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dernier Lynch

Du pur Lynch, 3h de film intense et décousu mais il aurait été tellement mieux s'il en avait coupé la moitié, en gros c'est la différence qu'il y a entre Les amants du Spoutnik et les autres romans de Murakami, dilués dilués ! C’est le génie de l’agencement et du rythme qui fait pour une grande part la qualité. Mulholland drive est plus ramassé, plus incompréhensible aussi, parce qu'il y a moins de choses explicitées et davantage traduites par la forme. Il est comme une bille fumée ou essence avec lesquelles nous jouions, ronde, brillante, magnifique de couleurs et d’opacité variables, avec une nébuleuse infinie à l’intérieur. Inland Empire perd un peu ça, il est davantage déplié, mais son caractère décousu ne le rend pas moins compréhensible parce qu’au contraire les liens sont plus visibles, explicités, Lynch nous montre les coutures décousues au bord de chaque parcelle. Enfin c’est le sentiment que j’ai eu. Du coup on dirait qu'il n'a pas pris la peine de réduire son film au strict essentiel, en gros : plus éclaté, donc plus de liens, et surtout plus manifestes. Ceci-dit vu le champ thématique que recouvre le film (David, il faut choisir parfois! sinon on refait toujours le même film, de plus en plus complexe mais le même, simplement gonflé de l'intérieur) il aurait été difficile de ramasser sans sacrifier une ramification ou deux. Merveilleuse scène de la mort de Nikki les yeux illuminés dans la lumière d'un briquet tenu à cette fin par une sdf "it's okay sweetheart, you're dying that's all".Toute la fin est très bien, les couloirs verts avec toutes les portes etc, dommage qu'on veuille tellement que ça finisse, pour pisser ou manger ou autre, d'ailleurs on commence à se dire ironiquement (c’est mauvais signe) que ça ne pourrait jamais finir, qu'il pourrait continuer à l'infini. Ca c'est le problème, quand le film ne tend pas, dans son sens) vers quelque chose (puisque là on ne sait ce qui est hier ou demain) mais n'est qu'une explicitation, on peut la gonfler ou la faire varier drastiquement et totalement par des ajouts même minimes (le tout change de sens à chaque ajout) à l'infini, et on a le sentiment finalement que la fin n'est pas ce qu’elle devait être mais n’est qu’une fin, que son rôle est d’arrêter la contingence du sens. Et que le film aurait pu finir à tel ou tel moment avant (pour notre aise dans ce cas) et avoir un autre sens, que ça ne tient à rien, qu’il aurait suffit de le choisir. Il n’y a pas d’appel de sens dans ce film (dans Mulholland Drive oui, ce sentiment tient à la forme ramassée en deux temps –miroir- qui force la recherche du sens –l’un par l’autre-. Mais cette mise en forme n’est elle-même que le reflet des choix –évincements de potentiels sens, réduction de la contingence, ou du moins périmétrage.
Mais encore une fois, tellement beau et bien filmé, une merveille.

Commentaires

  • oh eve tu a su trouver les bons mots pour parler de ce film. Sauf que personnellement, au final je suis moins enthoussiaste que toi au sujet du film. j'ai du rater l'expérience, c'est dommage, mais tu as tout à fait raison dans ce que tu dis. et cetet scène de mort..trop géniale, là j'étais vraimetn scotché!

  • Martin! Trop contente de t'entendre, et trop contente que ce soit ici. Pour le film, je crois que j'étais dans le bon mood pour le voir, alors j'ai tripé esthétiquement et affectivement, rien qu'un changement de lumière m'aurait fait de l'effet:-)! Et comme c'est l'atmosphère qui fait tout lynch si on est touché par l'atmosphère.... mais vraiment trop long, même pour un trip (c'est dire)! Et quelques scènes totalement superflues, à mon avis. Pas assez bossé le lynch? pas assez coupé? C'est comme dans un mémoire quand on écrit des trucs qu'on trouve intelligents ou qui nous touchent mais parasitent le bon dévelopement et qu'on n'arrive pas à la couper parce qu'on y est attachés, et on galère pour les maintenir là... On dirait qu'il a voulu tout garder (chaque scène avait une raison d'être gardée mais toutes les bonnes raisons ne font pas un bon film, et même à coup sûr un mauvais film) comme un caprice d'enfant. In se trouve du coup avec un film hypertrophié de toutes ses parties et monstrueux qui veut être tous les films. Bref. Mais je maintiens qu'il y a eu de vraiment belles scènes... tout ça pour dire que je crois que c'est ma soif d'immersion atmosphérique qui a maintenu mon intérêt pour le film, soif au demeurant très indépendante du film (et que n'importe quoi aurait satisfait, presque!)... ce qui finalement n'est pas trop positif pour lui... Mais je ne sais pas. Il faudrait presque que je fasse un tableau: ça ça m'a plu, ça pas, ça oui, ça pas... etc. Comment tu vas? que fais-tu? J'ai posté la suite de la note sur DHLawrence quelque part (une autre note appelée "Plumed Serpent" je crois), finalement, mais elle est baclée et pas bonne et surtout pas complète du tout. Tu avais des choses à dire sur Lawrence je crois... bises.

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