire que la tienne - heureusment qu'il y a morale et damnation - un coup de vent!

    je te vois courrir, je te vois dans ton bureau, ou je me vois dans le metro ne plus te voir, ne plus avoir d'organes, faire des souhaits pour toi, à l'ombre, doucement, ou me saouler violemment , avec volonté. Je me vois ridicule, m'en remettant. Désabusée ou fervente, dans l'ultime et misérable espoir de payer pour ou d'en rajouter, ou d'en faire quelque chose, ou de l'oublier.

    Mais je m'endors doucement au son de mes discours futurs - et je me vois marcher, rétrospectivement, ne faisant que pressentir que ça devait se passer.

  • morale!

    Merci, morale!

    Et la douleur s'estompe, portée par la grâce ;

    je me retrouverai à nouveau lestée justement. atterie.

  • temps

    Pourquoi tout cela me laisse-t-il dans une telle insatisfaction? Le temps passe - et pourtant, riche et plein! S'il ne me manque rien, c'est de l'intertie, de l'apathie, de l'aise, de la paresse. Rien ne me ronge jamais... Mais qu'est-ce que tu cherches? t'attends quoi??

    Tout se déroule à la vitesse d'une couleuvre, d'une fleur, d'un escargot qui se déplie. Ma vie se déploie mais passive, j'attends que quelque chose vienne ou disparaisse, ou j'attends que rien ne se passe jusqu'à la fin - je suis bien aise! C'est tellement absurde, tout ça. Et pourtant, je n'ai que ça. Parfois ça m'indiffère, et parfois non. J'aimerais dormir et ne pas courir après. Ne pas! Ou j'aimerais au moins courrir après. Il y a des choses que je n'ai pas intégré petite.

    - il faut que je fasse ce tatouage avant qu'il ne soit trop tard

    (mais il ne le sera jamais)

    - rappelle toi madrid et ses ruelles seule, la rumeur dans les rues étroites, l'errance et le vide, rappelle toi le tien.

    - seul on s'approprie - mon désir d'immortaliser disparait en groupe. Je n'en veux pas de souvenirs à moi car le moment n'était pas à moi, faisant confiance au collectif - hypothétique mémoire collective! moment partagé = perdu et sauvé. Rien qui ne me regarde en propre.

  • huile

    Il me faudra indiscutablement clarifier et explorer les clarifications de cette situation qui, je le sens, au fond me brise le coeur - je ne le sens pas encore parce que comme vec d. le soulagement prime les premiers mois, mais il faut faire attention à l'imprégnation intérieure, à mon emplissement comme par un souffle, comme une injection d'huile qui lentement se répand, sûre, et repousse le sang ou le colonise, ne s'y mélangeant pas ou l'assimilant, aussi lente et sûre qu'une coulée de goudron ou de caramel, elle regonfle le bout de mes doigts et passe derrière mes yeux, fluide qui pellicule et change imperceptiblement leur éclat et leur nature, la matière de leur profondeur, on pourrait y tremper le doigt comme dans une marre ou un bol de bouillon sans qu'aucun rond n'y reste, résorbé, lissé dans la seconde.C'est cela qui ralentit mes mouvements et mon pas, affaiblit ma prise et fait retomber ma tête lourdement! PLeine d'huile, plus rien de bouillonant, plus qu'une coulée tiède avec laquelle je me coule d'un lieu à l'autre d'une démarche de souche pourrie.

  • acquis

    Eve, il y a un temps pour travailler, et un temps pour être émue par l'odeur des feuilles et les éclats de voix dans la rue. Tu te rends bien copte que ce n'est pas le même. Que l'un ne tue pas l'autre. Que tant que tu auras l'autre, tu peux faire n'importe quoi, tu seras toujours en sécurité. Que tu l'auras toujours. Que personne ne peut te le voler. Que le rendre plus rare, peu importe - ça rejaillira toujours.

    Ne serait-ce que parce que toujours ça te renverra aux moments précédents. Et tout, toujours, te renverra aux moments précédents. Il n'y aura pas de pire. Il n'y aura pas d'annulation, d'aliénation, ou de ligne droite. Il y a aura toujours ce qu'il y a eu avant, il y aura toujours du vent, ne serait-ce que pour quelques minutes rarement. Tu ne compromets rien, jamais. Il y a un certain nombre de choses qui sont acquises.

  • Golden Gate

    Plein et la surface embuée, je balade un sac de caillots de plomb froids qui se mêle au souvenir du métal du Golden Gate bridge sur ma joue ou de son garde corps contre mon bassin, ou sous mes sandales. Nous avions l'impression de voler, j'avais laissé ma chaussure boueuse sur un rebord vaseux de la garonne et avait décidé, des années plus tard, de m'envoler vers l'atlantique pour te retrouver, toi et mes ailes maintenant, ou plutôt ensuite, calcinées ; nous y avions cru à nouveau, au baume de la maturité, mais tout cela demeure une énigme, maintenant, hier et demain, et je me promène un sac de cailloux roulant dans le creux de mon bassin, et je l'entends rouler comme j'entendais mon cerveau à l'époque grincer.

    Il n'y a plus de lumière maintenant, ou une lumière crue de néon qui dénature ce qui n'a jamais été. Nous sommes dans le silence d'un bruissement de vies maintenant à leur place, et des années plus tard ce qu'il s'est passé je ne me l'explique toujours pas. Je parle périodiquement et formule la question à haute voix. Mais je formule la même impasse, inhérente à la formule, perplexité. Je mêle la translucidité, maintenant, de l'eau de l'aquarium de baltimore ou de sa verrière en ce jour translucide, de sluche, de mon de et de canicule, à celle de l'air de san francisco et de son ciel mauve, à ta voix, à ma démarche, à l'Allemagne et à rien. Nous avons, au fond inculte et archaique, ce qui s'est passé - c'est ça qui nous perd! Toujours ce mythe, mêlé pour toi je suis sûre à des lieux tout aussi confondus et irréels. J'ai raconté l'histoire de notre fin sans fin hier soir, je n'avais rien à dire, dès que je laisse mon récit et des des yeux objectifs se poser sur cette histoire, une coulée d'azote me descend le long du dos et brûle mes pupilles, gèle ma langue, et déclanche une fureur de haine contre les mécomprenants ou mes fautes et mes aveuglements. Jamais je ne peux entendre cette histoire. Ni même de mes oreilles, je ne la comprends pas - qu'elle est le fond de vérité obscur, partagé et inaliénable! Mais elle est là, la part d'aveuglement. Et la part de justification inventée aux attitudes inacceptables!

  • noix

    Qui lasse le soir et le rend indigeste,

    comme une noix creuse qui balotte tout au fond et roule sur elle des gravillons aigus

    circulent mes coeurs, foies et reims dans mes veines aigries. Quelle chance : je me tourne et donne mon autre profil.

  • langue

    Perdant le décalage de la langue, le caché, le clos,

    Ruissèle le sens. tombé goûte à goûte et déroule

    maintenant ses longs sillons, ses veinules linéaires et sans chaînons manquants.

    Essaie de l'obscurcir, essaie de l'ethérer. Essaie d'en faire la trame de mon manteau d'hiver.

    Il dégoûte à mon dos, il poisse mes cheveux.

    [Mais jamais je n'arrive à retrouver ce coffre à double fond, le volume caché]

    Je me renverse donc : vomissant se mes souliers, la tête brisée comme un oeuf -

    la cartographie immuable de mes déroutements et voix a bien fini par fendre, sans croûte possible!

    On ne peut pas être dans une seule langue.

     

  • lavée de verre

    Lavée de verre, je fixe le ciel qui t'a perdue.

    Le jour, il semble démeusurément haut, bombé, axé à ses rayons obliques dans un sol de glaise lourde, de vignes et de pins maigres. Tu n'y es pas, tu n'y brilles même pas par ton absence - au lieu de cela, c'est de la grenaille de pluie qui cingle au visage, d'un coup, alors que le soleil rougit.

    Je ne sais soudain plus pourquoi je suis là ; les nuages s'assemblent, homogènes et noirs, comme aspirés au sol par un trou sans fond.

    Tu n'es pas là, tu n'es pas là, et les lacs sont de plomb.

    Le paysage est vide, ma description est vide et ma bouche mâche du sable.

    Je ne m'en vais ni ne m'envole nulle part et je n'ai plus l'odorat du large, ni de la mousse, ni d'ici - Ni de là-haut!

    On ne pose plus les questions franchement.

    On n'ose plus.

    On est paralysée.

    On n'ose plus avoir de désirs légitimes, ni de désirs cachés.

    On ne sais plus ce qui est légitimie, vrai, faux.

    On est sous l'averse, on ne sait pas si elle est vraie.

    On regarde le ciel, on ne sait pas si on y a droit.

    On ne sais pas non plus si on appartient aux flaques par terre ou non.

    On ne sait plus si l'on est chez soi,

    ou s'il y a un loup derrière la porte.

    On ne sait plus si la météo est possible

    On ne sait plus si on est bien ou pas

    - ni même les sons, les voix

    [Finalement, si le sol ne va pas céder devant soi]

    On ne peut plus se poser la question de Dieu, on n'a plus le temps ni l'espace.

    On est enclins à examiner, tourner autour, et laisser là, dans la panique ("j'aimerais mieux pas").

    On vend bien sa soupe parce qu'on ne sait plus faire autrement.

    Parce que la question "est-ce que cela est juste?" est brisée

    On se plie en deux, on se contorsionne ;

    on se fait contorsionner et éreinter les tendons.

    On n'ose pas acheter un titre de transport, ni ne pas en acheter.

    On ne peut plus lire le regard des gens, on n'ose plus.

    On y lit tout le contraire, ou tout ce qu'on veut, ou ce qu'on veut pas.

    On ne s'éveille pas, on ne s'endort pas

    On peut tout tenter et rien ne se passe,

    on en revient à vendre sa soupe.

    On n'ose plus la satisfaction

    Mais ni non plus la stupeur.

    La question "est-ce que cela fait sens?" est brisée.

    La famille ou l'appartenance est brisée.

    La parole est inaudible, ou blessure, c'est sûr.

    On y travaille, mais on travaille à l'inverse.

    On reste indifférente à l'odeur de sa ville natale!

    Et à sa lumière.

    On essaie de décaler les rythmes et les temps pour se distraire ;

    mais on reste indifférente à la lumière!

    et à la nuit. et à l'heure.

    On ne sait plus que faire de son temps.

  • I did finally fucking failed

    I did finally fucking failed, je me suis endormie au lieu de me souvenir de quoi que ce soit.
    ‘fallait que la couche soit vraiment épaisse
    chaque fois que je rentre je me dis que je vais m’enfermer au moins 4 jours pour les souvenirs d’enfance, et je suis à nouveau entraînée dans un tourbillons d’actions, de dettes et de rendez-vous (c’est la même chose), je cours après les dettes, non pas pour les rembourser (c’est impossible) mais pour les honorer, du moins pour honorer le fait que je suis persuadée que c’est comme cela qu’il faut vivre, endetté et honoré de l’être.
    Mais apparemment a me crève, je ne suis donc pas un vrai être humain ! foutu sens de l’honneur. Mais alors, c’est quoi, c’est quoi ?
    N’oublie pas le système de vases communiquants. Le problème est que je me sens toute aussi commise auprès des gens qui s’endettent vis-à-vis de moi – l’équilibre n’est donc jamais rétabli
    - mais tu en retires donc bien quelque chose ?
    - je dois partir travailler…
    ELLE N'A PAS REPONDU!

  • passoire

    J’ai 26 ans et je me sens vieille, tour à tour jeune et vieille, je comprends ce que tu disais à il y a maintenant plusieurs années sur ton désir d’être vieille pour être débarrassée de tout un tas de scrupules et d’insécurités qu’on a maintenant, maintenant on est entre deux, mieux qu’à l’adolescence mais moins dans la vie, et sans doute sera-t-on de moins en moins dans la vie
    J’ai peur de perdre les gens
    Et en étant heureuse de me perdre moi-même,
    Je ne me sens plus tiraillée, ni prise dans un jeu de force
    Mais cela au prix de l’oubli, toujours, dont je m’accommode bien ou mal selon les temps,
    Bien souvent, mal aujourd’hui
    J’essaie de me concentrer pour me souvenir de tout ce dont j’ai à me souvenir,
    J’allais envoyer à un texto aujourd’hui à Chloé pour savoir ce qu’elle m’avait dit qui m’avait tellement effondrée et mis en colère devant le cercueil de manou, lorsque je lui ai caressé le front – je me souviens, au moins, de la consistance de son front glacé
    Je ne me souviens plus du trajet que nous avons fait à la messe, de si j’étais avec Johnny ou non, je dirais non
    A propos de lui aussi il y aurait à jaser, à propos de ma culpabilité qui articule toute la relation que j’ai avec lui, qui en fait tout l’affect
    Là pour le coup je me sens prise en sandwich – quoiqu’il me dise que c’est seulement que ça prendra du temps – mais je ne peux pas écrire librement ici à propose de cela parce qu’il a le code – prise en sandwich de proximité physique aussi
    Je ne peux pas écrire librement non plus d’un éventuel désir pour des hommes – quoiqu’il n’existe pas, ou virtuellement, ou qu’il existe par ma surprise qu’il n’existe pas
    Il ne faut pas oublier qu’on est presque toujours déçu avec un homme, ce n’est jamais comme on s’imagine que c’est, ou comme on a besoin que ce soit. Cela je le sais, je ne l’oublie pas. Ce que j’adore moi, c’est très logiquement comment je l’imagine ou comment j’ai besoin que ce soit – et ce n’est pas réalisable.
    Conversation dans l’auto avec N.W., à qui je demandais comment elle aurait vécu le fait de n’avoir jamais été avec un homme et de toujours resté stuck avec moi (chose envisagée parce qu’elle m’a écrit en ce sens au dos du croquis du château qu’elle m’a offert) – si ça n’allait pas la hanter ; mais elle est toujours infiniment rassurée, infiniment sans problème, apparemment le problème ne se posait pas dans la panda verte.
    Mais je diverge de la mort, de laquelle je voulais me souvenir – c’est pour cela que j’étais là. L’heure tourne et je ne me souviens de rien, sauf de mon rêve. J’aimerais tellement retrouver un souvenir nouveau ! un duquel je ne me serais jamais souvenue avant ! mais j’ai tout oublié. Et j’ai un silence d’or en moi, un autisme de passoire, une chape de neige. Je me dis que l’année passée, et les autres, sont entrées en moi comme de l’anesthésie. Je n’ai plus guère de culpabilité, que de la peine… je n’ai même plus peur d’être seule ! j’ai juste peur d’oublier, mais cela aussi je l’oublie, et je pars courir après autre chose… c’est que le centre de ma vie n’est plus moi.
    Que mon rapport avec ma mère n’est pas résolu !
    Elle a fait tous mes coming out à ma place. Ça me réjouit pour ce que ça signifie, mais c’est vache, ça annule, d’un revers, ces années de tabous qu’elle m’a imposé. Je ne m’empêche pas de continuer de tout lui reprocher, verbalement, inlassablement… c’est fou que ce soit sur elle que les problèmes se chargent.
    Je n’ai pas besoin d’aide
    Je vieillis, je m’anesthésie, je n’ai pas besoin d’aide parce que mon écorce durcit
    Il faut que j’appelle douglas
    Je ne perds plus jamais pieds !
    A l’intérieur de la chambre d’hôte, transformée en tout blanc (y compris moquette et fauteuils), elle se retourne sans cesse dans son lit, et n’a plus le temps de noter les citations. Aussitôt citées elle doit se retourner, comme une carpe elle fait des sauts, pourtant l’atmosphère feutrée les étouffe, et l’odeur de rose qui imprègne les draps en fait autant. Elle voudrait sauter du moindre parapet dans le Cher, aujourd’hui – c’est ce qu’elle fait dans ses draps, mais c’est un calvaire - … par excès de calme, pour l’odeur des marronniers, par amour peut-être, ou par absence, par impuissance et par curiosité, pour provoquer quelque chose parce qu’au fond, dans la vraie vie se dit-elle, il n’y a rien. Elle dit « c’est fou comme l’histoire ne m’intéresse pas, c’est comme la politique en même pas actuel, au fond il n’y a pas grand-chose qui m’intéresse à part la littérature et la poésie, c’est que je vois pas l’intérêt d’avoir un cerveau si ce n’est pas pour construire un monde parallèle… »
    Elle oublie à cette occasion qu’elle devait parler de la mort, que c’est pour cela qu’elle est là. En marchant dans l’allée du potager, elle se concentrait sur le crissement de ses chaussures exactement dans le même effort, en se demandant si elle l’entendrait de la même manière quand elle aurait soixante ans, ou plutôt en ayant peur de ne plus l’entendre, en sentant l’extrême précarité (anormalité et préciosité) de sa perception du sens de ce bruit, et Nathalie W. lui a demandé pourquoi elle souriait « je pensais, tout en me demandant si j’entendrais le même bruit de mes pas quand j’aurais soixante ans, bref en pensant des turcs comme d’habitude quoi, à une épisode… » bref elle pensait, ce jour là, tous ses mouvements, en sentant l’air frôler se bras, en sentant ses jambes et son ventre lourds, en sentant les odeurs le plus qu’elle le pouvait, que la nature n’allait pas durer – la sienne.
    Aussi, est-elle revenue en auto à Paris, où elle est tombée sur deux partenaires en bord de table et de boulevard, le bistrot ressemblait à un film de Lynch, avec un barman aux yeux étranges et un pianiste de jazz tatoué sur le crâne et sourd d’une oreille, et un visage tel qu’on l’aurait cru aveugle. Personne dans le bar, les deux copines à la petite table sur la rue, nous nous asseyons donc, A.S., charlotte, N.Jeanne et moi et A.S. me chuchotte de demander « un wisky au prix voisin »… on parle assez bas, charlotte porte une jupe verte étrange sur un corsaire, (je suis habillée comme une espagnole, dit-elle, en me décrivant le sentiment de liberté qu’elle en a éprouvé en pédalant sur son vélo).
    Ce matin, j’ai eu le culot de dire à N.H.J.C. « je ne sais pas si ma vie est intéressante ou pas », le culot de lui dire ça à nonoces. Je manque cruellement de tact. Elle voulait, d’ailleurs, un câlin, que je ne lui ai pas donné – j’étais TERRIBLE.


  • retour sur le tissage

    Du coup voulant justifier ce matin la mort du blog à N., il a fallu que j'en justifie, par une longue tirade, l'existence, et de réaliser que c'est la médiation de la distance qui a généré ça, distance qui a joué un immense rôle dans ma vie affective dès le premier départ de D., suivi de mon départ pour Montréal il y a 5 ans maintenant, et qu'à partir de là j'ai déployé ma vie affective à travers des dimensions temporelles et spaciales éclatées entre lesquelles il fallait tricotter, nouer et re-tricotter des fils pour les tenir ensemble, et une part non-négligeable de la vie affective en question s'est trouvée occupée à ce tissage ininterrompu, qui est devenu tissage de soi, tissage d'affect à travers écriture correspondance ou simplement regard poétiquement et volontairement aliéné, dans le but de vivre dans mon quotidien et mon entourage proche -dans ses objets et ses lieux- l'extase affective qui devait être différée, faute de proximité ou de concordance horaire. Bref il a toujours fallu que mes yeux projette devant eux l'amour afin de le voir partout à l'extérieur (ne tolérant que mal sa simple intériorité), que je l'écrive et le barbouille. Faute de pouvoir le vivre autrement? J'aurais dit que c'était dans mon caractère mais là j'ai l'expérience que non, maintenant j'écris plus, je suis là, il n'y a plus qu'une seule dimension de vie dans laquelle il y a tout -je n'ai plus besoin d'être un être ouvrant des dimensions ou tissant entre elles, la vie ouvre toute seule: ce sont les vacances que j'attendais.

  • Deux Courbet

    C'est fou comme il y a deux Courbet; tous les deux se veulent "peintre de la réalité" mais ils n'ont pas l'air d'accord sur ce qu'est la réalité, ou la manière d'en rendre compte, et ce à la même époque c'est très curieux; on le voit surtout dans la salle des portraits et des auto-portraits mais ailleurs aussi. Certains sont très précis, avec des traits ferme et des contrastes appuyés pour marquer contours et texture de la manière la plus réaliste possible, ça donne un résultat proche de la photographie c’est assez incroyable, enfin proche et pas proche de la photo, parce que du coup le trait et tout de même dessiné, et la vie représentée, donc c’est aussi réaliste qu’une représentation précise peut l’être. D’autres sont comme derrière un verre dépoli, avec le terni de lumière qui va avec, fondu dans une sorte de chaleur plus vivante, et ces tableaux là saisissent, par en dessous, quelque chose de très vivant dans les personnage, et dans les paysages à la manière de Cézanne, il faut se reculer pour le voir, du coin de l’œil le personnage bouge, ou il s’apprête à bouger, à se retourner ou à rire. Mais évidemment de près le trait est flou et la touche de peinture est beaucoup plus visible. Il faut choisir, tout de même ! Comme quoi « peintre de la réalité » ne veut rien dire, hein, ça dépend de ce que peindre, et de ce que « réalité ». Tout le monde est d’accord là-dessus mais c’est bizarre que lui ait fait les deux alternativement, comme s’il soutenait deux thèses, alors que l’une exclue l’autre…non ? Du moins c’est ce qu’apprend l’histoire de la philosophie, que le statut (et la manière) de la représentation découle de ce qu’on prétend être la réalité.
    Bon, on va pas faire semblant de réfléchir, hein. Il faut partir travailler.

  • espace-temps

    "Vivian, we have to get out of here you know, stand up, take a walk, have a coke..."
    Ne suis pas sortie de chez moi depuis une semaine, Ecoute des films d'amour toute la journée, Suis sous le choc de ma libertée recouvrée, Sas de décompression: je me suis trop forcée cette année, avec volonté discipline et tout, tout comme une acharnée me jetant même dans les bras de Jesus (Jesus!) en bon exemple de sacrifice et d'abnégation. Je suis maintenant comme un bébé privé de sucrerie pendant des lustres: j'peux pas m'arrêter de faire n'importe quoi (ce qui me montre que j'ai, au fond de moi, une manière très bébé de concevoir ma liberté: rester à écouter des films toute la journée, ne pas avoir d'horaire, magasiner sans retenue d'aucune sorte ni même pécunière. C'est qu'elle a dû régresser en étant frustrée.). Ce qui montre aussi que le mouvement, en la personne (toujours associé au temps) n'est qu'une histoire, statique et spaciale, de vase communicant: rien de ce qu'on se fait à soi n'est jamais sans conséquence sur soi mais ça sort par ailleurs-et est par là porteur de mouvement, mouvement produit par les conséquences imprévues sur soi produites par son soi de ce qu'on lui a fait avant.
    Bref:c'est de l'espace et pas du temps.
    Nonetheless si j'étais une adulte je me dirais qu'il faut quand même parfois décider de changer d'étape, le décider temporellement, et d'arrêter de s'appuyer sur les évolutions naturelle d'un soi tout à fait mythique.
    Mais là aussi c'est comme si j'avais fait une overdose de volonté et de décision -ayant un peu trop maniée la barre de fer ces 10 derniers mois.
    je suis comme un chewing gum fondu.

  • condition

    fatigue, fatigue, transition, some décisions shall be taken concerning my immediate future. La condition d'être humain qui travaille est une cinécure par rapport à la condition de eve qui existe -- je me faisais la réflexion dans le metro que pour une fois je n'avais pas le sentiment que j'allais bientôt tomber à genoux écrasée par le poids de tout et la flemme d'exister et de gravir cette montagne immense que la condition de eve m'impose (sentiment dont papa est mort, celui de devoir être extra-ordinaire et d'avoir un destin de demi-dieu -ou d'être humain pleinement réalisé, ce qui est pour le moins fatigant et difficile, et pesant si on n'a pas le choix et la flemme.)

  • Preuve

    A l'occasion d'une conversation en english-chinese au restaurant (chinese justement) l'autre soir, je vois bien que ce qui fait MON problème c'est le fait que:

    -je ne remets pas du tout en question mon interprétation de "daddy's death"
    Ca se fonde dans la relation fusionnelle qu'on avait
    Cette relation fusionnelle n'est elle-même pas remise en question (je ne le peux pas)
    Alors qu'elle est probablement idéalisée dans mon romantisme de petite fille,
    Et radicalisée par le renversement radical qu'elle subit vers mes 10 ans puis sa mort.
    Bref je pense, et je sens que c'est ancré affectivement profondément en moi, que lui et moi on était pareils, qu'il n'y a que moi qui pouvait le comprendre etc., donc qu'il n'y a que moi qui comprends réellement sa mort (et donc que je comprends réellement sa mort). Mais l'origine de cette certitude (qui en est devenu une authentique autant que si elle était fondée rationnellement) est psychanalytico-affectivo-enfantine et due à un oedipe méga-costaud et à un traumatisme assez fort. Le problème est que c'est devenu une certitude d'ordre compréhensif (je fais ça avec les choses, j'imagine que c'est ma manière de gérer cet amas d'affects).
    Mais c'est faux. Ou en tout cas tout à fait subjectif et d’origine psychologique et n’a auune validité d’aucune autre sorte.
    Mais le résultat est le même: je crois fondamentalement que j'ai raison dans ma manière d'expliquer sa mort.
    Que c'est donc une vérité déterminante - décisive pour conduire ma vie. Décisive au sens où elle engage des décisions.
    Par exemple si je m'explique sa mort par un choix d'autodestruction ou une croyance grossière en un destin ou une malédiction ou whatever; alors comme j'ai ce truc fusionnel avec lui, je me dis très naturellement que moi j'ai le choix d'être comme ça ou non. Ce qui provoque la question obsédante: qu'est-ce que je suis, qui je suis, question dont je dois décider. Question qu'il n'est en fait nullement nécessaire de se poser. Mais si on me le dit (qu'il n'est pas nécessaire de se la poser) je ne le crois pas parce que pour moi la mort de papa fait office de preuve (à cause de ce sentiment de certitude biaisé).

    -Donc le deuxième problème qui découle du premier:
    J'en fait la preuve de ce que j'en conclus pour moi-même, à savoir une espèce de choix entre la vie et cette destruction stupide. Historiquement, Québec compris, à aucun moment cette alternative n'a disparu, je vois bien que j'ai pu choisir la vie et penser être tirée d'affaire. Mais au fond je suis restée prise dans le problème et donc dans la possibilité de renverser le choix.
    Je vois bien que cette alternative s'ancre dans cette évènement "daddy's death" que je ne peux pas m'expliquer autrement que ma manière de l'expliquer par un destin d'autodestruction, un échec ou un accident (a mistake, autrement dit une auto-illusion), qui me pose dans la même possibilité de réussir ou d'échouer à mon tour. Mais finalement, comme j'ai un peu de cerveau je doute et je ne sais jamais s'il s'agit de ça ou si je me trompe à mon tour (parce que je ne sais pas si lui il s'est trompé ou non). Et j'attends un MESSHIA pour me le dire, dixit d. Ou alors sans oser mettre une décision en acte, au cas où la réussite et l'échec seraient du côté opposé de ce que je crois. Finalement si on se demande pourquoi je me pourris la vie avec des questions sur l'essence, c'est très bêtement les circonstances, un évènement, la confrontation avec cette mort choisie qui provoque et implique ce questionnement de type "qu'est ce que je suis, qu'est ce que je dois être", puisqu'il s'agit de vivre ou mourir et d'avoir le choix de la manière.
    C'est stupide de réaliser que c'est ce bête évènement qui a tout radicalisé et fixé et qu'au lieu de m'en proposer une explication, j'en ai fait la preuve de l'explication que j'ai projeté comme un déroulement objectif en amont de l'évènement en question.

  • dernier Lynch

    Du pur Lynch, 3h de film intense et décousu mais il aurait été tellement mieux s'il en avait coupé la moitié, en gros c'est la différence qu'il y a entre Les amants du Spoutnik et les autres romans de Murakami, dilués dilués ! C’est le génie de l’agencement et du rythme qui fait pour une grande part la qualité. Mulholland drive est plus ramassé, plus incompréhensible aussi, parce qu'il y a moins de choses explicitées et davantage traduites par la forme. Il est comme une bille fumée ou essence avec lesquelles nous jouions, ronde, brillante, magnifique de couleurs et d’opacité variables, avec une nébuleuse infinie à l’intérieur. Inland Empire perd un peu ça, il est davantage déplié, mais son caractère décousu ne le rend pas moins compréhensible parce qu’au contraire les liens sont plus visibles, explicités, Lynch nous montre les coutures décousues au bord de chaque parcelle. Enfin c’est le sentiment que j’ai eu. Du coup on dirait qu'il n'a pas pris la peine de réduire son film au strict essentiel, en gros : plus éclaté, donc plus de liens, et surtout plus manifestes. Ceci-dit vu le champ thématique que recouvre le film (David, il faut choisir parfois! sinon on refait toujours le même film, de plus en plus complexe mais le même, simplement gonflé de l'intérieur) il aurait été difficile de ramasser sans sacrifier une ramification ou deux. Merveilleuse scène de la mort de Nikki les yeux illuminés dans la lumière d'un briquet tenu à cette fin par une sdf "it's okay sweetheart, you're dying that's all".Toute la fin est très bien, les couloirs verts avec toutes les portes etc, dommage qu'on veuille tellement que ça finisse, pour pisser ou manger ou autre, d'ailleurs on commence à se dire ironiquement (c’est mauvais signe) que ça ne pourrait jamais finir, qu'il pourrait continuer à l'infini. Ca c'est le problème, quand le film ne tend pas, dans son sens) vers quelque chose (puisque là on ne sait ce qui est hier ou demain) mais n'est qu'une explicitation, on peut la gonfler ou la faire varier drastiquement et totalement par des ajouts même minimes (le tout change de sens à chaque ajout) à l'infini, et on a le sentiment finalement que la fin n'est pas ce qu’elle devait être mais n’est qu’une fin, que son rôle est d’arrêter la contingence du sens. Et que le film aurait pu finir à tel ou tel moment avant (pour notre aise dans ce cas) et avoir un autre sens, que ça ne tient à rien, qu’il aurait suffit de le choisir. Il n’y a pas d’appel de sens dans ce film (dans Mulholland Drive oui, ce sentiment tient à la forme ramassée en deux temps –miroir- qui force la recherche du sens –l’un par l’autre-. Mais cette mise en forme n’est elle-même que le reflet des choix –évincements de potentiels sens, réduction de la contingence, ou du moins périmétrage.
    Mais encore une fois, tellement beau et bien filmé, une merveille.

  • hybris

    POST IT (qui doit rejoindre au dessus du bureau "le Dasein n'est pas l'homme", "la vie, eve, c'est pas ce que tu crois -ne te rompte pas- tu ne le veux pas-" , "eve, on est en novembre (raturé) décembre (raturé) janvier et: c'est ça que tu veux?")

    eve, libre penseuse (!) te crois-tu seule pensante
    dans ce monde où la vie éclate en toute chose?
    Des forces que tu tiens ta liberté dispose
    mais de tous tes conseils l’univers est absent

    eve, l'univers est absent de eve, ne l'oublie pas

    ça revient, en fait, à dire que le Dasein n'est pas l'homme et que la vie c'est pas ce que tu crois que c'est!!

    lutte contre le subjectivisme

    contre l'hybris.

    freedom pour la subjectivité, freedom pour eve, à bas la constitution transcendantale et la donation de sens

    eve, tu n'es pas LE lieu, tu es UN lieu (pas au sens où tu pensais que les autres n'en étaient pas, au contraire, d'où tes problèmes des communication -monades- et ton amour infini pour les hommes, mais au sens où tu pensais que les plantes ou les tasses à café n'en étaient pas)

  • résolution de problèmes

    she said que cette histoire de dialectique du don était encore une manière de tout ramener sur moi, à moi, de me faire porter du poids et de déresponsabiliser pour m'over-responsabiliser. Elle n'a pas tort.
    She said que je n'ai pas besoin de prononcer des discours articulés pour l'aider, she cried que je ne peux pas l'aider mais seulement l'aimer. alors je lui ai dit: donc si je comprends bien, toi tu ne peux pas me parler de ce qu'il y a dans ta tête et moi je ne peux pas te répondre par du discours articulé alors faute de se regarder dans le blanc des yeux on va s'écouter respirer au téléphone et je vais tâcher de te transmettre mon amour profond dans les vibrations de l'atmosphère ou de prononcer quelques bruits inarticulés - tu as raison à bas les discours

    mais dans une relation qui fonctionne au téléphone...

  • dialectique du don

    -donner trop ça rend les autres coupables et redevables
    -tu ne peux pas donner tout ce que tu veux donner parce que c'est égoïste, ça rend les gens coupables et redevables
    -tu ne peux pas, sous prétexte que toi tu as envie de te donner, faire porter le poids de ce don aux gens
    MAIS
    tu ne peux pas raisonner comme ça ou tu perds à nouveau pieds avec le monde en réintroduisant cette distance qui t'instaure (et personne n'a le droit de s'instaurer sauf dieu) loin, loin du monde...
    Instauration d'une distance surplombante qui est à lire d'ailleurs comme un bête symptome névrotique. Surplombante si tu te mets à ne pas donner sous prétexte qu'ils ne savent pas recevoir - tu te résouds, finalement, à te mettre à leur place pour éviter tout malentendu à leur dépend, malentendu qui viendrait du fait qu'ils n'ont pas accès, les pauvres, au sens réel de ce qui est en jeu. Belle vision des autres.
    Manière encore de te mettre hors du monde (un potentiel martyr chrétien décide de ne pas se sacrifier pour ne pas faire porter la culpabilité de son sacrifice à ses bourreaux - mais ça lui coûte - mais le sens de son sacrifice resterait incompris et les gens coupables. Il ne peut pas faire ça. Mais c'est par pitié et altruisme qu'il ne le fait pas car 'il sait que c'est ce qui fait sens (mais un sens inaccessible au commun des mortels - il n'est pas le commun des mortels -il plaint le commun des mortels - dernières paroles du christ "ils ne savent pas ce qu'ils font" - OR LE CHRIST SEUL POUVAIT DIRE CA PARCE QU'IL N EST PAS HUMAIN sinon pêché d'hybris)
    AINSI: ce n'est pas ainsi DU TOUT dans ce cas-ci, alors il y a une solution qui doit court-circuiter cette dialectique:
    à toi de leur faire sentir que c'est pour toi et pas pour eux, que tu donnes
    (ce qui montre bien qu'on est au même niveau)
    à toi de leur faire sentir qu'ils te rendent service

  • concernant la note suivante ET la note précédente

    Je me suis trouvée face à cette évidence troublante: c'est quand on parle aux autres qu'on se parle le mieux, et c'est quand on se parle le mieux possible à soi qu'on parle le mieux aux autres (communication indirecte) (parce qu'il n'y a rien de caché?) (pourtant il n'y a pas plus de cachoteries que quand soi-même se parle à soi-même) (et pourtant c'est l'idée limite de franchise que l'on puisse atteindre) (ainsi: dans l'intention, c'est la meilleure manière pour s'adresser à quelqu'un avec sincérité. Mais dans les faits?) (ce n'est pas ça que je voulais dire, mais ça fera l'object d'une autre note. Ce que je voulais dire s'énonce ainsi: au moment même même où je m'adresse à grands efforts de précision à ce sujet très spécifique qui est moi pour lui communiquer des choses imortantes personnelles et pertinentes pour lui, je te communique des choses très importantes et personnelles pour toi, à ce sujet très spécifique qui est toi. M'adressant à moi je prononce le message le mieux qu'il aurait pu jamais être pour toi, spécifiquement pour toi. C'est à dire plus pour toi que si je m'étais adressé à toi. Troublant. Bref (Je comme interlocuteur universel: conséquence de ton solipsisme, hein. C'est parce que tu pense qu'aucun interlocuteur n'est possible au sens où tu ne pourras jamais dire autre chose que ce que toi tu vas dire (parles-tu différemment, en ce qui concerne les choses essentielles, selon à qui tu t'adresse?) alors à quoi bon.

  • mauvaise conscience

    Elle ne devrait pas se forcer à faire des choses qui normalement sont cools, courir, aller à la piscine, elle n'a pas de competition et IL NE SE PASSE RIEN si elle n'y va pas, elle ne vas pas tomber out of training ce n'est pas préoccupant, comme on dit (d’un cancer ou de la montée du fachisme). Enfin, bien sûr, on sait ce qu’on pense par rapport à ça, des fois on se force parce qu'on sait qu'on est content après, ça c'est bien, elle et je nous savons le faire et c'est bien. MAIS justement, il y a une différence entre la contrainte (extérieure) et la volonté, et là c’est important parce que l’écart –extériorité- qu’il y a entre les deux est celui dans lequel s’installe la très vilaine mauvaise conscience ! OR elle n’a pas lieu (pas de lieu) si tout est intérieur (je suis une idéaliste elle le sait), au sens de pas d’espace où se déployer, si tout se passe entre soi et soi la mauvaise conscience n’a pas de fond sur quoi s’appuyer / la culpabilité n’a pas de visée (ou : visée sans cible). Je veux dire : si je suis obligée parce que je suis engagée ou que je vais mourir (ou moins) si je ne le fais pas, alors j’ ai mauvaise conscience de ne pas remplir mon obligation, et quand je me force c’est parce que je suis forcée. Mais s’il n'y a pas de raison extérieure qui fait que je dois me forcer et que l'impératif c'est moi seule qui le motive, alors il disparait dès lors que je ne le formule plus –dès lors que je ne le motive plus (et la névrose c’est de continuer à formuler l’impératif alors qu’il n’existe plus). Je veux dire que si c'est moi qui veut me forcer alors dès lors que je ne veux plus (=que mes raisons ne valent plus, en l’occurence le désir) je ne suis plus forcée, donc la mauvaise conscience est tout simplement impossible et absurde. Je sais que en vrai les limites ne sont pas claires ; qu’on ne sait jamais si au fond on a envie ou pas. Mais ça, ça compte au moment de choisir : c’est dur. Mais après coup par contre, ce sont toujours les raisons qui l’emportent dans ce cas de figures, et les raisons= mes raisons, 1ère personne, au « je », autolégitimantes. Les raisons sont celles que je donne. Je peux dire juste après « merde en fait j’avais envie de faire ça », mais ce n’est pas de la mauvaise conscience ni de la culpabilité (et ça n’a aucunement leur portée de pourrissement de la vie), c’est juste « merde, raté, c’est con pour moi » et c’est très différent (c’est le moment de changement de valeurs, mais il faudra que j’y pense ghhghghgh). La mauvaise conscience a de l’ascendant sur ce qui suit (ce que je fais qui suit), alors que le petit « merde » n’en a pas. La question est en effet de savoir si ce que je ressens quand je ne fais pas ces choses que j’avais prévues de faire pour moi (parce que je pense que c’est « ce qu’il faut », genre aller à la piscine) est juste ce « oups, c’est con mais je passe à autre chose» ou de la mauvaise conscience. C’est une question IMPORTANTE (elle te demande : mais pourquoi tu me parles de mauvaise conscience ?) il faut faire l’effort de se poser vraiment la question parce que souvent on (moi) glisse sans s’en rendre compte dans la mauvaise conscience (qui nous pourrit la vie parce qu’elle fait pression parce qu’elle est issue de la tension entre deux système de valeur, celui où j’agis et celui où je devrais agir, un extérieur l’autre intérieur –d’où la question de la morale : contrainte intériorisée –pas de distinction interieur/extérieur ghghghgh un seul système de valeurs –qui ne peut pas être le mien ??? ni extérieur ?? ghghgh) alors qu’on ne devrait que dire « zut ! ». Alors, alors elle ne devrait pas être là, elle est d’origine un peu suspecte, elle s’origine dans un transfert suspect. Et souvent c’est elle et on ne s’en rend pas compte parce qu’on la confond avec ce petit sentiment de « merde c’est con... » dont on sait qu’il est normal (bon, ça j’y penserai, à ce moment et ce sentiment). Et comme on s’attend à ressentir un truc du genre (un sentiment négatif) on ne fait pas attention à ce qu’on ressent vraiment et petit à petit on ne trouve plus ça bizarre de sentir coupable (!!) pour de petites faillites. Distinction à faire confusion à dénoncer thérapeutique pour soi . Ainsi : si dans ce genre de cas où il n’y a pas de contrainte extérieure ta mauvaise conscience existe, c’est qu’elle est le transfert d'autre chose! La bonne question est donc non pas même « qu’est-ce qui te donnes réellement mauvaise conscience » mais qu'est-ce qui te fais te donner mauvaise conscience? J’y pense souvent, ça lui arrives souvent, et moi ça ne m’arrive plus trop, ou pas du tout comme ça, alors je pense à pourquoi. Je me suis dit tout ça à moment donné parce que je ne voulais pas vivre en ayant mauvaise conscience pour de petites choses (car c’est infini et infernal), ce que je viens d’écrire tout embrouillé, et je n’ai plus trop mauvaise conscience depuis. Je me dis en bonne universitaire que l’emploi des mots n’est pas anodin : « se sentir coupable » employé à toutes les sauces. La culpabilité est quelque chose de très précis -je vais aller voir le dico, en droit et tout ça, ça mérite tellement de regarder- et que pourtant c’est un mot qu’on utilise tout le temps pour désigner ce vague sentiment désagréable, et je crois qu’on a très tort, que ça entretient quelque chose de mauvais, voire que ça entretient (tout en en résultant) une vision super objectiviste du monde dans lequel les valeurs sont fixées à l’extérieur, dans lequel on va légitimer toutes nos intentions par des valeurs externes, et si ce sont nos propres valeurs on les utilise comme des contraintes externes, mais c’est une mystification (produites par la morale pour la cohésion sociale –le devoir). Nietzsche et le christianisme, quoi. C’est quoi, me sentir coupable ? C’est important (j’ai l’air de pontifier mais c’est très concrètement important, pour la vie concrète). C’est dans quelles situations qu’il est approprié de me sentir coupable ? Bon, j’arrête, je n’en sais rien, je vais aller voir (ou pas). Tout ce que je sais c’est que vu à quel point le sentiment est chiant ça vaut la peine de voir quand est-ce qu’on est supposé le ressentir ou non, y a des chances pour que les ¾ du temps qu’on le ressent ce soit pour rien. M’enfin.

    Mais il faut faire attention parce que tout ça vient aussi de mon gerbant idéalisme [ce qui signifie que mes raisons sont créatrices de valeurs, et comme le monde n’est que des valeurs... mais on en a déjà parlé] qui a pour conséquence que le monde en tant que monde-pour-moi est un perpéelleel changement de valeur (ce qui est important / ce qui ne l'est pas). Je n’ai pas mauvaise conscience parce que ce qui était important pour moi ne l’est plus, alors je n’ai aucune raison d’avoir mauvaise conscience de ne pas faire un truc qui n’est pas important pour moi et je le fais. Exemple concret, aller à la piscine : des fois c'est "ce qui est bon pour moi, capital à mon équilibre et je dois y aller sinon c'est tout mon monde et mon bien-être qui est menacé" et j’aurais trop mauvaise conscience de ne pas y aller, et des fois "yooohoo il fait beau, laissons-nous vivre, je vais boire des bières, je ne vois pas pourquoi je me ferais chier alors que rien ne m’y oblige etc ») ; ça arrive comme ça, changement de valeurs. Or: effectivement, mon changement d'avis (finalement je ne vais pas à la piscine) n'est absolument légitime que si le monde se réarticule autour: alors ce qui n'est plus important, n'est plus important -et toute forme de remords/mauvaise conscience n'existe pas, le monde auquel ils auraient pu se référer n'existe plus (le contraitre serait un calvaire -christianisme). Je ne pense plus que j’ai trop besoin d’aller à la piscine (sinon j’irais). Tiens d’ailleurs, pour cet exemple : s’imaginer que aller à la piscine est vital à son équilibre est un moyen de créer une contrainte extérieure (le besoin, sinon il va m’arriver...), qui fonde la mauvaise conscience (la question est alors : pourquoi tu fondes de la mauvaise conscience. C’est le point capital). MAIS, mais, c'est un cercle vicieux : évidemment que si c'est mon changement d'avis (moi, tout simplement) qui détermine les valeurs du monde, alors les valeurs du monde vont s'accorder et légitimer mon changement d'avis. C'est con, tout est permis. C'est ça la conséquence morale la plus grave du solipsisme dans lequel je suis prise pour les valeurs et le reste. C'est ça ma conséquence morale la plus grave pour ma vie, celle que je veux résoudre -résoudre comme je m'attacherais à démonter un résultat mathématique monstrueux qui légitime une nouvelle géométrie monstrueuse, qui ne peut donc avoir le droit d'exister parce qu'une géométrie monstrueuse n'a pas le droit d'exister et DE FAIT n'existe pas, et pourtant le résultat existe. Mais la géométrie n'existe pas. Mais elle est légitimée par ce résultat de merde. Alors peut-être qu'elle existe, au fond. Et peut-être qu’il n’y a pas de morale (car plusieurs morales elleent la morale car il n’y a pas de morale relative)

    La paresse est aussi une invention de contrainte extérieure –
    Parce qu’il ne faut pas être paresseux
    Mais faire autre chose n’est pas ne pas faire une chose.
    La paresse est un usage en contrainte extérieure de mes raisons intérieures : je me mets la pression.
    C’est une chose inventée par la morale comme clef de cohésion sociale (il faut travailler)
    Etc
    Etc
    Etc
    Etc
    Ne transfère pas trop la pression du boulot (« je n’ai pas travailler alors je vais tâcher d’aller à la piscine ») c’est le meilleur moyen de communiquer cette pression à tout ce que tu fais, et surtout à ce qu’à l’origine il te fait plaisir de faire ; et CA N’A PAS DE FIN.
    Je n’ai pas travaillé, hé bien il n’y a rien à faire, c’est trop tard. Alors : va donc jouer à la piscine !
    C’est très différent.

  • deux saluts

    Ma correspondance, stupide et suffoquée sur l’échec de ma vie française. Mais c’est que je suis faible devant certaines de mes névroses, pardon hein, ces problèmes franco-français de réussite je n’arrive pas à dealer avec, je n’ai jamais pu, et de l’autre côté il y a elle et tout ce qu’elle m’apporte, la magie, la bonté de l’air, et je n’arrive pas toujours à ce que ça ne me fasse pas mal au ventre d’incapacité à rassembler les deux en moi pour rester magique justement, parfois ça me donne juste envie de hurler dans le ciel, toujours cette chose de me sentir coupée en deux, il y a la belle vie américaine qui me gonfle de vie et la vie française où je suis chez moi –et d’une certaine manière ça m’apaise, c’est ce qu’il faut, c’est pas tout négatif- et aux prises avec plein de problèmes, et le but serait d’être une seule personne et d’arriver à m’orner des deux avec majesté, n’est-ce pas, mais je suis du monde des hommes alors toute petite et j’échoue et je sombre sans cesse. Il y a des choses que je n’arrive pas à vaincre, au dessus desquelles je n’arrive pas à tenir la tête. C’est la faute de mon père si je lutte tellement avec les névroses de la réussite, j’en parlais avec maman et on disait que j’étais beaucoup plus élitiste et exigeante qu’elle, ce n’est pas la pression familiale qui fait ça, c’est ma pression intérieure héritée on sait d’où mais je n’en mourrai pas, moi, mais peut-être que pour ne pas en mourir il a fallu, à moment donné, que je décide d’échouer un peu et de ne pas m’arracher les tripes pour être la meilleure des meilleures, oui ça dû se passer comme ça :

    -Eve, ça va être dur, tu le regretteras souvent, mais tu ne vas pas te laisser prendre à la spirale du mérite et de l’orgueil, parce que tu en paieras le prix et un prix que tu ne veux pas payer (parce qu’il équivaut à la mort tu l’as vu et tu le sais maintenant) : tu perdras le monde, la beauté, la magie et l’amour tout simplement (au sens fort, l’amour comme type de relation entre les hommes et avec le tout du monde), ce monde tu le perdras parce que les gens qui ne s’occupent que d’eux-mêmes n’y ont pas séjour on le sait, on le sait que pour se fondre dans le monde il faut se fondre tout court et un peu se dissoudre, et un peu s’oublier, et un peu s’absorber et se donner et ne pas se construire, se donner et ne pas SE construire, s’accepter, se recevoir (recevoir), accepter de ne pas s’engendrer soi-même. Eve, tu as voulu (au sens fort, bien autre que « désiré » ou « souhaité », la volonté, elle, a le pouvoir) ce monde quand tu l’as entrevu, tu as entrevu une autre forme de salut que ce salut (illusoire et morbide) qui provenait de toi et que de toi ; de soi et que de soi rien ne peut advenir que soi et on s’emmerde, quand il y a LE MONDE à explorer et à recevoir comme un gâteau d’anniversaire.

    Mais Eve elle est hantée par le spectre de son moi stérile et brimé qui aurait tant voulu prendre toute la place et subvenir à tout. La gratification de se devoir tout rien qu’à elle et à sa propre force, à sa propre puissance. On peut vivre par cette seule gratification.

    -Eve, tu ne veux tellement pas d’une vie si mortifère. Oui, la conscience de sa propre puissance fournit une énergie suffisante pour traverser sa vie, OUI. Mais c’est un désert. Et à moins d’être stupide (il y en a, des stupides, des aveugles comme ça et eux n’ont pas de problèmes) du coin de l’œil tu la verras, l’horreur de ta condition, le désert, l’erreur, le gâchis, et tu en mourras (d’usure et d’épuisement pour les efforts que ça te coûtera en persuasion constante pour te le cacher à toi-même, efforts qui achèveront de te couper du monde).

    Oh boy ! C’est ça qu’il a dû se passer dans mon arrière crâne au moment où je me suis libérée de mon destin de fille à mon père. Mais le problème c’est que j’en suis pas libérée ; ce n’est jamais simple, le fantôme du moi auto-engendré qu’une partie de moi aurait si facilement pu/voulu être me poursuit un peu et me grignote, en France.

    pardon que rien ne soit jamais simple avec moi.

  • L'Evolution (anciennement appelee "atomes")

    Arrivée à Bordeaux, j’y repense, même aux moments un peu plus difficiles, et je vois que tout est "en marche" dans cette relation (ce qui est le grand but et le grand blessing de l’existence, que tout bouge et se modifie constamment, du nouveau, quoi, un fond nouveau, un moi nouveau qui traite les situations nouvelles), je veux dire que tout moves on, au fond, tout est avancée et évolution vers un truc toujours plus profond, posé, une communication à un degré plus premier encore, premier au sens de originaire, qui se débarasse des trucs artificiels de la vie superficielle, qui se simplifie, comme un atome est plus simple et originaire qu'un objet manufacturé ;

    et nous on pénètre de plus en plus dans le monde ultime des atomes, là où tout est clair, là où on voit s'articuler devant nous le jeu entre les éléments et où on comprend la complexité du monde parce qu'on la voit décomposée dans ses éléments simples et leurs relations, et on voit les mutations de ces éléments et relations parce que ça dure, cette expérience, et on voit la complexité du monde et de nous, de tout.

    Moi ça me fait ça pour chaque moment, et même chaque mini-crise (et sa résolution, qui n’est en fait pas la résolution d’une anicroche circonstancielle mais celle d’une des équations du monde) est une plongée encore plus avancée dans ce vrai monde où elle et moi nous avons solution à tout puisque nous voyons les choses telles qu'elles sont. Alors effectivement, il ne peut y avoir de négatif (elle dit qu’il n’y a que du positif, même dans les moments difficiles) parce qu'il ne peut y avoir de regression (une fois qu'on a vu...on a vu! -les atomes, l'agencement du monde de elle et moi- on ne peut plus l'oublier, l'ignorer, et régresser dans sa vision et se laisser reprendre aux apparences de la surface).

    C'est ça, l'amour, je crois, l’ouverture du monde.

    Et j'ai l'immense sentiment que cette évolution de fond, cette avancée vers le simple et vrai ne va jamais s'arrêter, qu’elle et moi on est capables d'aller à l'infini dans cette direction et de se promener dans ce monde en le voyant toujours mieux (ce que j'appelle monde c'est le monde exterieur tel qu'il est ouvert par notre relation, soit : en tant que son sens lui est donné par elle, soit : la manière dont le monde exterieur se déploie pour nous selon elle+moi, le monde réel quoi, qui prend enfin son sens -tout son sens- dès lors qu'il naît d'une relation entre deux âmes( ?!?) –The Morning Star (ahah), dirait Lawrence!-), et j'ai le sentiment qu’elle va m'apporter toujours cette possibilité d'aller plus loin, elle est ça, dans ma vie, pour moi ; la communication avec elle est, en elle-même, portée par ce souffle puissant et rarissime qui va nous maintenir là, à habiter le monde dans toute sa richesse (ce qui n'arrive vraiment pas souvent aux gens, ni pas souvent dans la vie). Voilà.

  • Cézanne en Provence

    medium_great_pine.jpg J’arrive dans la première salle plein à craquer : c’est samedi. Le premier tableau sur lequel on tombe (ou le premier dont je me souviens), elle me dit « c’est celui-là » ; je regarde, bien, merde! je ne vois rien. Wow, il va y avoir du boulot. Je ne comprends pas et je ne comprends même pas comment je pourrais comprendre. Je fais le tour de la salle, le front plissé, je vais avoir du mal à accepter mon opacité surtout quand elle, elle est plantée devant le même tableau, les larmes aux yeux. Bordel ! je ne vois que des petites tâches de couleurs, partout des osties de petites tâches et de traces de pinceau. Je regarde d’un œil narquois ces paysages cul-cul, je marche vite, je lis sur le « lumière merveilleuse de la Provence si bien restituée par la peinture extérieure, merci Cézanne ». J’haïs cette attitude là, mais c’est comme si je me trouvais dans un party de fin de session de Gestion, je veux juste partir avant de commencer à mépriser le monde. Mais là elle, elle voit tout et elle reste… Alors je tourne en rond dans la salle, je bout un peu de rage, elle essaie de m’expliquer, le mouvement, la vie, la magie, je ne vois toujours rien. Bon. Vu mon estime pour cette fille, je ne peux pas me résoudre (ce qui m’est tellement facile d’habitude) à décider que ça ne m’intéresse pas. Je retrousse mes manches, là ça suffit de me sentir stupide, ça m’exaspère. C’est comme un bouquin de philosophie, me dis-je, si c’est là, c’est bien qu’il se passe quelque chose d’ontologique (le mot qui fait bien et veut dire « important »). Au bout d’une heure pantée là, au bout de la salle, les yeux vaguement fixée sur le Grand Pin ou un autre semblable, je croyais m’assoupir et là pouf ! je me rend compte que les petites tâches de couleurs ont disparues, je vois du vent. Wow. Je me réveille : ok, c’est encore cette histoire de distance, il faut être assez loin, comme pour l’expo sur Anselm Keiffer. Je recule et je fais l’effort sur un autre : et là l’hallu ! Au bout de 10 minutes d’assoupissement (j’ai l’impression de ne plus regarder) tout d’une coup je sens le vent tiède, l’odeur des pins, la terre brûlante et l’ombre plus fraîche. Je sens les pins qui dansent. C’est très curieux : si je regarde le tableau comme représentation du réel, donc en effectuant inconsciemment un genre de comparaison, je ne vois rien, que des tâches, que des couleurs trop criardes, que le « -isme » de « impressionnisme ». Mais ce n’est pas par le réel qu’il faut entrer (le piège c’est que c’est une représentation tout de même mais il faut l’ignorer), c’est par tous les différents éléments sensoriels (on pourrait presque dire « données » tellement c’est brut et détaché de l’image) qui sautent hors du tableau, et qui n’ont pas de cohérence si on regarde le tableau selon l’ordre de la représentation mais qui s’accordent entre eux dès lors qu’on oublie ce qu’on voit et qu’on se rend à l’ordre des impressions. Un autre paysage apparaît alors dans lequel je suis, totalement sollicité dans tout mes sens, je n’ai plus qu’à regarder autour et à ouvrir mes pores. J’entends le vent dans les arbres et je m’allonge à côté de la maison. On y est. C’est magique, ça marche. Etrange.
    On sort toutes étourdies, moi gratefull so much comme d’habitude, so much. J’ai vu quelque chose de nouveau, ça n’arrive jamais les journées où l’on voit quelque chose de nouveau.

  • autonomie 1

    A regarder maintenant au lieu de traîner sur le net: The bitter tears of Petra Von Kant. Je me le garde comme un bonbon, c'est de ça, dont il s'agit... Autonomie autonomie, concept roi: je me pourvoi mon propre bien-être à moi-même. Je me fais une tisane, un bain, je sais m'écouter, moi..... AHAHAH foutaise. A bas l'autonomie, quele merveille d'avoir besoin de quelqu'un, d'avoir des relations dans lesquelles on est pris d'office (autrement dit: la famille) parce qu'on peut s'asseoir dessus et penser à autre chose, quelle misère d'avoir à construire son propre soi tout seul tout le temps. J'écrirai mieux là dessus un autre jour mais l'amérique a tout chamboulé en mettant sur un pied d'estal la réalisation personnelle et l'auto-engendrement, et le Québec a jeté le bébé avec l'eau du bain dans les années 70 et en est parfaitement inconscient. Voici ses bébés, tous ces jeunes altermondialistes qui partent se dévouer corps et âmes aux liens sociaux des autres civilisations...sans y voir un instant la tentative de satisfaire besoin compulsif, de combler un manque...