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Quebec-oli

Week-end à Québec infiniment détendu flottant et magique, mais pas magique mystique, magique réel, promenée par l’ami Oli depuis son appart perché dans cette rue étrange au bout du quartier (on dirait le bout tout court pourtant c’est bohème parait-il), coloré avec vue sur la basse ville et ses lumières la nuit, et toutes les collines enneigées au fond le jour, chaleureux et plein de livres à l'ombre desquels j'ai dormi sur le divan de velours tout mou face au soleil couchant. J'ai si peu dormi tellement je voulais savoir ce qu'il y avait dans tous les livres ! Ou tellement j'étais jalouse de lire dans la couverture de chacun d'eux "Olivier, lu au printemps 2002" ou autre, bref il avait tout lu. Je me suis endormie à 4h, presque angoissée tellement il me tardait.
J'ai encore pris l'autobus américain qui va loin et part la nuit, douillet, moi j'y suis toujours comme en transe poétique et tout défile dehors et en dedans de moi super vite mais très détaillé comme au ralenti, je ne m'explique rien mais je vois les choses du dedans, et le bus, donc, s'éloigne de ma belle ville d'adoption et de ses gratte-ciels qui ne grattent pas haut et qui me font éprouver de la tendresse encore plus, je suis posée immobile toute molle très lourde sur mon siège, hypnotisée par le dehors, la perspective, les lumières, les ponts, le fait de rouler (le temps file), de partir et de réaliser que j'habite ici, alors en même temps toute tournée vers le dedans (où le temps…), ce que ça fait d'habiter ici, ce qu'il se passe, c'est quoi ma vie merveilleuse (merveilleuse pourquoi ?? d’où ?? Je travaille et…pourtant !), tout se déploie se déplie et c'est génial, tout devient accessible en même temps alors que je n'ai jamais le temps, la vie de faire autre chose que la vivre mais j'ai toujours le pressentiment que je l'aimerais ma vie si j’avais du temps de rétrospection, et ce pressentiment me suffit et c’est ça, c’est le pressentiment que c’est ça le bonheur. Besoin de rien de plus qu’un sentiment qui traverse le fond. Et là tout LE sens et celui de toutes les petites choses tourne autour de moi en dedans et pourtant il s’agit de moi et pas des choses, je vois pleins de couleurs intenses, c'est comme un grand tapis la vie, et il s’agit toujours de moi mais je m’y oublie pourtant les yeux écarquillés. Je suis un peu étourdie, le temps…boaf…

Nous on a une montagne au milieu de la ville au moins (je repense aux gratte-ciel de 40 étages pourtant très fiers), et plusieurs îles autour, c'est joli de prendre tous les ponts dans la nuit, et vers le nord je ne l'avais encore jamais fait, toute une perspective nouvelle par la grande vitre. Je me dis : le même stupide sentiment de liberté que quand je vais à Langon en train, ridiculement pas loin mais pourtant c'est comme un voyage. Québec, c'est le bled, mais pourtant y partir de nuit sans l’avoir prévu ni savoir trop ce qu'on va y faire, c'est comme le Pérou. En plus dans l'enclave bizarroïde qu'est devenu un week-end pour qui travaille à plein temps et vient de sortir du bureau, c'est une vrai faille temporelle.

Oli m'accueille comme une reine c'est à dire comme chez moi, parce qu'il n'y a pas d’enjeu ni de pression à notre rencontre, il est aussi détendu que moi, on parle non-stop très calmement et doucement au rythme de la marche pendant 2 jours. On petit déjeune tard dans le salon ensoleillé (les bibliothèques ne font de l'ombre que la nuit) et on cuisine des lasagnes (surtout lui, moi je bois le vin). Le dimanche je me laisse conduire à l'érablière manger saucisses et crêpes au sirop, "all you can eat" they say, et ensuite on marche toute la journée sans horaire dans le bois, le long du fleuve, sur la glace, il faisait doux, on était libre d'aller où on voulait avec l'auto. Je vous écris aussi pour dire que je vais hyper bien, et redire que je jure fidélité à l'université, la pensée, la poésie et l'amour (l'ordre est évidemment modulable).

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