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  • winter

    She said frissonnant « it’s winter baby » and i said « notre relation a commandé les astres : it’s winter baby » elle a dit « on était heureuses en hiver ».
    Elle est partie se faire une tasse de thé. Chère chérie, quel dommage que l’on se blesse et se dispute 70% du temps, dont 99% est irrattrapable. Il faut faire quelque chose, ce temps irrattrapable on ne l’aurait jamais laissé passer irrattrapé avant de décider de se séparer. Est-ce que c’est parce que, toute perspective d’avenir étant supprimée, on ne fait plus d’efforts ? J’écoute, comme souvent maintenant, sa présence comme celle d’une étrangère, d’un zèbre dans mon intimité, j’écoute les bruits dans l’appartement avec la réflexivité distante qui s’installe lors de toute situation de malaise continu et prolongé et je me demande si elle va mettre du sucre dans sa tasse, ça m’énerve à l’avance, moi j’en mettrais, elle renifle, elle la pose (ou elle remue), elle va rentrer dans la chambre et c’est comme si je devais m’attendre à ce que n’importe qui entre dans la chambre.
    Tout maintenant me fait sentir comme une petite fille abandonnée, c’est drôle ce reflux, ce repli, quand j’ai envie de pleurer maintenant c’est pour moi et plus pour nous, ou alors pour elle et je la regarde et je sens que ça me déchire dedans, de fureur, de dépit, d’horreur, d’échec, d’amour, je ne sais plus, l’amour est toujours mêlé à une impossible souffrance, comme s’il se heurtais de plein fouet très fort à un mur. C’est moi et c’est elle qu’il faut ramasser maintenant, toute nues, chacune, sans plus d’histoire d’amour merveilleuse qui inverse nos priorités et ramène celle de nous-même au dernier rang.

  • rupture

    Black lake, black boat, two black, cut-paper people
    people people people people people people people people people people people people people people people people people
    a chaque coup de vent ils penchent du même côté
    people people people people people
    a chaque coup de rame l’horizon recule un petit peu
    people people people people people people people people
    celui qui est tout devant, plié sur la rame, manque prendre l’eau à chaque fois qu’il se penche et diluer sa belle encre noire dans le lac
    Probablement fait de la substance de tout autant de passeurs dilués par erreur ou manque de constance durant les années précédentes.
    Le lac est tellement noir et la rame n’y fait pas un trou suffisant pour que la lune s’y reflète.
    La rame ne fait pas un trou en forme de lune


    The golden mountain and the black lake

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    Voilà, on en est réduite à cohabiter comme deux étrangères pour ne pas se disputer. Elle préfère ça, et « au moins on est ensemble ». Je ne vois pas en quoi. Les paroles, l’écriture, l’art, les autres ne m’auront été d’aucun secours pour éviter ce crash, cet immense échec. Tout dans cette relation a échoué, tout dans ce que je voulais tirer de moi a avorté. Total fiasco. Tout le monde est en miettes. Il reste quinze jours pour contempler les miettes, puisqu’elle ne veut plus rien briser, puisque apparemment même tout recollage serait instantanément corrompu. Je ne peux plus parler à maman de peur que ce soit de ce qui fait mon malheur qu’elle se soit réjoui. Nous ne voulons plus. Nous sommes fatiguées. Nous sommes hébétées. Nous ne voulons plus faire l’amour tellement nous sommes fatiguées de nous heurter au mur. Je n’ai jamais été autant abattue. Un mari que je ne connais pas et que je n’aime pas me donne la gerbe, un futur trépidant d’inconnu aussi, c’est toi que je veux. Je crois qu’on peut difficilement dépasser ce stade de saturation, d’exploitation et d’exploration, de plénitude du vécu d’une rupture aussi. Chaque minute la consomme et est consommée, une fois chacune et une fois ensemble. Ca s’est dégradé tellement vite, une mauvaise humeur il y a trois mois s’est transformée en un vice ontologique et notre relation en prison existentielle. C’est étrange et déraisonnable. Je me demande jusqu’à quel point c’est ma faute (ayant eu ma mauvaise humeur la première), jusqu’à quel point je devais le vouloir au fond. Ca me donne la gerbe. Je m’apprête à perdre la seule chose que j’aie eue de précieuse autre que moi depuis longtemps (mais le problème est là : c’est son propre bonheur qu’il faut chérir en fin de compte, seul il peut nous porter à travers, seul il a la force. C’est ce que je m’efforce de conclure.)