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  • condition

    fatigue, fatigue, transition, some décisions shall be taken concerning my immediate future. La condition d'être humain qui travaille est une cinécure par rapport à la condition de eve qui existe -- je me faisais la réflexion dans le metro que pour une fois je n'avais pas le sentiment que j'allais bientôt tomber à genoux écrasée par le poids de tout et la flemme d'exister et de gravir cette montagne immense que la condition de eve m'impose (sentiment dont papa est mort, celui de devoir être extra-ordinaire et d'avoir un destin de demi-dieu -ou d'être humain pleinement réalisé, ce qui est pour le moins fatigant et difficile, et pesant si on n'a pas le choix et la flemme.)

  • toute la semaine

    Salon du livre, salon du livre...
    Inventaire hier pendant 12 heures dans le hall non chauffé, je suis rentrée gelée dans mes os. Au moment même où je pourrais me réveiller pour travailler un peu. Du coup seul mon stress s'est réveillé (ou ce qui, aussitôt réprimé par le salon, s'est converti instantanément en stress). Repassage.

  • Preuve

    A l'occasion d'une conversation en english-chinese au restaurant (chinese justement) l'autre soir, je vois bien que ce qui fait MON problème c'est le fait que:

    -je ne remets pas du tout en question mon interprétation de "daddy's death"
    Ca se fonde dans la relation fusionnelle qu'on avait
    Cette relation fusionnelle n'est elle-même pas remise en question (je ne le peux pas)
    Alors qu'elle est probablement idéalisée dans mon romantisme de petite fille,
    Et radicalisée par le renversement radical qu'elle subit vers mes 10 ans puis sa mort.
    Bref je pense, et je sens que c'est ancré affectivement profondément en moi, que lui et moi on était pareils, qu'il n'y a que moi qui pouvait le comprendre etc., donc qu'il n'y a que moi qui comprends réellement sa mort (et donc que je comprends réellement sa mort). Mais l'origine de cette certitude (qui en est devenu une authentique autant que si elle était fondée rationnellement) est psychanalytico-affectivo-enfantine et due à un oedipe méga-costaud et à un traumatisme assez fort. Le problème est que c'est devenu une certitude d'ordre compréhensif (je fais ça avec les choses, j'imagine que c'est ma manière de gérer cet amas d'affects).
    Mais c'est faux. Ou en tout cas tout à fait subjectif et d’origine psychologique et n’a auune validité d’aucune autre sorte.
    Mais le résultat est le même: je crois fondamentalement que j'ai raison dans ma manière d'expliquer sa mort.
    Que c'est donc une vérité déterminante - décisive pour conduire ma vie. Décisive au sens où elle engage des décisions.
    Par exemple si je m'explique sa mort par un choix d'autodestruction ou une croyance grossière en un destin ou une malédiction ou whatever; alors comme j'ai ce truc fusionnel avec lui, je me dis très naturellement que moi j'ai le choix d'être comme ça ou non. Ce qui provoque la question obsédante: qu'est-ce que je suis, qui je suis, question dont je dois décider. Question qu'il n'est en fait nullement nécessaire de se poser. Mais si on me le dit (qu'il n'est pas nécessaire de se la poser) je ne le crois pas parce que pour moi la mort de papa fait office de preuve (à cause de ce sentiment de certitude biaisé).

    -Donc le deuxième problème qui découle du premier:
    J'en fait la preuve de ce que j'en conclus pour moi-même, à savoir une espèce de choix entre la vie et cette destruction stupide. Historiquement, Québec compris, à aucun moment cette alternative n'a disparu, je vois bien que j'ai pu choisir la vie et penser être tirée d'affaire. Mais au fond je suis restée prise dans le problème et donc dans la possibilité de renverser le choix.
    Je vois bien que cette alternative s'ancre dans cette évènement "daddy's death" que je ne peux pas m'expliquer autrement que ma manière de l'expliquer par un destin d'autodestruction, un échec ou un accident (a mistake, autrement dit une auto-illusion), qui me pose dans la même possibilité de réussir ou d'échouer à mon tour. Mais finalement, comme j'ai un peu de cerveau je doute et je ne sais jamais s'il s'agit de ça ou si je me trompe à mon tour (parce que je ne sais pas si lui il s'est trompé ou non). Et j'attends un MESSHIA pour me le dire, dixit d. Ou alors sans oser mettre une décision en acte, au cas où la réussite et l'échec seraient du côté opposé de ce que je crois. Finalement si on se demande pourquoi je me pourris la vie avec des questions sur l'essence, c'est très bêtement les circonstances, un évènement, la confrontation avec cette mort choisie qui provoque et implique ce questionnement de type "qu'est ce que je suis, qu'est ce que je dois être", puisqu'il s'agit de vivre ou mourir et d'avoir le choix de la manière.
    C'est stupide de réaliser que c'est ce bête évènement qui a tout radicalisé et fixé et qu'au lieu de m'en proposer une explication, j'en ai fait la preuve de l'explication que j'ai projeté comme un déroulement objectif en amont de l'évènement en question.

  • dernier Lynch

    Du pur Lynch, 3h de film intense et décousu mais il aurait été tellement mieux s'il en avait coupé la moitié, en gros c'est la différence qu'il y a entre Les amants du Spoutnik et les autres romans de Murakami, dilués dilués ! C’est le génie de l’agencement et du rythme qui fait pour une grande part la qualité. Mulholland drive est plus ramassé, plus incompréhensible aussi, parce qu'il y a moins de choses explicitées et davantage traduites par la forme. Il est comme une bille fumée ou essence avec lesquelles nous jouions, ronde, brillante, magnifique de couleurs et d’opacité variables, avec une nébuleuse infinie à l’intérieur. Inland Empire perd un peu ça, il est davantage déplié, mais son caractère décousu ne le rend pas moins compréhensible parce qu’au contraire les liens sont plus visibles, explicités, Lynch nous montre les coutures décousues au bord de chaque parcelle. Enfin c’est le sentiment que j’ai eu. Du coup on dirait qu'il n'a pas pris la peine de réduire son film au strict essentiel, en gros : plus éclaté, donc plus de liens, et surtout plus manifestes. Ceci-dit vu le champ thématique que recouvre le film (David, il faut choisir parfois! sinon on refait toujours le même film, de plus en plus complexe mais le même, simplement gonflé de l'intérieur) il aurait été difficile de ramasser sans sacrifier une ramification ou deux. Merveilleuse scène de la mort de Nikki les yeux illuminés dans la lumière d'un briquet tenu à cette fin par une sdf "it's okay sweetheart, you're dying that's all".Toute la fin est très bien, les couloirs verts avec toutes les portes etc, dommage qu'on veuille tellement que ça finisse, pour pisser ou manger ou autre, d'ailleurs on commence à se dire ironiquement (c’est mauvais signe) que ça ne pourrait jamais finir, qu'il pourrait continuer à l'infini. Ca c'est le problème, quand le film ne tend pas, dans son sens) vers quelque chose (puisque là on ne sait ce qui est hier ou demain) mais n'est qu'une explicitation, on peut la gonfler ou la faire varier drastiquement et totalement par des ajouts même minimes (le tout change de sens à chaque ajout) à l'infini, et on a le sentiment finalement que la fin n'est pas ce qu’elle devait être mais n’est qu’une fin, que son rôle est d’arrêter la contingence du sens. Et que le film aurait pu finir à tel ou tel moment avant (pour notre aise dans ce cas) et avoir un autre sens, que ça ne tient à rien, qu’il aurait suffit de le choisir. Il n’y a pas d’appel de sens dans ce film (dans Mulholland Drive oui, ce sentiment tient à la forme ramassée en deux temps –miroir- qui force la recherche du sens –l’un par l’autre-. Mais cette mise en forme n’est elle-même que le reflet des choix –évincements de potentiels sens, réduction de la contingence, ou du moins périmétrage.
    Mais encore une fois, tellement beau et bien filmé, une merveille.