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paranoid park

Je la rencontre tous les soirs autour d’une table de pique nique dans le parc où je me cache (ou proche de là où j’habite, ou plutôt attends le soir tous le jour), elle est là comme tellement attendue que j’en ressens un léger écoeurement (ou mépris pour moi-même tourné tout contre elle) en k-way rouge (hmm),l’air pressée ou précipitée, contente ou désinvolte, et moi en k-way jaune ( !), ce soir elle m’a amenée une pâtisserie à la crème que je regarde d’emblée avec convoitise et écoeurement toujours (pour ma convoitise ou pour sa désinvolture), on s’assoit pour la manger sur la table plongées dans l’obsurité d’un parc la nuit et des lumières de la ville, avec ses bancs en bois, visqueuse de l’humidité du soir et verdie d’être dehors, elle tout en parlant, elle me raconte ses histoires, sa journée comme quelqu’un qui a peu de temps et qui est contente (simplement) de me voir, elle ne se rend pas compte que moi je l’attends là presque tout le jour comme un animal caché et que je ne sors que pour la voir, elle est bien consciente en même temps de ce qui se passe me regarde manger le gâteau comme une maman regarderait son petit criminel affamé manger le repas apporté derrière la vitre de la prison ou une femme mariée regarderait son amant dévorer un repas escamoté pour lui et réchauffé au milieu de la nuit dans une cuisine au néon, je prends le gâteau dans mes mains, c’est bon (ça m’énerve), je m’occupe à gérer la crème qui s’évanouit sous la pression de mes lèvres et la meringue qui se ratatine dans ma bouche une fois brisée ne me laissant qu’une frange blanche autour de la bouche et un peu de gêne, elle parle elle parle et me parle toujours de son mari, même sans s’en rendre compte, de ses avis, et je suis jalouse de l’accès privé qu’elle a à sa vie à lui et c’est désagréable parce qu’il est mon psy alors il est un peu mystérieux et je le déteste en secret et j’ai peur de son jugement, une fois revenu dans sa vie privée (dans laquelle elle est), quand tous ses patients doivent devenir comme une masse pathétique indifférenciée, et je déteste le fait que sur cela je n’ai aucun pouvoir et que je n’ai qu’un temps de séance par jour pour le convaincre que je suis une personne singulière (et sans doute mieux que les autres), et elle me raconte comme une anecdote que hier soir alors qu’elle lui demandait « innocemment » de mes nouvelles une fois bordés tous deux dans leur chambre chaude et claire (ou qu’elle achève de se déshabiller et que lui lit le journal, souriant) il a dit « Oh, elle, mais j’ai à peine commencé à la nettoyer ! » avec un ton abject et moqueur. Aussitôt j’entends « Oh, elle, elle est encore comme ces pauvres filles qui veulent me duper et qui s’y croient trop alors qu’elle ne me donne que ses couches superficielles à nettoyer, elle est comme les autres, elle est comme les autres), pauvre fille… boaf je vais récurer ça comme JE récure les autres ». J’entends ça et je vois rouge tout en rougissant, et je lui en veux terriblement de ne pas se rendre compte et de me raconter ça comme ça et je décide sur le champ d’arrêter cette relation absurde et malsaine, je fais une petite scène. Mais je sais que je ne vais pas l’arrêter et que je vais rester, quand elle sera partie, à ressasser tout ça dans mon antre « et le connard il a dit ça, et elle, cette pute, je rêve ! elle m’a dit ça ! etc ».

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