Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lavée de verre

Lavée de verre, je fixe le ciel qui t'a perdue.

Le jour, il semble démeusurément haut, bombé, axé à ses rayons obliques dans un sol de glaise lourde, de vignes et de pins maigres. Tu n'y es pas, tu n'y brilles même pas par ton absence - au lieu de cela, c'est de la grenaille de pluie qui cingle au visage, d'un coup, alors que le soleil rougit.

Je ne sais soudain plus pourquoi je suis là ; les nuages s'assemblent, homogènes et noirs, comme aspirés au sol par un trou sans fond.

Tu n'es pas là, tu n'es pas là, et les lacs sont de plomb.

Le paysage est vide, ma description est vide et ma bouche mâche du sable.

Je ne m'en vais ni ne m'envole nulle part et je n'ai plus l'odorat du large, ni de la mousse, ni d'ici - Ni de là-haut!

On ne pose plus les questions franchement.

On n'ose plus.

On est paralysée.

On n'ose plus avoir de désirs légitimes, ni de désirs cachés.

On ne sais plus ce qui est légitimie, vrai, faux.

On est sous l'averse, on ne sait pas si elle est vraie.

On regarde le ciel, on ne sait pas si on y a droit.

On ne sais pas non plus si on appartient aux flaques par terre ou non.

On ne sait plus si l'on est chez soi,

ou s'il y a un loup derrière la porte.

On ne sait plus si la météo est possible

On ne sait plus si on est bien ou pas

- ni même les sons, les voix

[Finalement, si le sol ne va pas céder devant soi]

On ne peut plus se poser la question de Dieu, on n'a plus le temps ni l'espace.

On est enclins à examiner, tourner autour, et laisser là, dans la panique ("j'aimerais mieux pas").

On vend bien sa soupe parce qu'on ne sait plus faire autrement.

Parce que la question "est-ce que cela est juste?" est brisée

On se plie en deux, on se contorsionne ;

on se fait contorsionner et éreinter les tendons.

On n'ose pas acheter un titre de transport, ni ne pas en acheter.

On ne peut plus lire le regard des gens, on n'ose plus.

On y lit tout le contraire, ou tout ce qu'on veut, ou ce qu'on veut pas.

On ne s'éveille pas, on ne s'endort pas

On peut tout tenter et rien ne se passe,

on en revient à vendre sa soupe.

On n'ose plus la satisfaction

Mais ni non plus la stupeur.

La question "est-ce que cela fait sens?" est brisée.

La famille ou l'appartenance est brisée.

La parole est inaudible, ou blessure, c'est sûr.

On y travaille, mais on travaille à l'inverse.

On reste indifférente à l'odeur de sa ville natale!

Et à sa lumière.

On essaie de décaler les rythmes et les temps pour se distraire ;

mais on reste indifférente à la lumière!

et à la nuit. et à l'heure.

On ne sait plus que faire de son temps.

Les commentaires sont fermés.