Alors je suis toute seule dans Londres, ça n'a aucun rapport avec rien, le fait d'être là, je suis encore à priori dans un transfert habituel bien que de plus en plus difficile (un paradigm shift) entre mes deux vies (la française et l'américaine), et tout d'un coup, perdue dans mes pensées dans le métro occupée à trimballer mon sac, je sors de la bouche pour tomber nez à nez avec un autobus rouge à deux étages tout clinguant. Aucun rapport. Alors ça me prend un changement de mode, oki, je suis en voyage/visite/vacances/excitation pour l'inconnu et le ciel nouveau. Bon. Je souris aux gens dans l'auberge de jeunesse, je les rencontre un peu, "tu viens d'où?" "tu viens d'où"? Horreur ce sont tous des français qui jouent au "trou du cul" après le souper et me demandent en français d'où je viens, ou plutôt ne demandent même pas et jouent au trou du cul. Moi je lis Conrad, je marche des heures, le soir, le lendemain matin, toute seule, un peu trop seule, je n'en avais pas envie. Je veux marcher à l'infini, je veux marcher Londres, je veux marcher tout le plan de la ville (du bus) que j'ai, mais je n'en ai pas le souffle, le souffle magique de San Francisco. Ce doit être parce qu'il n'y a pas de nuages pour me montrer la perspective, pour me montrer la profondeur et l'espace et me donner l'élan. Je bouffe du pain, tout est cher, je marche dans Bond Street, c'est la rue de Prada, quelle bourge cette mrs Dalloway. Je suis un peu déçue. Le meilleur moment reste celui où j'ai rencontré les autocars rouge par surprise et où j'ai réalisé ce qu'il se passait. La suite...c'est juste une histoire de pattern.
J'ai quand même bien aimé revoir l'architecture familière pour moi d'une autre époque...