Bonjour monsieur B.,
J'ai laissé passer le temps jusqu'à aujourd'hui pour vous écrire me disant que vous seriez occuper à réceptionner un certain nombre de mémoires. Peut-être l'avez-vous vu, il n'y a pas le mien dans la pile. Décidément cette année a été chaotique pour moi jusqu'au bout, et l'été à l'image du reste. Ce n'est même plus pour des questions de sujet que je n'ai pas pu travailler, tout a été un peu dur comme ça arrive parfois. Vous serez par contre content de savoir que le sujet va mieux, quoique ce soit un peu tard. Je me suis rendue compte qu'il m'a fallu détricotter tout mon travail de maîtrise, que c'est ça que j'ai fait toute l'année --JLM m'avait très légèrement sortie du monde, du corps et d'autrui à force de radicalisation ascendante de la phénoménologie transcendantale en forme de quatrième principe de la phénoménologie ("autant de réduction autant de donation!"), posant la conscience toute pure face à l'appel, et dissolue, même, dans la Forme de l'Appel! Bref de ce pic vertigineux j'ai eu bien du mal à revenir à l'incarnation et à rattrapper et saisir la texture sensible de la phénoménologie merleau-pontienne, et ce sans compter ma tendance naturelle à croire (et à vivre) encore dans le vieux mythe de l'intériorité. Vous aviez donc raison et pas raison à la fois de dire que si je n'étais pas capable de terminer cet été c'est que le problème n'avait rien à voir avec le temps. Il y avait effectivement un problème de contenu qui m'empêchait d'avancer, mais il est en passe de se résoudre avec le temps justement, facteur d'oubli et de prise de distance. Il y a eu aussi un problème d'idiosyncrasie: ma perplexité m'a rendue bien sûr enragée et perfectionniste jusqu'à la paralysie. Et finalement, un problème de temps: un "été pourri".
Je dois vous demander: malgré tout ça, m'appuieriez-vous pour reconduire mon inscription en master2 cette année? Je n'ai pas eu de mauvaises notes à mes séminaires et il serait un peu dommage de les perdres et de tout laisser là. Je sais que je n'ai fait que repousser toutes les échéances que vous m'avez données, et que les prolongations ne sont pas des solutions, mais parfois les circonstances... Ca ne va pas forcément être facile mais je suis assez motivée et n'ai rien à perdre à essayer, et tout à perdre à ne pas essayer: ce serait trop bête.
Voilà, je m'en tiens là pour mon explication. Si vous voulez qu'on en parle de vive voix je suis à votre disposition, mais je sais que vous croûlez sous les mémoires et soutenances. Je suis allée chercher le papier à remplir pour la dérogation chez madame P., ce sera elle qui vous le fera passer. J'ai bien peur de n'avoir aucune des pièces justificatives requises pour justifier mon manquement, manquement de nature humaine, contingente et justement injustifée! J'espère que mon dossier sera éligible quand même, n'ayant plus que le mémoire à finir.
Je vous remercie mille fois par avance et vous souhaite bon courage pour vos corrections de mémoires. Si vous avez une minute, peut-être m'écrirez-vous si cette dérogation vous semble faisable?
Bien à vous et merci.