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apolitisée

Je veux dire: peut-on faire confiance au sentiment qu'on a de savoir ce que l'on est, sans risquer de sombrer dans une passivité aux conséquences dramatiques (dont la principale est la prise de conscience qu'elle a été une erreur)? Je veux dire, ne doit-on pas formuler ainsi la question de la réalisation de son essence: doit-on suivre sa pente, ou non? C'est la tension contenue dans la formule réaliser son essence (mon essence, je le suis déjà par essence). Alors je veux dire, doit-on suivre sa pente à tout prix (ce qui n'est plus vraiment "suivre", d'où l'expression de Gide "remonter sa pente") ou se glisser dans les exigences de la réalisation sociale (ce qui peut être très riche et normal, le mot "glisser" n'est pas le mot "faire le mouton")? Je veux dire (rectification successive et nécessairement infinie des métaphores), comment savoir à quel moment notre confiance dans ce qu'est notre essence transforme cette réalisation en un glissement confortable dans un simple "moment de soi"?* Je veux dire aussi (à part que la métaphore de la pente ne convient absolument pas pour l'idée de réalisation de soi), si la réalisation de notre essence est un acte, jusqu'à quel point peut-on se fier à notre intuition de ce qu'est notre essence? (parce qu'un acte est une modification, une action, ce qui est l'inverse d'une intuition) Autrement dit, dès lors qu'on a une intuition de soi, peut-on encore parler d'une tension vers une réalisation de soi? Mais l'idée de réalisation de soi ne sousentend-elle pas déjà une intuition de ce qu'est soi? Finalement c'est nul, tout ça, on arrive à: la réalisation de l'essence présuppose l'essence. C'est bien la peine! Je suis incapable de raisonner sans tomber dans un vilain sophisme. C'est pas ça que je voulais penser, au début.

PS: Je viens de comprendre où est la dérive sophiste: là où y a l'astérisque. Il aurait fallu continuer: "comment être sûr que notre intuition est bien notre essence, mais en même temps, que croire d'autre que ce que l'on sent qu'on est? Et que faire d'autre, dans la vie, qu'essayer d'épanouir ce que l'on sent qu'on est? Mais comment être sûr que l'on est pas en train d'hypertrophier un moment de soi en "essence"? Et comment supporter ce doute, mais comment l'ignorer? Qu'épanouir, si l'on ne se fie pas à ce qu'on sent qu'on est? QU'EPANOUIR?"
Bref. A l'origine:

Brian said "don't be afraid of that" quand je parlais de ma crainte que le fait de faire une thèse m'encourage à penser que mon essence est définitivement d'être une poétesse symboliste russe des années trente (c'est à dire d'être une nobody névrosée qui prend sa névrose pour son essence). Car le problème c'est que le diktat de l'experience vécue (c'est à dire là où je suis une poétesse des années trente parce que je vis une poétesse de années trente, ce qui se passe de justification!) nous mène à un mode où n'importe quoi peut être n'importe quoi, alors tout est permis parce que tout est justifié. C'est pour ça que je seek un moyen d'assoir légitimement une règle de conduite, il en faut une, là où tout peut être tout et se justifier comme tel.

Tout ça a pour très secondaire effet de discréditer le monde réel , et pour résultat ultime de me déresponsabiliser (de m'apolitiser!)

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