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L'Evolution (anciennement appelee "atomes")
Arrivée à Bordeaux, j’y repense, même aux moments un peu plus difficiles, et je vois que tout est "en marche" dans cette relation (ce qui est le grand but et le grand blessing de l’existence, que tout bouge et se modifie constamment, du nouveau, quoi, un fond nouveau, un moi nouveau qui traite les situations nouvelles), je veux dire que tout moves on, au fond, tout est avancée et évolution vers un truc toujours plus profond, posé, une communication à un degré plus premier encore, premier au sens de originaire, qui se débarasse des trucs artificiels de la vie superficielle, qui se simplifie, comme un atome est plus simple et originaire qu'un objet manufacturé ;
et nous on pénètre de plus en plus dans le monde ultime des atomes, là où tout est clair, là où on voit s'articuler devant nous le jeu entre les éléments et où on comprend la complexité du monde parce qu'on la voit décomposée dans ses éléments simples et leurs relations, et on voit les mutations de ces éléments et relations parce que ça dure, cette expérience, et on voit la complexité du monde et de nous, de tout.
Moi ça me fait ça pour chaque moment, et même chaque mini-crise (et sa résolution, qui n’est en fait pas la résolution d’une anicroche circonstancielle mais celle d’une des équations du monde) est une plongée encore plus avancée dans ce vrai monde où elle et moi nous avons solution à tout puisque nous voyons les choses telles qu'elles sont. Alors effectivement, il ne peut y avoir de négatif (elle dit qu’il n’y a que du positif, même dans les moments difficiles) parce qu'il ne peut y avoir de regression (une fois qu'on a vu...on a vu! -les atomes, l'agencement du monde de elle et moi- on ne peut plus l'oublier, l'ignorer, et régresser dans sa vision et se laisser reprendre aux apparences de la surface).
C'est ça, l'amour, je crois, l’ouverture du monde.
Et j'ai l'immense sentiment que cette évolution de fond, cette avancée vers le simple et vrai ne va jamais s'arrêter, qu’elle et moi on est capables d'aller à l'infini dans cette direction et de se promener dans ce monde en le voyant toujours mieux (ce que j'appelle monde c'est le monde exterieur tel qu'il est ouvert par notre relation, soit : en tant que son sens lui est donné par elle, soit : la manière dont le monde exterieur se déploie pour nous selon elle+moi, le monde réel quoi, qui prend enfin son sens -tout son sens- dès lors qu'il naît d'une relation entre deux âmes( ?!?) –The Morning Star (ahah), dirait Lawrence!-), et j'ai le sentiment qu’elle va m'apporter toujours cette possibilité d'aller plus loin, elle est ça, dans ma vie, pour moi ; la communication avec elle est, en elle-même, portée par ce souffle puissant et rarissime qui va nous maintenir là, à habiter le monde dans toute sa richesse (ce qui n'arrive vraiment pas souvent aux gens, ni pas souvent dans la vie). Voilà. -
D. H. Lawrence
Sur DH Lawrence, évidemment il ne s'agit pas tout à fait de ce que je dis plus bas (que c'est juste Nietzsche et que le salut est dans la fonte dyonisiaque du soi), c'est plus compliqué, et surtout il ne faut pas oublier que dans le roman tout ca (la resurrection des dieux archaiques) est à l'origine une strategie politique (politique au sens le plus universel, il s'agit d'une civilisation). Mais j'y repenserai et y reviendrai.
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cathédrale de Strasbourg et Saint-Pierre-le-jeune
J'oublie, sur la cathedrale de Strasbourg, que l'interieur a une allure folle, la grande horloge astronomique, la rosace tres haute et gigantesque, l'abside profonde et sans retable de telle maniere qu'on a l'impression d'un espace à occuper et pas seulement d'une scene, occupé à parler, se concerter, penser, sous la trés haute voute.
L'Eglise protestante St-Pierre-le-Jeune, aussi, egalement de grés rose erodé et doux, de peintures et de frises vives etonnemment bien conservées, là où on a écouté l'orgue peint, posé sur une arcade en avant du choeur. Une merveille (l'orgue, aps le concert...)
(les accents zarbis sont dus au clavier allemand) -
Allemagne
Bon, je suis en Allemagne finalement, après un long week-end à Strasbourg (et une semaine á Paris où j'ai trouvé un trop cool appart dans le 20e puis 10 jours en Espagne pour ceux qui sont moins au fait); où la cathédrale est incroyablement effrayante et bizarre, on dirait qu'elle n'a pas d'épaisseur et que c'est un décors de carton pour un film de Jeunet un peu gothique cadavérico-oniryco-délabré, ou qu'elle est creuse (les fenetres sont en vis a vis alors on voit á travers la cathedrale de loin) et toute en poutres de metal rouillées, acérées et pleines de trous, comme une vielle carcasse; cependant qualifiée par Victor Hugo de "prodige du gigantesque et du délicat"... La ville est vraiment mignone bien qu'assez grande, le vieux centre est fait principalement de maisons peintes très vieilles branlantes sur des colombages tout tordus et instables sous des toits ondulants d'ardoises pour la plupart brisees, mais le tout rénové (ahah) et un peu touristique. Trés allemand, quoi. D'ailleurs c'etait très bizarre d'entendre parler francais dans la rue et de voir les panneaux en francais, c'est vraiment un endroit tres different de partout ou je suis allèe (si peu en France, je sais). On a mangé la très attendue choucroute qui ne nous a point décues (le riesling non plus) et on a circulé sur tous les petits ponts envisageables, écluses et passerelles paisibles et verdoyantes qui articulent le centre-ville. Chouette barrage Vauban, fortifié et couvert de pelouse a l'exterieur et traversé par des galeries sombres pleines de pigeons et de statues brisées et noircies, etrange. Pis là je suis donc à Tübingen et j'aurais du emporter mon cahier d'allemand parce que je ne comprends rien à rien de rien, ou peu, en fait j'ai toujours l'impression que je vais copmrendre parce que je reconnais des mots, pleins, mais j'en ai oublié le sens, too bad... En tout cas il y a des Hegel et des Husserl voire Heidegger qui sont passés par là, je fais donc mon propre pellerinage autiste sans l'aide des mots des plaquettes informatives, je vois juste les endroits et j'invente les merveilleuses annecdotes de leurs vies. La ville est (tres) petite et (aussi) adorable, encaissée dans des collines bucoliques pleines de jolies maisons cossues et bien tenues, colorés et ventrues à l'allemande, encore. Tout est très vert, et entourré de plateaux, du haut de la cité-U le matin à sept heures j'assiste au levé de soleil sur les collines, chaque fois surprenant de jeu de brume et de lumiere oblique, jeu de nuages et d'odeurs automnales (sur la terrasse) bien que le soleil soit chaud la journee. L'air sent la rentrée des classes et les matinées ont la clear, fresh and dry atmosphère de septembre. A part ca je suis plongée jusqu'au coup dans le terrible roman de DH Lawrence The Plumed Serpent, où le retour à des déités archaiques avec perte de soi dans le désir, la violence et la pulsion est le seul salut (assumé et mis en valeur comme une issue heureuse!), c'est très effrayant (tout est Nietsche là dedans, d'ailleurs c'est utile parce qu'on voit avec une légitime horreur que Nietzsche c'est bien joli mais incarné dans une histoire avec des gens, des actes et leurs conséquences c'est assez horrible). Bref je lis en anglais et du coup quand je sors dans la rue je m'attends toujours á ce que ce qui sorte de la bouche des gens soit aussi de l'anglais et je me prepare a comprendre et repondre, et lá ils ouvrent la bouche et un charabia inintelligible en sort et je suis comme deux ronds de flan. Néanmoins le demi-litre de biere tres bonne est à 2,30€. Tout est dans l'ensemble un peu moins cher qu'en France, ce qui me fait encore me rendre compte de l'inflation folle de ce pays de fou, parce que ce n'etait pas comme ca a l'epoque.
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pause
Petite pause, c'est que j'écris des lettre, et des lettres... des tonnes, surtout d'amour. Alors j'ai plus de jus. Pis Bordeaux ne m'en donne pas trop, du jus. Ou en fait si, mais pour me plaindre, je pourrais me plaindre d'ailleurs ici et là, encore, et encore: la collision des mondes, la mémoire, la temporalité, l'oubli ou la nostalgie hébêtante et abrutissante dans laquelle je me trouve plongée en moyenne un jour sur deux. L'autre jour (sur deux), je trouve évidemment dans l'air une douceur surnaturelle et forcément révélée, vibrant de champs de forces convergeant tous vers moi qui les renvoie au soleil qui dispense aussitôt cette immensité de bonté ou de sens derrière ses nuages de mercure transparent (qui n'en diffusent que mieux même quand ils sont en forme de bite comme ce matin).
Bref.
Je ne fais rien, ne lis pas de trucs intéressants et ne communique pas vraiment.
La Cantabria et les Asturias ont été merveilleuses cependant, rien que la paix.