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winter

She said frissonnant « it’s winter baby » and i said « notre relation a commandé les astres : it’s winter baby » elle a dit « on était heureuses en hiver ».
Elle est partie se faire une tasse de thé. Chère chérie, quel dommage que l’on se blesse et se dispute 70% du temps, dont 99% est irrattrapable. Il faut faire quelque chose, ce temps irrattrapable on ne l’aurait jamais laissé passer irrattrapé avant de décider de se séparer. Est-ce que c’est parce que, toute perspective d’avenir étant supprimée, on ne fait plus d’efforts ? J’écoute, comme souvent maintenant, sa présence comme celle d’une étrangère, d’un zèbre dans mon intimité, j’écoute les bruits dans l’appartement avec la réflexivité distante qui s’installe lors de toute situation de malaise continu et prolongé et je me demande si elle va mettre du sucre dans sa tasse, ça m’énerve à l’avance, moi j’en mettrais, elle renifle, elle la pose (ou elle remue), elle va rentrer dans la chambre et c’est comme si je devais m’attendre à ce que n’importe qui entre dans la chambre.
Tout maintenant me fait sentir comme une petite fille abandonnée, c’est drôle ce reflux, ce repli, quand j’ai envie de pleurer maintenant c’est pour moi et plus pour nous, ou alors pour elle et je la regarde et je sens que ça me déchire dedans, de fureur, de dépit, d’horreur, d’échec, d’amour, je ne sais plus, l’amour est toujours mêlé à une impossible souffrance, comme s’il se heurtais de plein fouet très fort à un mur. C’est moi et c’est elle qu’il faut ramasser maintenant, toute nues, chacune, sans plus d’histoire d’amour merveilleuse qui inverse nos priorités et ramène celle de nous-même au dernier rang.

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