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  • traque

    C'est drôle, Lady Guy traque les vieux au dos semblable à son père, moi je traque les clodos à la démarche semblable.
    Mais ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps. Je suis en bonne voie...
    Demain matin: Baltimore.
    Sans commentaire. J'ai du mal à agencer ma soirée.

  • Petra von kant

    On pourrait penser (et apparemment les gens pensent ça voire que ça) qu'il s'agit d'un film moral, genre devinez qui est la plus manipulatrice entre la riche intelligente perverse contre la pauvre fille banale et ahah ce n'est pas celle qu'on croit. Classique.

    Donc à part ça: est-ce que c'est seulement un film sur l'universalité du désir (l'absolue légitimité dans toutes ses formes mêmes les plus perverties) ? Moui, Marlene s'en va sur la tune "ouh yeah, I am the great pretender..." aussitôt que son désir, jusqu'ici maintenu en tension par son caractère inassouvissable, prend une tournure réalisable. Elle n'a plus de raison de rester, son essence de "pretender" a disparu, dès que Petra dit "And you, tell me about yourself..." marlene flee away alors qu'elle a supporté la pire condition jusque là. La tension du désir sous toutes ses formes monstrueuses, quoi. Comme finalité, comme mode de vie. En même temps que le problème de Petra c’est juste que son désir n’est jamais comblé...mais il n’est pas comblable (alors que celui de Marlene si, il suffit de cette simple phrase et regard). Alors...on peut dire que c’est sa manière d’être ? Ok, on parle de désir. Mais quelle est la chute, la sortie ?

    Je ne comprends pas ce qu’est Petra pour Fassbinder, il dit qu'il veut encourager les gens à exprimer leur douleur -dans l'optique d'un soulagement sans doute-, mais elle, qui le fait tout le long et tellement bien, n'y trouve aucun rachat, aucun soulagement. Pourtant elle l'exprime sans cesse, la douleur passée sous forme de récapitulation assimilée en leçon de vie, et la douleur présente en agonisant devant le téléphone. Mais il n'y a pas de sortie. La fin est d'ailleurs un retour au debut ( le même "tell me about yourself" avec le même regard) qui laisse peu d'espoir. Ce qui est troublant c'est que dans cette histoire...C'EST PETRA QUI A RAISON. Et pourtant elle perd.
    Pourquoi a-t-elle raison ?

    Elle est la plus antipathique parce qu'elle est la seule qui ne joue pas de jeu.
    Elle a effectivement l'attitude nécessairement désinvolte (et qui parait puante) de celle qui ne veut plus jouer le jeu (on ne peut le comprendre qu'à la fin, le jeu avec l'antipathie du spectateur est ultra réussi, ON NE PEUT PAS L'AIMER TANT QU'ON NE LA COMPREND PAS). A la fin on n’aime qu’elle.

    Donc ce qui explique Petra: It's easy to pity, Sidonie, but so much harder to understand. If you understand someone, don't pity them, change them. Only pity what you cant understand

    I think people need each other, they're made that way. But they haven't learnt how to live together

  • autonomie 1

    A regarder maintenant au lieu de traîner sur le net: The bitter tears of Petra Von Kant. Je me le garde comme un bonbon, c'est de ça, dont il s'agit... Autonomie autonomie, concept roi: je me pourvoi mon propre bien-être à moi-même. Je me fais une tisane, un bain, je sais m'écouter, moi..... AHAHAH foutaise. A bas l'autonomie, quele merveille d'avoir besoin de quelqu'un, d'avoir des relations dans lesquelles on est pris d'office (autrement dit: la famille) parce qu'on peut s'asseoir dessus et penser à autre chose, quelle misère d'avoir à construire son propre soi tout seul tout le temps. J'écrirai mieux là dessus un autre jour mais l'amérique a tout chamboulé en mettant sur un pied d'estal la réalisation personnelle et l'auto-engendrement, et le Québec a jeté le bébé avec l'eau du bain dans les années 70 et en est parfaitement inconscient. Voici ses bébés, tous ces jeunes altermondialistes qui partent se dévouer corps et âmes aux liens sociaux des autres civilisations...sans y voir un instant la tentative de satisfaire besoin compulsif, de combler un manque...

  • destress


    « Comme évidemment je sautais partout dans le bureau parce que j'avais un email de toi, Alex me dit "et qu'est-ce qu'elle dit"?
    "euh.... pas grand chose...qu'elle va se faire couper les cheveux, woohoo..."
    et là il éclate de rire "ah mais les femmes c'est incoyable, et toi lui écris pour lui dire "j'ai envie de manger du poisson", et elle écrit "oh ben moi j'ai envie de manger du boeuf"?? C'est pathétique!"
    "Ben non...mais tu comprends rien à l'amour, Alex, c'est tout!"

    " Oui oui... et pourquoi pas s'écrire pour se dire (gros accent quebecois) "A matin j'ai chié et j'en ai fait une longue d'même!!"!! Et toi tu sauterais partout pareil, hein!?!?"
    "euh...pas vraiment...Alex, écoute, tu comprends rien à l'amour."
    WAHAHA! Je crois que ce garçon me plaint très sincèrement... »



    Ca passe un petit peu, le stress du boulot aidant. Ou plutôt non, c’est étrange, ça passe de l’intérieur, ce mini échange m’a enlevé comme un caillou de mon soulier, c’est stupide hein. Baltimore moins une semaine, Symposium moins 2 jours ; après ce sera comme la sortie de l’école. Je pourrai sortir du sous-sol et affirmer que c’est le printemps. Arrêter de manger des tonnes biscuits chinois en espérant toujours tomber sur un nouveau message, arrêter de me référer à un livre d’enfant pour les questions morales, bronzer un peu le bout de mon nez, cesser de mettre des pantalons à plis et de cruiser mon directeur général.

    Elle m'a répondu : non, je suis pas stressee du tout, a part des questions tres graves comme, hmm, est-ce que j'achete du whisky ou du gin? qu'est-ce qu'elle aura envie de boire?

    Si ce n'est que ça, du whisky.

  • choix

    Ce choix, cet immense choix de lieu de vie (la Sorbonne ou ici), je n'arrive pas à le faire selon des raisons personnelles, c'est comme si tous mes désirs s'étaient évanouis devant un seul grand désir (celui qui n'a pas de fin) qui devient facteur unique; d'où le problème qu'il soit facteur tabou. Les choix de vies ne se font que sous ce genre d'influence de toute façon, malheur à celui qui est la seule balance. Mais concrètement c'est la merde, il s'agit quand même d'un supide alternative entre 8h d'auto ou 8h d'avion de Balt. Je sais que je suis tombée bien bas, mais tout fonctionne encore, hein, chez moi, mais c'est comme si il y avait un rideau presque transparent qui me séparait de mes raisons réelles, de ma raison tout court.

  • merde

    Je trouve ça dur, impossible, épouvantable, c'est comme si on m'arrachais tout ce qui existe pour moi à chaque fois que je réalise que JAMAIS il n'y aura de suite à tout ça, qu'il en sera toujours ainsi jusqu'à ce que je décide que c'est illusoire, que je ne réussisse plus à ne tenir que sur du sentiment et de la pensée. Que s'est-il passé pour que j'en arrive là? A penser que tout ce que j'ai fait et reçu ces dernières années n'était qu'à cette seule fin, de l'aimer mieux, comme ça? Et surtout comment je deale qvec le fais que je ne pourrai JAMAIS le vérifier? J'ai besoin d'aide, je ne peux pas rester comme ça, quelque chose en moi se brise à chaque fois que j'y pense. Je ne peux pas conduire ma vie comme ça à l'aveuglette en suivant juste mon amour, d'autant qu'il ne peut que rester diffracté dans l'atmosphère, étendu diffus, partout dans ce que je fais ou dis, et pourtant elle n'existe pas, elle ne veut pas exister pour moi, il n'y a pas de solution, et moi je ne peux pas faire autrement que ce que je fais, je ne peux rien renier rien gérer, je ne peux que croire, en de long moments d'euphories plus ou moins espacés entre deux effondrements.

  • hhhhh

    Crim', je me sens tellement tellement insécure par rapport à elle!! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH!

  • lakeplacid

    Quelque jour de reprise après la fin de semaine merveilleuse de chance et de grâce dans la grande amérique capitaliste aux territoires incroyables et fous. Ôn est encore partis tard dans la nuit pour se réveiller dans la montagne, l'ami Oli avec qui je parle sans arrêt a été parfait, à nouveau immense détente relationnelle et affective, on travaille tous les deux la semaine, la fin de semaine il est hors de question que l'on s'impose quoi que ce soit. Arrivés à 2h du mat'à Lake Placid dans l'etat de Nyc, le douannier a été gentil pour une fois il a même fait une blague, le camping d'hiver a été pour une fois des plus confortables je me suis même payé une nuit de 11h et pleins de rêves intenses de grasse matinée dans mon duvet -40°C!! La grande merveille; il n'y avait pas encore d'odeurs, mais une certaine moiteur prometteuse et une lumière divine, ascention jusqu'au mont glacé et venteux avec toutes ces herbes folles prises dans la glace. Et nous tellement relax, dans la forêt dans la neige, au bord du lac, dans l'auto... Je dois être en train de muter, muter en travailleuse stressée et vide la semaine et détendue parce que vide la fin de semaine. Pas de cerveau, pas de problèmes, juste le coeur. Je souris tellement!
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  • Réponse de a.

    Le texte de Judith est effectivement très juste. Effectivement mon email a eu exactement pour origine ce désir violent et panique de raviver, pour moi et pour les autres aussi.

    Pas parce que je trouve que tout le monde oublie et qu’on est des petites crasses, mais parce que moi j’ai du mal à dealer avec la tension qu’il y a entre la nécessité bien évidente de l’oubli (de poser son fardeau) pour pouvoir tout simplement vivre, et la nécessité de tout le temps le porter avec soi et surtout l’actualiser pour ne pas être une fraction de soi. Oui, il faut porter les morts avec nous et les faire vivre en nous ; pas tellement pour eux mais pour nous, sinon déposer son fardeau (nos morts et notre vie douloureuse avec) revient à déposer un bout de soi SI important, ça schizophrénise. Moi j’ai ce grand problème : soit j’endosse le fardeau terrible de la filiation et je crois (et je le met en oeuvre) que j’ai un destin tragique et que je vais mourir, soit je le dépose et je me scinde pour me sauver (ça marche très bien). Résultat à chaque fois que je reviens à Bordeaux il me faut plusieurs jours de crise ontologique intense pour me rassembler, me réconcilier avec ce que je suis comme tout, ce qui inévitablement fait exploser tout le moi que je pensais être finalement (le moi sauvé et heureux) mais en fait non, non parce que j’avais (d’abord activement puis petit à petit je l’ai oublié) laissé ça sur le bord du chemin, alors ça me prend une reconfiguration de l’ensemble qui passe par la traumatisante question « mais bon sang, je suis qui ?!? ». Cette longue réappropriation de l’ensemble des strates de mon moi est toujours pénible, et souvent un échec. Ou plutôt ce n’est jamais dans ces moments là que, tout simplement, je peux vivre ma vie heureuse au premier degré. Alors vous me direz : oui, c’est un problème d’ordre psychologique, il faut que tu arrives à t’approprier et endosser tout ce « moi » de l’horrible sans te noyer dedans forcément, comme par un processus d’alchimiste qui le sublime en quelque chose d’autre de positif et de riche, qui devienne un fond pour ton bonheur. Oui oui ! J’ai du mal à dépasser le stade de la fusion, mais ça c’est la faute de papa aussi qui m’a élevée dans ce truc de filiation fusionnelle pas très sain, c’est pas très sympa surtout s’il se fait mourir après.


    Ce qui me mène à la deuxième chose, là pour tout ce dont je parle je suis toute seule. C’est normal, pour me sauver moi. Mais de plus en plus, à côté de mes problèmes à moi, je ressens une grande tristesse toute simple. Le bon côté du truc c’est que c’est probablement parce que mes problèmes vont mieux que ça me prend moins d’énergie pour sauver ma peau alors j’ai un peu de temps pour être naturellement triste, pour papa et pour moi, et pour tout le monde. Mais pour papa surtout, je dirais. Pauvre papa... C’est une pensée immense que je n’ai jamais eu le temps d’avoir, parce qu’elle présuppose que moi je sois sauve, et j’ai été tellement occuper à me sauver que je n’ai pas pu penser à lui... Mais maintenant je l’ai cette pensée et je trouve ça dur qu’elle n’arrive que maintenant, cette tristesse infinie, c’est comme si c’était trop tard, ça m’angoisse terriblement comme si j’avais raté le train du deuil et de la consolation mutuelle; parce que c’est là qu’on a besoin des autres pour se rappeler et pleurer ensemble mais 4 ans plus tard il ne faut pas trop en demander…Mais d’où mon sursaut, quand même.


    C’est le grand challenge du sursaut (le challenge est ce qui a produit le cri), de mettre à l'épreuve la possibilité d'un "nous" qui pour moi jusqu’à présent n’est en aucune manière vécu à un niveau intime (on comprend maintenant pourquoi). Le "nous" de "seul avec nous-même", quand je l'ai écris n'était effectivement pas du tout collectif. Je pensais (sentais) que certes oui il y a une suite à la mort dans l'entretien du souvenir, une suite pas morbide comme le dit si bien le texte. Mais quand l’expérience qu’il s’agit de raviver est une expérience d’une solitude indépassable ce n’est pas si sûr que ce soit une suite, et que ce ne soit pas morbide. Alors c'est rapidement insupportable parce que ça ne se dépasse ni ne se soulage en rien, le ressassement de souvenirs de soi en soi. Suis-je vilaine de dire qu’il n’y a pas de nous, de parler d’expérience d’une solitude infinie ? Pour moi, l'expérience de papa dans ses dernières années et dans sa mort, dans tout son caractère "extrême" et son horreur, n'a pu être vécue que très intimement par chacun tout seul. Parce que dans une telle douleur on a tous dû faire appel à nos plus intimes ressources pour l'affronter. Et ces dernières forces il a fallu aller les chercher dans les derniers retranchements de notre (chacun) moi profond. La pulsion de vie qui vient à notre secours au dernier moment quand on va mourir de soif dans le désert est de nature tout à fait inconnue inconsciente et propre à chacun, tout d’un coup une dernière mécanique se met en marche on ne sait d’où. Oui, il y a la famille, mais non. Quand on est concrètement aux prises avec les vraies choses et la mort (de soi ou de l’autre), il n’y a plus que le fond du soi. Chacun sa merde comme on dit, beaucoup trop occupé à sauver sa propre peau, avec certes de l’empathie pour son voisin (ou ses frères et sœurs) mais quand on est un enfant dieu merci ça se déclanche tout seul, les mécanismes de survie, et c’est effectivement indéniablement très privé, ça vous prend tout un être..


    Ce qui a rendu tout ça, qu’on veuille le nier en parlant de se « serrer les coudes » (ce qui à un certain niveau est évidemment arrivé) très -nécessairement, au sens d'une question de vie ou de mort-, profondément solitaire sans qu’on le sache forcément. Mais il faut le dire. C’est fou comme ça a de la force et de la ressource un homme. Oui, il n'y a personne qui connaisse mon expérience de la mort de papa ni mon expérience de papa tout court, et ça c'est indépassable. Certes, cette incommensurabilité des expériences est le lot de tout le monde, on deale avec tous les jours, MAIS dans la mort, dans cette situation limite très particulière elle devient intolérable, tout simplement parce que la personne qui fait le lien n'est plus là. Autrement dit papa est papa pour moi et papa pour Chloé mais s’il est vivant il rassemble EN LUI les différences et contradictions que sa complexité propre dépasse, son unité transcende la radicale hétérogénéité des "deux" papas et l'annule. Mais la mort coupe ça et nous rend prisonniers de la seule expérience , nécessairement singulière et passée. Il n'y a donc plus de rapport entre le papa de chloé et le mien puisque plus de rapport entre son expérience et la mienne, on ne peut plus parler. C'est tout.