Tous les petits ponts boisés, toutes les rivières mes renvoient à d'autres ponts, ceux de strasbourg et leurs sandwich, ceux de Tubingen, nocturnés (début à la fin) et leurs sandwich. Tous les petits trains me renvoient à de pultiples trains, Allemands, baltimoriens ou philadelphiens. Je me suis débarassée des avions! Rien de tel. Tous les petits bars de bois, l'été, me ramènent à cette taverne de Tubingen.
Tout cela seule.
Ce soir, au bout de l'avenue de Carouge à Genève, au petit pont à canards ; j'ai marché pour traverser mes trois villes et j'ai abouti le long de cette grande place en losange, déserte, où jouait un cirque ; qui était un but mais est devenu un simple point de passage pour le plaisir de la transgression, encore quelques kilomètres tout droit, une plaque tournante. Mes muscules tressautent à la pause. Et j'arrive dans la vraie ville, celle de journée et de soir aux avenues larges et aux feuilles bruissantes, aux terrasses clairsemées, aux pressentiments de quotidienneté. traversée comme une artère en un aller-retour, je fais une boucle et m'arrête pour carresser les jeunes feuilles, celles qui bruissent, du plat de la main, du creux de ma main en petite boule, je veux tellement les remercier. Malgré ma stupide fumée de cigarette, des bouffées de fleur fraîches insistent pour m'ébouriffer et me faire lever le menton vers les fenêtres éclairées et tourner sur moi-même. Faire une sieste sur la banc au bout de tout, qui me fait penser à place ville marie à montréal, là où j'avais l'impression qu'avec le pont sortait la ville.
Une heure a suffit. Tu vois, pas besoin de toute la vie.