Johnny dit :
Bonjour la poule
Johnny dit :
je te fais un bisou en vitesse
Johnny dit :
je doit y aller
Johnny dit :
comment ça va aujourd'hui?
Anastasie dit :
pareil
Johnny dit :
es-tu allée à la capoeira finalement?
Anastasie dit :
d'ici un semaine ça passera un peu
Anastasie dit :
oui mais j'en suis partie
Johnny dit :
et comment va ton sommeil?
Anastasie dit :
ils étaient tous trop heureux et j'avais une mauvaise énergie
Anastasie dit :
J’aurais mal joué et pourri la roda
Anastasie dit :
mal le sommeil, je ne m'endors pas
Anastasie dit :
mais ça va passer
Johnny dit :
et les cauchemars?
Anastasie dit :
C’est drôle que tu dises ça
Johnny dit :
pourquoi drôle?
Anastasie dit :
J'ai rêvé que papa était parti faire une retraite dans la forêt, il allait mal, il était seul, décharné décadent malheureux et condamné, il n'essayait pas de se sauver mais d’aller se cacher pour mourir, un peu, ou trouver quelque chose, un sens, avant de mourir, ou peut-être, avec sa naïveté de la fin, qu’il voulait aller commencer une nouvelle vie là où on l’accepterait, là où il n’y a personne, comme il le disait pour l’Afrique. Je le vois, sa silhouette mais maigre et vouté et les yeux creux, avec se cheveux noirs frisés. Personne ne l’aimait ni ne l’avait vu depuis longtemps. Je le vois mais je n’y suis pas quand il y est, dans mon rêve, c’est rétrospectif, c’est bien avant que je n’y arrive que lui il arrive là bas. J’apprends qu’il y est parti il y a x temps. Je ne sais rien de plus. Je partirai, plus tard, le chercher.
Anastasie dit :
Donc j’arrive dans une espèce de maison mêlée d’arbres avec des escaliers, chez une communauté de hippies il semble mais un peu délabrée, y a peut-être plus personne qui vit là, il y a un escalator sous une verrière avec la jungle à travers, je suis dessus, je monte, et là il y a V., il descend, ou pas, je ne sais, il m’attendait, il est chez lui mais il a quelque chose de spécial dans son attitude, il m’attendait, il est en même temps un peu négligé, nonchalant. La situation est exceptionnelle et inattendue pour moi, pas pour lui, il m’attendait, un peu désinvolte et dépassé à l'intérieur mais ne me le montrant surtout pas, ou vraiment blazé.
Anastasie dit :
C’était comme un peu tendu entre nous, mal à l'aise, je ne l’ai pas vu depuis longtemps mais je ne suis pas là pour lui, alors ça me met mal à l’aise. Lui il s’y attend, à mon malaise, il surplombe un peu la situation, comprend pourquoi je suis mal à l’aise à son égard, je me sens comme parfois quand j’ai l’impression qu’il me juge. Mais je sais qu’il sait pourquoi je suis là. On ne parle presque pas pendant un moment.
Anastasie dit :
Puis je lui demande si papa est mort
Anastasie dit :
Ce qui explicite le summum du triste de la situation parce que dans cet endroit sa mort ne peut avoir eu lieu que dans une solitude extrême. Parce qu’il n’a rien à voir avec ses gens. D’ailleurs V. n’est pas touché, il est des gens qui ont vu passer papa comme un étranger, en lui étant indifférents, comme si c’était un zarbi à qui il ne pouvait arriver que ça…
Anastasie dit :
alors il me dit non
Anastasie dit :
puis oui
Anastasie dit :
puis non
Anastasie dit :
il est mal à l'aise, il minaude, il me manipule ou s’amuse un peu, ou peut-être ne le sait-il pas, il se venge un peu, je ne sais pas.
Anastasie dit :
Alors là j'erre un peu, dans l’endroit moussu et ruinu, je le cherche un peu, j’oscille entre fatalisme et timide espoir, j’ai honte d’être là un peu, d’être là trop tard, je ne sais plus s’il est même vraiment venu ici, je suis en cachette un peu, je ne veux pas que les hippies me voient, mais il n’y a personne, puis j’ai honte de ne pas savoir si V. disait ça pour plaisanter ou non, je ne sais sur quel pied danser.
Anastasie dit :
et il me dit alors avec l’air plus sérieux(et plus gêné) de ce qui est plus vrai qu'il est mort ce soir à 20h.
Anastasie dit :
C'est-à-dire avant que j'arrive.
Anastasie dit :
je l'imagine tout décharné
Johnny dit :
c'est l'anniversaire, ces jours ci, non?
Anastasie dit :
oh!! j'y avais pas pensé!!!
Anastasie dit :
et puis là donc, je suis envahie d'une tristesse infinie, comme si elle était autorisée maintenant, ce que je n’osais pas parce que je n’étais sûre de rien, mais là tout était donc vrai, quelle malheur et c’est trop tard, et c’est fini, ou en tout cas j’ai la place que je dois avoir, dans ma vie, je suis là après lui et j’ai le droit et j’ai raison et j’ai raison d’être triste, je suis tellement triste c’est comme un abat d’eau.
Anastasie dit :
pour lui d'abord
Anastasie dit :
puis pour moi, parce que (et là un souvenir tout frais m’apparaît aussitôt comme si je l’avais bien sûr eu depuis le début du rêve) maman est morte y a si peu de temps ! C’est donc vrai, j’ai tout perdu…
Anastasie dit :
Dans ce souvenir, qui est la veille (et est donc visuel puisque c’est un rêve), je la vois très bien dans son cercueil
Anastasie dit :
avec un tête très réaliste semblable à celle de manou mais c’est bien tout à fait maman, la vraie, mais morte, pas endormie ni tarabiscotée/transformée en une autre comme les morts de rêves ou de cinema, non, la vraie maman mais morte
Johnny dit :
oooohhhhh
Anastasie dit :
avec tous les attributs de la mort que j'ai vus pour de vrai, la maigreur, la peau détendue, la bouche…tu sais
Anastasie dit :
je fais ça très bien sur maman, lui mettre ces attributs sur la face, ça m’impressionne même dans le rêve
Anastasie dit :
et là je suis TELLEMENT TRISTE
Anastasie dit :
pour moi, pour mon sort tristissime
Anastasie dit :
ils sont mort les deux en si peu de temps
Anastasie dit :
et je suis orpheline (je pense le mot plusieurs fois!)
Anastasie dit :
et tout ce bonheur a disparu d'une shot
Anastasie dit :
sans préavis, tellement indu et inattendu
Anastasie dit :
dans un cataclysme
Anastasie dit :
et je suis toute seule dans la jungle avec V. qui me regarde
Anastasie dit :
dans cette maison labyrinthique de hippie et je suis tellement triste, d’une tristesse simple et légitime parce que c’est un cataclysme.
Anastasie dit :
Dans tout ça papa est un peu comme Kurtz dans Au Coeur des Ténèbres de Conrad (et moi un peu Marlow je suppose)
Anastasie dit :
tu vois, hein
Anastasie dit :
parti fou dans sa retraite, parti se retirer avec sa folie, la mettre à l’épreuve, la vivre pleinement, ou la cacher
Anastasie dit :
et finalement mort tout seul dans un échec et agonisant, sans réponses, ou si, je sais pas, non sans réponse, on ne peut que le plaindre tellement, cet échec, cette fin
Johnny dit :
petite chose
Anastasie dit :
et je pleure pleure pleure
Anastasie dit :
Il y a l'angoisse aussi comme dans le livre, y a l'air d'y avoir un mystère autour de cette fin, un truc démoniaque, j’ai peur un peu
Anastasie dit :
je ne crois pas totalement V.
Anastasie dit :
je ne sais rien et personne ne veut me dire quoi que ce soit
Anastasie dit :
sur le séjour de papa et sa mort
Anastasie dit :
je suis pas sure qu'il soit mort
Anastasie dit :
on ne me propose pas de le voir
Anastasie dit :
il n'est juste pas ici.
Anastasie dit :
et ce souvenir de maman morte!! Avec tout un tragique autour que mon souvenir effleure, un AUTRE tragique, pas gommé par celui là, juste côte à côtes mais je n’ai pas besoin de m’en souvenir.
Anastasie dit :
voilà pour le cauchemar.
Johnny dit :
ooohhhhhh
Johnny dit :
pirilline
Johnny dit :
je suis desolé
Anastasie dit :
Au fait, c’est demain, l'anniversaire
Johnny dit :
je dois y aller maintenant
Anastasie dit :
oui
Anastasie dit :
au revoir!
Johnny dit :
bisous