Moi, tellement vivante et vraie sur le sol caressant.
—A tous— puis-je scinder, dans mon outrance, en miens et étrangers ?
Je vous demande une pleine confiance, je vous prie de m’aimer.
De jour, de nuit, par oral ou écrit : pour mes « oui », « non » cinglants,
Pour être si souvent beaucoup trop triste, et n’avoir que vingt ans,
Pour mon pardon certain des offenses passées,
Pour mon incontenable et immense tendresse,
Pour mon trop fier aspect,
Pour la vitesse folle des temps forts, pour mon jeu, pour mon vrai,
— Ecoutez-moi !— il faut m’aimer encore
Du fait que je mourrai.
Marina Tsvetaeva, 8 dec. 1913.