Je suis quelqu'un qui dit n'importe quoi depuis le début: je suis la même personne (il n'y a pas de révolutions).
Aujourd'hui mon collègue et ami mexicain au café m'a dit pour la millième fois que j'étais "cold, but (cette fois) in a funny way". Mais aussi l’américain génial, m'a dit en français " et toi tu es cette femme très intelligente qui pour quelque raison (some reason) fait la plonge Chez Josée. It's just perfect." C'est drôle, c'est rare que les gens disent des trucs en face aux autres sur eux, moi ça m'arrive jamais (il parait que pourtant les femmes attendent çà, qu’on leur parle d’elles…) d'autant que c'était parfaitement injustifié, et là deux fois dans la journée... Mais aux deux réflexions (qui sont la même) j'ai répondu des absurdités (j’ai plutôt bafouillé). Les deux sont fausses anyways (except the "no reason" thing).
Ces dernières semaines ont été très chargées, difficile d’en rendre compte. Je me suis disputée avec ma bonne amie à cause d'un malentendu que je n'ai pas vu parce que ma certitude de voir le bien et le mal et d'agir de manière juste m'a rendue aveugle à sa réaction. She completely mesinterpreted what I said, what I did, my whole attitude, whitch was nonetheless right. And I was so confident in the fact that I was being moral that I could not see things from her point of view, from a psychologic point a view. And it is totally a different thing. I didn't realize that until now. That moral excludes psychology. And de facto we live in a psychologic determined world. Je veux dire que je peux agir aussi moralement que je veux, si les autres ne perçoivent pas les actes en termes de motifs moraux ils vont juste les mesurer à une aune totalement différente, et me prêter des intentions très différente que celles que j'ai eues. Or ce sont les intentions qui comptent (je le pense maintenant entièrement, il faut s'efforcer de voir à travers l'autre ses intentions. Ce sont les animaux qui ne le font pas, qui ne voient que les résultats. C'est ça l'essence de la communication. C'est un devoir, si on est humain. Ca vaut pour les actes pareil et surtout.).
Mais ça suppose une certaine confiance dans le fait que les autres ont les outils pour comprendre proprement mes motifs. Et que faire si oui, les autres interprètent (pas surinterprètent, juste restituent leur sens aux phrases dites, or leur sens...), mais ne se situent pas sur le même niveau? Et pourtant il faut admettre ce qu'ils comprennent comme ce que j’ai dit. Et c'est le plus terrible, oui, parce que ces choses qu'on te renvoie transfigurées à travers un regard unexpected tu les as dites, elles sont de toi, tu en es responsable c'est tout. Comment se décharger en appelant ça un "malentendu"? Quand on parle à quelqu'un, quand on agit tout court, on assume déjà toutes les interprétations --si elles ne sont qu'interprétations et pas déformation-- qui peuvent en être faites. Alors j'assume ma rixe avec mon amie.
C'est cependant horrible, en fait je ne l’assume pas du tout. Fuck. Ca revient à l’expérience mystique de la serveuse : que le monde dans lequel je vis pour de vrai ne s'exerce pas dans le même système de valeur que celui dans lequel j'évolue, ais-je beau penser que c'est le plus élevé. Et dans cet ordre d'idée j'ai tort. La morale doit plier devant les facteurs psychologiques et les déterminismes sociaux, parce que de toute façon elle reste inintelligible, et en tout cas fatalement interprétée selon des motif psychologiques et sociaux qui la travestissent (l'abusent) entièrement. Je suis révoltée et affligée de cette fatalité. Car du coup en ce monde je m'abuse, je suis aveugle.