J'irai dans un parc et j'enfouira ma tête dans l'herbe pour en respirer à plein poumons.
Je resterai là jusqu'à ce que mes cheveux se mêlent aux trèfles et ma bouche ne soit plus qu'une calcification compacte ; là je tâcherai périodiquement de lever les yeux vers la lumière pour ne pas en perdre une miette, je tâcherai de suivre les ombres tournantes sur le sol et l'itinéraire des de la moindre fourmi. Je plierai mon dos dans le sens du vent. Je ne lui offrirai plus la résistance de ma nuque. J'éloignerai de moi leplus possible mes doigts, dont je priverai l'usage de mes articulations de la même calficiation compacte que celle qui s'occupe d'emplir ma bouche de sable. Je saurai que je suis sur la bonne terre, celle où l'ipséité n'a pas d'importance ou alors se trouve véritablement. Je laisserai pousser les pousses les plus communes, les plus citadines, germer dans mes oreilles, ma cornée gêlera telle celle du crocodile ou du caméléon, dont je revêtirai aussi peu à peu l'écorce. Les chênes puiseront de leurs racines et de leurs pores à mes émanations, à mes restes dissous. Je figerai dans ma pupille jusqu'aux rayons du soleil oblique et je perdrai peu à peu le sens de la mouvance des nuages, ainsi que les mots pour les décrire. Mon oesophage se fera une autoroute pour termites et autres rampants, dans une odeur d'humus pétrifié.
Mais voilà le ciel qui se couvre et me couvre de cendres, de cigarettes trop longtemps fumées, qu'un orage s'annonce nord-ouest.Que je dois retrouver l'amour et la force de mouvoir mes jambes!